Intervention de Guy Benarroche

Réunion du 7 novembre 2023 à 14h30
Immigration et intégration — Article 1er

Guy Benarroche  :

Prenons le problème à l'envers : je me demandais à l'instant à ce qui se serait passé si l'État français avait demandé à mes arrière-grands-parents de passer un examen pour s'assurer qu'ils parlaient bien notre langue, alors qu'ils ne la maîtrisaient pas correctement au moment où la France a colonisé l'Algérie.

Cela aurait été dommage, car ils ont donné naissance à des enfants qui, eux-mêmes, ont eu des enfants – entre autres, mes parents –, dont une bonne vingtaine sont devenus des instituteurs ou des institutrices ayant enseigné le français aux enfants habitant en Algérie, en particulier à ceux qui n'étaient pas de nationalité française. Cela permet d'ailleurs aujourd'hui ces derniers de maîtriser notre langue et de pouvoir passer l'examen que vous souhaitez mettre en place sans risque d'échouer...

Plus sérieusement, pourquoi conditionner la délivrance d'une première carte de séjour à la réussite d'un examen, alors que, comme M. Kerrouche l'a souligné, ce n'est pas ce devoir de réussite qui permettra à un étranger de mieux apprendre notre langue ? À mon sens, c'est avant tout grâce à un accompagnement et une formation linguistiques de qualité que les étrangers allophones s'approprieront pleinement le français. En se soumettant à cet apprentissage, ils prouvent qu'ils souhaitent vraiment parler notre langue.

Moi-même, quand je me rends en Espagne, je souhaite parler l'espagnol ; plus généralement, quand je vais dans un pays étranger, j'espère en parler la langue. C'est la raison pour laquelle je pense que tous les étrangers qui viennent en France ont envie de parler notre langue : ce n'est pas un examen qui les incitera à la pratiquer.

En outre, ceux qui échouent à l'examen sont bien souvent ceux qui ont eu les parcours de vie les plus précaires.

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