À l'évidence, madame la rapporteure, nous avons une différence d'appréciation très forte.
Nous ne demandons pas aux entreprises de payer la formation : nous leur demandons de libérer moins de 5 % du temps de travail des salariés concernés pour qu'ils puissent apprendre le français grâce à des formations payées par l'État.
C'est un levier considérable pour favoriser l'embauche de Français ou d'étrangers réguliers parfaitement intégrés : il faut savoir faire preuve de cohérence, notamment au sujet de la régularisation des travailleurs des métiers en tension. On redoute effectivement l'appel d'air qu'une telle mesure pourrait provoquer, ou encore l'existence d'une « armée de réserve », composée de personnes qui sont nécessairement moins bien payées, pour la simple et bonne raison qu'elles parlent moins bien le français : elles sont moins à même de se défendre et acceptent plus facilement les emplois qui leur sont proposés.
Dès lors, la question est assez simple.
Soit on considère, dans une logique étatiste, que la puissance publique est responsable de tout, absolument tout. Dans ces conditions, il ne fallait prévoir ni le « 1 % logement », ni aucune exigence environnementale, ni aucune mesure en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes ou de l'accompagnement du handicap.
Soit on considère que les patrons embauchant des personnes qui ne parlent pas bien le français, mais sont ensuite appelées à vivre dans notre société en fréquentant des lieux de culte, en prenant le métro, en accédant au logement, en parcourant l'espace public, ou encore en adhérant à un club de sport, doivent concourir à leur émancipation, car c'est là le rôle social de l'entreprise. Dans ce cas, il faut rétablir l'article 2.
Ledit article n'a rien de révolutionnaire. Il demande, alors que l'État va tout payer, 5 % du temps de travail de ces salariés. Il ne me paraît pas choquant que la femme de ménage évoquée précédemment puisse apprendre le français pendant ses heures de travail. Ce n'est pas du niveau A2 du parti communiste, pour reprendre l'expression de Mme Cukierman.