Madame la Première ministre, la tempête Ciaran a très durement éprouvé la Bretagne. Il faut tout d'abord saluer l'engagement exceptionnel des pompiers, des agents des forces de l'ordre et de la sécurité civile, de ceux des collectivités territoriales, mais aussi de ceux des opérateurs, en particulier d'Enedis.
Honorons la mémoire des victimes et rendons hommage à Frédéric Despaux, agent d'Enedis décédé dans l'exercice de ses fonctions. Nos pensées vont à sa famille et à ses collègues éplorés.
Le monde agricole est très lourdement touché. Une réunion du comité catastrophe naturelle a été annoncée pour le 14 novembre, soit deux semaines après le début de la tempête : c'est bien tard ! En dépit de la promesse du Président de la République, réitérée par le Gouvernement, hier, devant l'Assemblée nationale, nous avons eu confirmation depuis lors que les dégâts provoqués par la tempête n'entraient pas dans le champ de cette garantie. Qu'en est-il précisément ?
En ce qui concerne l'approvisionnement en électricité, vous citez la part des foyers qu'il reste encore à raccorder au réseau, mais, en réalité, ce sont plusieurs dizaines de milliers de Bretonnes et de Bretons qui n'en peuvent plus des promesses non tenues !
De très nombreuses défaillances nous sont rapportées tous les jours : dans la mesure où les préfectures ne fournissent pas de téléphones satellitaires, des élus du Finistère ont été contraints d'improviser un réseau radio citizen -band (CB) ; une usine d'eau potable a été dépriorisée dans les Côtes-d'Armor ; une station d'épuration s'est retrouvée privée d'électricité dans le Morbihan – le maire a été obligé d'appeler le copain d'un copain chez Enedis, faute de disposer des coordonnées de responsables, celles-ci n'ayant pas été transmises en amont aux élus – ; des élus ont dû utiliser leur propre véhicule pour aller chercher des groupes électrogènes, envoyés en Bretagne trois jours après le début de la tempête ; enfin, un maire a été obligé de faire six relances différentes en six jours pour mettre en sécurité deux points critiques.
« Perdus au milieu de nulle part », pour reprendre leurs termes, obligés d'endosser des responsabilités majeures sans disposer des bonnes informations et des moyens appropriés, les maires et les élus sont à bout. La sous-traitance de l'État confine désormais à la maltraitance. Nous voyons là les effets directs du désarmement de nos services publics, du sous-investissement chronique et de la logique du flux tendu, qui ne nous permettent pas de faire face aux épreuves d'un monde qui se dérègle.
Face à la multiplication prévisible des catastrophes climatiques, il est urgent d'agir. Quelles actions concrètes allez-vous mettre en œuvre pour que cette situation ne se reproduise plus ?