… ce n'est pas le ministre de l'intérieur qui s'y opposera, sauf pour vous reprocher d'être beaucoup trop durs avec les demandeurs d'asile…
Monsieur Brossat, sans être d'accord sur le fond de votre intervention en général, j'ai été sensible à certains de vos arguments.
Je peux comprendre la distinction que vous faites entre pays d'accueil et pays d'arrivée pour déterminer ce qui motive le départ de ces personnes. Je pense qu'il y a des raisons extrêmement diverses à ces mouvements. Sans doute, il y a des pays, de grands pays d'Afrique notamment, qui offrent une couverture sociale extrêmement forte à leurs citoyens : logement gratuit, gaz quasi gratuit, essence quasi gratuite, produits de première nécessité quasi gratuits ou encore indemnisation du chômage. Il est donc vrai que leurs ressortissants ne trouvent pas en France la même protection ou en tout cas n'y trouvent pas une protection très différente de celle de leur pays.
Le départ de cette jeunesse, mais également, parfois, de catégories sociales ou professionnelles plus élevées, peut alors effectivement s'expliquer par la recherche d'un mode de vie : ils ne viennent pas forcément chercher seulement de la protection sociale – cela peut néanmoins être le cas –, ils cherchent parfois un mode de vie ou une protection en raison de leur orientation sexuelle ou de leur religion, ou bien une protection politique. Il y a diverses motivations. Serait par conséquent fausse l'affirmation selon laquelle les personnes qui viennent en France ou en Europe cherchent uniquement à bénéficier de notre modèle social, qui est effectivement généreux. D'ailleurs, vous avez pris à dessein et à juste titre l'exemple du RSA, parce que, en effet, les personnes en situation irrégulière ne touchent pas cette prestation ; on l'entend beaucoup dire, mais ce n'est pas vrai.
Cela étant, il existe tout de même une forme d'attractivité que vous ne pouvez pas nier, monsieur Brossat ; l'honnêteté intellectuelle oblige à la reconnaître. Si 40 % des demandeurs d'asile qui s'adressent à la France viennent d'autres pays européens, c'est tout de même qu'il y a une forme d'attractivité en comparaison avec leur pays d'arrivée. Sinon, après avoir quitté leur pays en guerre ou dans lequel ils subissaient des persécutions religieuses ou politiques, une fois arrivés en Italie, en Suisse, qui est dans l'espace Schengen, en Belgique ou en Espagne, ils n'auraient pas envie d'aller dans un autre pays de l'espace européen ; là où ils sont, ils ont déjà trouvé un système démocratique, un accompagnement politique et, puisque nous avons à peu près tous signé les mêmes traités qui garantissent les droits de l'homme, l'intégrité de leur existence personnelle.