La séance est ouverte à quinze heures.
Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n’y a pas d’observation ?…
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d’usage.
Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, l’ordre du jour appelle les questions d’actualité au Gouvernement.
Notre séance est retransmise en direct sur Public Sénat et sur notre site internet. Chacun sera attentif au respect mutuel et à celui du temps de parole.
M. Guillaume Gontard . Madame la Première ministre, trente jours ! Trente jours que Gaza est bombardée jour et nuit !
M. le président. La parole est à M. Guillaume Gontard, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires.
Murmures sur des travées du groupe Les Républicains.
Applaudissements sur les travées du groupe GEST.
Trente jours de siège, sans aide humanitaire, sans eau, sans vivres, sans refuge. Trente jours qui transforment cette prison à ciel ouvert en cimetière, avec des milliers de morts parmi les civils, dont des milliers d'enfants. Trente jours au fil desquels le droit légitime à se défendre s'est transformé en vengeance aveugle et illégale. §
Trente jours d'angoisse pour les otages et leurs familles. Trente jours de violation du droit international. Trente jours où, sous couvert de combattre le terrorisme, on le nourrit et le renforce ; Dominique de Villepin le rappelait hier encore, ni la force ni la vengeance n'assurent la paix et la sécurité : seule la justice peut le faire. Trente jours que nous attendons une parole forte et claire de la France, pour un cessez-le-feu, le retour de l'aide humanitaire et la libération des otages !
Le soutien inconditionnel de la France aux opérations militaires d'Israël et à l'occupation est une erreur tragique, qui marquera l'histoire de façon dramatique. Cela ne sert ni les Israéliens ni les Palestiniens.
Depuis dix ans, la France a vendu pour 209 millions d'euros d'armes à Israël – des bombes, des roquettes et des missiles utilisés contre la population de Gaza. La France a pourtant ratifié le traité sur le commerce des armes de l'ONU, dont l'article 6 impose l'arrêt des transferts d'armes si celles-ci sont employées pour commettre un génocide, des crimes contre l'humanité, des attaques dirigées contre des civils ou des crimes de guerre.
Nous ne pouvons pas attendre un jour de plus !
Madame la Première ministre, nous sommes à la veille de la conférence humanitaire de Paris, qui offre à la France une occasion de faire entendre une voix forte, singulière et courageuse. Comptez-vous adopter un embargo sur les ventes d'armes, comme l'avait fait le général de Gaulle lors de la guerre des Six Jours ? Comptez-vous reconnaître l'État palestinien, comme le Parlement l'avait voté en 2014 ? Comptez-vous appeler à l'arrêt de la colonisation et au retrait des colons pour préserver la solution à deux États ?
Madame la Première ministre, face à cette folie meurtrière, nous avons besoin de réponses précises.
M. Guillaume Gontard . Madame la Première ministre, trente jours ! Trente jours que Gaza est bombardée jour et nuit !
Applaudissements sur les travées des groupes GEST et CRCE-K, ainsi que sur des travées du groupe SER.
Murmures sur des travées du groupe Les Républicains.
Trente jours de siège, sans aide humanitaire, sans eau, sans vivres, sans refuge. Trente jours qui transforment cette prison à ciel ouvert en cimetière, avec des milliers de morts parmi les civils, dont des milliers d’enfants. Trente jours au fil desquels le droit légitime à se défendre s’est transformé en vengeance aveugle et illégale.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Guillaume Gontard, depuis les terribles attaques terroristes perpétrées par le Hamas contre Israël, la situation dans la région est extrêmement préoccupante.
Israël a le droit d'assurer la sécurité de son territoire, mais cela doit se faire dans le respect du droit international, et nous devons impérativement éviter l'escalade et l'embrasement dans la région.
Je le dis sans ambiguïté, la situation humanitaire dans la bande de Gaza est dramatique. Le bilan humain est extrêmement lourd, avec de nombreuses victimes civiles, notamment des femmes et des enfants. Les populations palestiniennes ne doivent pas payer pour les crimes du Hamas. Elles doivent être protégées de toute urgence.
Cette urgence, la France n'a cessé de la réaffirmer, et nous avons condamné très clairement les frappes contre les personnels humanitaires et les sites de l'ONU. Comme nous l'avons dit, le droit international humanitaire impose des principes clairs de distinction, de nécessité, de proportionnalité et de précaution. La protection des civils est à la fois un impératif moral et une obligation internationale. Une trêve humanitaire immédiate et durable est absolument nécessaire. Elle doit pouvoir mener à un cessez-le-feu.
Monsieur le président Gontard, la France est mobilisée pour la paix. Sur l'initiative du Président de la République, une conférence humanitaire internationale pour la population civile de Gaza se tiendra demain à Paris.
J'ajoute que nous suivons de très près la situation de nos ressortissants dans la bande de Gaza. Nous mettons tout en œuvre pour leur permettre de revenir en France ; plus de cent d'entre eux ont pu quitter Gaza depuis vendredi dernier.
De plus, nous restons mobilisés pour obtenir une libération immédiate et sans condition des otages.
Monsieur le président Gontard, face à ce conflit, la seule issue possible est une solution politique avec deux États. C'est la position invariable de la France. C'est le sens de l'initiative pour la paix et la sécurité pour tous que porte le Président de la République. Cette initiative est construite autour de trois piliers : la sécurité, avec une lutte implacable contre le terrorisme ; le soutien humanitaire, avec une réponse internationale rapide et forte face à l'urgence à Gaza ; enfin, la détermination à relancer un processus politique permettant de garantir à la fois la sécurité d'Israël et la création d'un État pour les populations palestiniennes.
Face à la situation au Proche-Orient, la France ne ménage aucun effort pour éviter l'embrasement, protéger les civils et offrir une perspective de paix. §
Protestations sur des travées du groupe Les Républicains.
Trente jours d’angoisse pour les otages et leurs familles. Trente jours de violation du droit international. Trente jours où, sous couvert de combattre le terrorisme, on le nourrit et le renforce ; Dominique de Villepin le rappelait hier encore, ni la force ni la vengeance n’assurent la paix et la sécurité : seule la justice peut le faire. Trente jours que nous attendons une parole forte et claire de la France, pour un cessez-le-feu, le retour de l’aide humanitaire et la libération des otages !
Le soutien inconditionnel de la France aux opérations militaires d’Israël et à l’occupation est une erreur tragique, qui marquera l’histoire de façon dramatique. Cela ne sert ni les Israéliens ni les Palestiniens.
Depuis dix ans, la France a vendu pour 209 millions d’euros d’armes à Israël – des bombes, des roquettes et des missiles utilisés contre la population de Gaza. La France a pourtant ratifié le traité sur le commerce des armes de l’ONU, dont l’article 6 impose l’arrêt des transferts d’armes si celles-ci sont employées pour commettre un génocide, des crimes contre l’humanité, des attaques dirigées contre des civils ou des crimes de guerre.
Nous ne pouvons pas attendre un jour de plus !
Madame la Première ministre, nous sommes à la veille de la conférence humanitaire de Paris, qui offre à la France une occasion de faire entendre une voix forte, singulière et courageuse. Comptez-vous adopter un embargo sur les ventes d’armes, comme l’avait fait le général de Gaulle lors de la guerre des Six Jours ? Comptez-vous reconnaître l’État palestinien, comme le Parlement l’avait voté en 2014 ? Comptez-vous appeler à l’arrêt de la colonisation et au retrait des colons pour préserver la solution à deux États ?
Madame la Première ministre, face à cette folie meurtrière, nous avons besoin de réponses précises.
Madame la Première ministre, plus d'un millier d'actes antisémites ont été commis depuis le 7 octobre : des croix gammées et des étoiles de David taguées sur les murs ; des lettres de menaces ; des agressions verbales, et parfois même physiques, de Français, jusqu'à leur domicile, parce qu'ils sont juifs ; une haine qui s'affiche même dans le métro.
Comment la France en est-elle arrivée là, madame la Première ministre ? Quelles sont, selon vous, les causes de cette dérive, et comment comptez-vous lutter contre cet antisémitisme d'atmosphère qui gangrène notre société ? §
Monsieur le sénateur Dominique de Legge, il est tout à fait vrai qu'il y a en France une explosion des actes antisémites.
Ces faits étaient déjà nombreux avant l'attaque terroriste du Hamas contre la population israélienne. Mais l'aggravation est désormais évidente : les 1 159 actes antisémites relevés depuis le 7 octobre dernier représentent à eux seuls trois fois plus de faits qu'au cours de toute l'année 2022.
Ces événements dramatiques – agressions verbales, croix gammées, étoiles de David dessinées là où l'on pense que des Français de confession juive habitent, agressions physiques aussi – ont donné lieu à 518 interpellations par la police et par la gendarmerie.
En effet, à la demande du Président de la République et de la Première ministre, dès le premier jour, dans les 950 lieux où les Français de confession juive ont l'habitude de mener leurs enfants à l'école, de vivre leur culte, ou simplement de vivre, nous avons mobilisé quasiment 11 000 policiers, gendarmes et militaires de l'opération Sentinelle, qui ont pu protéger ces Français contre de très nombreux actes antisémites et interpeller des personnes qui voulaient passer à l'acte.
La haine est aussi traquée sur internet : 7 726 signalements ont été déposés sur la plateforme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements (Pharos). Grâce à ces signalements, nous avons pu identifier 296 personnes et procéder à de nombreuses interpellations, afin que la haine et les menaces sur internet soient condamnées par la justice.
J'ai pris des dispositions très claires pour que les ressortissants étrangers parmi les personnes interpellées se voient systématiquement retirer leur titre de séjour : cela concerne 120 personnes parmi les quelque 500 interpellations que j'évoquais ; une quarantaine d'entre eux sont en centre de rétention administratif. Nous avons déjà commencé les éloignements, comme vous avez pu le voir, parce qu'on ne peut pas toucher un Français de confession juive, un juif en France, sans toucher toute la République.
La haine antisémite touche malheureusement tout l'Occident, mais, en France, les Français de confession juive ont l'absolue protection de la République : toucher à un juif en France, c'est toucher toute la France. Les policiers et les gendarmes pour qui l'on prie tous les samedis à la synagogue le savent très bien ; ils rendent aux juifs de France un peu de la protection et de l'amour que ceux-ci leur donnent. §
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Guillaume Gontard, depuis les terribles attaques terroristes perpétrées par le Hamas contre Israël, la situation dans la région est extrêmement préoccupante.
Israël a le droit d’assurer la sécurité de son territoire, mais cela doit se faire dans le respect du droit international, et nous devons impérativement éviter l’escalade et l’embrasement dans la région.
Je le dis sans ambiguïté, la situation humanitaire dans la bande de Gaza est dramatique. Le bilan humain est extrêmement lourd, avec de nombreuses victimes civiles, notamment des femmes et des enfants. Les populations palestiniennes ne doivent pas payer pour les crimes du Hamas. Elles doivent être protégées de toute urgence.
Cette urgence, la France n’a cessé de la réaffirmer, et nous avons condamné très clairement les frappes contre les personnels humanitaires et les sites de l’ONU. Comme nous l’avons dit, le droit international humanitaire impose des principes clairs de distinction, de nécessité, de proportionnalité et de précaution. La protection des civils est à la fois un impératif moral et une obligation internationale. Une trêve humanitaire immédiate et durable est absolument nécessaire. Elle doit pouvoir mener à un cessez-le-feu.
Monsieur le président Gontard, la France est mobilisée pour la paix. Sur l’initiative du Président de la République, une conférence humanitaire internationale pour la population civile de Gaza se tiendra demain à Paris.
J’ajoute que nous suivons de très près la situation de nos ressortissants dans la bande de Gaza. Nous mettons tout en œuvre pour leur permettre de revenir en France ; plus de cent d’entre eux ont pu quitter Gaza depuis vendredi dernier.
De plus, nous restons mobilisés pour obtenir une libération immédiate et sans condition des otages.
Monsieur le président Gontard, face à ce conflit, la seule issue possible est une solution politique avec deux États. C’est la position invariable de la France. C’est le sens de l’initiative pour la paix et la sécurité pour tous que porte le Président de la République. Cette initiative est construite autour de trois piliers : la sécurité, avec une lutte implacable contre le terrorisme ; le soutien humanitaire, avec une réponse internationale rapide et forte face à l’urgence à Gaza ; enfin, la détermination à relancer un processus politique permettant de garantir à la fois la sécurité d’Israël et la création d’un État pour les populations palestiniennes.
Face à la situation au Proche-Orient, la France ne ménage aucun effort pour éviter l’embrasement, protéger les civils et offrir une perspective de paix.
antisémitisme (i)
Protestations sur les travées du groupe SER.
M. le président. La parole est à M. Dominique de Legge, pour le groupe Les Républicains.
Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.
Madame la Première ministre, plus d’un millier d’actes antisémites ont été commis depuis le 7 octobre : des croix gammées et des étoiles de David taguées sur les murs ; des lettres de menaces ; des agressions verbales, et parfois même physiques, de Français, jusqu’à leur domicile, parce qu’ils sont juifs ; une haine qui s’affiche même dans le métro.
Comment la France en est-elle arrivée là, madame la Première ministre ? Quelles sont, selon vous, les causes de cette dérive, et comment comptez-vous lutter contre cet antisémitisme d’atmosphère qui gangrène notre société ?
La vérité est que nous avons, sous couvert de tolérance ou d'accommodements dits « raisonnables », renoncé à notre identité et à notre culture pour épouser un relativisme culturel qui montre aujourd'hui ses limites et ses effets délétères.
Depuis de nombreuses années, des voix se sont élevées, et nous avons refusé de les entendre.
Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.
Exclamations sur les travées des groupes CRCE-K et SER.
Monsieur le sénateur Dominique de Legge, il est tout à fait vrai qu’il y a en France une explosion des actes antisémites.
Ces faits étaient déjà nombreux avant l’attaque terroriste du Hamas contre la population israélienne. Mais l’aggravation est désormais évidente : les 1 159 actes antisémites relevés depuis le 7 octobre dernier représentent à eux seuls trois fois plus de faits qu’au cours de toute l’année 2022.
Ces événements dramatiques – agressions verbales, croix gammées, étoiles de David dessinées là où l’on pense que des Français de confession juive habitent, agressions physiques aussi – ont donné lieu à 518 interpellations par la police et par la gendarmerie.
En effet, à la demande du Président de la République et de la Première ministre, dès le premier jour, dans les 950 lieux où les Français de confession juive ont l’habitude de mener leurs enfants à l’école, de vivre leur culte, ou simplement de vivre, nous avons mobilisé quasiment 11 000 policiers, gendarmes et militaires de l’opération Sentinelle, qui ont pu protéger ces Français contre de très nombreux actes antisémites et interpeller des personnes qui voulaient passer à l’acte.
La haine est aussi traquée sur internet : 7 726 signalements ont été déposés sur la plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation des signalements (Pharos). Grâce à ces signalements, nous avons pu identifier 296 personnes et procéder à de nombreuses interpellations, afin que la haine et les menaces sur internet soient condamnées par la justice.
J’ai pris des dispositions très claires pour que les ressortissants étrangers parmi les personnes interpellées se voient systématiquement retirer leur titre de séjour : cela concerne 120 personnes parmi les quelque 500 interpellations que j’évoquais ; une quarantaine d’entre eux sont en centre de rétention administratif. Nous avons déjà commencé les éloignements, comme vous avez pu le voir, parce qu’on ne peut pas toucher un Français de confession juive, un juif en France, sans toucher toute la République.
La haine antisémite touche malheureusement tout l’Occident, mais, en France, les Français de confession juive ont l’absolue protection de la République : toucher à un juif en France, c’est toucher toute la France. Les policiers et les gendarmes pour qui l’on prie tous les samedis à la synagogue le savent très bien ; ils rendent aux juifs de France un peu de la protection et de l’amour que ceux-ci leur donnent.
Monsieur le sénateur Dominique de Legge, il est tout à fait vrai qu’il y a en France une explosion du nombre des actes antisémites.
Ces faits étaient déjà nombreux avant l’attaque terroriste du Hamas contre la population israélienne. Mais l’aggravation est désormais évidente : les 1 159 actes antisémites relevés depuis le 7 octobre dernier représentent à eux seuls trois fois plus de faits qu’au cours de toute l’année 2022.
Ces événements dramatiques – agressions verbales, croix gammées, étoiles de David dessinées là où l’on pense que des Français de confession juive habitent, agressions physiques aussi – ont donné lieu à 518 interpellations par la police et par la gendarmerie.
En effet, à la demande du Président de la République et de la Première ministre, dès le premier jour, dans les 950 lieux où les Français de confession juive ont l’habitude de mener leurs enfants à l’école, de vivre leur culte, ou simplement de vivre, nous avons mobilisé quasiment 11 000 policiers, gendarmes et militaires de l’opération Sentinelle, qui ont pu protéger ces Français contre de très nombreux actes antisémites et interpeller des personnes qui voulaient passer à l’acte.
La haine est aussi traquée sur internet : 7 726 signalements ont été déposés sur la plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation des signalements (Pharos). Grâce à ces signalements, nous avons pu identifier 296 personnes et procéder à de nombreuses interpellations, afin que la haine et les menaces sur internet soient condamnées par la justice.
J’ai pris des dispositions très claires pour que les ressortissants étrangers parmi les personnes interpellées se voient systématiquement retirer leur titre de séjour : cela concerne 120 personnes parmi les quelque 500 interpellations que j’évoquais ; une quarantaine d’entre eux sont en centre de rétention administratif. Nous avons déjà commencé les éloignements, comme vous avez pu le voir, parce qu’on ne peut pas toucher un Français de confession juive, un juif en France, sans toucher toute la République.
La haine antisémite touche malheureusement tout l’Occident, mais, en France, les Français de confession juive ont l’absolue protection de la République : toucher à un juif en France, c’est toucher toute la France. Les policiers et les gendarmes pour qui l’on prie tous les samedis à la synagogue le savent très bien ; ils rendent aux juifs de France un peu de la protection et de l’amour que ceux-ci leur donnent.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, du Pas-de-Calais à l'Occitanie, les tempêtes Ciaran et Domingos ont traversé notre pays. La Bretagne a été lourdement touchée, notamment dans le Finistère. Des rafales ont été enregistrées à 207 km/h à la pointe du Raz, à 193 km/h à l'île de Batz. Trois personnes ont perdu la vie – dans l'Aisne, au Havre et à Pont-Aven, dans le Finistère, où Frédéric Despaux, employé d'Enedis, est décédé en intervention.
Je souhaite également souligner le remarquable travail du préfet du Finistère et, à travers lui, saluer l'ensemble de la chaîne de secours et les services de l'État.
Grâce au déclenchement du dispositif FR-Alert et à la sensibilisation des populations en amont, des vies ont probablement été sauvées. Je n'oublie pas la formidable implication de nos élus et de nos agents territoriaux. Qu'ils en soient, dans cet hémicycle, remerciés vivement !
Des difficultés perdurent, évidemment, avec des pannes d'électricité ou l'interruption de l'accès au téléphone à la suite des nombreux dégâts. Les Finistériens affectés sont résilients et solidaires, mais l'inquiétude est immense, particulièrement dans le secteur agricole, où des serres ont été écrasées, des bâtiments, parfois anciens, dégradés, et des éleveurs privés d'eau et d'électricité. La profession évalue le préjudice pour la ferme finistérienne à près de 200 millions d'euros. C'est considérable !
Aujourd'hui, le moral des agriculteurs est très affecté. Plusieurs d'entre eux me disent qu'il leur sera difficile de repartir. Ils ont donc besoin d'un soutien fort.
Monsieur le ministre de l'agriculture, comment les aider ? Comment faciliter les démarches, s'assurer que les matériaux de reconstruction sont disponibles, que les aides de la politique agricole commune (PAC) ne seront pas affectées par la perte des arbres ?
En somme, quel accompagnement offrirez-vous à des agriculteurs qui sont toujours au rendez-vous de la solidarité ? Ils l'ont plusieurs fois prouvé : aujourd'hui encore, ils dégagent les arbres sur les routes ; l'an dernier, ils aidaient les pompiers à éteindre le feu dans les monts d'Arrée… §
Madame la sénatrice Havet, je veux d'abord m'associer au salut que vous adressez à l'ensemble des services publics – ceux des collectivités locales comme ceux de l'État – qui se sont mobilisés durant cette tempête. Je m'associe également à l'hommage que vous rendez aux trois victimes de cette tempête et, en particulier, à cet employé d'Enedis qui, originaire d'une autre région, était venu porter renfort aux équipes de votre département. Je rends enfin hommage, avec vous, à toutes celles et tous ceux qui se sont battus, ici pour essayer de rétablir l'électricité, là pour répondre à la détresse de telle ou telle victime.
Vous m'interrogez en particulier au sujet de la détresse des agriculteurs, qui ont été particulièrement touchés dans votre département, comme d'autres l'ont été, par exemple dans le Pas-de-Calais, par la succession d'événements climatiques que nous subissons. Je souhaite vous présenter la palette de solutions sur laquelle nous travaillons, tout en vous précisant que je me rendrai la semaine prochaine dans le Finistère pour évoquer ces questions.
Pour les pertes de récoltes, c'est le nouveau système assurantiel, que votre chambre avait approuvé, qui va s'appliquer. Aux termes de ce nouveau système, une indemnité de solidarité pourra être versée aux non-assurés, qui pourront ainsi être partiellement couverts. Parfois, le seuil de 50 % de pertes prévu pour accéder à ce système assurantiel s'avère un peu trop élevé. Nous regardons s'il y a lieu de le modifier, dans le cas où il y aurait des trous dans la raquette. Le cas échéant, un fonds de soutien, ou de crise, pourrait être mis en place pour compléter ce système, comme ce fut le cas pour d'autres événements climatiques comme la grêle ou le gel.
Les pertes de fonds peuvent être importantes – je pense en particulier, mais pas seulement, aux fraises. Certaines de ces pertes relèvent du régime des catastrophes naturelles, comme le ministre de l'intérieur l'a dit hier ; d'autres relèvent du régime des calamités agricoles, comme l'a rappelé le Président de la République. Cela dépend de la nature de l'ouvrage. Nous allons activer ces deux mécanismes dans les jours qui viennent, selon les critères que vous connaissez. Faut-il aller plus loin ? Le président du conseil régional de Bretagne a annoncé vouloir apporter un soutien sur les questions d'investissement : nous examinons s'il y a lieu pour le Gouvernement de suivre cette piste aussi.
Il faut aller vite, car on constate dès maintenant des besoins en main-d'œuvre et en matériel. Nous les recensons, pour que la mise en production puisse être rétablie dans ce département très touché – comme le sont beaucoup d'autres départements de l'Ouest. §
Merci de votre réponse, monsieur le ministre. Mais vous conviendrez avec moi que, pour traiter le mal, il faut le prendre à la racine : il faut accepter d’identifier sans tabou ses origines et ses ressorts. L’antisémitisme déguisé en compassion pour les Palestiniens se nourrit du wokisme §
Dans ce domaine comme dans tant d’autres, il n’y a pas de place pour le « en même temps ». Oui, il y a une culture française, qui puise ses valeurs dans notre histoire judéo-chrétienne.
Madame la ministre chargée des collectivités territoriales et de la ruralité, alors que s'ouvrent aujourd'hui les assises nationales des départements de France, je souhaiterais évoquer la question de l'accueil des mineurs non accompagnés.
L'afflux massif de mineurs isolés étrangers sur le territoire français constitue un véritable casse-tête pour les départements, qui assurent la protection de l'enfance, même si ceux-ci ont conscience que cet exode reste dramatique pour la plupart de ces mineurs. Leur prise en charge pèse très lourdement sur les budgets départementaux – 1, 5 milliard d'euros au moins – et les compensations financières de l'État sont dérisoires. À l'heure où le produit des droits de mutation à titre onéreux s'effondre – dans mon département de l'Essonne, par exemple, il a baissé de 80 millions d'euros –, il n'est pas incongru d'exiger de l'État un soutien plus important.
Les structures d'accueil sont saturées, malgré les efforts des départements pour dégager de nouvelles solutions d'hébergement spécialisé. De plus, la loi relative à la protection des enfants, dite loi Taquet, interdit à partir de 2024 l'hébergement dans des hôtels de mineurs confiés à l'aide sociale à l'enfance (ASE).
J'avais déposé deux amendements sur le projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration : l'un visait à permettre que l'accueil des mineurs de plus de seize ans soit effectué dans des structures d'hébergement hôtelier en mobilisant des dispositifs d'accompagnement, l'autre avait pour objet d'exclure toute prise en charge des mineurs délinquants par l'ASE. Tous deux ont, malheureusement, été déclarés irrecevables au titre de l'article 40 de la Constitution.
Madame la ministre, les départements demandent la mise en œuvre de deux mesures : d'une part, le transfert à l'État de la compétence de mise à l'abri des personnes se présentant comme mineurs non accompagnés, le temps de l'évaluation de leur minorité par le département ; d'autre part, la compensation à l'euro près des dépenses engagées pour la prise en charge des mineurs non accompagnés reconnus comme tels.
J'ai donc deux questions à vous poser, madame la ministre. D'une part, la politique migratoire étant une compétence régalienne, l'État est-il prêt à tendre la main aux départements dans l'accueil de ces jeunes migrants, dès leur arrivée sur le territoire français ? D'autre part, est-il prêt à engager un effort financier important et pérenne pour soulager les départements et les personnels de l'ASE, pour qui l'accueil des mineurs non accompagnés est un défi permanent ? §
Madame la sénatrice Darcos, permettez-moi avant tout de rappeler un principe auquel nous sommes profondément attachés : un enfant isolé, sur le territoire français, doit être protégé, quelle que soit sa nationalité. Le droit français consacre explicitement ce principe. C'est pourquoi tout mineur non accompagné confié à l'ASE est pris en charge dans les mêmes conditions que les enfants de nationalité française.
Depuis 2016, l'État soutient les départements, par un dispositif de répartition équilibrée des mineurs non accompagnés sur le territoire, mais aussi par une aide financière visant à compenser une partie des coûts qu'entraîne leur prise en charge.
La loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants a fait évoluer la prise en charge des mineurs non accompagnés au bénéfice de tous, pour protéger les enfants, mais aussi lutter contre les abus, puisqu'il y en a, et réprimer ceux qui ne respectent pas les règles. Au printemps dernier, nous avons renforcé les moyens à la frontière et dans les services de l'État des départements, comme les Alpes-Maritimes, qui ont été les plus touchés par ce phénomène. Le préfet a réquisitionné des locaux et nous avons proposé une aide pour évaluer ces mineurs.
Au début du mois de septembre, le Gouvernement a lancé une enquête flash pour faire un état des lieux des difficultés de prise en charge rencontrées par les départements et en tirer les leçons. Sur cette base, avec Charlotte Caubel, Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti, autour de Mme la Première ministre, nous travaillons à des solutions de moyen et de long terme.
Nous ferons tout pour trouver un consensus avec les départements. C'est sur la base de cette mission et dans la concertation avec l'ensemble des acteurs que nous pourrons prendre des mesures pertinentes. Il s'agit d'enfants ; notre mobilisation est totale et entière. Vendredi prochain, avec Mme la Première ministre, nous nous rendrons aux assises nationales des départements de France, ce qui nous permettra d'évoquer avec eux ces questions.
La vérité est que nous avons, sous couvert de tolérance ou d’accommodements dits « raisonnables », renoncé à notre identité et à notre culture pour épouser un relativisme culturel qui montre aujourd’hui ses limites et ses effets délétères.
Depuis de nombreuses années, des voix se sont élevées, et nous avons refusé de les entendre.
« Mes amis, au secours ! » Ce cri d'alarme de l'Abbé Pierre, lancé il y a bientôt 70 ans, a incarné son combat en faveur des sans-logis.
Aujourd'hui, les contraintes de rénovation énergétique, les spéculations sur les locations saisonnières, le « zéro artificialisation nette » (ZAN), l'inflation et les taux d'intérêt d'emprunt élevés sont autant de facteurs qui aggravent la crise du logement.
Déjà, le secteur du bâtiment, qui représente 6 % du PIB, 1 273 000 salariés et 403 400 entreprises artisanales, en ressent les répercussions. Les chiffres sont alarmants : baisse de 30 % du nombre de permis, de 21 % de celui des mises en chantier, de 24 % de celui des constructions individuelles… Quant aux ventes, elles ont diminué de 33 % à 38 % !
Quand le bâtiment va, monsieur le ministre chargé du logement, tout va. Mais quid quand il ne va pas ?
Monsieur le ministre, il faut agir rapidement, car le secteur du bâtiment est un paquebot : beaucoup de temps s'écoule entre le moment où l'on remet les moteurs en route et celui où le navire retrouve sa vitesse de croisière.
Pourtant, dans cette situation, vous supprimez le dispositif Pinel et vous écartez nombre de communes du nouveau prêt à taux zéro (PTZ). Une fois de plus, ce sont les territoires ruraux, supposés hors tension, qui sont oubliés. Pourtant, les besoins en logement y sont énormes et l'accès à la propriété y est un fort facteur d'attractivité. Or, sans aide, l'accès à la propriété est quasiment impossible pour les jeunes couples, alors qu'ils assurent la survie des communes rurales, leur vitalité sociale et associative : sans jeunes couples, plus d'école !
C'est pourquoi je vous demande que les zones rurales soient éligibles aux nouvelles conditions du PTZ. Ainsi, vous assurerez l'attractivité du monde rural, qui, sans cette décision, continuera, encore et toujours, à se désertifier.
M. Dominique de Legge. En 1894 déjà, Anatole France, dans Le Lys rouge, écrivait : « L’antisémitisme, c’est la mort, entendez-vous, de la civilisation européenne. » Des propos qui sont bien d’actualité…
Monsieur le sénateur Bilhac, comme je le disais hier devant la commission des affaires économiques de votre assemblée, il nous semble nécessaire de faire évoluer notre modèle de développement territorial pour l'adapter aux nouveaux enjeux auxquels nos territoires sont confrontés : le lien entre emploi et logement, la transition écologique, ou encore la diversité des situations locales.
C'est pourquoi nous souhaitons faire évoluer les instruments de la politique du logement et, plus particulièrement, le PTZ. Dans le projet de loi de finances pour 2024, nous proposons donc de prolonger le PTZ jusqu'en 2027 tout en l'adaptant aux différentes situations locales.
En zone tendue, là où il faut absolument construire de nouveaux logements, nous avons souhaité le concentrer sur le neuf, avec davantage de publics éligibles et une aide renforcée.
En zone détendue, nous avons déjà maintenu l'accession sociale à la propriété dans le neuf – en bail réel solidaire (BRS), en prêt social location-accession (PSLA) et dans les quartiers de la politique de la ville.
Pour le reste des primo-accédants, nous avons choisi de nous concentrer sur l'acquisition-rénovation.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, du Pas-de-Calais à l’Occitanie, les tempêtes Ciaran et Domingos ont traversé notre pays. La Bretagne a été lourdement touchée, notamment dans le Finistère. Des rafales ont été enregistrées à 207 km/h à la pointe du Raz, à 193 km/h à l’île de Batz. Trois personnes ont perdu la vie – dans l’Aisne, au Havre et à Pont-Aven, dans le Finistère, où Frédéric Despaux, employé d’Enedis, est décédé en intervention.
Je souhaite également souligner le remarquable travail du préfet du Finistère et, à travers lui, saluer l’ensemble de la chaîne de secours et les services de l’État.
Grâce au déclenchement du dispositif FR-Alert et à la sensibilisation des populations en amont, des vies ont probablement été sauvées. Je n’oublie pas la formidable implication de nos élus et de nos agents territoriaux. Qu’ils en soient, dans cet hémicycle, remerciés vivement !
Des difficultés perdurent, évidemment, avec des pannes d’électricité ou l’interruption de l’accès au téléphone à la suite des nombreux dégâts. Les Finistériens affectés sont résilients et solidaires, mais l’inquiétude est immense, particulièrement dans le secteur agricole, où des serres ont été écrasées, des bâtiments, parfois anciens, dégradés, et des éleveurs privés d’eau et d’électricité. La profession évalue le préjudice pour la ferme finistérienne à près de 200 millions d’euros. C’est considérable !
Aujourd’hui, le moral des agriculteurs est très affecté. Plusieurs d’entre eux me disent qu’il leur sera difficile de repartir. Ils ont donc besoin d’un soutien fort.
Monsieur le ministre de l’agriculture, comment les aider ? Comment faciliter les démarches, s’assurer que les matériaux de reconstruction sont disponibles, que les aides de la politique agricole commune (PAC) ne seront pas affectées par la perte des arbres ?
En somme, quel accompagnement offrirez-vous à des agriculteurs qui sont toujours au rendez-vous de la solidarité ? Ils l’ont plusieurs fois prouvé : aujourd’hui encore, ils dégagent les arbres sur les routes ; l’an dernier, ils aidaient les pompiers à éteindre le feu dans les monts d’Arrée…
Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, du Pas-de-Calais à l’Occitanie, les tempêtes Ciaran et Domingos ont traversé notre pays. La Bretagne a été lourdement touchée, notamment dans le Finistère. Des rafales ont été enregistrées à 207 kilomètres par heure à la pointe du Raz, à 193 kilomètres par heure à l’île de Batz. Trois personnes ont perdu la vie – dans l’Aisne, au Havre et à Pont-Aven, dans le Finistère, où Frédéric Despaux, employé d’Enedis, est décédé en intervention.
Je souhaite également souligner le remarquable travail du préfet du Finistère et, à travers lui, saluer l’ensemble de la chaîne de secours et les services de l’État.
Grâce au déclenchement du dispositif FR-Alert et à la sensibilisation des populations en amont, des vies ont probablement été sauvées. Je n’oublie pas la formidable implication de nos élus et de nos agents territoriaux. Qu’ils en soient, dans cet hémicycle, remerciés vivement !
Des difficultés perdurent, évidemment, avec des pannes d’électricité ou l’interruption de l’accès au téléphone à la suite des nombreux dégâts. Les Finistériens affectés sont résilients et solidaires, mais l’inquiétude est immense, particulièrement dans le secteur agricole, où des serres ont été écrasées, des bâtiments, parfois anciens, dégradés, et des éleveurs privés d’eau et d’électricité. La profession évalue le préjudice pour la ferme finistérienne à près de 200 millions d’euros. C’est considérable !
Aujourd’hui, le moral des agriculteurs est très affecté. Plusieurs d’entre eux me disent qu’il leur sera difficile de repartir. Ils ont donc besoin d’un soutien fort.
Monsieur le ministre de l’agriculture, comment les aider ? Comment faciliter les démarches, s’assurer que les matériaux de reconstruction sont disponibles, que les aides de la politique agricole commune (PAC) ne seront pas affectées par la perte des arbres ?
En somme, quel accompagnement offrirez-vous à des agriculteurs qui sont toujours au rendez-vous de la solidarité ? Ils l’ont plusieurs fois prouvé : aujourd’hui encore, ils dégagent les arbres sur les routes ; l’an dernier, ils aidaient les pompiers à éteindre le feu dans les monts d’Arrée…
Pourquoi ce choix ? Quelques chiffres l'illustreront. Dans la Creuse, plus de la moitié des logements obtiennent une note de F ou G au diagnostic de performance énergétique – ce sont des passoires thermiques – et le taux de vacance atteint 15 %. Dans le Cantal, il y a 43 % de passoires thermiques et un taux de vacance de 12 %. Vous comprenez évidemment que, dans ces territoires, il nous faut privilégier l'aide publique destinée à l'acquisition-rénovation. À cela s'ajoute la prime de sortie de la vacance, initiée dans le cadre du plan France Ruralités animé par ma collègue Dominique Faure. Avec elle, je suis prêt à signer des pactes de rénovation avec les départements, les intercommunalités et les communes qui seraient volontaires pour s'engager dans cette transition et adapter nos outils de politique du logement aux réalités locales. (Applaudissementssur les travées du groupe RDPI.)
Madame la sénatrice Havet, je veux d’abord m’associer au salut que vous adressez à l’ensemble des services publics – ceux des collectivités locales comme ceux de l’État – qui se sont mobilisés durant cette tempête. Je m’associe également à l’hommage que vous rendez aux trois victimes de cette tempête et, en particulier, à cet employé d’Enedis qui, originaire d’une autre région, était venu porter renfort aux équipes de votre département. Je rends enfin hommage, avec vous, à toutes celles et tous ceux qui se sont battus, ici pour essayer de rétablir l’électricité, là pour répondre à la détresse de telle ou telle victime.
Vous m’interrogez en particulier au sujet de la détresse des agriculteurs, qui ont été particulièrement touchés dans votre département, comme d’autres l’ont été, par exemple dans le Pas-de-Calais, par la succession d’événements climatiques que nous subissons. Je souhaite vous présenter la palette de solutions sur laquelle nous travaillons, tout en vous précisant que je me rendrai la semaine prochaine dans le Finistère pour évoquer ces questions.
Pour les pertes de récoltes, c’est le nouveau système assurantiel, que votre chambre avait approuvé, qui va s’appliquer. Aux termes de ce nouveau système, une indemnité de solidarité pourra être versée aux non-assurés, qui pourront ainsi être partiellement couverts. Parfois, le seuil de 50 % de pertes prévu pour accéder à ce système assurantiel s’avère un peu trop élevé. Nous regardons s’il y a lieu de le modifier, dans le cas où il y aurait des trous dans la raquette. Le cas échéant, un fonds de soutien, ou de crise, pourrait être mis en place pour compléter ce système, comme ce fut le cas pour d’autres événements climatiques comme la grêle ou le gel.
Les pertes de fonds peuvent être importantes – je pense en particulier, mais pas seulement, aux fraises. Certaines de ces pertes relèvent du régime des catastrophes naturelles, comme le ministre de l’intérieur l’a dit hier ; d’autres relèvent du régime des calamités agricoles, comme l’a rappelé le Président de la République. Cela dépend de la nature de l’ouvrage. Nous allons activer ces deux mécanismes dans les jours qui viennent, selon les critères que vous connaissez. Faut-il aller plus loin ? Le président du conseil régional de Bretagne a annoncé vouloir apporter un soutien sur les questions d’investissement : nous examinons s’il y a lieu pour le Gouvernement de suivre cette piste aussi.
Il faut aller vite, car on constate dès maintenant des besoins en main-d’œuvre et en matériel. Nous les recensons, pour que la mise en production puisse être rétablie dans ce département très touché – comme le sont beaucoup d’autres départements de l’Ouest.
Madame la sénatrice Havet, je veux d’abord m’associer au salut que vous adressez à l’ensemble des services publics – ceux des collectivités locales comme ceux de l’État – qui se sont mobilisés durant cette tempête. Je m’associe également à l’hommage que vous rendez aux trois victimes de cette tempête et, en particulier, à cet employé d’Enedis qui, originaire d’une autre région, était venu porter renfort aux équipes de votre département. Je rends enfin hommage, avec vous, à toutes celles et à tous ceux qui se sont battus, ici pour essayer de rétablir l’électricité, là pour répondre à la détresse de telle ou telle victime.
Vous m’interrogez en particulier au sujet de la détresse des agriculteurs, qui ont été particulièrement touchés dans votre département, comme d’autres l’ont été, par exemple dans le Pas-de-Calais, par la succession d’événements climatiques que nous subissons. Je souhaite vous présenter la palette de solutions sur laquelle nous travaillons, tout en vous précisant que je me rendrai la semaine prochaine dans le Finistère pour évoquer ces questions.
Pour les pertes de récoltes, c’est le nouveau système assurantiel, que votre chambre avait approuvé, qui va s’appliquer. Aux termes de ce nouveau système, une indemnité de solidarité pourra être versée aux non-assurés, qui pourront ainsi être partiellement couverts. Parfois, le seuil de 50 % de pertes prévu pour accéder à ce système assurantiel s’avère un peu trop élevé. Nous regardons s’il y a lieu de le modifier, dans le cas où il y aurait des trous dans la raquette. Le cas échéant, un fonds de soutien, ou de crise, pourrait être mis en place pour compléter ce système, comme ce fut le cas pour d’autres événements climatiques comme la grêle ou le gel.
Les pertes de fonds peuvent être importantes – je pense en particulier, mais pas seulement, aux fraises. Certaines de ces pertes relèvent du régime des catastrophes naturelles, comme le ministre de l’intérieur l’a dit hier ; d’autres relèvent du régime des calamités agricoles, comme l’a rappelé le Président de la République. Cela dépend de la nature de l’ouvrage. Nous allons activer ces deux mécanismes dans les jours qui viennent, selon les critères que vous connaissez. Faut-il aller plus loin ? Le président du conseil régional de Bretagne a annoncé vouloir apporter un soutien sur les questions d’investissement : nous examinons s’il y a lieu pour le Gouvernement de suivre cette piste aussi.
Il faut aller vite, car on constate dès maintenant des besoins en main-d’œuvre et en matériel. Nous les recensons, pour que la mise en production puisse être rétablie dans ce département très touché – comme le sont beaucoup d’autres départements de l’Ouest.
Monsieur le président, madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, l'écrivain martiniquais Frantz Fanon écrivait voici 70 ans : « Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l'oreille, on parle de vous. »
Madame la Première ministre, cela fait cinq semaines que les Françaises et les Français dressent l'oreille. Ils sont inquiets, horrifiés, scandalisés par la résurgence de l'antisémitisme en France. Pas un jour ne passe sans que notre pays connaisse une nouvelle agression, une nouvelle menace, une nouvelle dégradation, une nouvelle mise en cause contre nos compatriotes de confession juive.
Cette réalité-là nous scandalise. L'antisémitisme, qui n'a jamais disparu de la société française, redouble d'acuité. Il s'étale sans complexe. Il menace, il sévit, il empoisonne la vie de nos concitoyens, de nos compatriotes.
Madame la Première ministre, toutes les forces politiques républicaines et démocratiques se mobilisent, se dressent – votre gouvernement aussi. Le Président du Sénat et la Présidente de l'Assemblée nationale ont appelé à une manifestation dimanche prochain. C'est une heureuse initiative. Merci, monsieur le président ! §
Madame la Première ministre, nous avons besoin de savoir quelle est la genèse de ces faits, quels moyens sont mobilisés pour les empêcher et quelle est la volonté du Gouvernement de lutter contre la résurgence de l'antisémitisme, afin que chacun et chacune d'entre nous prenne sa part, toute sa part, sa juste part, dans la lutte contre ce fléau.
Madame la ministre chargée des collectivités territoriales et de la ruralité, alors que s’ouvrent aujourd’hui les assises nationales des départements de France, je souhaiterais évoquer la question de l’accueil des mineurs non accompagnés.
L’afflux massif de mineurs isolés étrangers sur le territoire français constitue un véritable casse-tête pour les départements, qui assurent la protection de l’enfance, même si ceux-ci ont conscience que cet exode reste dramatique pour la plupart de ces mineurs. Leur prise en charge pèse très lourdement sur les budgets départementaux – 1, 5 milliard d’euros au moins – et les compensations financières de l’État sont dérisoires. À l’heure où le produit des droits de mutation à titre onéreux s’effondre – dans mon département de l’Essonne, par exemple, il a baissé de 80 millions d’euros –, il n’est pas incongru d’exiger de l’État un soutien plus important.
Les structures d’accueil sont saturées, malgré les efforts des départements pour dégager de nouvelles solutions d’hébergement spécialisé. De plus, la loi relative à la protection des enfants, dite loi Taquet, interdit à partir de 2024 l’hébergement dans des hôtels de mineurs confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE).
J’avais déposé deux amendements sur le projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration : l’un visait à permettre que l’accueil des mineurs de plus de seize ans soit effectué dans des structures d’hébergement hôtelier en mobilisant des dispositifs d’accompagnement, l’autre avait pour objet d’exclure toute prise en charge des mineurs délinquants par l’ASE. Tous deux ont, malheureusement, été déclarés irrecevables au titre de l’article 40 de la Constitution.
Madame la ministre, les départements demandent la mise en œuvre de deux mesures : d’une part, le transfert à l’État de la compétence de mise à l’abri des personnes se présentant comme mineurs non accompagnés, le temps de l’évaluation de leur minorité par le département ; d’autre part, la compensation à l’euro près des dépenses engagées pour la prise en charge des mineurs non accompagnés reconnus comme tels.
J’ai donc deux questions à vous poser, madame la ministre. D’une part, la politique migratoire étant une compétence régalienne, l’État est-il prêt à tendre la main aux départements dans l’accueil de ces jeunes migrants, dès leur arrivée sur le territoire français ? D’autre part, est-il prêt à engager un effort financier important et pérenne pour soulager les départements et les personnels de l’ASE, pour qui l’accueil des mineurs non accompagnés est un défi permanent ?
Madame la ministre chargée des collectivités territoriales et de la ruralité, alors que s’ouvrent aujourd’hui les assises nationales des départements de France, je souhaiterais évoquer la question de l’accueil des mineurs non accompagnés.
L’afflux massif de mineurs isolés étrangers sur le territoire français constitue un véritable casse-tête pour les départements, qui assurent la protection de l’enfance, même si ceux-ci ont conscience que cet exode reste dramatique pour la plupart de ces mineurs. Leur prise en charge pèse très lourdement sur les budgets départementaux – 1, 5 milliard d’euros au moins – et les compensations financières de l’État sont dérisoires. À l’heure où le produit des droits de mutation à titre onéreux s’effondre – dans mon département de l’Essonne, par exemple, il a baissé de 80 millions d’euros –, il n’est pas incongru d’exiger de l’État un soutien plus important.
Les structures d’accueil sont saturées, malgré les efforts des départements pour dégager de nouvelles solutions d’hébergement spécialisé. De plus, la loi relative à la protection des enfants, dite loi Taquet, interdit à partir de 2024 l’hébergement dans des hôtels de mineurs confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE).
J’avais déposé deux amendements sur le projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration : l’un visait à permettre que l’accueil des mineurs de plus de 16 ans soit effectué dans des structures d’hébergement hôtelier en mobilisant des dispositifs d’accompagnement, l’autre avait pour objet d’exclure toute prise en charge des mineurs délinquants par l’ASE. Tous deux ont, malheureusement, été déclarés irrecevables au titre de l’article 40 de la Constitution.
Madame la ministre, les départements demandent la mise en œuvre de deux mesures : d’une part, le transfert à l’État de la compétence de mise à l’abri des personnes se présentant comme mineurs non accompagnés, le temps de l’évaluation de leur minorité par le département ; d’autre part, la compensation à l’euro près des dépenses engagées pour la prise en charge des mineurs non accompagnés reconnus comme tels.
J’ai donc deux questions à vous poser, madame la ministre. D’une part, la politique migratoire étant une compétence régalienne, l’État est-il prêt à tendre la main aux départements dans l’accueil de ces jeunes migrants, dès leur arrivée sur le territoire français ? D’autre part, est-il prêt à engager un effort financier important et pérenne pour soulager les départements et les personnels de l’ASE, pour lesquels l’accueil des mineurs non accompagnés est un défi permanent ?
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, comme je l'ai dit tout à l'heure en réponse à la question de M. de Legge, plus de 11 000 policiers et gendarmes sont mobilisés, dans le cadre de l'opération Sentinelle, pour protéger les 950 sites où les Français de confession juive ont l'habitude de se rendre.
Une interdiction de manifester a été prise dans les heures qui ont suivi les attaques terroristes islamistes du Hamas contre les populations israéliennes, ce qui a empêché, me semble-t-il, qu'en France, à Paris, comme en 2013 et 2014, on entende crier : « Mort aux Juifs ! » Voyez ce qui s'est passé dans d'autres grandes villes européennes : à Berlin, on a attaqué des synagogues à coups de cocktails Molotov. Fort heureusement, grâce à la fermeté de l'État, grâce à la présence des policiers et des gendarmes, cela n'est pas arrivé chez nous.
Monsieur le sénateur Bourgi, vous demandez qui sont les personnes qui sont passées à l'acte. Malheureusement, elles sont souvent très jeunes. Comme je l'ai dit au président de la commission des lois de votre assemblée, je suis tout à fait prêt à répondre à des questions sur la sociologie de ces personnes. Parmi elles, 120 sont d'origine étrangère, une quarantaine sont en situation irrégulière et trois sont fichées S.
Sur les quelque 500 interpellations réalisées, la moyenne d'âge est extrêmement faible, puisqu'il s'agit souvent de mineurs, comme ceux que l'on a vus chanter des chants nazis et de haine des Juifs dans le métro parisien ; ceux-ci ont été identifiés par la Préfecture de police ; je ne peux vous révéler ici leur identité, du fait des nécessités de l'enquête, mais je vous assure que ce dossier est suivi de très près.
Chaque acte antisémite, qu'il soit commis sur Internet ou dans le monde physique, entraîne l'ouverture d'une procédure judiciaire et mobilise des services de police technique et scientifique sur l'ensemble du territoire national, y compris pour un graffiti, qui veut dire bien d'autres choses et, souvent, annonce le passage à l'acte.
Je sais que la sévérité de la justice frappera tous ceux qui profèrent des menaces de mort, notamment contre des rabbins ou des personnes sensibles pour la communauté. Je pense, monsieur Karoutchi, à Levallois-Perret, où la police a su, en moins de vingt minutes et avec l'aide de la plateforme TikTok, arrêter la personne incriminée et la déférer à la justice.
La haine sévit avant tout sur les plateformes. Nous devons donc, collectivement, réfléchir à notre accès à ces plateformes. §
Madame la sénatrice Darcos, permettez-moi avant tout de rappeler un principe auquel nous sommes profondément attachés : un enfant isolé, sur le territoire français, doit être protégé, quelle que soit sa nationalité. Le droit français consacre explicitement ce principe. C’est pourquoi tout mineur non accompagné confié à l’ASE est pris en charge dans les mêmes conditions que les enfants de nationalité française.
Depuis 2016, l’État soutient les départements, par un dispositif de répartition équilibrée des mineurs non accompagnés sur le territoire, mais aussi par une aide financière visant à compenser une partie des coûts qu’entraîne leur prise en charge.
La loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants a fait évoluer la prise en charge des mineurs non accompagnés au bénéfice de tous, pour protéger les enfants, mais aussi lutter contre les abus, puisqu’il y en a, et réprimer ceux qui ne respectent pas les règles. Au printemps dernier, nous avons renforcé les moyens à la frontière et dans les services de l’État des départements, comme les Alpes-Maritimes, qui ont été les plus touchés par ce phénomène. Le préfet a réquisitionné des locaux et nous avons proposé une aide pour évaluer ces mineurs.
Au début du mois de septembre, le Gouvernement a lancé une enquête flash pour faire un état des lieux des difficultés de prise en charge rencontrées par les départements et en tirer les leçons. Sur cette base, avec Charlotte Caubel, Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti, autour de Mme la Première ministre, nous travaillons à des solutions de moyen et de long terme.
Nous ferons tout pour trouver un consensus avec les départements. C’est sur la base de cette mission et dans la concertation avec l’ensemble des acteurs que nous pourrons prendre des mesures pertinentes. Il s’agit d’enfants ; notre mobilisation est totale et entière. Vendredi prochain, avec Mme la Première ministre, nous nous rendrons aux assises nationales des départements de France, ce qui nous permettra d’évoquer avec eux ces questions.
Madame la sénatrice Darcos, permettez-moi avant tout de rappeler un principe auquel nous sommes profondément attachés : un enfant isolé, sur le territoire français, doit être protégé, quelle que soit sa nationalité. Le droit français consacre explicitement ce principe. C’est pourquoi tout mineur non accompagné confié à l’ASE est pris en charge dans les mêmes conditions que les enfants de nationalité française.
Depuis 2016, l’État soutient les départements, par un dispositif de répartition équilibrée des mineurs non accompagnés sur le territoire, mais aussi par une aide financière visant à compenser une partie des coûts qu’entraîne leur prise en charge.
La loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants a fait évoluer la prise en charge des mineurs non accompagnés au bénéfice de tous, pour protéger les enfants, mais aussi lutter contre les abus, puisqu’il y en a, et réprimer ceux qui ne respectent pas les règles. Au printemps dernier, nous avons renforcé les moyens à la frontière et dans les services de l’État des départements, comme les Alpes-Maritimes, qui ont été les plus touchés par ce phénomène. Le préfet a réquisitionné des locaux et nous avons proposé une aide pour évaluer ces mineurs.
Au début du mois de septembre, le Gouvernement a lancé une enquête flash pour faire un état des lieux des difficultés de prise en charge rencontrées par les départements et en tirer les leçons. Sur cette base, avec Charlotte Caubel, Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti, autour de Mme la Première ministre, nous travaillons à des solutions de moyen et de long terme.
Nous ferons tout pour trouver un consensus avec les départements. C’est sur la base de cette mission et dans la concertation avec l’ensemble des acteurs que nous pourrons prendre des mesures pertinentes. Il s’agit d’enfants ; notre mobilisation est totale et entière. Vendredi prochain, Mme la Première ministre et moi-même nous rendrons aux assises nationales des départements de France, ce qui nous permettra d’évoquer avec eux ces questions.
MM. Pierre Jean Rochette et Michel Savin applaudissent.
Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, la mort du jeune Nahel, tué à l'âge de 17 ans, lors d'un contrôle routier, par le tir d'un policier a été le point de départ de huit jours d'émeutes d'une rare intensité, dans toute la France.
Pendant cette tempête urbaine, en tant que maire de Fosses, dans le Val-d'Oise, j'ai été témoin, comme beaucoup d'autres élus, d'actes de violence et de dégradation.
Je salue l'engagement des forces de l'ordre – police et gendarmerie –, des agents des services publics, des élus et des citoyens pendant cette période.
Quatre mois après ces tragiques événements, la présentation du plan du Gouvernement était très attendue.
Madame la Première ministre, vous avez dévoilé vos propositions il y a bientôt deux semaines, dans l'amphithéâtre de la Sorbonne. J'y étais, et je peux vous assurer que de nombreux élus en sont ressortis déçus.
Vos propositions restent largement insuffisantes pour répondre aux enjeux de nos territoires.
Votre plan mêle le tout-répressif et le contrôle social ; il s'impose, telle une double peine, notamment aux familles monoparentales.
Madame la Première ministre, avez-vous bien entendu ce que demandent les élus locaux ? Ne pensez-vous pas que, si des communes ont développé des polices municipales et demandent aujourd'hui leur armement, c'est tout simplement parce que les forces de l'ordre ont purement et simplement disparu de leur territoire ?
« Mes amis, au secours ! » Ce cri d’alarme de l’Abbé Pierre, lancé il y a bientôt 70 ans, a incarné son combat en faveur des sans-logis.
Aujourd’hui, les contraintes de rénovation énergétique, les spéculations sur les locations saisonnières, le « zéro artificialisation nette » (ZAN), l’inflation et les taux d’intérêt d’emprunt élevés sont autant de facteurs qui aggravent la crise du logement.
Déjà, le secteur du bâtiment, qui représente 6 % du PIB, 1 273 000 salariés et 403 400 entreprises artisanales, en ressent les répercussions. Les chiffres sont alarmants : baisse de 30 % du nombre de permis, de 21 % de celui des mises en chantier, de 24 % de celui des constructions individuelles… Quant aux ventes, elles ont diminué de 33 % à 38 % !
Quand le bâtiment va, monsieur le ministre chargé du logement, tout va. Mais quid quand il ne va pas ?
Monsieur le ministre, il faut agir rapidement, car le secteur du bâtiment est un paquebot : beaucoup de temps s’écoule entre le moment où l’on remet les moteurs en route et celui où le navire retrouve sa vitesse de croisière.
Pourtant, dans cette situation, vous supprimez le dispositif Pinel et vous écartez nombre de communes du nouveau prêt à taux zéro (PTZ). Une fois de plus, ce sont les territoires ruraux, supposés hors tension, qui sont oubliés. Pourtant, les besoins en logement y sont énormes et l’accès à la propriété y est un fort facteur d’attractivité. Or, sans aide, l’accès à la propriété est quasiment impossible pour les jeunes couples, alors qu’ils assurent la survie des communes rurales, leur vitalité sociale et associative : sans jeunes couples, plus d’école !
C’est pourquoi je vous demande que les zones rurales soient éligibles aux nouvelles conditions du PTZ. Ainsi, vous assurerez l’attractivité du monde rural, qui, sans cette décision, continuera, encore et toujours, à se désertifier.
M. le président. La parole est à M. Christian Bilhac, pour le groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.
Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, la mort du jeune Nahel, tué à l'âge de 17 ans, lors d'un contrôle routier, par le tir d'un policier a été le point de départ de huit jours d'émeutes d'une rare intensité, dans toute la France.
Pendant cette tempête urbaine, en tant que maire de Fosses, dans le Val-d'Oise, j'ai été témoin, comme beaucoup d'autres élus, d'actes de violence et de dégradation.
Je salue l'engagement des forces de l'ordre – police et gendarmerie –, des agents des services publics, des élus et des citoyens pendant cette période.
Quatre mois après ces tragiques événements, la présentation du plan du Gouvernement était très attendue.
Madame la Première ministre, vous avez dévoilé vos propositions il y a bientôt deux semaines, dans l'amphithéâtre de la Sorbonne. J'y étais, et je peux vous assurer que de nombreux élus en sont ressortis déçus.
Vos propositions restent largement insuffisantes pour répondre aux enjeux de nos territoires.
Votre plan mêle le tout-répressif et le contrôle social ; il s'impose, telle une double peine, notamment aux familles monoparentales.
Madame la Première ministre, avez-vous bien entendu ce que demandent les élus locaux ? Ne pensez-vous pas que, si des communes ont développé des polices municipales et demandent aujourd'hui leur armement, c'est tout simplement parce que les forces de l'ordre ont purement et simplement disparu de leur territoire ?
Vous avez refusé des effectifs supplémentaires dans la loi Sécurité globale !
Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.
Ne pensez-vous pas que le triptyque prévention-répression-insertion gagnerait à ce que l'État assume clairement ses compétences régaliennes liées au maintien de l'ordre public ?
À ce sujet, que proposez-vous pour la prévention spécialisée, si utile pour nos quartiers ?
Enfin, madame la Première ministre, parler de police de proximité, c'est parler de complémentarité. Il faut accroître les effectifs de police et de gendarmerie nationales sur nos territoires, …
Monsieur le sénateur Bilhac, comme je le disais hier devant la commission des affaires économiques de votre assemblée, il nous semble nécessaire de faire évoluer notre modèle de développement territorial pour l’adapter aux nouveaux enjeux auxquels nos territoires sont confrontés : le lien entre emploi et logement, la transition écologique, ou encore la diversité des situations locales.
C’est pourquoi nous souhaitons faire évoluer les instruments de la politique du logement et, plus particulièrement, le PTZ. Dans le projet de loi de finances pour 2024, nous proposons donc de prolonger le PTZ jusqu’en 2027 tout en l’adaptant aux différentes situations locales.
En zone tendue, là où il faut absolument construire de nouveaux logements, nous avons souhaité le concentrer sur le neuf, avec davantage de publics éligibles et une aide renforcée.
En zone détendue, nous avons déjà maintenu l’accession sociale à la propriété dans le neuf – en bail réel solidaire (BRS), en prêt social location-accession (PSLA) et dans les quartiers de la politique de la ville.
« Mes amis, au secours ! » Ce cri d’alarme de l’Abbé Pierre, lancé il y a bientôt soixante-dix ans, a incarné son combat en faveur des sans-logis.
Aujourd’hui, les contraintes de rénovation énergétique, les spéculations sur les locations saisonnières, le « zéro artificialisation nette » (ZAN), l’inflation et les taux d’intérêt d’emprunt élevés sont autant de facteurs qui aggravent la crise du logement.
Déjà, le secteur du bâtiment, qui représente 6 % du PIB, 1 273 000 salariés et 403 400 entreprises artisanales, en ressent les répercussions. Les chiffres sont alarmants : baisse de 30 % du nombre de permis, de 21 % de celui des mises en chantier, de 24 % de celui des constructions individuelles… Quant aux ventes, elles ont diminué de 33 % à 38 % !
Quand le bâtiment va, monsieur le ministre chargé du logement, tout va. Mais quid quand il ne va pas ?
Monsieur le ministre, il faut agir rapidement, car le secteur du bâtiment est un paquebot : beaucoup de temps s’écoule entre le moment où l’on remet les moteurs en route et celui où le navire retrouve sa vitesse de croisière.
Pourtant, dans cette situation, vous supprimez le dispositif Pinel et vous écartez nombre de communes du nouveau prêt à taux zéro (PTZ). Une fois de plus, ce sont les territoires ruraux, supposés hors tension, qui sont oubliés. Pourtant, les besoins en logement y sont énormes et l’accès à la propriété y est un fort facteur d’attractivité. Or, sans aide, l’accès à la propriété est quasiment impossible pour les jeunes couples, alors qu’ils assurent la survie des communes rurales, leur vitalité sociale et associative : sans jeunes couples, plus d’école !
C’est pourquoi je vous demande que les zones rurales soient éligibles aux nouvelles conditions du PTZ. Ainsi, vous assurerez l’attractivité du monde rural, qui, sans cette décision, continuera, encore et toujours, à se désertifier.
Ne pensez-vous pas que le triptyque prévention-répression-insertion gagnerait à ce que l'État assume clairement ses compétences régaliennes liées au maintien de l'ordre public ?
À ce sujet, que proposez-vous pour la prévention spécialisée, si utile pour nos quartiers ?
Enfin, madame la Première ministre, parler de police de proximité, c'est parler de complémentarité. Il faut accroître les effectifs de police et de gendarmerie nationales sur nos territoires, …
… mais il faut aussi reconnaître le métier de policier municipal pour ce qu'il est, par une rémunération et une évolution de carrière qui soient à la hauteur de l'engagement des policiers.
Madame la Première ministre, déploierez-vous les moyens nécessaires au succès de cette ambition ? §
Pour le reste des primo-accédants, nous avons choisi de nous concentrer sur l’acquisition-rénovation.
Monsieur le sénateur Bilhac, comme je le disais hier devant la commission des affaires économiques de votre assemblée, il nous semble nécessaire de faire évoluer notre modèle de développement territorial pour l’adapter aux nouveaux enjeux auxquels nos territoires sont confrontés : le lien entre emploi et logement, la transition écologique, ou encore la diversité des situations locales.
C’est pourquoi nous souhaitons faire évoluer les instruments de la politique du logement et, plus particulièrement, le PTZ. Dans le projet de loi de finances pour 2024, nous proposons donc de prolonger le PTZ jusqu’en 2027 tout en l’adaptant aux différentes situations locales.
En zone tendue, là où il faut absolument construire de nouveaux logements, nous avons souhaité le concentrer sur le neuf, avec davantage de publics éligibles et une aide renforcée.
En zone détendue, nous avons déjà maintenu l’accession sociale à la propriété dans le neuf – en bail réel solidaire (BRS), en prêt social location-accession (PSLA) et dans les quartiers de la politique de la ville.
La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la citoyenneté et de la ville.
auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée de la citoyenneté et de la ville. Monsieur le sénateur Pierre Barros, j'apporterai plusieurs réponses à votre vaste question.
Précisons d'abord que la prévention spécialisée relève, me semble-t-il, de la compétence des départements. Cela dit, des mesures ont été prises en la matière.
Vous m'interrogez sur les réponses apportées par le Gouvernement aux émeutes urbaines.
Citons d'abord – vous faites bien de les rappeler – les actions immédiates de gestion de crise visant à rétablir l'ordre républicain et notamment la mobilisation, par le ministre de l'intérieur, de moyens exceptionnels.
Ensuite, des mesures fortes ont été prises pour favoriser la reconstruction, au travers d'un projet de loi transpartisan.
En parallèle, le Gouvernement a pris le temps du diagnostic et de la concertation, avec les élus locaux et les acteurs de terrain, pour rechercher des solutions.
Le 26 octobre dernier, la Première ministre a annoncé un ensemble de mesures fortes, qui concernent toutes les dimensions de l'action publique et non pas seulement la sécurité.
Je veux tout d'abord citer la mise en place de forces d'action républicaine (FAR), dont l'objectif est de renforcer tous les services publics.
Je l'ai dit plusieurs fois : je suis très attachée à ce que le droit commun s'applique dans les quartiers prioritaires comme sur l'ensemble du territoire national.
Pourquoi ce choix ? Quelques chiffres l’illustreront. Dans la Creuse, plus de la moitié des logements obtiennent une note de F ou G au diagnostic de performance énergétique – ce sont des passoires thermiques – et le taux de vacance atteint 15 %. Dans le Cantal, il y a 43 % de passoires thermiques et un taux de vacance de 12 %. Vous comprenez évidemment que, dans ces territoires, il nous faut privilégier l’aide publique destinée à l’acquisition-rénovation. À cela s’ajoute la prime de sortie de la vacance, initiée dans le cadre du plan France Ruralités animé par ma collègue Dominique Faure. Avec elle, je suis prêt à signer des pactes de rénovation avec les départements, les intercommunalités et les communes qui seraient volontaires pour s’engager dans cette transition et adapter nos outils de politique du logement aux réalités locales. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
Pour le reste des primo-accédants, nous avons choisi de nous concentrer sur l’acquisition-rénovation.
auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée de la citoyenneté et de la ville. Monsieur le sénateur Pierre Barros, j'apporterai plusieurs réponses à votre vaste question.
Précisons d'abord que la prévention spécialisée relève, me semble-t-il, de la compétence des départements. Cela dit, des mesures ont été prises en la matière.
Vous m'interrogez sur les réponses apportées par le Gouvernement aux émeutes urbaines.
Citons d'abord – vous faites bien de les rappeler – les actions immédiates de gestion de crise visant à rétablir l'ordre républicain et notamment la mobilisation, par le ministre de l'intérieur, de moyens exceptionnels.
Ensuite, des mesures fortes ont été prises pour favoriser la reconstruction, au travers d'un projet de loi transpartisan.
En parallèle, le Gouvernement a pris le temps du diagnostic et de la concertation, avec les élus locaux et les acteurs de terrain, pour rechercher des solutions.
Le 26 octobre dernier, la Première ministre a annoncé un ensemble de mesures fortes, qui concernent toutes les dimensions de l'action publique et non pas seulement la sécurité.
Je veux tout d'abord citer la mise en place de forces d'action républicaine (FAR), dont l'objectif est de renforcer tous les services publics.
Je l'ai dit plusieurs fois : je suis très attachée à ce que le droit commun s'applique dans les quartiers prioritaires comme sur l'ensemble du territoire national.
Trois de ces FAR seront déployées à titre expérimental à Besançon, Valence et Maubeuge. C'est le moment ou jamais de mener des expérimentations : si vous me permettez l'expression, on a tout essayé, sauf ce qui marche.
Ensuite, la responsabilisation des parents est un enjeu majeur. Nous souhaitons créer une contribution citoyenne à verser quand une infraction est commise par un mineur. Cette contribution participera également à l'indemnisation des victimes, dont on parle trop rarement à mon sens.
Pour renforcer l'encadrement des jeunes délinquants ou décrocheurs, nous développerons également des dispositifs visant leur insertion dans une vie citoyenne et active, comme les classes de défense ou le service militaire volontaire.
Enfin, en ce qui concerne l'usage des réseaux sociaux – vous n'ignorez pas qu'ils ont joué un rôle de catalyseur dans ces émeutes –, nous créerons une peine complémentaire de suspension de compte utilisateur en cas d'infraction commise sur une plateforme en ligne.
Notre réponse est donc multiforme. Il serait trop long d'énumérer ici les annonces qui ont été faites au Comité interministériel des villes (CIV). §
Sous l'autorité de la Première ministre, le Gouvernement mobilise tous les leviers à sa disposition pour que ces événements ne se reproduisent plus.
Monsieur le sénateur, nous pourrions en discuter plus longuement, …
Pourquoi ce choix ? Quelques chiffres l’illustreront. Dans la Creuse, plus de la moitié des logements obtiennent une note de F ou G au diagnostic de performance énergétique – ce sont des passoires thermiques – et le taux de vacance atteint 15 %. Dans le Cantal, il y a 43 % de passoires thermiques et un taux de vacance de 12 %. Vous comprenez évidemment que, dans ces territoires, il nous faut privilégier l’aide publique destinée à l’acquisition-rénovation. À cela s’ajoute la prime de sortie de la vacance, mise en œuvre dans le cadre du plan France Ruralités animé par ma collègue Dominique Faure. Avec elle, je suis prêt à signer des pactes de rénovation avec les départements, les intercommunalités et les communes qui seraient volontaires pour s’engager dans cette transition et adapter nos outils de politique du logement aux réalités locales. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
Trois de ces FAR seront déployées à titre expérimental à Besançon, Valence et Maubeuge. C'est le moment ou jamais de mener des expérimentations : si vous me permettez l'expression, on a tout essayé, sauf ce qui marche.
Ensuite, la responsabilisation des parents est un enjeu majeur. Nous souhaitons créer une contribution citoyenne à verser quand une infraction est commise par un mineur. Cette contribution participera également à l'indemnisation des victimes, dont on parle trop rarement à mon sens.
Pour renforcer l'encadrement des jeunes délinquants ou décrocheurs, nous développerons également des dispositifs visant leur insertion dans une vie citoyenne et active, comme les classes de défense ou le service militaire volontaire.
Enfin, en ce qui concerne l'usage des réseaux sociaux – vous n'ignorez pas qu'ils ont joué un rôle de catalyseur dans ces émeutes –, nous créerons une peine complémentaire de suspension de compte utilisateur en cas d'infraction commise sur une plateforme en ligne.
Notre réponse est donc multiforme. Il serait trop long d'énumérer ici les annonces qui ont été faites au Comité interministériel des villes (CIV). §
Sous l'autorité de la Première ministre, le Gouvernement mobilise tous les leviers à sa disposition pour que ces événements ne se reproduisent plus.
Monsieur le sénateur, nous pourrions en discuter plus longuement, …
Mme Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'État. … tant les mesures ont été fortes et nombreuses.
antisémitisme (ii)
Mme Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'État. … tant les mesures ont été fortes et nombreuses.
MM. François Patriat et Olivier Bitz applaudissent.
Monsieur le président, madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, l’écrivain martiniquais Frantz Fanon écrivait voici 70 ans : « Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. »
Madame la Première ministre, cela fait cinq semaines que les Françaises et les Français dressent l’oreille. Ils sont inquiets, horrifiés, scandalisés par la résurgence de l’antisémitisme en France. Pas un jour ne passe sans que notre pays connaisse une nouvelle agression, une nouvelle menace, une nouvelle dégradation, une nouvelle mise en cause contre nos compatriotes de confession juive.
Cette réalité-là nous scandalise. L’antisémitisme, qui n’a jamais disparu de la société française, redouble d’acuité. Il s’étale sans complexe. Il menace, il sévit, il empoisonne la vie de nos concitoyens, de nos compatriotes.
Madame la Première ministre, toutes les forces politiques républicaines et démocratiques se mobilisent, se dressent – votre gouvernement aussi. Le Président du Sénat et la Présidente de l’Assemblée nationale ont appelé à une manifestation dimanche prochain. C’est une heureuse initiative. Merci, monsieur le président !
M. le président. La parole est à M. Hussein Bourgi, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Applaudissements sur les travées du groupe SER.
Madame la Première ministre, nous avons besoin de savoir quelle est la genèse de ces faits, quels moyens sont mobilisés pour les empêcher et quelle est la volonté du Gouvernement de lutter contre la résurgence de l’antisémitisme, afin que chacun et chacune d’entre nous prenne sa part, toute sa part, sa juste part, dans la lutte contre ce fléau.
Monsieur le président, madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, l’écrivain martiniquais Frantz Fanon écrivait voilà soixante-dix ans : « Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. »
Madame la Première ministre, cela fait cinq semaines que les Françaises et les Français dressent l’oreille. Ils sont inquiets, horrifiés, scandalisés par la résurgence de l’antisémitisme en France. Pas un jour ne passe sans que notre pays connaisse une nouvelle agression, une nouvelle menace, une nouvelle dégradation, une nouvelle mise en cause contre nos compatriotes de confession juive.
Cette réalité-là nous scandalise. L’antisémitisme, qui n’a jamais disparu de la société française, redouble d’acuité. Il s’étale sans complexe. Il menace, il sévit, il empoisonne la vie de nos concitoyens, de nos compatriotes.
Madame la Première ministre, toutes les forces politiques républicaines et démocratiques se mobilisent, se dressent – votre gouvernement aussi. Le Président du Sénat et la Présidente de l’Assemblée nationale ont appelé à une manifestation dimanche prochain. C’est une heureuse initiative. Merci, monsieur le président !
Faites aussi le vôtre !
Madame la ministre chargée des collectivités territoriales, je veux évoquer ce que nous appellerons peut-être demain l'affaire Wilmotte.
Stéphane Wilmotte est maire d'Hautmont, dans le Nord. Grâce à son courage, ainsi qu'à la volonté du préfet et de M. le ministre de l'intérieur, un imam salafiste de sa commune a pu être expulsé. Cette expulsion était on ne peut plus normale : dans ses prêches, l'imam en question, qui se trouve aujourd'hui en Algérie, faisait l'apologie du terrorisme et remettait en cause notre modèle républicain.
Les choses auraient pu en rester là, mais il se trouve que ce triste individu a assigné Stéphane Wilmotte à comparaître, demain, devant le tribunal judiciaire d'Avesnes-sur-Helpe.
Loin de moi l'idée d'exercer une pression quelconque sur la justice ; elle est souveraine. Je poserai néanmoins quelques questions légitimes.
Ne serait-il pas opportun de modifier la législation en la matière ? Tel est l'objet d'un amendement que mon collègue Stéphane Demilly et moi-même avons déposé sur le projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration. J'ai des doutes sur la question, mais vous y répondrez.
Faut-il, ensuite, renforcer l'accompagnement et l'aide apportés aux maires par les préfets et les procureurs dans ce domaine ? Faut-il, enfin, prolonger les délais d'enquête ?
Ma conviction est en tout cas la suivante : il ne faut absolument pas laisser les maires, ces soutiers de la République, seuls face à cette question des mariages de complaisance.
Ces derniers risquent de se multiplier, au moment même où nous renforçons, à juste titre et de façon légitime, les dispositions législatives relatives au droit des étrangers. §
Madame la Première ministre, nous avons besoin de savoir quelle est la genèse de ces faits, quels moyens sont mobilisés pour les empêcher et quelle est la volonté du Gouvernement de lutter contre la résurgence de l’antisémitisme, afin que chacune et chacun d’entre nous prenne sa part, toute sa part, sa juste part, dans la lutte contre ce fléau.
Madame la ministre chargée des collectivités territoriales, je veux évoquer ce que nous appellerons peut-être demain l'affaire Wilmotte.
Stéphane Wilmotte est maire d'Hautmont, dans le Nord. Grâce à son courage, ainsi qu'à la volonté du préfet et de M. le ministre de l'intérieur, un imam salafiste de sa commune a pu être expulsé.
Cette expulsion était on ne peut plus normale : dans ses prêches, l'imam en question, qui se trouve aujourd'hui en Algérie, faisait l'apologie du terrorisme et remettait en cause notre modèle républicain.
Les choses auraient pu en rester là, mais il se trouve que ce triste individu a assigné Stéphane Wilmotte à comparaître, demain, devant le tribunal judiciaire d'Avesnes-sur-Helpe.
Loin de moi l'idée d'exercer une pression quelconque sur la justice ; elle est souveraine. Je poserai néanmoins quelques questions légitimes.
Ne serait-il pas opportun de modifier la législation en la matière ? Tel est l'objet d'un amendement que mon collègue Stéphane Demilly et moi-même avons déposé sur le projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration. J'ai des doutes sur la question, mais vous y répondrez.
Faut-il, ensuite, renforcer l'accompagnement et l'aide apportés aux maires par les préfets et les procureurs dans ce domaine ? Faut-il, enfin, prolonger les délais d'enquête ?
Ma conviction est en tout cas la suivante : il ne faut absolument pas laisser les maires, ces soutiers de la République, seuls face à cette question des mariages de complaisance.
Ces derniers risquent de se multiplier, au moment même où nous renforçons, à juste titre et de façon légitime, les dispositions législatives relatives au droit des étrangers. §
Applaudissements.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, comme je l’ai dit tout à l’heure en réponse à la question de M. de Legge, plus de 11 000 policiers et gendarmes sont mobilisés, dans le cadre de l’opération Sentinelle, pour protéger les 950 sites où les Français de confession juive ont l’habitude de se rendre.
Une interdiction de manifester a été prise dans les heures qui ont suivi les attaques terroristes islamistes du Hamas contre les populations israéliennes, ce qui a empêché, me semble-t-il, qu’en France, à Paris, comme en 2013 et 2014, on entende crier : « Mort aux Juifs ! » Voyez ce qui s’est passé dans d’autres grandes villes européennes : à Berlin, on a attaqué des synagogues à coups de cocktails Molotov. Fort heureusement, grâce à la fermeté de l’État, grâce à la présence des policiers et des gendarmes, cela n’est pas arrivé chez nous.
Monsieur le sénateur Bourgi, vous demandez qui sont les personnes qui sont passées à l’acte. Malheureusement, elles sont souvent très jeunes. Comme je l’ai dit au président de la commission des lois de votre assemblée, je suis tout à fait prêt à répondre à des questions sur la sociologie de ces personnes. Parmi elles, 120 sont d’origine étrangère, une quarantaine sont en situation irrégulière et trois sont fichées S.
Sur les quelque 500 interpellations réalisées, la moyenne d’âge est extrêmement faible, puisqu’il s’agit souvent de mineurs, comme ceux que l’on a vus chanter des chants nazis et de haine des Juifs dans le métro parisien ; ceux-ci ont été identifiés par la Préfecture de police ; je ne peux vous révéler ici leur identité, du fait des nécessités de l’enquête, mais je vous assure que ce dossier est suivi de très près.
Chaque acte antisémite, qu’il soit commis sur Internet ou dans le monde physique, entraîne l’ouverture d’une procédure judiciaire et mobilise des services de police technique et scientifique sur l’ensemble du territoire national, y compris pour un graffiti, qui veut dire bien d’autres choses et, souvent, annonce le passage à l’acte.
Je sais que la sévérité de la justice frappera tous ceux qui profèrent des menaces de mort, notamment contre des rabbins ou des personnes sensibles pour la communauté. Je pense, monsieur Karoutchi, à Levallois-Perret, où la police a su, en moins de vingt minutes et avec l’aide de la plateforme TikTok, arrêter la personne incriminée et la déférer à la justice.
( MM. Pierre Jean Rochette et Michel Savin applaudissent.) Quand 75 % des contenus antisémites signalés à la police viennent de Twitter, le ministre de l’intérieur se dit que les policiers ne peuvent pas tout faire : tout le monde doit prendre sa part.
Monsieur le sénateur Henno, je veux d'abord, à votre suite, souligner le courage de Stéphane Wilmotte, maire d'Hautmont. L'action qu'il a menée dans cette petite commune du Nord, par ailleurs charmante, mais dont les moyens sont limités, ainsi que les informations qu'il a transmises à M. le préfet du Nord et à moi-même, ainsi qu'à vous, monsieur le sénateur, ont permis l'expulsion de cet imam étranger qui exposait une version moyenâgeuse, radicale et insupportable de l'islam. Oui, grâce à l'action du préfet du Nord, nous sommes en effet parvenus à expulser cet individu et à interdire son retour sur le territoire national.
Vous avez par ailleurs rappelé à raison, monsieur le sénateur, que M. Wilmotte paye cher son courage dans sa vie personnelle et familiale.
Il a, bien sûr, l'entier soutien de la République, du ministre de l'intérieur et de ses services : à plusieurs reprises, j'ai échangé avec lui, et j'ai tenu à garantir sa protection et son intégrité physique, lorsqu'il a été menacé.
Vous avez parfaitement raison : les enquêtes doivent sans doute durer plus longtemps, afin de permettre à un maire, à un officier d'état civil agissant au nom de l'État – en l'occurrence des services de la justice –, d'intervenir en cas de doute sur la véracité d'un mariage.
Même si un étranger en situation irrégulière a constitutionnellement le droit de se marier sur le territoire national, ce mariage ne doit en aucun cas constituer un obstacle à son éloignement.
Le cas s'est présenté à la mairie de Béziers. La personne concernée a été expulsée, malgré la demande qui avait été formulée par le procureur de la République au maire de Béziers de prononcer ce mariage.
Monsieur le sénateur, il y a lieu, sans doute, de réfléchir à de nouvelles dispositions dans le cadre du projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration.
Votre assemblée a ainsi adopté hier soir un amendement d'Olivier Bitz sur la reconnaissance frauduleuse de paternité, délit qui sera désormais passible de cinq ans d'emprisonnement et de plus de 75 000 euros d'amende.
Nous pourrons également travailler ensemble, soit dans le cadre de l'examen de ce texte par le Sénat, soit au cours de la navette parlementaire et lors de la réunion de la commission mixte paritaire, sur des dispositions qui permettraient à un maire, lorsqu'il a un doute sérieux que ses services lui ont permis de documenter – c'était le cas de M. Wilmotte –, de s'opposer au mariage de personnes qui s'engagent dans cette démarche non par amour, mais par intérêt, contre la République. §
Monsieur le sénateur Henno, je veux d'abord, à votre suite, souligner le courage de Stéphane Wilmotte, maire d'Hautmont. L'action qu'il a menée dans cette petite commune du Nord, par ailleurs charmante, mais dont les moyens sont limités, ainsi que les informations qu'il a transmises à M. le préfet du Nord et à moi-même, ainsi qu'à vous, monsieur le sénateur, ont permis l'expulsion de cet imam étranger qui exposait une version moyenâgeuse, radicale et insupportable de l'islam. Oui, grâce à l'action du préfet du Nord, nous sommes en effet parvenus à expulser cet individu et à interdire son retour sur le territoire national.
Vous avez par ailleurs rappelé à raison, monsieur le sénateur, que M. Wilmotte paye cher son courage dans sa vie personnelle et familiale.
Il a, bien sûr, l'entier soutien de la République, du ministre de l'intérieur et de ses services : à plusieurs reprises, j'ai échangé avec lui, et j'ai tenu à garantir sa protection et son intégrité physique, lorsqu'il a été menacé.
Vous avez parfaitement raison : les enquêtes doivent sans doute durer plus longtemps, afin de permettre à un maire, à un officier d'état civil agissant au nom de l'État – en l'occurrence des services de la justice –, d'intervenir en cas de doute sur la véracité d'un mariage.
Même si un étranger en situation irrégulière a constitutionnellement le droit de se marier sur le territoire national, ce mariage ne doit en aucun cas constituer un obstacle à son éloignement.
Le cas s'est présenté à la mairie de Béziers. La personne concernée a été expulsée, malgré la demande qui avait été formulée par le procureur de la République au maire de Béziers de prononcer ce mariage.
Monsieur le sénateur, il y a lieu, sans doute, de réfléchir à de nouvelles dispositions dans le cadre du projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration.
Votre assemblée a ainsi adopté hier soir un amendement d'Olivier Bitz sur la reconnaissance frauduleuse de paternité, délit qui sera désormais passible de cinq ans d'emprisonnement et de plus de 75 000 euros d'amende.
Nous pourrons également travailler ensemble, soit dans le cadre de l'examen de ce texte par le Sénat, soit au cours de la navette parlementaire et lors de la réunion de la commission mixte paritaire, sur des dispositions qui permettraient à un maire, lorsqu'il a un doute sérieux que ses services lui ont permis de documenter – c'était le cas de M. Wilmotte –, de s'opposer au mariage de personnes qui s'engagent dans cette démarche non par amour, mais par intérêt, contre la République. §
La haine sévit avant tout sur les plateformes. Nous devons donc, collectivement, réfléchir à notre accès à ces plateformes. §
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, comme je viens de le dire en réponse à la question de M. de Legge, plus de 11 000 policiers et gendarmes sont mobilisés, dans le cadre de l’opération Sentinelle, pour protéger les 950 sites où les Français de confession juive ont l’habitude de se rendre.
Une interdiction de manifester a été prise dans les heures qui ont suivi les attaques terroristes islamistes du Hamas contre les populations israéliennes, ce qui a empêché, me semble-t-il, qu’en France, à Paris, comme en 2013 et 2014, on entende crier : « Mort aux Juifs ! » Voyez ce qui s’est passé dans d’autres grandes villes européennes : à Berlin, on a attaqué des synagogues à coups de cocktails Molotov. Fort heureusement, grâce à la fermeté de l’État, grâce à la présence des policiers et des gendarmes, cela n’est pas arrivé chez nous.
Monsieur le sénateur Bourgi, vous demandez qui sont les personnes qui sont passées à l’acte. Malheureusement, elles sont souvent très jeunes. Comme je l’ai dit au président de la commission des lois de votre assemblée, je suis tout à fait prêt à répondre à des questions sur la sociologie de ces personnes. Parmi elles, 120 sont d’origine étrangère, une quarantaine sont en situation irrégulière et trois sont fichées S.
Sur les quelque 500 interpellations réalisées, la moyenne d’âge est extrêmement faible, puisqu’il s’agit souvent de mineurs, comme ceux que l’on a vus chanter des chants nazis et de haine des Juifs dans le métro parisien ; ceux-ci ont été identifiés par la Préfecture de police ; je ne peux vous révéler ici leur identité, du fait des nécessités de l’enquête, mais je vous assure que ce dossier est suivi de très près.
Chaque acte antisémite, qu’il soit commis sur internet ou dans le monde physique, entraîne l’ouverture d’une procédure judiciaire et mobilise des services de police technique et scientifique sur l’ensemble du territoire national, y compris pour un graffiti, qui veut dire bien d’autres choses et, souvent, annonce le passage à l’acte.
Je sais que la sévérité de la justice frappera tous ceux qui profèrent des menaces de mort, notamment contre des rabbins ou des personnes sensibles pour la communauté. Je pense, monsieur Karoutchi, à Levallois-Perret, où la police a su, en moins de vingt minutes et avec l’aide de la plateforme TikTok, arrêter la personne incriminée et la déférer à la justice.
( MM. Pierre Jean Rochette et Michel Savin applaudissent.) Quand 75 % des contenus antisémites signalés à la police viennent de Twitter, le ministre de l’intérieur se dit que les policiers ne peuvent pas tout faire : tout le monde doit prendre sa part.
Merci, monsieur le ministre, d'avoir souligné le courage de M. Wilmotte et d'avoir affirmé la volonté de l'État en la matière.
Nous avons un devoir : ne pas laisser les maires seuls. Le cas dont je vous ai saisi n'est pas isolé. Les tentations et tentatives de mariages de complaisance risquent de se multiplier. §
Merci, monsieur le ministre, d'avoir souligné le courage de M. Wilmotte et d'avoir affirmé la volonté de l'État en la matière.
Nous avons un devoir : ne pas laisser les maires seuls. Le cas dont je vous ai saisi n'est pas isolé. Les tentations et tentatives de mariages de complaisance risquent de se multiplier. §
M. Hussein Bourgi. Merci de votre réponse, monsieur le ministre. Je crois pouvoir vous dire que sur ce sujet, quels que soient nos groupes politiques, quelles que soient les travées que nous occupons au sein de cette assemblée, vous nous trouverez toujours mobilisés à vos côtés, dimanche prochain comme à l’avenir. Nous sommes, toutes et tous, dépositaires de cette phrase qui circulait voilà quelques décennies en France, en Europe et dans le monde : « Heureux comme un juif en France ». Cette phrase nous oblige, pour aujourd’hui et pour demain !
La haine sévit avant tout sur les plateformes. Nous devons donc, collectivement, réfléchir à notre accès à ces plateformes. §
Ma question s'adresse à Mme la Première ministre.
Nous sommes entrés dans une ère où la compétition stratégique entre les puissances est désormais la norme, et où la lutte contre les ingérences étrangères est devenue une préoccupation de chaque instant. La délégation parlementaire au renseignement en a d'ailleurs fait le thème central de son dernier rapport.
Son président, Sacha Houlié, membre de votre majorité, madame la Première ministre, y propose un plan d'action pour protéger les intérêts économiques et scientifiques de notre pays. En résumé, il vous invite à sortir du déni.
C'est un vœu similaire que nous formulions le 2 août dernier, avec mes collègues du groupe Les Républicains, dans une tribune intitulée : « Cessons de vendre nos fleurons les plus stratégiques à des puissances étrangères ».
Nous alertions sur la décision du groupe Atos de céder une partie de ses activités à la société EP Equity Investment, propriété du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.
Depuis cette publication dans les colonnes du Figaro, pas une semaine ne se passe sans un nouveau rebondissement : chute vertigineuse du cours d'Atos, fronde des actionnaires, plaintes déposées auprès du parquet national financier (PNF), départ forcé du président d'Atos, ou encore, cette semaine, arrivée très opportune d'un nouvel investisseur.
Bien sûr, Atos est une entreprise privée, mais elle n'est pas une entreprise comme les autres. C'est sur elle, sur ses supercalculateurs, que repose une partie de notre souveraineté nucléaire.
Son démantèlement et, surtout, l'immixtion d'acteurs étrangers, fussent-ils européens, dans son activité font peser un risque inacceptable.
Alors que l'enjeu est crucial, comment comprendre le silence assourdissant de votre gouvernement sur cette question ?
Madame la première ministre, reprenez les choses en main ! Le projet de M. Kretinsky fera-t-il, oui ou non, l'objet d'un contrôle au titre des investissements étrangers en France ?
Nous attendons une réponse claire. §
Ma question s'adresse à Mme la Première ministre.
Nous sommes entrés dans une ère où la compétition stratégique entre les puissances est désormais la norme, et où la lutte contre les ingérences étrangères est devenue une préoccupation de chaque instant. La délégation parlementaire au renseignement en a d'ailleurs fait le thème central de son dernier rapport.
Son président, Sacha Houlié, membre de votre majorité, madame la Première ministre, y propose un plan d'action pour protéger les intérêts économiques et scientifiques de notre pays. En résumé, il vous invite à sortir du déni.
C'est un vœu similaire que nous formulions le 2 août dernier, avec mes collègues du groupe Les Républicains, dans une tribune intitulée : « Cessons de vendre nos fleurons les plus stratégiques à des puissances étrangères ».
Nous alertions sur la décision du groupe Atos de céder une partie de ses activités à la société EP Equity Investment, propriété du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.
Depuis cette publication, dans les colonnes du Figaro, pas une semaine ne se passe sans un nouveau rebondissement : chute vertigineuse du cours d'Atos, fronde des actionnaires, plaintes déposées auprès du parquet national financier (PNF), départ forcé du président d'Atos, ou encore, cette semaine, arrivée très opportune d'un nouvel investisseur.
Bien sûr, Atos est une entreprise privée, mais elle n'est pas une entreprise comme les autres. C'est sur elle, sur ses supercalculateurs, que repose une partie de notre souveraineté nucléaire.
Son démantèlement et, surtout, l'immixtion d'acteurs étrangers, fussent-ils européens, dans son activité font peser un risque inacceptable.
Alors que l'enjeu est crucial, comment comprendre le silence assourdissant de votre gouvernement sur cette question ?
Madame la première ministre, reprenez les choses en main ! Le projet de M. Kretinsky fera-t-il, oui ou non, l'objet d'un contrôle au titre des investissements étrangers en France ?
Nous attendons une réponse claire. §
M. Hussein Bourgi. Merci de votre réponse, monsieur le ministre. Je crois pouvoir vous dire que sur ce sujet, quels que soient nos groupes politiques, quelles que soient les travées que nous occupons au sein de cette assemblée, vous nous trouverez toujours mobilisés à vos côtés, dimanche prochain comme à l’avenir. Nous sommes, toutes et tous, dépositaires de cette phrase qui circulait voilà quelques décennies en France, en Europe et dans le monde : « Heureux comme un juif en France. » Cette phrase nous oblige, pour aujourd’hui et pour demain !
Monsieur le sénateur Cédric Perrin, vous avez raison de le dire : Atos n'est pas une entreprise comme les autres.
Ce fleuron industriel français, qui fournit plus de 100 000 emplois, est présent dans plus de soixante-dix pays. Grâce à cette entreprise, des savoir-faire technologiques français rayonnent depuis plus de vingt ans dans le monde entier.
Il est vrai que, certes pour une part minoritaire de ses activités, Atos revêt un intérêt stratégique pour la souveraineté numérique de notre pays.
Je pense évidemment aux supercalculateurs – Atos est la dernière entreprise européenne à savoir les concevoir et les produire –, mais aussi à la cyberdéfense et à la cybersécurité – Atos est le premier partenaire des jeux Olympiques et Paralympiques en la matière –, ou encore, comme vous l'avez rappelé, à la supervision de notre parc nucléaire.
annonces du gouvernement à la suite des émeutes de l’été 2023
Monsieur le sénateur Cédric Perrin, vous avez raison de le dire : Atos n'est pas une entreprise comme les autres.
Ce fleuron industriel français, qui fournit plus de 100 000 emplois, est présent dans plus de soixante-dix pays. Grâce à cette entreprise, des savoir-faire technologiques français rayonnent depuis plus de vingt ans dans le monde entier.
Il est vrai que, certes pour une part minoritaire de ses activités, Atos revêt un intérêt stratégique pour la souveraineté numérique de notre pays.
Je pense évidemment aux supercalculateurs – Atos est la dernière entreprise européenne à savoir les concevoir et les produire –, mais aussi à la cyberdéfense et à la cybersécurité – Atos est le premier partenaire des jeux Olympiques et Paralympiques en la matière –, ou encore, somme vous l'avez rappelé, à la supervision de notre parc nucléaire.
Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, la mort du jeune Nahel, tué à l’âge de 17 ans, lors d’un contrôle routier, par le tir d’un policier a été le point de départ de huit jours d’émeutes d’une rare intensité, dans toute la France.
Pendant cette tempête urbaine, en tant que maire de Fosses, dans le Val-d’Oise, j’ai été témoin, comme beaucoup d’autres élus, d’actes de violence et de dégradation.
Je salue l’engagement des forces de l’ordre – police et gendarmerie –, des agents des services publics, des élus et des citoyens pendant cette période.
Quatre mois après ces tragiques événements, la présentation du plan du Gouvernement était très attendue.
Madame la Première ministre, vous avez dévoilé vos propositions il y a bientôt deux semaines, dans l’amphithéâtre de la Sorbonne. J’y étais, et je peux vous assurer que de nombreux élus en sont ressortis déçus.
Vos propositions restent largement insuffisantes pour répondre aux enjeux de nos territoires.
Votre plan mêle le tout-répressif et le contrôle social ; il s’impose, telle une double peine, notamment aux familles monoparentales.
Madame la Première ministre, avez-vous bien entendu ce que demandent les élus locaux ? Ne pensez-vous pas que, si des communes ont développé des polices municipales et demandent aujourd’hui leur armement, c’est tout simplement parce que les forces de l’ordre ont purement et simplement disparu de leur territoire ?
M. le président. La parole est à M. Pierre Barros, pour le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky.
Cependant, contrairement à ce qui a été proposé, notamment à l'Assemblée nationale, le Gouvernement n'est pas favorable à la nationalisation d'Atos, comme le ministre de l'économie et des finances l'a rappelé ce matin.
D'une part, une telle décision ne réglerait pas les problèmes opérationnels et financiers de l'entreprise. D'autre part, Atos a besoin non pas de la tutelle de l'État, mais bien d'investisseurs et de partenaires industriels. §
Cela étant, je veux rappeler, pour vous rassurer, qu'une prise de participation en deçà de 10 % ne confère à son auteur qu'une influence très marginale sur la vie de l'entreprise. §Par ailleurs, nous n'hésiterons pas à activer le contrôle des investissements étrangers en France.
Comme vous le savez, monsieur le sénateur, le code monétaire et financier soumet toute prise de participation par un acteur étranger dans une entreprise d'importance stratégique en France à une autorisation du ministre de l'économie et des finances.
Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K.
Cependant, contrairement à ce qui a été proposé notamment à l'Assemblée nationale, le Gouvernement n'est pas favorable à la nationalisation d'Atos, comme le ministre de l'économie et des finances l'a rappelé ce matin.
D'une part, une telle décision ne réglerait pas les problèmes opérationnels et financiers de l'entreprise. D'autre part, Atos a besoin non pas de la tutelle de l'État, mais bien d'investisseurs et de partenaires industriels. §
Cela étant, je veux rappeler, pour vous rassurer, qu'une prise de participation en deçà de 10 % ne confère à son auteur qu'une influence très marginale sur la vie de l'entreprise. §Par ailleurs, nous n'hésiterons pas à activer le contrôle des investissements étrangers en France.
Comme vous le savez, monsieur le sénateur, le code monétaire et financier soumet toute prise de participation par un acteur étranger dans une entreprise d'importance stratégique en France à une autorisation du ministre de l'économie et des finances.
Ne pensez-vous pas que le triptyque prévention-répression-insertion gagnerait à ce que l’État assume clairement ses compétences régaliennes liées au maintien de l’ordre public ?
À ce sujet, que proposez-vous pour la prévention spécialisée, si utile pour nos quartiers ?
Enfin, madame la Première ministre, parler de police de proximité, c’est parler de complémentarité. Il faut accroître les effectifs de police et de gendarmerie nationales sur nos territoires, …
Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, la mort du jeune Nahel, tué à l’âge de 17 ans, lors d’un contrôle routier, par le tir d’un policier a été le point de départ de huit jours d’émeutes d’une rare intensité, dans toute la France.
Pendant cette tempête urbaine, en tant que maire de Fosses, dans le Val-d’Oise, j’ai été témoin, comme beaucoup d’autres élus, d’actes de violence et de dégradation.
Je salue l’engagement des forces de l’ordre – police et gendarmerie –, des agents des services publics, des élus et des citoyens pendant cette période.
Quatre mois après ces tragiques événements, la présentation du plan du Gouvernement était très attendue.
Madame la Première ministre, vous avez dévoilé vos propositions il y a bientôt deux semaines, dans l’amphithéâtre de la Sorbonne. J’y étais, et je peux vous assurer que de nombreux élus en sont ressortis déçus.
Vos propositions restent largement insuffisantes pour répondre aux enjeux de nos territoires.
Votre plan mêle le tout-répressif et le contrôle social ; il s’impose, telle une double peine, notamment aux familles monoparentales.
Madame la Première ministre, avez-vous bien entendu ce que demandent les élus locaux ? Ne pensez-vous pas que, si des communes ont développé des polices municipales et demandent aujourd’hui leur armement, c’est tout simplement parce que les forces de l’ordre ont purement et simplement disparu de leur territoire ?
Vous avez refusé des effectifs supplémentaires dans la loi Sécurité globale !
Où est-il ?
M. Jean-Noël Barrot, ministre délégué. Soyez assuré que, sous l'autorité de la Première ministre, le Gouvernement est attentif à l'avenir d'Atos comme à la garantie de la souveraineté numérique de la France.
Ne pensez-vous pas que le triptyque prévention-répression-insertion gagnerait à ce que l’État assume clairement ses compétences régaliennes liées au maintien de l’ordre public ?
À ce sujet, que proposez-vous pour la prévention spécialisée, si utile pour nos quartiers ?
Enfin, madame la Première ministre, parler de police de proximité, c’est parler de complémentarité. Il faut accroître les effectifs de police et de gendarmerie nationales sur nos territoires, …
M. Jean-Noël Barrot, ministre délégué. Soyez assuré que, sous l'autorité de la Première ministre, le Gouvernement est attentif à l'avenir d'Atos comme à la garantie de la souveraineté numérique de la France.
Applaudissements
… mais il faut aussi reconnaître le métier de policier municipal pour ce qu’il est, par une rémunération et une évolution de carrière qui soient à la hauteur de l’engagement des policiers.
Madame la Première ministre, déploierez-vous les moyens nécessaires au succès de cette ambition ?
En accord avec la commission des affaires économiques, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées exercera bien son devoir de contrôle sur l'affaire Atos.
Monsieur le sénateur Pierre Barros, j’apporterai plusieurs réponses à votre vaste question.
Précisons d’abord que la prévention spécialisée relève, me semble-t-il, de la compétence des départements. Cela dit, des mesures ont été prises en la matière.
Vous m’interrogez sur les réponses apportées par le Gouvernement aux émeutes urbaines.
Citons d’abord – vous faites bien de les rappeler – les actions immédiates de gestion de crise visant à rétablir l’ordre républicain et notamment la mobilisation, par le ministre de l’intérieur, de moyens exceptionnels.
Ensuite, des mesures fortes ont été prises pour favoriser la reconstruction, au travers d’un projet de loi transpartisan.
En parallèle, le Gouvernement a pris le temps du diagnostic et de la concertation, avec les élus locaux et les acteurs de terrain, pour rechercher des solutions.
Le 26 octobre dernier, la Première ministre a annoncé un ensemble de mesures fortes, qui concernent toutes les dimensions de l’action publique et non pas seulement la sécurité.
Je veux tout d’abord citer la mise en place de forces d’action républicaine (FAR), dont l’objectif est de renforcer tous les services publics.
Je l’ai dit plusieurs fois : je suis très attachée à ce que le droit commun s’applique dans les quartiers prioritaires comme sur l’ensemble du territoire national.
Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K.
Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – On applaudit également sur des travées des groupes UC, SER et CRCE-K.
La parole est à Mme la secrétaire d’État chargée de la citoyenneté et de la ville.
Trois de ces FAR seront déployées à titre expérimental à Besançon, Valence et Maubeuge. C’est le moment ou jamais de mener des expérimentations : si vous me permettez l’expression, on a tout essayé, sauf ce qui marche.
Ensuite, la responsabilisation des parents est un enjeu majeur. Nous souhaitons créer une contribution citoyenne à verser quand une infraction est commise par un mineur. Cette contribution participera également à l’indemnisation des victimes, dont on parle trop rarement à mon sens.
Pour renforcer l’encadrement des jeunes délinquants ou décrocheurs, nous développerons également des dispositifs visant leur insertion dans une vie citoyenne et active, comme les classes de défense ou le service militaire volontaire.
Enfin, en ce qui concerne l’usage des réseaux sociaux – vous n’ignorez pas qu’ils ont joué un rôle de catalyseur dans ces émeutes –, nous créerons une peine complémentaire de suspension de compte utilisateur en cas d’infraction commise sur une plateforme en ligne.
Notre réponse est donc multiforme. Il serait trop long d’énumérer ici les annonces qui ont été faites au Comité interministériel des villes (CIV).
Monsieur le sénateur Pierre Barros, j’apporterai plusieurs réponses à votre vaste question.
Précisons d’abord que la prévention spécialisée relève, me semble-t-il, de la compétence des départements. Cela dit, des mesures ont été prises en la matière.
Vous m’interrogez sur les réponses apportées par le Gouvernement aux émeutes urbaines.
Citons d’abord – vous faites bien de les rappeler – les actions immédiates de gestion de crise visant à rétablir l’ordre républicain et notamment la mobilisation, par le ministre de l’intérieur, de moyens exceptionnels.
Ensuite, des mesures fortes ont été prises pour favoriser la reconstruction, au travers d’un projet de loi transpartisan.
En parallèle, le Gouvernement a pris le temps du diagnostic et de la concertation, avec les élus locaux et les acteurs de terrain, pour rechercher des solutions.
Le 26 octobre dernier, la Première ministre a annoncé un ensemble de mesures fortes, qui concernent toutes les dimensions de l’action publique et non pas seulement la sécurité.
Je veux tout d’abord citer la mise en place de forces d’action républicaine (FAR), dont l’objectif est de renforcer tous les services publics.
Je l’ai dit plusieurs fois : je suis très attachée à ce que le droit commun s’applique dans les quartiers prioritaires comme sur l’ensemble du territoire national.
Madame la Première ministre, depuis la mise en place de l'aide médicale d'État (AME) par Lionel Jospin en 1999, les détracteurs de cette mesure sont toujours les mêmes : les extrêmes droites, de Le Pen à Zemmour.
Hier soir, le Sénat a voté sa suppression, sans opposition de votre Gouvernement. C'est une digue de plus qui vient de sauter. §
Cette suppression s'est faite sur fond de cacophonie gouvernementale. Le 7 octobre dernier, M. le ministre Darmanin se déclarait favorable à la suppression de l'AME.
Ce lundi, vous avez vous-même déclaré, madame la Première ministre, y être défavorable, dans l'attente du rapport de MM. Stefanini et Évin, l'AME étant selon vous « un enjeu d'humanité et de santé publique ».
Ce mardi, ici même, après avoir prononcé un plaidoyer émouvant, ou presque, pour l'AME, après avoir indiqué l'attachement du Gouvernement à ce dispositif, après avoir marqué son opposition à la droite sénatoriale, Mme la ministre Firmin Le Bodo s'est totalement dédite en émettant un avis de sagesse, synonyme de blanc-seing pour cette même droite sénatoriale. §
Le soir même, son ministre de tutelle, M. Aurélien Rousseau la désavouait, en regrettant cette suppression, qu'il qualifiait de « grave erreur ». §
Nous partageons l'avis de votre ministre – je précise : celui de ce dernier !
Madame la Première ministre, depuis la mise en place de l'aide médicale d'État (AME) par Lionel Jospin en 1999, les détracteurs de cette mesure sont toujours les mêmes : les extrêmes droites, de Le Pen à Zemmour.
Hier soir, le Sénat a voté sa suppression, sans opposition de votre Gouvernement. C'est une digue de plus qui vient de sauter. §
Cette suppression s'est faite sur fond de cacophonie gouvernementale. Le 7 octobre dernier, M. le ministre Darmanin se déclarait favorable à la suppression de l'AME.
Ce lundi, vous avez vous-même déclaré, madame la Première ministre, y être défavorable, dans l'attente du rapport de MM. Stefanini et Évin, l'AME étant selon vous « un enjeu d'humanité et de santé publique ».
Ce mardi, ici même, après avoir prononcé un plaidoyer émouvant, ou presque, pour l'AME, après avoir indiqué l'attachement du Gouvernement à ce dispositif, après avoir marqué son opposition à la droite sénatoriale, Mme la ministre Firmin Le Bodo s'est totalement dédite en émettant un avis de sagesse, synonyme de blanc-seing pour cette même droite sénatoriale. §
Le soir même, son ministre de tutelle, M. Aurélien Rousseau la désavouait, en regrettant cette suppression, qu'il qualifiait de « grave erreur ». §
Nous partageons l'avis de votre ministre – je précise : celui de ce dernier !
Rires.
Sous l’autorité de la Première ministre, le Gouvernement mobilise tous les leviers à sa disposition pour que ces événements ne se reproduisent plus.
Monsieur le sénateur, nous pourrions en discuter plus longuement, …
Trois de ces FAR seront déployées à titre expérimental à Besançon, Valence et Maubeuge. C’est le moment ou jamais de mener des expérimentations : si vous me permettez l’expression, on a tout essayé, sauf ce qui marche.
Ensuite, la responsabilisation des parents est un enjeu majeur. Nous souhaitons créer une contribution citoyenne à verser quand une infraction est commise par un mineur. Cette contribution participera également à l’indemnisation des victimes, dont on parle trop rarement à mon sens.
Pour renforcer l’encadrement des jeunes délinquants ou décrocheurs, nous développerons également des dispositifs visant leur insertion dans une vie citoyenne et active, comme les classes de défense ou le service militaire volontaire.
Enfin, en ce qui concerne l’usage des réseaux sociaux – vous n’ignorez pas qu’ils ont joué un rôle de catalyseur dans ces émeutes –, nous créerons une peine complémentaire de suspension de compte utilisateur en cas d’infraction commise sur une plateforme en ligne.
Notre réponse est donc multiforme. Il serait trop long d’énumérer ici les annonces qui ont été faites au Comité interministériel des villes (CIV).
Nous nous élevons contre cette posture politicienne de la droite sénatoriale, prête à sacrifier la santé des étrangers et les enjeux de santé publique dans un calcul électoral cynique. §
L'ensemble du corps médical est révolté. Nos hôpitaux s'en trouvent fragilisés. Une certaine idée de la République sociale est bafouée. §
Madame la Première ministre, à quelques heures de la suppression prévisible des articles 3 et 4 du projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration, nous n'y comprenons plus rien, sauf à constater la recomposition de la droite, avec votre ministre de l'intérieur à la manœuvre !
Marques d ’ impatience sur les travées du groupe Les Républicains.
Nous nous élevons contre cette posture politicienne de la droite sénatoriale, prête à sacrifier la santé des étrangers et les enjeux de santé publique dans un calcul électoral cynique. §
L'ensemble du corps médical est révolté. Nos hôpitaux s'en trouvent fragilisés. Une certaine idée de la République sociale est bafouée. §
Madame la Première ministre, à quelques heures de la suppression prévisible des articles 3 et 4 du projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration, nous n'y comprenons plus rien, sauf à constater la recomposition de la droite, avec votre ministre de l'intérieur à la manœuvre !
Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.
Mme Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d ’ État. … tant les mesures ont été fortes et nombreuses.
Sous l’autorité de la Première ministre, le Gouvernement mobilise tous les leviers à sa disposition pour que ces événements ne se reproduisent plus.
Monsieur le sénateur, nous pourrions en discuter plus longuement, …
Alors, madame la Première ministre, quelle est la position officielle de votre gouvernement sur le devenir de l'AME ? §
Mme Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d ’ État. … tant les mesures ont été fortes et nombreuses.
Monsieur le sénateur Patrick Kanner, vous avez entamé, ce lundi, l'examen du projet de loi défendu par le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin.
Ce projet de loi vise à atteindre un double objectif : d'une part, éloigner plus rapidement ceux qui n'ont pas vocation à rester sur notre sol ; d'autre part, mieux intégrer ceux que nous choisissons d'accueillir.
MM. François Patriat et Olivier Bitz applaudissent.
Monsieur le sénateur Patrick Kanner, vous avez entamé, ce lundi, l'examen du projet de loi défendu par le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin.
Ce projet de loi vise à atteindre un double objectif : d'une part, éloigner plus rapidement ceux qui n'ont pas vocation à rester sur notre sol ; d'autre part, mieux intégrer ceux que nous choisissons d'accueillir.
Vous m'interrogez spécifiquement sur l'AME.
Ma position est sans ambiguïté. C'est celle de mon gouvernement et elle a été exprimée très clairement hier. §
Faites aussi le vôtre !
M. Pierre Barros. Madame la secrétaire d’État, nous avons lu les communiqués de presse, nous connaissons leur contenu. À titre expérimental, l’État pourrait commencer par faire son travail !
Vous m'interrogez spécifiquement sur l'AME.
Ma position est sans ambiguïté. C'est celle de mon gouvernement et elle a été exprimée très clairement hier. §
L'AME est un dispositif nécessaire, qui répond à un impératif de santé publique.
Faites aussi le vôtre !
L'AME est un dispositif nécessaire, qui répond à un impératif de santé publique.
position des maires face aux mariages d’étrangers en situation irrégulière
Madame la ministre chargée des collectivités territoriales, je veux évoquer ce que nous appellerons peut-être demain l’affaire Wilmotte.
Stéphane Wilmotte est maire d’Hautmont, dans le Nord. Grâce à son courage, ainsi qu’à la volonté du préfet et de M. le ministre de l’intérieur, un imam salafiste de sa commune a pu être expulsé. Cette expulsion était on ne peut plus normale : dans ses prêches, l’imam en question, qui se trouve aujourd’hui en Algérie, faisait l’apologie du terrorisme et remettait en cause notre modèle républicain.
Les choses auraient pu en rester là, mais il se trouve que ce triste individu a assigné Stéphane Wilmotte à comparaître, demain, devant le tribunal judiciaire d’Avesnes-sur-Helpe.
Loin de moi l’idée d’exercer une pression quelconque sur la justice ; elle est souveraine. Je poserai néanmoins quelques questions légitimes.
Ne serait-il pas opportun de modifier la législation en la matière ? Tel est l’objet d’un amendement que mon collègue Stéphane Demilly et moi-même avons déposé sur le projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration. J’ai des doutes sur la question, mais vous y répondrez.
Faut-il, ensuite, renforcer l’accompagnement et l’aide apportés aux maires par les préfets et les procureurs dans ce domaine ? Faut-il, enfin, prolonger les délais d’enquête ?
Ma conviction est en tout cas la suivante : il ne faut absolument pas laisser les maires, ces soutiers de la République, seuls face à cette question des mariages de complaisance.
Ces derniers risquent de se multiplier, au moment même où nous renforçons, à juste titre et de façon légitime, les dispositions législatives relatives au droit des étrangers.
M. le président. La parole est à M. Olivier Henno, pour le groupe Union Centriste.
Applaudissements sur les travées du groupe UC.
La prise en charge, au plus tôt, des infections respiratoires, des hépatites ou encore du VIH est une nécessité.
Je veux ensuite souligner que l'AME est un dispositif très encadré et surveillé. C'est même le dispositif le plus contrôlé de l'assurance maladie.
Madame la ministre chargée des collectivités territoriales, je veux évoquer ce que nous appellerons peut-être demain l’affaire Wilmotte.
Stéphane Wilmotte est maire d’Hautmont, dans le Nord. Grâce à son courage, ainsi qu’à la volonté du préfet et de M. le ministre de l’intérieur, un imam salafiste de sa commune a pu être expulsé. Cette expulsion était on ne peut plus normale : dans ses prêches, l’imam en question, qui se trouve aujourd’hui en Algérie, faisait l’apologie du terrorisme et remettait en cause notre modèle républicain.
Les choses auraient pu en rester là, mais il se trouve que ce triste individu a assigné Stéphane Wilmotte à comparaître, demain, devant le tribunal judiciaire d’Avesnes-sur-Helpe.
Loin de moi l’idée d’exercer une pression quelconque sur la justice ; elle est souveraine. Je poserai néanmoins quelques questions légitimes.
Ne serait-il pas opportun de modifier la législation en la matière ? Tel est l’objet d’un amendement que mon collègue Stéphane Demilly et moi-même avons déposé sur le projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration. J’ai des doutes sur la question, mais vous y répondrez.
Faut-il, ensuite, renforcer l’accompagnement et l’aide apportés aux maires par les préfets et les procureurs dans ce domaine ? Faut-il, enfin, prolonger les délais d’enquête ?
Ma conviction est en tout cas la suivante : il ne faut absolument pas laisser les maires, ces soutiers de la République, seuls face à cette question des mariages de complaisance.
Ces derniers risquent de se multiplier, au moment même où nous renforçons, à juste titre et de façon légitime, les dispositions législatives relatives au droit des étrangers.
La prise en charge, au plus tôt, des infections respiratoires, des hépatites ou encore du VIH est une nécessité.
Je veux ensuite souligner que l'AME est un dispositif très encadré et surveillé. C'est même le dispositif le plus contrôlé de l'assurance maladie.
Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et RDSE, ainsi que sur des travées des groupes SER, GEST et CRCE-K. – Marques d'ironie sur les travées des groupes SER, GEST et CRCE-K, et de scepticisme sur celles du groupe Les Républicains.
Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et Les Républicains.
Pour débattre de ce sujet, nous avons besoin d'un diagnostic précis, objectif et actualisé. C'est l'objet de la mission qui a été confiée à Patrick Stefanini et Claude Évin par le ministre de l'intérieur, le ministre de la santé et la ministre déléguée Firmin le Bodo.
Monsieur le sénateur Henno, je veux d’abord, à votre suite, souligner le courage de Stéphane Wilmotte, maire d’Hautmont. L’action qu’il a menée dans cette petite commune du Nord, par ailleurs charmante, mais dont les moyens sont limités, ainsi que les informations qu’il a transmises à M. le préfet du Nord et à moi-même, ainsi qu’à vous, monsieur le sénateur, ont permis l’expulsion de cet imam étranger qui exposait une version moyenâgeuse, radicale et insupportable de l’islam. Oui, grâce à l’action du préfet du Nord, nous sommes en effet parvenus à expulser cet individu et à interdire son retour sur le territoire national.
Vous avez par ailleurs rappelé à raison, monsieur le sénateur, que M. Wilmotte paye cher son courage dans sa vie personnelle et familiale.
Il a, bien sûr, l’entier soutien de la République, du ministre de l’intérieur et de ses services : à plusieurs reprises, j’ai échangé avec lui, et j’ai tenu à garantir sa protection et son intégrité physique, lorsqu’il a été menacé.
Vous avez parfaitement raison : les enquêtes doivent sans doute durer plus longtemps, afin de permettre à un maire, à un officier d’état civil agissant au nom de l’État – en l’occurrence des services de la justice –, d’intervenir en cas de doute sur la véracité d’un mariage.
Même si un étranger en situation irrégulière a constitutionnellement le droit de se marier sur le territoire national, ce mariage ne doit en aucun cas constituer un obstacle à son éloignement.
Le cas s’est présenté à la mairie de Béziers. La personne concernée a été expulsée, malgré la demande qui avait été formulée par le procureur de la République au maire de Béziers de prononcer ce mariage.
Monsieur le sénateur, il y a lieu, sans doute, de réfléchir à de nouvelles dispositions dans le cadre du projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration.
Votre assemblée a ainsi adopté hier soir un amendement d’Olivier Bitz sur la reconnaissance frauduleuse de paternité, délit qui sera désormais passible de cinq ans d’emprisonnement et de plus de 75 000 euros d’amende.
Nous pourrons également travailler ensemble, soit dans le cadre de l’examen de ce texte par le Sénat, soit au cours de la navette parlementaire et lors de la réunion de la commission mixte paritaire, sur des dispositions qui permettraient à un maire, lorsqu’il a un doute sérieux que ses services lui ont permis de documenter – c’était le cas de M. Wilmotte –, de s’opposer au mariage de personnes qui s’engagent dans cette démarche non par amour, mais par intérêt, contre la République.
Pour débattre de ce sujet, nous avons besoin d'un diagnostic précis, objectif et actualisé. C'est l'objet de la mission qui a été confiée à Patrick Stefanini et Claude Évin par le ministre de l'intérieur, le ministre de la santé et la ministre déléguée Firmin le Bodo.
Cette dernière a eu l'occasion de vous le dire hier : cet état des lieux est indispensable. Il permettra, le cas échéant, de proposer des évolutions de l'AME.
Nous attendons les conclusions de la mission, qui doivent être rendues d'ici au début du mois de décembre. §
Elles seront naturellement rendues publiques et le Gouvernement en tirera les conséquences dans la suite du débat parlementaire.
Je veux cependant rappeler que l'AME a déjà été réformée en 2019, dans le cadre naturel qu'est une loi de financement de la sécurité sociale.
Monsieur le sénateur Henno, je veux d’abord, à votre suite, souligner le courage de Stéphane Wilmotte, maire d’Hautmont. L’action qu’il a menée dans cette petite commune du Nord, par ailleurs charmante, mais dont les moyens sont limités, ainsi que les informations qu’il a transmises à M. le préfet du Nord et à moi-même, ainsi qu’à vous, monsieur le sénateur, ont permis l’expulsion de cet imam étranger qui exposait une version moyenâgeuse, radicale et insupportable de l’islam. Oui, grâce à l’action du préfet du Nord, nous sommes en effet parvenus à expulser cet individu et à interdire son retour sur le territoire national.
Vous avez par ailleurs rappelé à raison, monsieur le sénateur, que M. Wilmotte paie cher son courage dans sa vie personnelle et familiale.
Il a, bien sûr, l’entier soutien de la République, du ministre de l’intérieur et de ses services : à plusieurs reprises, j’ai échangé avec lui, et j’ai tenu à garantir sa protection et son intégrité physique, lorsqu’il a été menacé.
Vous avez parfaitement raison : les enquêtes doivent sans doute durer plus longtemps, afin de permettre à un maire, à un officier d’état civil agissant au nom de l’État – en l’occurrence des services de la justice –, d’intervenir en cas de doute sur la véracité d’un mariage.
Même si un étranger en situation irrégulière a constitutionnellement le droit de se marier sur le territoire national, ce mariage ne doit en aucun cas constituer un obstacle à son éloignement.
Le cas s’est présenté à la mairie de Béziers. La personne concernée a été expulsée, malgré la demande qui avait été formulée par le procureur de la République au maire de Béziers de prononcer ce mariage.
Monsieur le sénateur, il y a lieu, sans doute, de réfléchir à de nouvelles dispositions dans le cadre du projet de loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration.
Votre assemblée a ainsi adopté hier soir un amendement d’Olivier Bitz sur la reconnaissance frauduleuse de paternité, délit qui sera désormais passible de cinq ans d’emprisonnement et de plus de 75 000 euros d’amende.
Nous pourrons également travailler ensemble, soit dans le cadre de l’examen de ce texte par le Sénat, soit au cours de la navette parlementaire et lors de la réunion de la commission mixte paritaire, sur des dispositions qui permettraient à un maire, lorsqu’il a un doute sérieux que ses services lui ont permis de documenter – c’était le cas de M. Wilmotte –, de s’opposer au mariage de personnes qui s’engagent dans cette démarche non par amour, mais par intérêt, contre la République.
Cette dernière a eu l'occasion de vous le dire hier : cet état des lieux est indispensable. Il permettra, le cas échéant, de proposer des évolutions de l'AME.
Nous attendons les conclusions de la mission, qui doivent être rendues d'ici au début du mois de décembre. §
Elles seront naturellement rendues publiques et le Gouvernement en tirera les conséquences dans la suite du débat parlementaire.
Je veux cependant rappeler que l'AME a déjà été réformée en 2019, dans le cadre naturel qu'est une loi de financement de la sécurité sociale.
Merci, monsieur le ministre, d’avoir souligné le courage de M. Wilmotte et d’avoir affirmé la volonté de l’État en la matière.
Nous avons un devoir : ne pas laisser les maires seuls. Le cas dont je vous ai saisi n’est pas isolé. Les tentations et tentatives de mariages de complaisance risquent de se multiplier.
Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes UC et INDEP. – Mme Brigitte Micouleau applaudit également.
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Monsieur Kanner, ma méthode est constante : les faits, le débat, la recherche d'efficacité. C'est l'inverse même du dogmatisme et des postures.
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Monsieur Kanner, ma méthode est constante : les faits, le débat, la recherche d'efficacité. C'est l'inverse même du dogmatisme et des postures.
M. Fabien Gay s'exclame.
Merci, monsieur le ministre, d’avoir souligné le courage de M. Wilmotte et d’avoir affirmé la volonté de l’État en la matière.
Nous avons un devoir : ne pas laisser les maires seuls. Le cas dont je vous ai saisi n’est pas isolé. Les tentations et tentatives de mariages de complaisance risquent de se multiplier.
maintien d’atos dans le giron français
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Cette méthode, c'est celle de mon Gouvernement, sur ce texte comme sur les autres.
Ma question s’adresse à Mme la Première ministre.
Nous sommes entrés dans une ère où la compétition stratégique entre les puissances est désormais la norme, et où la lutte contre les ingérences étrangères est devenue une préoccupation de chaque instant. La délégation parlementaire au renseignement en a d’ailleurs fait le thème central de son dernier rapport.
Son président, Sacha Houlié, membre de votre majorité, madame la Première ministre, y propose un plan d’action pour protéger les intérêts économiques et scientifiques de notre pays. En résumé, il vous invite à sortir du déni.
C’est un vœu similaire que nous formulions le 2 août dernier, avec mes collègues du groupe Les Républicains, dans une tribune intitulée : « Cessons de vendre nos fleurons les plus stratégiques à des puissances étrangères ».
Nous alertions sur la décision du groupe Atos de céder une partie de ses activités à la société EP Equity Investment, propriété du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.
Depuis cette publication dans les colonnes du Figaro, pas une semaine ne se passe sans un nouveau rebondissement : chute vertigineuse du cours d’Atos, fronde des actionnaires, plaintes déposées auprès du parquet national financier (PNF), départ forcé du président d’Atos, ou encore, cette semaine, arrivée très opportune d’un nouvel investisseur.
Bien sûr, Atos est une entreprise privée, mais elle n’est pas une entreprise comme les autres. C’est sur elle, sur ses supercalculateurs, que repose une partie de notre souveraineté nucléaire.
Son démantèlement et, surtout, l’immixtion d’acteurs étrangers, fussent-ils européens, dans son activité font peser un risque inacceptable.
Alors que l’enjeu est crucial, comment comprendre le silence assourdissant de votre gouvernement sur cette question ?
Madame la première ministre, reprenez les choses en main ! Le projet de M. Kretinsky fera-t-il, oui ou non, l’objet d’un contrôle au titre des investissements étrangers en France ?
Nous attendons une réponse claire.
M. le président. La parole est à M. Cédric Perrin, pour le groupe Les Républicains.
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Cette méthode, c'est celle de mon Gouvernement, sur ce texte comme sur les autres.
Applaudissements
Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.
Ma question s’adresse à Mme la Première ministre.
Nous sommes entrés dans une ère où la compétition stratégique entre les puissances est désormais la norme, et où la lutte contre les ingérences étrangères est devenue une préoccupation de chaque instant. La délégation parlementaire au renseignement en a d’ailleurs fait le thème central de son dernier rapport.
Son président, Sacha Houlié, membre de votre majorité, madame la Première ministre, y propose un plan d’action pour protéger les intérêts économiques et scientifiques de notre pays. En résumé, il vous invite à sortir du déni.
C’est un vœu similaire que nous formulions le 2 août dernier, avec mes collègues du groupe Les Républicains, dans une tribune intitulée : « Cessons de vendre nos fleurons les plus stratégiques à des puissances étrangères. »
Nous alertions sur la décision du groupe Atos de céder une partie de ses activités à la société EP Equity Investment, propriété du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.
Depuis cette publication dans les colonnes du Figaro, pas une semaine ne se passe sans un nouveau rebondissement : chute vertigineuse du cours d’Atos, fronde des actionnaires, plaintes déposées auprès du parquet national financier (PNF), départ forcé du président d’Atos, ou encore, cette semaine, arrivée très opportune d’un nouvel investisseur.
Bien sûr, Atos est une entreprise privée, mais elle n’est pas une entreprise comme les autres. C’est sur elle, sur ses supercalculateurs, que repose une partie de notre souveraineté nucléaire.
Son démantèlement et, surtout, l’immixtion d’acteurs étrangers, fussent-ils européens, dans son activité font peser un risque inacceptable.
Alors que l’enjeu est crucial, comment comprendre le silence assourdissant de votre gouvernement sur cette question ?
Madame la première ministre, reprenez les choses en main ! Le projet de M. Kretinsky fera-t-il, oui ou non, l’objet d’un contrôle au titre des investissements étrangers en France ?
Nous attendons une réponse claire.
Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.
Le 27 octobre dernier, les journalistes de RMC ont dévoilé des éléments du rapport de l'inspection générale de l'administration (IGA), de l'inspection générale de la police nationale (IGPN) et de l'inspection générale de la justice (IGJ) sur la gestion des stocks de procédures, présenté au Gouvernement en juin 2023.
Ce rapport, que j'ai demandé, à plusieurs reprises, à pouvoir consulter, tant à vos services, monsieur le ministre de l'intérieur, qu'à ceux du garde des sceaux, n'a pas été rendu public. Pourtant, des journalistes ont pu s'en procurer un exemplaire…
Dans ce document, il serait indiqué que, l'année dernière, les commissariats avaient à leur charge un stock ancien de 2, 7 millions de plaintes ; un tiers d'entre elles seraient en stock depuis plus de deux ans. Il faudrait y ajouter 3, 5 millions de nouvelles plaintes enregistrées dans le courant de l'année.
Il y serait aussi indiqué que, en moyenne, un policier doit traiter 180 dossiers par an. Pour les enquêteurs les plus spécialisés, on parle de 800 dossiers par an.
Le rapport préciserait que « des dossiers portant sur des faits graves dorment dans certains services sans avoir fait l'objet d'investigations alors même que les auteurs présumés ont été identifiés ». Et de conclure que, en l'absence de mesures correctrices et à délinquance équivalente, le stock de procédures pourrait continuer à augmenter d'ici à 2030 et passer à 3, 5 millions de plaintes en attente.
Dans un État de droit, il n'est pas possible de laisser des coupables dehors, en toute impunité. Dans un État de droit, il n'est pas possible de ne pas répondre au devoir de justice vis-à-vis des victimes.
Aussi, monsieur le ministre de l'intérieur, pourriez-vous nous préciser si cette situation est liée à un manque d'effectifs ?
Quelles sont, en outre, les dix-sept recommandations de ce rapport ? Le Gouvernement entend-il y donner suite et, si oui, quand ?
Enfin et surtout, pouvez-vous donner l'assurance, devant la représentation nationale, que l'ensemble des dossiers seront bien traités avant la fin des délais de prescription des éventuels actes, passibles de sanctions pénales, visés par les quelque 2, 7 millions de dossiers en souffrance ? §
Monsieur le sénateur Cédric Perrin, vous avez raison de le dire : Atos n’est pas une entreprise comme les autres.
Ce fleuron industriel français, qui fournit plus de 100 000 emplois, est présent dans plus de soixante-dix pays. Grâce à cette entreprise, des savoir-faire technologiques français rayonnent depuis plus de vingt ans dans le monde entier.
Il est vrai que, certes pour une part minoritaire de ses activités, Atos revêt un intérêt stratégique pour la souveraineté numérique de notre pays.
Je pense évidemment aux supercalculateurs – Atos est la dernière entreprise européenne à savoir les concevoir et les produire –, mais aussi à la cyberdéfense et à la cybersécurité – Atos est le premier partenaire des jeux Olympiques et Paralympiques en la matière –, ou encore, comme vous l’avez rappelé, à la supervision de notre parc nucléaire.
Le 27 octobre dernier, les journalistes de RMC ont dévoilé des éléments du rapport de l'inspection générale de l'administration (IGA), de l'inspection générale de la police nationale (IGPN) et de l'inspection générale de la justice (IGJ) sur la gestion des stocks de procédures, présenté au Gouvernement en juin 2023.
Ce rapport, que j'ai demandé, à plusieurs reprises, à pouvoir consulter, tant à vos services, monsieur le ministre de l'intérieur, qu'à ceux du garde des sceaux, n'a pas été rendu public. Pourtant, des journalistes ont pu s'en procurer un exemplaire…
Dans ce document, il serait indiqué que, l'année dernière, les commissariats avaient à leur charge un stock ancien de 2, 7 millions de plaintes ; un tiers d'entre elles seraient en stock depuis plus de deux ans. Il faudrait y ajouter 3, 5 millions de nouvelles plaintes enregistrées dans le courant de l'année.
Il y serait aussi indiqué que, en moyenne, un policier doit traiter 180 dossiers par an. Pour les enquêteurs les plus spécialisés, on parle de 800 dossiers par an.
Le rapport préciserait que « des dossiers portant sur des faits graves dorment dans certains services sans avoir fait l'objet d'investigations alors même que les auteurs présumés ont été identifiés ». Et de conclure que, en l'absence de mesures correctrices et à délinquance équivalente, le stock de procédures pourrait continuer à augmenter d'ici à 2030 et passer à 3, 5 millions de plaintes en attente.
Dans un État de droit, il n'est pas possible de laisser des coupables dehors, en toute impunité. Dans un État de droit, il n'est pas possible de ne pas répondre au devoir de justice vis-à-vis des victimes.
Aussi, monsieur le ministre de l'intérieur, pourriez-vous nous préciser si cette situation est liée à un manque d'effectifs ?
Quelles sont, en outre, les dix-sept recommandations de ce rapport ? Le Gouvernement entend-il y donner suite et, si oui, quand ?
Enfin et surtout, pouvez-vous donner l'assurance, devant la représentation nationale, que l'ensemble des dossiers seront bien traités avant la fin des délais de prescription des éventuels actes, passibles de sanctions pénales, visés par les quelque 2, 7 millions de dossiers en souffrance ? §
Madame la sénatrice, c'est précisément parce que M. le garde des sceaux et moi-même avons conscience des grandes difficultés rencontrées au sein des forces de l'ordre et, notamment, de la filière d'investigation que nous avons commandé aux inspections de nos deux ministères un état des lieux. Nous le rendrons naturellement public ; il sera communiqué en premier lieu à la représentation nationale.
Effectivement, un peu moins de trois millions de plaintes n'ont pas été, à ce jour, suivies d'effet. Je rappelle tout de même que, si l'on agrège police et gendarmerie, le nombre de plaintes déposées chaque année atteint cinq millions. Pour de multiples raisons, nos compatriotes déposent un nombre très élevé de plaintes. Cela peut faire suite à des actes extrêmement graves, comme les atteintes à l'intégrité physique de personnes, ou à des atteintes matérielles, qui sont certes tout aussi graves et méritent une réponse, mais ne présentent pas le même caractère d'urgence.
Le stock élevé de procédures s'explique d'abord, il est vrai, par un manque chronique de policiers et de gendarmes. Grâce à votre vote – celui, en tout cas, de la grande majorité d'entre vous –, nous avons pu renforcer les effectifs de 17 000 postes de policiers et de gendarmes.
Cependant, contrairement à ce qui a été proposé, notamment à l’Assemblée nationale, le Gouvernement n’est pas favorable à la nationalisation d’Atos, comme le ministre de l’économie et des finances l’a rappelé ce matin.
D’une part, une telle décision ne réglerait pas les problèmes opérationnels et financiers de l’entreprise. D’autre part, Atos a besoin non pas de la tutelle de l’État, mais bien d’investisseurs et de partenaires industriels.
Monsieur le sénateur Cédric Perrin, vous avez raison de le dire : Atos n’est pas une entreprise comme les autres.
Ce fleuron industriel français, qui fournit plus de 100 000 emplois, est présent dans plus de soixante-dix pays. Grâce à cette entreprise, des savoir-faire technologiques français rayonnent depuis plus de vingt ans dans le monde entier.
Il est vrai que, certes pour une part minoritaire de ses activités, Atos revêt un intérêt stratégique pour la souveraineté numérique de notre pays.
Je pense évidemment aux supercalculateurs – Atos est la dernière entreprise européenne à savoir les concevoir et les produire –, mais aussi à la cyberdéfense et à la cybersécurité – Atos est le premier partenaire des jeux Olympiques et Paralympiques en la matière –, ou encore, comme vous l’avez rappelé, à la supervision de notre parc nucléaire.
Madame la sénatrice, c'est précisément parce que M. le garde des sceaux et moi-même avons conscience des grandes difficultés rencontrées au sein des forces de l'ordre et, notamment, de la filière d'investigation que nous avons commandé aux inspections de nos deux ministères un état des lieux. Nous le rendrons naturellement public ; il sera communiqué en premier lieu à la représentation nationale.
Effectivement, un peu moins de trois millions de plaintes n'ont pas été, à ce jour, suivies d'effet. Je rappelle tout de même que, si l'on agrège police et gendarmerie, le nombre de plaintes déposées chaque année atteint cinq millions. Pour de multiples raisons, nos compatriotes déposent un nombre très élevé de plaintes. Cela peut faire suite à des actes extrêmement graves, comme les atteintes à l'intégrité physique de personnes, ou à des atteintes matérielles, qui sont certes tout aussi graves et méritent une réponse, mais ne présentent pas le même caractère d'urgence.
Le stock élevé de procédures s'explique d'abord, il est vrai, par un manque chronique de policiers et de gendarmes. Grâce à votre vote – celui, en tout cas, de la grande majorité d'entre vous –, nous avons pu renforcer les effectifs de 17 000 postes de policiers et de gendarmes.
Il faut dire que nous avons dû réparer beaucoup d'erreurs.
Cela étant, je veux rappeler, pour vous rassurer, qu’une prise de participation en deçà de 10 % ne confère à son auteur qu’une influence très marginale sur la vie de l’entreprise. §Par ailleurs, nous n’hésiterons pas à activer le contrôle des investissements étrangers en France.
Comme vous le savez, monsieur le sénateur, le code monétaire et financier soumet toute prise de participation par un acteur étranger dans une entreprise d’importance stratégique en France à une autorisation du ministre de l’économie et des finances.
Cependant, contrairement à ce qui a été proposé, notamment à l’Assemblée nationale, le Gouvernement n’est pas favorable à la nationalisation d’Atos, comme le ministre de l’économie et des finances l’a rappelé ce matin.
D’une part, une telle décision ne réglerait pas les problèmes opérationnels et financiers de l’entreprise. D’autre part, Atos a besoin non pas de la tutelle de l’État, mais bien d’investisseurs et de partenaires industriels.
Il faut dire que nous avons dû réparer beaucoup d'erreurs.
M. Jacques Grosperrin s ’ exclame.
Cependant, nous ne pouvons créer ex nihilo des officiers de police judiciaire (OPJ). Le ministre de l'intérieur ne peut pas affecter des OPJ. Ces derniers doivent d'abord être formés.
Ainsi, la dernière loi de programmation du ministère de l'intérieur permet de créer des OPJ dès l'école de police et ainsi, dès cette année, d'envoyer dans les commissariats de jeunes OPJ sans attendre qu'ils passent le concours.
Par ailleurs, nous travaillons évidemment à la simplification de la procédure pénale, que ce soit dans le cadre d'une enquête de flagrance ou dans celui d'une enquête préliminaire. Votre assemblée a ainsi récemment adopté, sur l'initiative du garde des sceaux, un projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de la justice où figure cette simplification.
Un autre chantier est la numérisation. Lorsque je suis arrivé, voilà trois ans, au ministère de l'intérieur, toutes les procédures se faisaient sur papier. Ce n'est plus le cas que pour 50 % des procédures aujourd'hui. À l'instar de l'impôt à la source, la police doit se moderniser.
Au travers du même projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de la justice, les moyens des parquets et des greffes seront renforcés, les policiers travaillant sous leur autorité.
Enfin, madame la sénatrice, il est absolument évident que nous traiterons l'ensemble des procédures. Il n'y aura pas de délai de prescription lorsque des plaintes ont été déposées.
J'ai par ailleurs donné comme consigne – et renforcé les effectifs en ce sens – que l'on traite en priorité les affaires d'atteintes aux personnes, en particulier celles dont les victimes sont des femmes ou des enfants.
Où est-il ?
Cela étant, je veux rappeler, pour vous rassurer, qu’une prise de participation en deçà de 10 % ne confère à son auteur qu’une influence très marginale sur la vie de l’entreprise. §Par ailleurs, nous n’hésiterons pas à activer le contrôle des investissements étrangers en France.
Comme vous le savez, monsieur le sénateur, le code monétaire et financier soumet toute prise de participation par un acteur étranger dans une entreprise d’importance stratégique en France à une autorisation du ministre de l’économie et des finances.
Cependant, nous ne pouvons créer ex nihilo des officiers de police judiciaire (OPJ). Le ministre de l'intérieur ne peut pas affecter des OPJ. Ces derniers doivent d'abord être formés.
Ainsi, la dernière loi de programmation du ministère de l'intérieur permet de créer des OPJ dès l'école de police et ainsi, dès cette année, d'envoyer dans les commissariats de jeunes OPJ sans attendre qu'ils passent le concours.
Par ailleurs, nous travaillons évidemment à la simplification de la procédure pénale, que ce soit dans le cadre d'une enquête de flagrance ou dans celui d'une enquête préliminaire. Votre assemblée a ainsi récemment adopté, sur l'initiative du garde des sceaux, un projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de la justice où figure cette simplification.
Un autre chantier est la numérisation. Lorsque je suis arrivé, voilà trois ans, au ministère de l'intérieur, toutes les procédures se faisaient sur papier. Ce n'est plus le cas que pour 50 % des procédures aujourd'hui. À l'instar de l'impôt à la source, la police doit se moderniser.
Au travers du même projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de la justice, les moyens des parquets et des greffes seront renforcés, les policiers travaillant sous leur autorité.
Enfin, madame la sénatrice, il est absolument évident que nous traiterons l'ensemble des procédures. Il n'y aura pas de délai de prescription lorsque des plaintes ont été déposées.
J'ai par ailleurs donné comme consigne – et renforcé les effectifs en ce sens – que l'on traite en priorité les affaires d'atteintes aux personnes, en particulier celles dont les victimes sont des femmes ou des enfants.
MM. François Patriat et Olivier Bitz applaudissent.
M. Jean-Noël Barrot, ministre délégué. Soyez assuré que, sous l’autorité de la Première ministre, le Gouvernement est attentif à l’avenir d’Atos comme à la garantie de la souveraineté numérique de la France.
Monsieur le ministre des transports, le 22 mars dernier, le ministre de l'économie et des finances annonçait publiquement son intention d'interroger le Conseil d'État sur un possible raccourcissement de la durée des contrats de concession d'autoroutes. Le 8 juin dernier, le Conseil d'État rendait son avis.
Entre ces deux dates, est-il exact qu'un contentieux a été entamé par les sociétés d'autoroutes pour atteinte à leur image ? §
Pensez-vous que ce contentieux ait pu avoir un effet sur l'avis du Conseil d'État ?
Enfin, le Sénat a réclamé un « sommet des autoroutes » qui, bien que maintes fois annoncé, a été malheureusement souvent repoussé. J'aimerais savoir quand il aura lieu. §
M. Jean-Noël Barrot, ministre délégué. Soyez assuré que, sous l’autorité de la Première ministre, le Gouvernement est attentif à l’avenir d’Atos comme à la garantie de la souveraineté numérique de la France.
Monsieur le ministre, mes chers collègues, le 22 mars dernier, le ministre de l'économie et des finances annonçait publiquement son intention d'interroger le Conseil d'État sur un possible raccourcissement de la durée des contrats de concession d'autoroutes. Le 8 juin dernier, le Conseil d'État rendait son avis.
Entre ces deux dates, est-il exact qu'un contentieux a été entamé par les sociétés d'autoroutes pour atteinte à leur image ? §
Pensez-vous que ce contentieux ait pu avoir un effet sur l'avis du Conseil d'État ?
Enfin, le Sénat a réclamé un « sommet des autoroutes » qui, bien que maintes fois annoncé, a été malheureusement souvent repoussé. J'aimerais savoir quand il aura lieu. §
Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.
Monsieur le sénateur Delahaye, chacun connaît ici votre intérêt, votre expertise et, si j'ose dire, votre passion de longue date pour la question autoroutière.
Reprenons précisément la chronologie des faits. Avec Bruno Le Maire, nous avons annoncé au mois de mars dernier, devant l'Assemblée nationale et de manière tout à fait transparente, que nous allions saisir le Conseil d'État de deux questions.
La première concernait la durée des contrats en cours : serait-il possible, juridiquement, de raccourcir la durée des concessions sans avoir à verser une compensation significative, voire massive ?
La deuxième question, très importante, sera soumise prochainement à votre assemblée dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2024. Elle concerne une éventuelle contribution – une compensation, ou une taxation – des sociétés autoroutières à notre stratégie de décarbonation et à notre plan d'investissement pour les transports.
Sur le premier point, comme sur l'ensemble de ces questions, je suppose, les sociétés d'autoroutes ont déposé un contentieux. Je n'ai pas à le commenter : nous sommes dans un État de droit, ces sociétés ont le droit de s'adresser à la justice.
Il existe, selon moi, un seul cas dans lequel un contentieux pourrait avoir un effet sur une saisine consultative du Conseil d'État par le Gouvernement : il faudrait que le Conseil d'État estime que les questions sont suffisamment proches pour qu'il suspende, de lui-même, ses travaux.
Cela n'a pas été le cas : le Conseil d'État n'a pas décidé de suspendre ses travaux consultatifs. Il a rendu un avis que nous avons décidé, avec la Première ministre, de rendre public rapidement, dès la fin de l'été. Cet avis porte bien sur les deux questions que j'ai évoquées.
En résumé, le contentieux spécifique engagé par les sociétés d'autoroute n'a en aucun cas et en aucune façon pu influer sur l'indépendance du Conseil d'État dans sa fonction de conseil du Gouvernement. Le respect des règles a été entièrement assuré.
Si vous évoquez une quelconque pression qui aurait pu être exercée, je peux vous assurer qu'elle serait vouée à l'échec. En effet, nous avons bien décidé, sur le second point, de saisir l'Assemblée nationale et le Sénat, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2024, sur la question d'une contribution des sociétés concessionnaires d'autoroutes.
Enfin, j'ignore s'il s'agira d'un sommet, mais nous lancerons d'ici à la fin de l'année des travaux sur l'avenir des concessions autoroutières. Le Sénat et l'Assemblée nationale y seront étroitement associés.
Monsieur le sénateur Delahaye, chacun connaît ici votre intérêt, votre expertise et, si j'ose dire, votre passion de longue date pour la question autoroutière.
Reprenons précisément la chronologie des faits. Avec Bruno Le Maire, nous avons annoncé au mois de mars dernier, devant l'Assemblée nationale et de manière tout à fait transparente, que nous allions saisir le Conseil d'État de deux questions.
La première concernait la durée des contrats en cours : serait-il possible, juridiquement, de raccourcir la durée des concessions sans avoir à verser une compensation significative, voire massive ?
La deuxième question, très importante, sera soumise prochainement à votre assemblée dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2024. Elle concerne une éventuelle contribution – une compensation, ou une taxation – des sociétés autoroutières à la stratégie de décarbonation et à notre plan d'investissement pour les transports.
Sur le premier point, comme sur l'ensemble de ces questions, je suppose, les sociétés d'autoroutes ont déposé un contentieux. Je n'ai pas à le commenter : nous sommes dans un État de droit, ces sociétés ont le droit de s'adresser à la justice.
Il existe, selon moi, un seul cas dans lequel un contentieux pourrait avoir un effet sur une saisine consultative du Conseil d'État par le Gouvernement : il faudrait que le Conseil d'État estime que les questions sont suffisamment proches pour qu'il suspende, de lui-même, ses travaux.
Cela n'a pas été le cas : le Conseil d'État n'a pas décidé de suspendre ses travaux consultatifs. Il a rendu un avis que nous avons décidé, avec la Première ministre, de rendre public rapidement, dès la fin de l'été. Cet avis porte bien sur les deux questions que j'ai évoquées.
En résumé, le contentieux spécifique engagé par les sociétés d'autoroute n'a en aucun cas et en aucune façon pu influer sur l'indépendance du Conseil d'État dans sa fonction de conseil du Gouvernement. Le respect des règles a été entièrement assuré.
Si vous évoquez une quelconque pression qui aurait pu être exercée, je peux vous assurer qu'elle serait vouée à l'échec. En effet, nous avons bien décidé, sur le second point, de saisir l'Assemblée nationale et le Sénat, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2024, sur la question d'une contribution des sociétés concessionnaires d'autoroutes.
Enfin, j'ignore s'il s'agira d'un sommet, mais nous lancerons d'ici à la fin de l'année des travaux sur l'avenir des concessions autoroutières. Le Sénat et l'Assemblée nationale y seront étroitement associés.
M. Cédric Perrin . Monsieur le ministre, ceux qui, comme moi, attendaient une réponse claire en sont pour leurs frais ! De fait, l’absence de réponse à ma question obligera le Sénat à exercer son devoir constitutionnel de contrôle.
Je vous remercie pour ces précisions, monsieur le ministre. Les informations dont je disposais n'étaient pas les mêmes : il me semblait que le Conseil d'État avait été influencé par le dépôt d'un recours.
Je prends acte de vos déclarations et je serai sensible à la tenue d'un sommet ou de quelque autre travail commun – le nom m'importe peu – sur cette question. Il est important que nous puissions dialoguer, non seulement avec le Gouvernement, mais aussi avec les sociétés d'autoroutes, qui ne sont pas très ouvertes au dialogue.
Nous devons regarder de près l'équilibre financier de ces contrats. Nous considérons en effet que ces derniers sont beaucoup trop profitables pour les sociétés et ne sont pas adaptés à de véritables concessions. Ils prévoient notamment des augmentations de tarifs liées à l'inflation, alors que le résultat financier des sociétés d'autoroutes et leurs charges le sont assez peu.
Je vous demande donc de prêter attention à l'augmentation de tarifs qui sera annoncée pour 2024. L'augmentation de 4, 75 % constatée en 2023 a été très importante. Elle permettra aux sociétés d'autoroutes de réaliser, d'ici à la fin des contrats, 4 milliards d'euros de bénéfices supplémentaires.
Je compte sur vous pour être vigilant et pour montrer que, dans une concession, le patron, c'est l'État ! §
Très bien ! sur des travées du groupe Les Républicains.
Je vous remercie pour ces précisions, monsieur le ministre. Les informations dont je disposais n'étaient pas les mêmes : il me semblait que le Conseil d'État avait été influencé par le dépôt d'un recours.
Je prends acte de vos déclarations et je serai sensible à la tenue d'un sommet ou de quelque autre travail commun – le nom m'importe peu – sur cette question. Il est important que nous puissions dialoguer, non seulement avec le Gouvernement, mais aussi avec les sociétés d'autoroutes, qui ne sont pas très ouvertes au dialogue.
Nous devons regarder de près l'équilibre financier de ces contrats. Nous considérons en effet que ces derniers sont beaucoup trop profitables pour les sociétés et ne sont pas adaptés à de véritables concessions. Ils prévoient notamment des augmentations de tarifs liées à l'inflation, alors que le résultat des sociétés d'autoroutes et leurs charges le sont assez peu.
Je vous demande donc de prêter attention à l'augmentation de tarifs qui sera annoncée pour 2024. L'augmentation de 4, 75 % constatée en 2023 a été très importante. Elle permettra aux sociétés d'autoroutes de réaliser, d'ici à la fin des contrats, 4 milliards d'euros de bénéfices supplémentaires.
Je compte sur vous pour être vigilant et pour montrer que, dans une concession, le patron, c'est l'État. §
Ma question s'adresse à M. le garde des sceaux, dont nous regrettons l'absence.
Un maire et sa famille pris pour cible, avec une tentative d'incendie de leur domicile, à L'Haÿ-les-Roses ; deux mairies intégralement brûlées, à Villeneuve-le-Roi et à Valenton ; plusieurs postes de police municipale attaqués, dont ceux de Villecresnes et de Sucy-en-Brie : le Val-de-Marne, pour ne parler que de mon département, a payé un très lourd tribut aux émeutes.
Pourtant, quatre mois plus tard, si trois personnes ont bien été condamnées pour l'attaque du poste de police municipale de Villecresnes, il n'y a eu, à ma connaissance, aucune autre suite judiciaire à ces événements, pas même pour ceux de L'Haÿ-les-Roses.
Les émeutes qui se sont déroulées dans notre pays ont occasionné, d'après les assureurs, 650 millions d'euros de dégâts. Un millier de bâtiments publics ont été touchés. Ce sont les symboles de notre République qui ont été visés : les élus, les mairies, les écoles, les commissariats, les polices municipales.
Lors de la réunion tenue à la Sorbonne le 26 octobre dernier, Mme la Première ministre a insisté sur la nécessité d'une « réponse pénale exemplaire » et du « refus total de l'impunité », objectifs auxquels je ne peux que souscrire.
Selon les chiffres communiqués par le Gouvernement au cours de l'été, 1 000 condamnations ont été prononcées, principalement à de courtes peines, pour 10 000 émeutiers.
Mais où en est-on aujourd'hui ? La représentation nationale est en droit de disposer d'un bilan, département par département, du nombre de personnes interpellées et de personnes condamnées, avec le détail des peines et de leur exécution.
Le garde des sceaux peut-il nous confirmer que tous les moyens de l'État sont encore mobilisés pour mener les enquêtes, sanctionner les vrais coupables, les donneurs d'ordre, responsables de toutes les atteintes graves aux personnes et aux biens perpétrés durant ces quelques jours ? Il y va de la crédibilité de l'État et de celle des élus.
Ma question s'adresse à M. le garde des sceaux, dont nous regrettons l'absence.
Un maire et sa famille pris pour cible, avec une tentative d'incendie de leur domicile, à L'Haÿ-les-Roses ; deux mairies intégralement brûlées, à Villeneuve-le-Roi et à Valenton ; plusieurs postes de police municipale attaqués, dont ceux de Villecresnes et de Sucy-en-Brie : le Val-de-Marne, pour ne parler que de mon département, a payé un très lourd tribut aux émeutes.
Pourtant, quatre mois plus tard, si trois personnes ont bien été condamnées pour l'attaque du poste de police municipale de Villecresnes, il n'y a eu, à ma connaissance, aucune autre suite judiciaire à ces événements, pas même pour ceux de L'Haÿ-les-Roses.
Les émeutes qui se sont déroulées dans notre pays ont occasionné, d'après les assureurs, 650 millions d'euros de dégâts. Un millier de bâtiments publics ont été touchés. Ce sont les symboles de notre République qui ont été visés : les élus, les mairies, les écoles, les commissariats, les polices municipales.
Lors de la réunion tenue à la Sorbonne le 26 octobre dernier, Mme la Première ministre a insisté sur la nécessité d'une « réponse pénale exemplaire » et du « refus total de l'impunité », objectifs auxquels je ne peux que souscrire.
Selon les chiffres communiqués par le Gouvernement au cours de l'été, 1 000 condamnations ont été prononcées, principalement à de courtes peines, pour 10 000 émeutiers.
Mais où en est-on aujourd'hui ? La représentation nationale est en droit de disposer d'un bilan, département par département, du nombre de personnes interpellées et de personnes condamnées, avec le détail des peines et de leur exécution.
Le garde des sceaux peut-il nous confirmer que tous les moyens de l'État sont encore mobilisés pour mener les enquêtes, sanctionner les vrais coupables, les donneurs d'ordre, responsables de toutes les atteintes graves aux personnes et aux biens perpétrés durant ces quelques jours ? Il en va de la crédibilité de l'État et de celle des élus.
Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains – M. Daniel Chasseing applaudit également.
Madame la Première ministre, depuis la mise en place de l’aide médicale d’État (AME) par Lionel Jospin en 1999, les détracteurs de cette mesure sont toujours les mêmes : les extrêmes droites, de Le Pen à Zemmour.
Hier soir, le Sénat a voté sa suppression, sans opposition de votre Gouvernement. C’est une digue de plus qui vient de sauter.
La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la citoyenneté et de la ville.
Entre le 27 juin et le 7 juillet 2023, 66 départements et 516 communes ont été le théâtre de violences urbaines.
Le 30 juin 2023, le garde des sceaux a adressé une circulaire aux procureurs généraux et aux procureurs de la République, afin qu'une réponse pénale rapide, ferme et systématique soit apportée à l'encontre des auteurs de ces exactions.
Le traitement judiciaire de ces affaires a été effectif et empreint de célérité : un taux de réponse pénale de 92 %, un taux de poursuite par défèrement de 90 %. Le recours à la comparution immédiate a été massif, représentant 60 % des poursuites devant les tribunaux correctionnels. Près de 1 800 personnes ont été condamnées à une peine d'emprisonnement ; le quantum de peine moyen avoisine les neuf mois de prison ferme.
Le ministre de la justice défend douze mesures concrètes visant à renforcer la répression envers les plus jeunes et à responsabiliser leurs parents. Parmi celles-ci, on peut citer la création d'un placement éducatif de jour ou de nuit pour les mineurs – ceux qui ne le respecteraient pas seraient placés en centre éducatif fermé ou en détention provisoire –, un partenariat renforcé avec l'armée pour suivre certains mineurs délinquants, la création d'une responsabilité civile de plein droit pour les deux parents d'un mineur, même s'ils sont séparés, ou encore l'aggravation du délit de soustraction d'un parent à ses obligations légales envers son enfant.
Voilà quelques mesures assez fortes, qui ont d'ailleurs été saluées, il me semble, par de nombreux élus. J'indique enfin que le garde des sceaux viendra, quand il le pourra, devant votre assemblée pour vous répondre plus précisément. (
Cette suppression s’est faite sur fond de cacophonie gouvernementale. Le 7 octobre dernier, M. le ministre Darmanin se déclarait favorable à la suppression de l’AME.
Ce lundi, vous avez vous-même déclaré, madame la Première ministre, y être défavorable, dans l’attente du rapport de MM. Stefanini et Évin, l’AME étant selon vous « un enjeu d’humanité et de santé publique ».
Ce mardi, ici même, après avoir prononcé un plaidoyer émouvant, ou presque, pour l’AME, après avoir indiqué l’attachement du Gouvernement à ce dispositif, après avoir marqué son opposition à la droite sénatoriale, Mme la ministre Firmin Le Bodo s’est totalement dédite en émettant un avis de sagesse, synonyme de blanc-seing pour cette même droite sénatoriale.
Madame la Première ministre, depuis la mise en place de l’aide médicale de l’État (AME) par Lionel Jospin en 1999, les détracteurs de cette mesure sont toujours les mêmes : les extrêmes droites, de Le Pen à Zemmour.
Hier soir, le Sénat a voté sa suppression, sans opposition de votre Gouvernement. C’est une digue de plus qui vient de sauter.
Entre le 27 juin et le 7 juillet 2023, 66 départements et 516 communes ont été le théâtre de violences urbaines.
Le 30 juin 2023, le garde des sceaux a adressé une circulaire aux procureurs généraux et aux procureurs de la République, afin qu'une réponse pénale rapide, ferme et systématique soit apportée à l'encontre des auteurs de ces exactions.
Le traitement judiciaire de ces affaires a été effectif et empreint de célérité : un taux de réponse pénale de 92 %, un taux de poursuite par défèrement de 90 %. Le recours à la comparution immédiate a été massif, représentant 60 % des poursuites devant les tribunaux correctionnels. Près de 1 800 personnes ont été condamnées à une peine d'emprisonnement ; le quantum de peine moyen avoisine les neuf mois de prison ferme.
Le ministre de la justice défend douze mesures concrètes visant à renforcer la répression envers les plus jeunes et à responsabiliser leurs parents. Parmi celles-ci, on peut citer la création d'un placement éducatif de jour ou de nuit pour les mineurs – ceux qui ne le respecteraient pas seraient placés en centre éducatif fermé ou en détention provisoire –, un partenariat renforcé avec l'armée pour suivre certains mineurs délinquants, la création d'une responsabilité civile de plein droit pour les deux parents d'un mineur, même s'ils sont séparés, ou encore l'aggravation du délit de soustraction d'un parent à ses obligations légales envers son enfant.
Voilà quelques mesures assez fortes, qui ont d'ailleurs été saluées, il me semble, par de nombreux élus. J'indique enfin que le garde des sceaux viendra, quand il le pourra, devant votre assemblée pour vous répondre plus précisément. (
Cette suppression s’est faite sur fond de cacophonie gouvernementale. Le 7 octobre dernier, M. le ministre Darmanin se déclarait favorable à la suppression de l’AME.
Ce lundi, vous avez vous-même déclaré, madame la Première ministre, y être défavorable, dans l’attente du rapport de MM. Stefanini et Évin, l’AME étant selon vous « un enjeu d’humanité et de santé publique ».
Ce mardi, ici même, après avoir prononcé un plaidoyer émouvant, ou presque, pour l’AME, après avoir indiqué l’attachement du Gouvernement à ce dispositif, après avoir marqué son opposition à la droite sénatoriale, Mme la ministre Firmin Le Bodo s’est totalement dédite en émettant un avis de sagesse, synonyme de blanc-seing pour cette même droite sénatoriale.
Madame la Première ministre, la tempête Ciaran a très durement éprouvé la Bretagne. Il faut tout d'abord saluer l'engagement exceptionnel des pompiers, des agents des forces de l'ordre et de la sécurité civile, de ceux des collectivités territoriales, mais aussi de ceux des opérateurs, en particulier d'Enedis.
Honorons la mémoire des victimes et rendons hommage à Frédéric Despaux, agent d'Enedis décédé dans l'exercice de ses fonctions. Nos pensées vont à sa famille et à ses collègues éplorés.
Le monde agricole est très lourdement touché. Une réunion du comité catastrophe naturelle a été annoncée pour le 14 novembre, soit deux semaines après le début de la tempête : c'est bien tard ! En dépit de la promesse du Président de la République, réitérée par le Gouvernement, hier, devant l'Assemblée nationale, nous avons eu confirmation depuis lors que les dégâts provoqués par la tempête n'entraient pas dans le champ de cette garantie. Qu'en est-il précisément ?
En ce qui concerne l'approvisionnement en électricité, vous citez la part des foyers qu'il reste encore à raccorder au réseau, mais, en réalité, ce sont plusieurs dizaines de milliers de Bretonnes et de Bretons qui n'en peuvent plus des promesses non tenues !
De très nombreuses défaillances nous sont rapportées tous les jours : dans la mesure où les préfectures ne fournissent pas de téléphones satellitaires, des élus du Finistère ont été contraints d'improviser un réseau radio citizen -band (CB) ; une usine d'eau potable a été dépriorisée dans les Côtes-d'Armor ; une station d'épuration s'est retrouvée privée d'électricité dans le Morbihan – le maire a été obligé d'appeler le copain d'un copain chez Enedis, faute de disposer des coordonnées de responsables, celles-ci n'ayant pas été transmises en amont aux élus – ; des élus ont dû utiliser leur propre véhicule pour aller chercher des groupes électrogènes, envoyés en Bretagne trois jours après le début de la tempête ; enfin, un maire a été obligé de faire six relances différentes en six jours pour mettre en sécurité deux points critiques.
« Perdus au milieu de nulle part », pour reprendre leurs termes, obligés d'endosser des responsabilités majeures sans disposer des bonnes informations et des moyens appropriés, les maires et les élus sont à bout. La sous-traitance de l'État confine désormais à la maltraitance. Nous voyons là les effets directs du désarmement de nos services publics, du sous-investissement chronique et de la logique du flux tendu, qui ne nous permettent pas de faire face aux épreuves d'un monde qui se dérègle.
Face à la multiplication prévisible des catastrophes climatiques, il est urgent d'agir. Quelles actions concrètes allez-vous mettre en œuvre pour que cette situation ne se reproduise plus ?
Madame la Première ministre, la tempête Ciaran a très durement éprouvé la Bretagne. Il faut tout d'abord saluer l'engagement exceptionnel des pompiers, des agents des forces de l'ordre et de la sécurité civile, de ceux des collectivités territoriales, mais aussi de ceux des opérateurs, en particulier d'Enedis.
Honorons la mémoire des victimes et rendons hommage à Frédéric Despaux, agent d'Enedis décédé dans l'exercice de ses fonctions. Nos pensées vont à sa famille et à ses collègues éplorés.
Le monde agricole est très lourdement touché. Une réunion du comité catastrophe naturelle a été annoncée pour le 14 novembre, soit deux semaines après le début de la tempête : c'est bien tard ! En dépit de la promesse du Président de la République, réitérée par le Gouvernement, hier, devant l'Assemblée nationale, nous avons eu confirmation depuis lors que les dégâts provoqués par la tempête n'entraient pas dans le champ de cette garantie. Qu'en est-il précisément ?
En ce qui concerne l'approvisionnement en électricité, vous citez la part des foyers qu'il reste encore à raccorder au réseau, mais, en réalité, ce sont plusieurs dizaines de milliers de Bretonnes et de Bretons qui n'en peuvent plus des promesses non tenues !
De très nombreuses défaillances nous sont rapportées tous les jours : dans la mesure où les préfectures ne fournissent pas de téléphones satellitaires, des élus du Finistère ont été contraints d'improviser un réseau radio citizen -band (CB) ; une usine d'eau potable a été dépriorisée dans les Côtes-d'Armor ; une station d'épuration s'est retrouvée privée d'électricité dans le Morbihan – le maire a été obligé d'appeler le copain d'un copain chez Enedis, faute de disposer des coordonnées de responsables, celles-ci n'ayant pas été transmises en amont aux élus – ; des élus ont dû utiliser leur propre véhicule pour aller chercher des groupes électrogènes, envoyés en Bretagne trois jours après le début de la tempête ; enfin, un maire a été obligé de faire six relances différentes en six jours pour mettre en sécurité deux points critiques.
« Perdus au milieu de nulle part », pour reprendre leurs termes, obligés d'endosser des responsabilités majeures sans disposer des bonnes informations et des moyens appropriés, les maires et les élus sont à bout. La sous-traitance de l'État confine désormais à la maltraitance. Nous voyons là les effets directs du désarmement de nos services publics, du sous-investissement chronique et de la logique du flux tendu, qui ne nous permettent pas de faire face aux épreuves d'un monde qui se dérègle.
Face à la multiplication prévisible des catastrophes climatiques, il est urgent d'agir. Quelles actions concrètes allez-vous mettre en œuvre pour que cette situation ne se reproduise plus ?
Applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.
La parole est à Mme la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales et de la ruralité.
Monsieur le sénateur Uzenat, je veux tout d'abord rappeler que les dommages causés par les vents violents sont couverts par la garantie tempête des polices d'assurance souscrites par les collectivités, en vertu de l'article L.122-7 du code des assurances.
Par ailleurs, comme vous l'avez souligné, monsieur le sénateur, le Président de la République a indiqué, lors de son déplacement dans le Finistère vendredi dernier, que l'état de catastrophe naturelle et celui de calamité agricole seront activés très rapidement : le comité catastrophe naturelle se réunira sur ce sujet le 14 novembre. Vous trouvez que ce délai est un peu long, mais il est quand même très court, monsieur le sénateur ! Le décret paraîtra dans les jours qui suivront. Ce mécanisme bénéficiera évidemment aux collectivités territoriales et permettra, notamment, de couvrir les dommages liés aux phénomènes de submersion ou de débordement des cours d'eau.
Si des difficultés survenaient avec les assureurs quant au remboursement des dommages, nous ferions le nécessaire avec le médiateur des assurances, dont vous savez qu'il peut, depuis le mois de septembre, être saisi par les collectivités elles-mêmes.
Nous disposons enfin de la dotation de solidarité en faveur de l'équipement des collectivités territoriales et de leurs groupements touchés par des événements climatiques ou géologiques, qui permet, dans de tels cas, de prendre en charge la réparation des dégâts causés aux biens des collectivités. J'ai demandé la semaine dernière à la direction générale des collectivités locales (DGCL) d'adresser aux préfets concernés un message pour leur rappeler les conditions d'engagement de cette dotation, afin que les prises en charge puissent être rapides et significatives. J'y veillerai personnellement.
Par ailleurs, le ministre de l'agriculture poursuit les travaux d'évaluation des dégâts, afin d'enclencher toutes les procédures de reconnaissance de l'état de calamité agricole dans les délais les plus courts. Les pertes de récoltes seront prises en charge dans le cadre du nouveau système assurantiel, y compris pour les agriculteurs non assurés, par le biais de l'indemnité de solidarité nationale.
Comme chaque fois, nous serons, bien entendu, aux côtés des collectivités, des agriculteurs et de tous nos concitoyens.
Monsieur le sénateur Uzenat, je veux tout d'abord rappeler que les dommages causés par les vents violents sont couverts par la garantie tempête des polices d'assurance souscrites par les collectivités, en vertu de l'article L.122-7 du code des assurances.
Par ailleurs, comme vous l'avez souligné, monsieur le sénateur, le Président de la République a indiqué, lors de son déplacement dans le Finistère vendredi dernier, que l'état de catastrophe naturelle et celui de calamité agricole seront activés très rapidement : le comité catastrophe naturelle se réunira sur ce sujet le 14 novembre. Vous trouvez que ce délai est un peu long, mais il est quand même très court, monsieur le sénateur ! Le décret paraîtra dans les jours qui suivront. Ce mécanisme bénéficiera évidemment aux collectivités territoriales et permettra, notamment, de couvrir les dommages liés aux phénomènes de submersion ou de débordement des cours d'eau.
Si des difficultés survenaient avec les assureurs quant au remboursement des dommages, nous ferions le nécessaire avec le médiateur des assurances, dont vous savez qu'il peut, depuis le mois de septembre, être saisi par les collectivités elles-mêmes.
Nous disposons enfin de la dotation de solidarité en faveur de l'équipement des collectivités territoriales et de leurs groupements touchés par des événements climatiques ou géologiques, qui permet, dans de tels cas, de prendre en charge la réparation des dégâts causés aux biens des collectivités. J'ai demandé la semaine dernière à la direction générale des collectivités locales (DGCL) d'adresser aux préfets concernés un message pour leur rappeler les conditions d'engagement de cette dotation, afin que les prises en charge puissent être rapides et significatives. J'y veillerai personnellement.
Par ailleurs, le ministre de l'agriculture poursuit les travaux d'évaluation des dégâts, afin d'enclencher toutes les procédures de reconnaissance de l'état de calamité agricole dans les délais les plus courts. Les pertes de récoltes seront prises en charge dans le cadre du nouveau système assurantiel, y compris pour les agriculteurs non assurés, par le biais de l'indemnité de solidarité nationale.
Comme chaque fois, nous serons, bien entendu, aux côtés des collectivités, des agriculteurs et de tous nos concitoyens.
M. François Patriat applaudit.
M. le président. La parole est à Mme Agnès Evren, pour le groupe Les Républicains.
Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains
Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
Dès votre prise de fonction, monsieur le ministre, et à nouveau il y a quelques jours, vous avez prononcé des mots forts contre le harcèlement. Votre position a été courageuse : parents, enseignants, victimes, tous avaient besoin d'entendre ce message clair. L'omerta était devenue insupportable.
Les chiffres, publiés hier, du sondage réalisé par l'Institut français d'opinion publique (Ifop) pour le compte de l'association Marion la main tendue sont accablants : un jeune sur cinq est victime de harcèlement scolaire, soit deux fois plus qu'auparavant ; la moitié des victimes ne parlent pas ; près de 80 % des parents se disent inquiets. Il y a donc urgence.
Les faits, je le rappelle, sont sans précédent. Auparavant, le harcèlement scolaire s'arrêtait aux grilles de l'école, à 16 heures 30. Aujourd'hui, il se répand vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur les réseaux sociaux, comme TikTok, Instagram ou Snapchat, qui, par leur viralité, en démultiplient les effets, avec des conséquences dramatiques, et ne laissent aucun répit aux victimes.
Vous avez annoncé 30 millions d'euros supplémentaires pour la création de brigades anti-harcèlement. Ces moyens seront-ils suffisants ? En effet, trop d'établissements gèrent la pénurie : celle des médecins, des psychologues, des infirmières scolaires.
Pouvez-vous nous confirmer que tous les personnels scolaires seront désormais systématiquement formés pour prévenir et détecter ces faits ? Allez-vous rendre obligatoires les questionnaires d'auto-évaluation, alors que les deux heures de temps scolaire banalisées sont facultatives ?
Enfin, en matière de sanctions, pouvez-vous nous donner des précisions sur la mise en place des mesures d'éloignement du harceleur pour protéger la victime ? Ces dispositions, je tiens à le rappeler, avaient déjà été proposées par notre collègue Marie Mercier dans sa proposition de loi, cosignée par 215 sénateurs siégeant sur toutes les travées de cet hémicycle ?
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
Dès votre prise de fonction, monsieur le ministre, et à nouveau il y a quelques jours, vous avez prononcé des mots forts contre le harcèlement. Votre position a été courageuse : parents, enseignants, victimes, tous avaient besoin d'entendre ce message clair. L'omerta était devenue insupportable.
Les chiffres, publiés hier, du sondage réalisé par l'Institut français d'opinion publique (Ifop) pour le compte de l'association Marion la main tendue sont accablants : un jeune sur cinq est victime de harcèlement scolaire, soit deux fois plus qu'auparavant ; la moitié des victimes ne parlent pas ; près de 80 % des parents se disent inquiets. Il y a donc urgence.
Les faits, je le rappelle, sont sans précédent. Auparavant, le harcèlement scolaire s'arrêtait aux grilles de l'école, à 16 heures 30. Aujourd'hui, il se répand vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur les réseaux sociaux, comme TikTok, Instagram ou Snapchat, qui, par leur viralité, en démultiplient les effets, avec des conséquences dramatiques, et ne laissent aucun répit aux victimes.
Vous avez annoncé 30 millions d'euros supplémentaires pour la création de brigades anti-harcèlement. Ces moyens seront-ils suffisants ? En effet, trop d'établissements gèrent la pénurie : celle des médecins, des psychologues, des infirmières scolaires.
Pouvez-vous nous confirmer que tous les personnels seront désormais systématiquement formés pour prévenir et détecter ces faits ? Allez-vous rendre obligatoires les questionnaires d'auto-évaluation, alors que les deux heures de temps scolaire banalisées sont facultatives ?
Enfin, en matière de sanctions, pouvez-vous nous donner des précisions sur la mise en place des mesures d'éloignement du harceleur pour protéger la victime ? Ces dispositions, je tiens à le rappeler, avaient déjà été proposées par notre collègue Marie Mercier dans la proposition de loi qu'elle a déposée, texte qui a été cosigné par 215 sénateurs, siégeant sur toutes les travées de cet hémicycle ?
Marques d'approbation sur les travées du groupe Les Républicains.
Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.
Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC. – M. Jean-Baptiste Lemoyne applaudit également.
La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
Monsieur le sénateur Patrick Kanner, vous avez entamé, ce lundi, l’examen du projet de loi défendu par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.
Ce projet de loi vise à atteindre un double objectif : d’une part, éloigner plus rapidement ceux qui n’ont pas vocation à rester sur notre sol ; d’autre part, mieux intégrer ceux que nous choisissons d’accueillir.
Madame la sénatrice Evren, s'il est une cause qui peut nous rassembler par-delà les clivages politiques, je crois profondément que c'est la lutte contre le harcèlement scolaire. Ce fléau est absolument insupportable : des élèves vont à l'école la boule au ventre, parfois ils se donnent la mort, parce qu'ils subissent des brimades, des insultes, des coups.
Je vous remercie donc pour votre question très constructive. Pour lutter contre ce fléau, je vous le confirme, nous avons besoin de toutes les bonnes idées : celles qui ont été défendues ici même par le groupe Les Républicains, ces dernières années, notamment par Mme Mercier, nous inspirent évidemment dans notre action. §
Vous m'avez posé trois questions très concrètes.
La première concerne la formation. Oui, nous généralisons le programme de lutte contre le harcèlement à l'école (pHARe), aux termes duquel chaque établissement scolaire doit comprendre au moins cinq adultes réellement formés à la lutte contre le harcèlement : des enseignants, des personnels de vie scolaire, mais aussi d'autres personnels : nous avons ainsi constaté qu'il était très utile de former des agents de la cantine, car ils voient beaucoup de choses et peuvent détecter et signaler certains faits.
La deuxième question porte sur le questionnaire d'auto-évaluation. Demain sera organisée, comme chaque année, la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école. Les années précédentes, un tiers environ des établissements organisaient une action à cette occasion. Cette année, j'ai décidé que tous les établissements scolaires devraient participer.
J'indique aussi, pour vous répondre très concrètement, que les deux heures de temps scolaire banalisées ne sont absolument pas optionnelles. La classe devra s'arrêter pendant deux heures dans tous les établissements : ce temps sera consacré à débattre du harcèlement et à remplir le questionnaire d'auto-évaluation que nous avons rédigé avec Marcel Rufo, Éric Debarbieux et Nicole Catheline.
La troisième question, enfin, porte sur le changement des règles en matière de sanctions. Je l'ai dit cet été, dès mon entrée en fonctions, c'est au harceleur de quitter l'établissement et non plus au harcelé.
Madame la sénatrice Evren, s'il est une cause qui peut nous rassembler par-delà les clivages politiques, je crois profondément que c'est la lutte contre le harcèlement scolaire. Ce fléau est absolument insupportable : des élèves vont à l'école la boule au ventre, parfois ils se donnent la mort, parce qu'ils subissent des brimades, des insultes, des coups.
Je vous remercie donc pour votre question très constructive. Pour lutter contre ce fléau, je vous le confirme, nous avons besoin de toutes les bonnes idées : celles qui ont été défendues ici même par le groupe Les Républicains, ces dernières années, notamment par Mme Mercier, nous inspirent évidemment dans notre action. §
Vous m'avez posé trois questions très concrètes.
La première concerne la formation. Oui, nous généralisons le programme de lutte contre le harcèlement à l'école (pHARe), aux termes duquel chaque établissement scolaire doit comprendre au moins cinq adultes réellement formés à la lutte contre le harcèlement : des enseignants, des personnels de vie scolaire, mais aussi d'autres personnels : nous avons ainsi constaté qu'il était très utile de former des agents de la cantine, car ils voient beaucoup de choses et peuvent détecter et signaler certains faits.
La deuxième question porte sur le questionnaire d'auto-évaluation. Demain sera organisée, comme chaque année, la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école. Les années précédentes, un tiers environ des établissements organisaient une action à cette occasion. Cette année, j'ai décidé que tous les établissements scolaires devraient participer.
J'indique aussi, pour vous répondre très concrètement, que les deux heures de temps scolaire banalisées ne sont absolument pas optionnelles. La classe devra s'arrêter pendant deux heures dans tous les établissements : ce temps sera consacré à débattre du harcèlement et à remplir le questionnaire d'auto-évaluation que nous avons rédigé avec Marcel Rufo, Éric Debarbieux et Nicole Catheline.
La troisième question, enfin, porte sur le changement des règles en matière de sanctions. Je l'ai dit cet été, dès mon entrée en fonctions, c'est au harceleur de quitter l'établissement et non plus au harcelé.
Applaudissements sur des travées des groupes Les Républicains, UC et RDSE.
Vous m’interrogez spécifiquement sur l’AME.
Ma position est sans ambiguïté. C’est celle de mon gouvernement et elle a été exprimée très clairement hier.
Monsieur le sénateur Patrick Kanner, vous avez entamé, ce lundi, l’examen du projet de loi défendu par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.
Ce projet de loi vise à atteindre un double objectif : d’une part, éloigner plus rapidement ceux qui n’ont pas vocation à rester sur notre sol ; d’autre part, mieux intégrer ceux que nous choisissons d’accueillir.
Je vous le confirme, cette règle s'applique. À Mont-de-Marsan, par exemple, un lycéen qui faisait l'objet de harcèlement depuis la rentrée scolaire l'a signalé, le 9 octobre, au chef d'établissement, qui l'a accompagné dans le dépôt d'une plainte. Une semaine plus tard, les trois élèves harceleurs, âgés de 15 et 16 ans, ont été interpellés par les forces de police et placés en garde à vue. Ils passeront devant le juge des enfants le 15 novembre et ont d'ores et déjà été exclus de l'établissement.
Comme eux, plusieurs dizaines de jeunes harceleurs ont déjà été exclus de leur établissement depuis que j'ai pris cette décision. La peur et la honte sont en train de changer de camp. Évidemment, il reste du travail pour que cette mesure s'applique partout, mais vous pouvez compter sur ma mobilisation, comme je sais pouvoir compter sur la vôtre, pour avancer. §
Je vous le confirme, cette règle s'applique. À Mont-de-Marsan, par exemple, un lycéen qui faisait l'objet de harcèlement depuis la rentrée scolaire l'a signalé, le 9 octobre, au chef d'établissement, qui l'a accompagné dans le dépôt d'une plainte. Une semaine plus tard, les trois élèves harceleurs, âgés de 15 et 16 ans, ont été interpellés par les forces de police et placés en garde à vue. Ils passeront devant le juge des enfants le 15 novembre et ont déjà été exclus de l'établissement.
Comme eux, plusieurs dizaines de jeunes harceleurs ont déjà été exclus de leur établissement depuis que j'ai pris cette décision. La peur et la honte sont en train de changer de camp. Évidemment, il reste du travail pour que cette mesure s'applique partout, mais vous pouvez compter sur ma mobilisation, comme je sais pouvoir compter sur la vôtre, pour avancer. §
Vous m’interrogez spécifiquement sur l’AME.
Ma position est sans ambiguïté. C’est celle de mon gouvernement et elle a été exprimée très clairement hier.
Mme Agnès Evren . Je vous remercie pour vos précisions, monsieur le ministre. Rappelons cependant qu'en dépit des nombreuses annonces faites, notamment il y a quelques années, sur le respect de la laïcité à l'école, force est de constater que celle-ci a rarement été aussi fragilisée. J'ose espérer qu'il n'en sera pas de même pour la lutte contre le harcèlement scolaire.
L’AME est un dispositif nécessaire, qui répond à un impératif de santé publique.
Mme Agnès Evren . Je vous remercie pour vos précisions, monsieur le ministre. Rappelons cependant qu'en dépit des nombreuses annonces faites, notamment il y a quelques années, sur le respect de la laïcité à l'école, force est de constater que celle-ci a rarement été aussi fragilisée. J'ose espérer qu'il n'en sera pas de même pour la lutte contre le harcèlement scolaire.
Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.
L’AME est un dispositif nécessaire, qui répond à un impératif de santé publique.
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer ; elle s'inscrit aussi dans le cadre de l'examen, en cours, du projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration par notre assemblée.
L'article 78-2 du code de procédure pénale dispose que toute personne peut être contrôlée dans une zone de vingt kilomètres en deçà de la frontière terrestre de la France avec les États de l'espace Schengen.
Ainsi, un étranger qui arrive en France sans en avoir l'autorisation ou sans disposer des documents nécessaires pour s'y établir s'expose à un refus d'entrée sur le territoire et peut être placé en zone d'attente, le temps pour l'administration d'organiser son retour. Cette procédure, qui dure quelques heures seulement, parfois jusqu'à vingt-quatre heures, avait fait la preuve de son efficacité.
Pourtant, dans un arrêt du 21 septembre dernier, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a estimé que la France ne peut pas procéder au refoulement vers un pays voisin d'une personne migrante entrée illégalement sur le territoire sans que celle-ci puisse bénéficier d'un certain délai pour le quitter volontairement. Cet arrêt se traduira, sur le terrain, par la mise en place d'une procédure administrative de réadmission, qui impose de respecter ce délai, ce qui va à l'encontre du message de fermeté et d'efficacité proclamé par le Gouvernement, ainsi que par notre assemblée.
Cette décision de la Cour de justice de l'Union européenne court-circuite le droit national et nos procédures administratives, dans un contexte où la gestion des flux migratoires est très problématique. Je le constate dans mon département, les Hautes-Alpes, où les migrants passent régulièrement entre l'Italie et la France, via notamment les cols de l'Échelle ou de Montgenèvre. Malheureusement, ni l'accueil des migrants ni la surveillance frontalière ne sont à la hauteur de nos exigences démocratiques.
Comment l'État prendra-t-il en compte la décision de la CJUE, alors que nous discutons actuellement un projet de loi relatif à l'immigration ?
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Elle doit permettre de soigner les personnes malades qui sont sur notre sol. Elle constitue aussi une protection pour l’ensemble de nos concitoyens, car elle permet de prévenir la propagation de certaines maladies.
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer ; elle s'inscrit aussi dans le cadre de l'examen, en cours, du projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration par notre assemblée.
L'article 78-2 du code de procédure pénale dispose que toute personne peut être contrôlée dans une zone de vingt kilomètres en deçà de la frontière terrestre de la France avec les États de l'espace Schengen.
Ainsi, un étranger qui arrive en France sans en avoir l'autorisation ou sans disposer des documents nécessaires pour s'y établir s'expose à un refus d'entrée sur le territoire et peut être placé en zone d'attente, le temps pour l'administration d'organiser son retour. Cette procédure, qui dure quelques heures seulement, parfois jusqu'à vingt-quatre heures, avait fait la preuve de son efficacité.
Pourtant, dans un arrêt du 21 septembre dernier, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a estimé que la France ne peut pas procéder au refoulement vers un pays voisin d'une personne migrante entrée illégalement sur le territoire sans que celle-ci puisse bénéficier d'un certain délai pour le quitter volontairement. Cet arrêt se traduira, sur le terrain, par la mise en place d'une procédure administrative de réadmission, qui impose de respecter ce délai, ce qui va à l'encontre du message de fermeté et d'efficacité proclamé par le Gouvernement, ainsi que par notre assemblée.
Cette décision de la Cour de justice de l'Union européenne court-circuite le droit national et nos procédures administratives, dans un contexte où la gestion des flux migratoires est très problématique. Je le constate dans mon département, les Hautes-Alpes, où les migrants passent régulièrement entre l'Italie et la France, via notamment les cols de l'Échelle ou de Montgenèvre. Malheureusement, ni l'accueil des migrants ni la surveillance frontalière ne sont à la hauteur de nos exigences démocratiques.
Comment l'État prendra-t-il en compte la décision de la CJUE, alors que nous discutons actuellement un projet de loi sur l'immigration ?
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Elle doit permettre de soigner les personnes malades qui sont sur notre sol. Elle constitue aussi une protection pour l’ensemble de nos concitoyens, car elle permet de prévenir la propagation de certaines maladies.
Monsieur le sénateur, comme vous le savez, à la demande du Président de la République, nous avons expérimenté dans votre département des Hautes-Alpes, ainsi que dans celui des Alpes-Maritimes, une nouvelle façon de tenir la frontière, en renforçant les moyens de manière très importante et en instaurant un commandement unique pour l'ensemble des forces de tous les ministères qui contribuent à la protection de cette frontière.
Ce dispositif est très efficace, puisque les non-admissions et les retours dans les pays d'origine ont augmenté de 70 % depuis le début de cette expérimentation, le 1er juillet dernier, tandis que plus de 60 000 refus d'entrée ont été prononcés depuis le début de l'année.
Dans la mesure où c'est le Conseil d'État qui avait saisi la Cour de justice de l'Union européenne dans le cadre d'une question préjudicielle – celle que vous évoquez –, c'est à lui aussi qu'il revient désormais d'interpréter la décision de la CJUE.
Contrairement à ce que j'ai parfois pu lire, cette décision permet aux États européens de rétablir des contrôles aux frontières intérieures : c'est ce que nous faisons depuis 2015 et que nous continuerons à faire en raison de la menace terroriste très forte, en particulier dans la perspective des jeux Olympiques et Paralympiques l'année prochaine.
Il est donc possible d'organiser des contrôles aux frontières intérieures. Tel était l'objet de la question préjudicielle, puisque le Conseil d'État avait été saisi par plusieurs associations militantes. Désormais le Conseil d'État doit nous indiquer comment il convient de mettre en place un système de retenue avant que les gens repartent spontanément dans le pays dont ils ont traversé la frontière – l'Italie, dans le cas qui vous concerne, monsieur le sénateur.
Nous espérons que le Conseil d'État donnera la possibilité à la police de ne pas se trouver engoncée dans des procédures administratives ou judiciaires, et décrira un système s'apparentant à la garde à vue, ce qui serait sans doute une lecture un peu restrictive de la décision de la CJUE. En tout cas, le ministère de l'intérieur espère convaincre le Conseil d'État, qui devra nous préciser comment les policiers et les gendarmes peuvent travailler.
Nous pensons que le droit européen est tout à fait compatible avec ce que nous faisons, notamment dans le cadre de l'expérimentation que nous menons depuis le 1er juillet, c'est-à-dire un travail en commun de tous les ministères, afin de procéder à des refus d'admission aussi rapides que possible dès qu'une personne pénètre irrégulièrement sur le territoire national.
J'attends donc avec confiance la décision du Conseil d'État. Oui, nous pouvons réaliser des contrôles intérieurs et refuser des admissions : espérons que nous pourrons le faire dans un cadre aussi simple que possible pour les policiers.
La prise en charge, au plus tôt, des infections respiratoires, des hépatites ou encore du VIH est une nécessité.
Je veux ensuite souligner que l’AME est un dispositif très encadré et surveillé. C’est même le dispositif le plus contrôlé de l’assurance maladie.
Monsieur le sénateur, comme vous le savez, à la demande du Président de la République, nous avons expérimenté dans votre département des Hautes-Alpes, ainsi que dans celui des Alpes-Maritimes, une nouvelle façon de tenir la frontière, en renforçant les moyens de manière très importante et en instaurant un commandement unique pour l'ensemble des forces de tous les ministères qui contribuent à la protection de cette frontière.
Ce dispositif est très efficace, puisque les non-admissions et les retours dans les pays d'origine ont augmenté de 70 % depuis le début de cette expérimentation, le 1er juillet dernier, tandis que plus de 60 000 refus d'entrée ont été prononcés depuis le début de l'année.
Dans la mesure où c'est le Conseil d'État qui avait saisi la Cour de justice de l'Union européenne dans le cadre d'une question préjudicielle – celle que vous évoquez –, c'est à lui aussi qu'il revient désormais d'interpréter la décision de la CJUE.
Contrairement à ce que j'ai parfois pu lire, cette décision permet aux États européens de rétablir des contrôles aux frontières intérieures : c'est ce que nous faisons depuis 2015 et que nous continuerons à faire en raison de la menace terroriste très forte, en particulier dans la perspective des jeux Olympiques et Paralympiques l'année prochaine.
Il est donc possible d'organiser des contrôles aux frontières intérieures. Tel était l'objet de la question préjudicielle, puisque le Conseil d'État avait été saisi par plusieurs associations militantes. Désormais le Conseil d'État doit nous indiquer comment il convient de mettre en place un système de retenue avant que les gens repartent spontanément dans le pays dont ils ont traversé la frontière – l'Italie, dans le cas qui vous concerne, monsieur le sénateur.
Nous espérons que le Conseil d'État donnera la possibilité à la police de ne pas se trouver engoncée dans des procédures administratives ou judiciaires, et décrira un système s'apparentant à la garde à vue, ce qui serait sans doute une lecture un peu restrictive de la décision de la CJUE. En tout cas, le ministère de l'intérieur espère convaincre le Conseil d'État, qui devra nous préciser comment les policiers et les gendarmes peuvent travailler.
Nous pensons que le droit européen est tout à fait compatible avec ce que nous faisons, notamment dans le cadre de l'expérimentation que nous menons depuis le 1er juillet, c'est-à-dire un travail en commun de tous les ministères, afin de procéder à des refus d'admission aussi rapides que possible dès qu'une personne pénètre irrégulièrement sur le territoire national.
J'attends donc avec confiance la décision du Conseil d'État. Oui, nous pouvons réaliser des contrôles intérieurs et refuser des admissions : espérons que nous pourrons le faire dans un cadre aussi simple que possible pour les policiers.
Je vous remercie pour votre réponse, monsieur le ministre. Nous attendons donc la décision du Conseil d'État.
Je me permets d'appeler votre attention sur deux points relatifs à la frontière avec l'Italie dans mon département. Tout d'abord, il est nécessaire d'accompagner dignement les personnes migrantes qui franchissent la frontière : elles sont actuellement accueillies dans des bungalows à 1 850 mètres d'altitude. Ensuite, il convient de renforcer durablement le contrôle à la frontière italienne, notamment dans sa partie centrale, avec un escadron de gendarmerie permanent : celui-ci est indispensable pour garantir l'efficacité des efforts de nos services.
Pour débattre de ce sujet, nous avons besoin d’un diagnostic précis, objectif et actualisé. C’est l’objet de la mission qui a été confiée à Patrick Stefanini et Claude Évin par le ministre de l’intérieur, le ministre de la santé et la ministre déléguée Firmin le Bodo.
La prise en charge, au plus tôt, des infections respiratoires, des hépatites ou encore du VIH est une nécessité.
Je veux ensuite souligner que l’AME est un dispositif très encadré et surveillé. C’est même le dispositif le plus contrôlé de l’assurance maladie.
Je vous remercie pour votre réponse, monsieur le ministre. Nous attendons donc la décision du Conseil d'État.
Je me permets d'appeler votre attention sur deux points relatifs à la frontière avec l'Italie dans mon département. Tout d'abord, il est nécessaire d'accompagner dignement les personnes migrantes qui franchissent la frontière : elles sont actuellement accueillies dans des bungalows à 1 850 mètres d'altitude. Ensuite, il convient de renforcer durablement le contrôle à la frontière italienne, notamment dans sa partie centrale, avec un escadron de gendarmerie permanent : celui-ci est indispensable pour garantir l'efficacité des efforts de nos services.
Cette dernière a eu l’occasion de vous le dire hier : cet état des lieux est indispensable. Il permettra, le cas échéant, de proposer des évolutions de l’AME.
Nous attendons les conclusions de la mission, qui doivent être rendues d’ici au début du mois de décembre.
Pour débattre de ce sujet, nous avons besoin d’un diagnostic précis, objectif et actualisé. C’est l’objet de la mission qui a été confiée à Patrick Stefanini et Claude Évin par le ministre de l’intérieur, le ministre de la santé et la ministre déléguée Firmin le Bodo.
Elles seront naturellement rendues publiques et le Gouvernement en tirera les conséquences dans la suite du débat parlementaire.
Je veux cependant rappeler que l’AME a déjà été réformée en 2019, dans le cadre naturel qu’est une loi de financement de la sécurité sociale.
Cette dernière a eu l’occasion de vous le dire hier : cet état des lieux est indispensable. Il permettra, le cas échéant, de proposer des évolutions de l’AME.
Nous attendons les conclusions de la mission, qui doivent être rendues d’ici au début du mois de décembre.
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Monsieur Kanner, ma méthode est constante : les faits, le débat, la recherche d’efficacité. C’est l’inverse même du dogmatisme et des postures.
Elles seront naturellement rendues publiques et le Gouvernement en tirera les conséquences dans la suite du débat parlementaire.
Je veux cependant rappeler que l’AME a déjà été réformée en 2019, dans le cadre naturel qu’est une loi de financement de la sécurité sociale.
Lors du scrutin n° 24 sur l'article 1er I du projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration, Mme Élisabeth Doineau souhaitait voter contre.
Acte est donné de cette mise au point. Elle sera publiée au Journal officiel et figurera dans l'analyse politique du scrutin.
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Monsieur Kanner, ma méthode est constante : les faits, le débat, la recherche d’efficacité. C’est l’inverse même du dogmatisme et des postures.
J'informe le Sénat qu'une candidature pour siéger au sein de la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation a été publiée.
Cette candidature sera ratifiée si la présidence n'a pas reçu d'opposition dans le délai d'une heure prévu par notre règlement.
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Cette méthode, c’est celle de mon Gouvernement, sur ce texte comme sur les autres.
L'ordre du jour appelle la désignation des vingt-trois membres de la commission d'enquête sur l'impact du narco-trafic en France et les mesures à prendre pour y remédier.
En application de l'article 8 ter, alinéa 5, de notre règlement, les listes des candidats présentés par les groupes ont été publiées.
Ces candidatures seront ratifiées si la présidence ne reçoit pas d'opposition dans le délai d'une heure prévu par notre règlement.
Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Cette méthode, c’est celle de mon Gouvernement, sur ce texte comme sur les autres.
L'ordre du jour appelle la désignation des vingt-trois membres de la commission d'enquête sur l'impact du narco-trafic en France et les mesures à prendre pour y remédier.
En application de l'article 8 ter, alinéa 5, de notre règlement, les listes des candidats présentés par les groupes ont été publiées.
Ces candidatures seront ratifiées si la présidence ne reçoit pas d'opposition dans le délai d'une heure prévu par notre règlement.
L'ordre du jour appelle la désignation des vingt et un membres de la délégation sénatoriale aux outre‑mer autres que les vingt et un sénateurs d'outre-mer, membres de droit.
En application de l'article 6 decies de l'ordonnance n° 58-1100 du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires et du chapitre XVII bis de l'instruction générale du bureau, les listes des candidats présentés par les groupes ont été publiées.
Ces candidatures seront ratifiées si la présidence ne reçoit pas d'opposition dans le délai d'une heure prévu par notre règlement.
rapport des inspections générales sur la gestion des stocks de procédures
L'ordre du jour appelle la désignation des vingt et un membres de la délégation sénatoriale aux outre‑mer autres que les vingt et un sénateurs d'outre-mer, membres de droit.
En application de l'article 6 decies de l'ordonnance n° 58-1100 du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires et du chapitre XVII bis de l'instruction générale du bureau, les listes des candidats présentés par les groupes ont été publiées.
Ces candidatures seront ratifiées si la présidence ne reçoit pas d'opposition dans le délai d'une heure prévu par notre règlement.
M. le président. La parole est à Mme Françoise Dumont, pour le groupe Les Républicains.
Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration (projet n° 304 [2022-2023], texte de la commission n° 434 rectifié [2022-2023], rapport n° 433 [2022-2023]).
Mme Françoise Dumont. Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, ma question s’adressait à M. le garde des sceaux, ministre de la justice.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration (projet n° 304 [2022-2023], texte de la commission n° 434 rectifié [2022-2023], rapport n° 433 [2022-2023]).
Le 27 octobre dernier, les journalistes de RMC ont dévoilé des éléments du rapport de l’inspection générale de l’administration (IGA), de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) et de l’inspection générale de la justice (IGJ) sur la gestion des stocks de procédures, présenté au Gouvernement en juin 2023.
Ce rapport, que j’ai demandé, à plusieurs reprises, à pouvoir consulter, tant à vos services, monsieur le ministre de l’intérieur, qu’à ceux du garde des sceaux, n’a pas été rendu public. Pourtant, des journalistes ont pu s’en procurer un exemplaire…
Dans ce document, il serait indiqué que, l’année dernière, les commissariats avaient à leur charge un stock ancien de 2, 7 millions de plaintes ; un tiers d’entre elles seraient en stock depuis plus de deux ans. Il faudrait y ajouter 3, 5 millions de nouvelles plaintes enregistrées dans le courant de l’année.
Il y serait aussi indiqué que, en moyenne, un policier doit traiter 180 dossiers par an. Pour les enquêteurs les plus spécialisés, on parle de 800 dossiers par an.
Le rapport préciserait que « des dossiers portant sur des faits graves dorment dans certains services sans avoir fait l’objet d’investigations alors même que les auteurs présumés ont été identifiés ». Et de conclure que, en l’absence de mesures correctrices et à délinquance équivalente, le stock de procédures pourrait continuer à augmenter d’ici à 2030 et passer à 3, 5 millions de plaintes en attente.
Dans un État de droit, il n’est pas possible de laisser des coupables dehors, en toute impunité. Dans un État de droit, il n’est pas possible de ne pas répondre au devoir de justice vis-à-vis des victimes.
Aussi, monsieur le ministre de l’intérieur, pourriez-vous nous préciser si cette situation est liée à un manque d’effectifs ?
Quelles sont, en outre, les dix-sept recommandations de ce rapport ? Le Gouvernement entend-il y donner suite et, si oui, quand ?
Enfin et surtout, pouvez-vous donner l’assurance, devant la représentation nationale, que l’ensemble des dossiers seront bien traités avant la fin des délais de prescription des éventuels actes, passibles de sanctions pénales, visés par les quelque 2, 7 millions de dossiers en souffrance ?
Exclamations amusées.
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, avec les articles 2 bis et 2 ter, nous allons aborder des sujets qui ne relèvent pas des questions migratoires, puisque ces articles, relatifs à la nationalité, modifient le code civil.
Par conséquent, conformément à l'article 44, alinéa 6, du règlement du Sénat, je demande la réserve de l'examen de ces articles à un moment où le garde des sceaux pourra être présent, §éventuellement ce soir.
Je m'excuse auprès de vous, monsieur le ministre de l'intérieur, mais votre collègue Éric Dupond-Moretti est davantage compétent sur ces sujets, et il me semble préférable pour tout le monde que nous en débattions avec le ministre qui en a la charge.
Le 27 octobre dernier, les journalistes de RMC ont dévoilé des éléments du rapport de l’inspection générale de l’administration (IGA), de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) et de l’inspection générale de la justice (IGJ) sur la gestion des stocks de procédures, présenté au Gouvernement en juin 2023.
Ce rapport, que j’ai demandé, à plusieurs reprises, à pouvoir consulter, tant à vos services, monsieur le ministre de l’intérieur, qu’à ceux du garde des sceaux, n’a pas été rendu public. Pourtant, des journalistes ont pu s’en procurer un exemplaire…
Dans ce document, il serait indiqué que, l’année dernière, les commissariats avaient à leur charge un stock ancien de 2, 7 millions de plaintes ; un tiers d’entre elles seraient en stock depuis plus de deux ans. Il faudrait y ajouter 3, 5 millions de nouvelles plaintes enregistrées dans le courant de l’année.
Il y serait aussi indiqué que, en moyenne, un policier doit traiter 180 dossiers par an. Pour les enquêteurs les plus spécialisés, on parle de 800 dossiers par an.
Le rapport préciserait que « des dossiers portant sur des faits graves dorment dans certains services sans avoir fait l’objet d’investigations alors même que les auteurs présumés ont été identifiés ». Et de conclure que, en l’absence de mesures correctrices et à délinquance équivalente, le stock de procédures pourrait continuer à augmenter d’ici à 2030 et passer à 3, 5 millions de plaintes en attente.
Dans un État de droit, il n’est pas possible de laisser des coupables dehors, en toute impunité. Dans un État de droit, il n’est pas possible de ne pas répondre au devoir de justice vis-à-vis des victimes.
Aussi, monsieur le ministre de l’intérieur, pourriez-vous nous préciser si cette situation est liée à un manque d’effectifs ?
Quelles sont, en outre, les dix-sept recommandations de ce rapport ? Le Gouvernement entend-il y donner suite et, si oui, quand ?
Enfin et surtout, pouvez-vous donner l’assurance, devant la représentation nationale, que l’ensemble des dossiers seront bien traités avant la fin des délais de prescription des éventuels actes, passibles de sanctions pénales, visés par les quelque 2, 7 millions de dossiers en souffrance ?
Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, avec les articles 2 bis et 2 ter, nous allons aborder des sujets qui ne relèvent pas des questions migratoires, puisque ces articles, relatifs à la nationalité, modifient le code civil.
Par conséquent, conformément à l'article 44, alinéa 6, du règlement du Sénat, je demande la réserve de l'examen de ces articles à un moment où le garde des sceaux pourra être présent, §éventuellement ce soir.
Je m'excuse auprès de vous, monsieur le ministre de l'intérieur, mais votre collègue Éric Dupond-Moretti est davantage compétent sur ces sujets, et il me semble préférable pour tout le monde que nous en débattions avec le ministre qui en a la charge.
Madame la sénatrice, c’est précisément parce que M. le garde des sceaux et moi-même avons conscience des grandes difficultés rencontrées au sein des forces de l’ordre et, notamment, de la filière d’investigation que nous avons commandé aux inspections de nos deux ministères un état des lieux. Nous le rendrons naturellement public ; il sera communiqué en premier lieu à la représentation nationale.
Effectivement, un peu moins de trois millions de plaintes n’ont pas été, à ce jour, suivies d’effet. Je rappelle tout de même que, si l’on agrège police et gendarmerie, le nombre de plaintes déposées chaque année atteint cinq millions. Pour de multiples raisons, nos compatriotes déposent un nombre très élevé de plaintes. Cela peut faire suite à des actes extrêmement graves, comme les atteintes à l’intégrité physique de personnes, ou à des atteintes matérielles, qui sont certes tout aussi graves et méritent une réponse, mais ne présentent pas le même caractère d’urgence.
Le stock élevé de procédures s’explique d’abord, il est vrai, par un manque chronique de policiers et de gendarmes. Grâce à votre vote – celui, en tout cas, de la grande majorité d’entre vous –, nous avons pu renforcer les effectifs de 17 000 postes de policiers et de gendarmes.
Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.
Il est défavorable, madame la présidente.
La commission mène son travail sur ces sujets depuis longtemps. Les rapporteurs y ont travaillé, en lien avec le cabinet du garde des sceaux et les services du ministère de la justice. Il n'y a donc pas de difficulté réelle.
Je comprends le côté malicieux…
Il faut dire que nous avons dû réparer beaucoup d’erreurs.
Madame la sénatrice, c’est précisément parce que M. le garde des sceaux et moi-même avons conscience des grandes difficultés rencontrées au sein des forces de l’ordre et, notamment, de la filière d’investigation que nous avons commandé aux inspections de nos deux ministères un état des lieux. Nous le rendrons naturellement public ; il sera communiqué en premier lieu à la représentation nationale.
Effectivement, un peu moins de trois millions de plaintes n’ont pas été, à ce jour, suivies d’effet. Je rappelle tout de même que, si l’on agrège police et gendarmerie, le nombre de plaintes déposées chaque année atteint cinq millions. Pour de multiples raisons, nos compatriotes déposent un nombre très élevé de plaintes. Cela peut faire suite à des actes extrêmement graves, comme les atteintes à l’intégrité physique de personnes, ou à des atteintes matérielles, qui sont certes tout aussi graves et méritent une réponse, mais ne présentent pas le même caractère d’urgence.
Le stock élevé de procédures s’explique d’abord, il est vrai, par un manque chronique de policiers et de gendarmes. Grâce à votre vote – celui, en tout cas, de la grande majorité d’entre vous –, nous avons pu renforcer les effectifs de 17 000 postes de policiers et de gendarmes.
Sourires.
M. François-Noël Buffet, président de la commission. … voire facétieux de cette demande, mais je veux dire à M. Kanner que, si l'un d'entre nous, quel que soit son groupe politique, se trouvait dans la situation qui est celle de M. le garde des sceaux aujourd'hui, je ne ferais pas une telle demande.
Cependant, nous ne pouvons créer ex nihilo des officiers de police judiciaire (OPJ). Le ministre de l’intérieur ne peut pas affecter des OPJ. Ces derniers doivent d’abord être formés.
Ainsi, la dernière loi de programmation du ministère de l’intérieur permet de créer des OPJ dès l’école de police et ainsi, dès cette année, d’envoyer dans les commissariats de jeunes OPJ sans attendre qu’ils passent le concours.
Par ailleurs, nous travaillons évidemment à la simplification de la procédure pénale, que ce soit dans le cadre d’une enquête de flagrance ou dans celui d’une enquête préliminaire. Votre assemblée a ainsi récemment adopté, sur l’initiative du garde des sceaux, un projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de la justice où figure cette simplification.
Un autre chantier est la numérisation. Lorsque je suis arrivé, voilà trois ans, au ministère de l’intérieur, toutes les procédures se faisaient sur papier. Ce n’est plus le cas que pour 50 % des procédures aujourd’hui. À l’instar de l’impôt à la source, la police doit se moderniser.
Au travers du même projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de la justice, les moyens des parquets et des greffes seront renforcés, les policiers travaillant sous leur autorité.
Enfin, madame la sénatrice, il est absolument évident que nous traiterons l’ensemble des procédures. Il n’y aura pas de délai de prescription lorsque des plaintes ont été déposées.
J’ai par ailleurs donné comme consigne – et renforcé les effectifs en ce sens – que l’on traite en priorité les affaires d’atteintes aux personnes, en particulier celles dont les victimes sont des femmes ou des enfants.
Il faut dire que nous avons dû réparer beaucoup d’erreurs.
M. François-Noël Buffet, président de la commission. … voire facétieux de cette demande, mais je veux dire à M. Kanner que, si l'un d'entre nous, quel que soit son groupe politique, se trouvait dans la situation qui est celle de M. le garde des sceaux aujourd'hui, je ne ferais pas une telle demande.
Applaudissementssur des travées du groupe Les Républicains.
Cependant, nous ne pouvons créer ex nihilo des officiers de police judiciaire (OPJ). Le ministre de l’intérieur ne peut pas affecter des OPJ. Ces derniers doivent d’abord être formés.
Ainsi, la dernière loi de programmation du ministère de l’intérieur permet de créer des OPJ dès l’école de police et ainsi, dès cette année, d’envoyer dans les commissariats de jeunes OPJ sans attendre qu’ils passent le concours.
Par ailleurs, nous travaillons évidemment à la simplification de la procédure pénale, que ce soit dans le cadre d’une enquête de flagrance ou dans celui d’une enquête préliminaire. Votre assemblée a ainsi récemment adopté, sur l’initiative du garde des sceaux, un projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de la justice où figure cette simplification.
Un autre chantier est la numérisation. Lorsque je suis arrivé, voilà trois ans, au ministère de l’intérieur, toutes les procédures se faisaient sur papier. Ce n’est plus le cas que pour 50 % des procédures aujourd’hui. À l’instar de l’impôt à la source, la police doit se moderniser.
Au travers du même projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de la justice, les moyens des parquets et des greffes seront renforcés, les policiers travaillant sous leur autorité.
Enfin, madame la sénatrice, il est absolument évident que nous traiterons l’ensemble des procédures. Il n’y aura pas de délai de prescription lorsque des plaintes ont été déposées.
J’ai par ailleurs donné comme consigne – et renforcé les effectifs en ce sens – que l’on traite en priorité les affaires d’atteintes aux personnes, en particulier celles dont les victimes sont des femmes ou des enfants.
Monsieur Kanner, cette demande n'est pas nécessaire, elle est sans doute indélicate et elle n'aurait pas de portée si votre assemblée devait la retenir.
Tout d'abord, ce n'est pas nécessaire, parce que, devant le Parlement, un ministre représente l'ensemble du Gouvernement – vous le savez très bien, puisque vous avez vous-même été ministre. Ne prétendons donc pas qu'un ministre ne pourrait pas répondre pour l'un de ses collègues !
Ensuite, ce n'est pas délicat, comme l'a très bien expliqué M. le président de la commission des lois. Vous ne demandez pas la même chose quand nous examinons un autre code que celui de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : vous ne demandez pas la réserve sur des articles qui touchent le code du travail sous prétexte que le ministre du travail n'est pas là ! §
Monsieur Kanner, cette demande n'est pas nécessaire, elle est sans doute indélicate et elle n'aurait pas de portée si votre assemblée devait la retenir.
Tout d'abord, ce n'est pas nécessaire, parce que, devant le Parlement, un ministre représente l'ensemble du Gouvernement – vous le savez très bien, puisque vous avez vous-même été ministre. Ne prétendons donc pas qu'un ministre ne pourrait pas répondre pour l'un de ses collègues !
Ensuite, ce n'est pas délicat, comme l'a très bien expliqué M. le président de la commission des lois. Vous ne demandez pas la même chose quand nous examinons un autre code que celui de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : vous ne demandez pas la réserve sur des articles qui touchent le code du travail sous prétexte que le ministre du travail n'est pas là ! §
devenir des concessions autoroutières
Nous avons pourtant commencé hier : nous avons débattu de telles dispositions sans que vous demandiez la réserve.
Monsieur le ministre des transports, le 22 mars dernier, le ministre de l’économie et des finances annonçait publiquement son intention d’interroger le Conseil d’État sur un possible raccourcissement de la durée des contrats de concession d’autoroutes. Le 8 juin dernier, le Conseil d’État rendait son avis.
Entre ces deux dates, est-il exact qu’un contentieux a été entamé par les sociétés d’autoroutes pour atteinte à leur image ?
M. le président. La parole est à M. Vincent Delahaye, pour le groupe Union Centriste.
Nous avons pourtant commencé hier : nous avons débattu de telles dispositions sans que vous demandiez la réserve.
Applaudissements sur les travées du groupe UC.
Mais vous n'avez pas demandé la réserve. Vous le faites à présent pour des raisons politiciennes.
Enfin, une telle demande, si elle était acceptée, n'aurait pas de portée. Je l'ai déjà dit, y compris dans la discussion générale : le Gouvernement sera systématiquement défavorable à toutes les propositions qui concernent la nationalité, parce qu'il nous semble évident que ce sont des cavaliers législatifs et que le Conseil constitutionnel les considérera certainement comme tels.
Je rappelle que le texte initial du projet de loi ne comprenait aucune mesure relative à la nationalité, aucune mesure tendant à modifier le code civil, puisque le code de la nationalité française a été intégré à celui-ci en 1993. Vous le voyez, le garde des sceaux n'a vraiment rien à faire dans cette histoire. S'il était présent à ma place, il émettrait simplement des avis défavorables, comme je vais le faire, en rappelant lui aussi que le Conseil constitutionnel jugerait sans doute que ces mesures constituent des cavaliers.
Dès lors, pour des raisons de fond comme de forme, il me semble pertinent de reprendre le fil normal du débat, même s'il revient à la Haute Assemblée d'en juger.
Monsieur le ministre des transports, le 22 mars dernier, le ministre de l’économie et des finances annonçait publiquement son intention d’interroger le Conseil d’État sur un possible raccourcissement de la durée des contrats de concession d’autoroutes. Le 8 juin dernier, le Conseil d’État rendait son avis.
Entre ces deux dates, est-il exact qu’un contentieux a été entamé par les sociétés d’autoroutes pour atteinte à leur image ?
Mais vous n'avez pas demandé la réserve. Vous le faites à présent pour des raisons politiciennes.
Enfin, une telle demande, si elle était acceptée, n'aurait pas de portée. Je l'ai déjà dit, y compris dans la discussion générale : le Gouvernement sera systématiquement défavorable à toutes les propositions qui concernent la nationalité, parce qu'il nous semble évident que ce sont des cavaliers législatifs et que le Conseil constitutionnel les considérera certainement comme tels.
Je rappelle que le texte initial du projet de loi ne comprenait aucune mesure relative à la nationalité, aucune mesure tendant à modifier le code civil, puisque le code de la nationalité française a été intégré à celui-ci en 1993. Vous le voyez, le garde des sceaux n'a vraiment rien à faire dans cette histoire. S'il était présent à ma place, il émettrait simplement des avis défavorables, comme je vais le faire, en rappelant lui aussi que le Conseil constitutionnel jugerait sans doute que ces mesures constituent des cavaliers.
Dès lors, pour des raisons de fond comme de forme, il me semble pertinent de reprendre le fil normal du débat, même s'il revient à la Haute Assemblée d'en juger.
M. Mickaël Vallet s ’ exclame.
J'entends bien les remarques sur l'élégance, ou que sais-je encore, mais nous sommes dans une situation de dysfonctionnement total.
Je crois comprendre, des propos des uns et des autres, qu'il serait banal que le ministre de la justice en exercice soit en train d'être jugé par la Cour de justice de la République. On nous a même expliqué que cela ne poserait pas de problème pour le bon fonctionnement de son ministère et qu'il pouvait travailler le soir, la nuit, je ne sais trop quand… Il est tout de même assez curieux que vous ne trouviez pas cela problématique !
J'ajoute que je rejoins évidemment les remarques du ministre de l'intérieur sur l'application de l'article 45 de la Constitution, puisque nous les avons-nous-mêmes régulièrement formulées en commission – sans succès !
Toutefois, malgré ce problème de recevabilité, nous allons débattre dans cet hémicycle du droit du sol et de la nationalité, il va se dire des choses importantes, voire inquiétantes, et cela en l'absence du ministre chargé de ces sujets.
Nous n'utilisons pas le manuel de savoir-vivre de Nadine de Rothschild ! Nous parlons du fonctionnement du Gouvernement. En ce sens, votre réponse, monsieur le ministre, est particulièrement légère au regard de la gravité du sujet.
Pensez-vous que ce contentieux ait pu avoir un effet sur l’avis du Conseil d’État ?
Enfin, le Sénat a réclamé un « sommet des autoroutes » qui, bien que maintes fois annoncé, a été malheureusement souvent reporté. J’aimerais savoir quand il aura lieu.
J'entends bien les remarques sur l'élégance, ou que sais-je encore, mais nous sommes dans une situation de dysfonctionnement total.
Je crois comprendre, des propos des uns et des autres, qu'il serait banal que le ministre de la justice en exercice soit en train d'être jugé par la Cour de justice de la République. On nous a même expliqué que cela ne poserait pas de problème pour le bon fonctionnement de son ministère et qu'il pouvait travailler le soir, la nuit, je ne sais trop quand… Il est tout de même assez curieux que vous ne trouviez pas cela problématique !
J'ajoute que je rejoins évidemment les remarques du ministre de l'intérieur sur l'application de l'article 45 de la Constitution, puisque nous les avons-nous-mêmes régulièrement formulées en commission – sans succès !
Toutefois, malgré ce problème de recevabilité, nous allons débattre dans cet hémicycle du droit du sol et de la nationalité, il va se dire des choses importantes, voire inquiétantes, et cela en l'absence du ministre chargé de ces sujets.
Nous n'utilisons pas le manuel de savoir-vivre de Nadine de Rothschild ! Nous parlons du fonctionnement du Gouvernement. En ce sens, votre réponse, monsieur le ministre, est particulièrement légère au regard de la gravité du sujet.
Je mets aux voix la demande de réserve de l'examen des articles 2 bis et 2 ter, ainsi que des amendements tendant à insérer des articles additionnels après lesdits articles.
Monsieur le sénateur Delahaye, chacun connaît ici votre intérêt, votre expertise et, si j’ose dire, votre passion de longue date pour la question autoroutière.
Reprenons précisément la chronologie des faits. Avec Bruno Le Maire, nous avons annoncé au mois de mars dernier, devant l’Assemblée nationale et de manière tout à fait transparente, que nous allions saisir le Conseil d’État de deux questions.
La première concernait la durée des contrats en cours : serait-il possible, juridiquement, de raccourcir la durée des concessions sans avoir à verser une compensation significative, voire massive ?
La deuxième question, très importante, sera soumise prochainement à votre assemblée dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2024. Elle concerne une éventuelle contribution – une compensation, ou une taxation – des sociétés autoroutières à notre stratégie de décarbonation et à notre plan d’investissement pour les transports.
Sur le premier point, comme sur l’ensemble de ces questions, je suppose, les sociétés d’autoroutes ont déposé un contentieux. Je n’ai pas à le commenter : nous sommes dans un État de droit, ces sociétés ont le droit de s’adresser à la justice.
Il existe, selon moi, un seul cas dans lequel un contentieux pourrait avoir un effet sur une saisine consultative du Conseil d’État par le Gouvernement : il faudrait que le Conseil d’État estime que les questions sont suffisamment proches pour qu’il suspende, de lui-même, ses travaux.
Cela n’a pas été le cas : le Conseil d’État n’a pas décidé de suspendre ses travaux consultatifs. Il a rendu un avis que nous avons décidé, avec la Première ministre, de rendre public rapidement, dès la fin de l’été. Cet avis porte bien sur les deux questions que j’ai évoquées.
En résumé, le contentieux spécifique engagé par les sociétés d’autoroute n’a en aucun cas et en aucune façon pu influer sur l’indépendance du Conseil d’État dans sa fonction de conseil du Gouvernement. Le respect des règles a été entièrement assuré.
Si vous évoquez une quelconque pression qui aurait pu être exercée, je peux vous assurer qu’elle serait vouée à l’échec. En effet, nous avons bien décidé, sur le second point, de saisir l’Assemblée nationale et le Sénat, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2024, sur la question d’une contribution des sociétés concessionnaires d’autoroutes.
Enfin, j’ignore s’il s’agira d’un sommet, mais nous lancerons d’ici à la fin de l’année des travaux sur l’avenir des concessions autoroutières. Le Sénat et l’Assemblée nationale y seront étroitement associés.
Applaudissements sur les travées du groupe UC.
La réserve n'est pas ordonnée.
Je vous remercie pour ces précisions, monsieur le ministre. Les informations dont je disposais n’étaient pas les mêmes : il me semblait que le Conseil d’État avait été influencé par le dépôt d’un recours.
Je prends acte de vos déclarations et je serai sensible à la tenue d’un sommet ou de quelque autre travail commun – le nom m’importe peu – sur cette question. Il est important que nous puissions dialoguer, non seulement avec le Gouvernement, mais aussi avec les sociétés d’autoroutes, qui ne sont pas très ouvertes au dialogue.
Nous devons regarder de près l’équilibre financier de ces contrats. Nous considérons en effet que ces derniers sont beaucoup trop profitables pour les sociétés et ne sont pas adaptés à de véritables concessions. Ils prévoient notamment des augmentations de tarifs liées à l’inflation, alors que le résultat financier des sociétés d’autoroutes et leurs charges le sont assez peu.
Je vous demande donc de prêter attention à l’augmentation de tarifs qui sera annoncée pour 2024. L’augmentation de 4, 75 % constatée en 2023 a été très importante. Elle permettra aux sociétés d’autoroutes de réaliser, d’ici à la fin des contrats, 4 milliards d’euros de bénéfices supplémentaires.
Je compte sur vous pour être vigilant et pour montrer que, dans une concession, le patron, c’est l’État !
Monsieur le sénateur Delahaye, chacun connaît ici votre intérêt, votre expertise et, si j’ose dire, votre passion de longue date pour la question autoroutière.
Reprenons précisément la chronologie des faits. Bruno Le Maire et moi-même avons annoncé au mois de mars dernier, devant l’Assemblée nationale et de manière tout à fait transparente, que nous allions saisir le Conseil d’État de deux questions.
La première concernait la durée des contrats en cours : serait-il possible, juridiquement, de raccourcir la durée des concessions sans avoir à verser une compensation significative, voire massive ?
La deuxième question, très importante, sera soumise prochainement à votre assemblée dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2024. Elle concerne une éventuelle contribution – une compensation, ou une taxation – des sociétés autoroutières à notre stratégie de décarbonation et à notre plan d’investissement pour les transports.
Sur le premier point, comme sur l’ensemble de ces questions, je suppose, les sociétés d’autoroutes ont déposé un contentieux. Je n’ai pas à le commenter : nous sommes dans un État de droit, ces sociétés ont le droit de s’adresser à la justice.
Il existe, selon moi, un seul cas dans lequel un contentieux pourrait avoir un effet sur une saisine consultative du Conseil d’État par le Gouvernement : il faudrait que le Conseil d’État estime que les questions sont suffisamment proches pour qu’il suspende, de lui-même, ses travaux.
Cela n’a pas été le cas : le Conseil d’État n’a pas décidé de suspendre ses travaux consultatifs. Il a rendu un avis que nous avons décidé, avec la Première ministre, de rendre public rapidement, dès la fin de l’été. Cet avis porte bien sur les deux questions que j’ai évoquées.
En résumé, le contentieux spécifique engagé par les sociétés d’autoroute n’a en aucun cas et en aucune façon pu influer sur l’indépendance du Conseil d’État dans sa fonction de conseil du Gouvernement. Le respect des règles a été entièrement assuré.
Si vous évoquez une quelconque pression qui aurait pu être exercée, je peux vous assurer qu’elle serait vouée à l’échec. En effet, nous avons bien décidé, sur le second point, de saisir l’Assemblée nationale et le Sénat, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2024, sur la question d’une contribution des sociétés concessionnaires d’autoroutes.
Enfin, j’ignore s’il s’agira d’un sommet, mais nous lancerons d’ici à la fin de l’année des travaux sur l’avenir des concessions autoroutières. Le Sénat et l’Assemblée nationale y seront étroitement associés.
En application de l'article 44, alinéa 6, du règlement du Sénat, la commission des lois demande la priorité d'examen sur l'amendement n° 655 de suppression de l'article 3 et n° 656 de suppression de l'article 4, afin qu'ils soient présentés avant les amendements identiques.
Par ailleurs, compte tenu du dépôt de nombreux sous-amendements depuis la réunion de la commission tenue ce matin, nous demanderons une suspension de séance à l'issue de l'examen des amendements portant article additionnel après l'article 2 ter, de manière à ce que la commission puisse se réunit et examiner ces sous-amendements.
Je vous remercie pour ces précisions, monsieur le ministre. Les informations dont je disposais n’étaient pas les mêmes : il me semblait que le Conseil d’État avait été influencé par le dépôt d’un recours.
Je prends acte de vos déclarations et je serai sensible à la tenue d’un sommet ou de quelque autre travail commun – le nom m’importe peu – sur cette question. Il est important que nous puissions dialoguer, non seulement avec le Gouvernement, mais aussi avec les sociétés d’autoroutes, qui ne sont pas très ouvertes au dialogue.
Nous devons regarder de près l’équilibre financier de ces contrats. Nous considérons en effet que ces derniers sont beaucoup trop profitables pour les sociétés et ne sont pas adaptés à de véritables concessions. Ils prévoient notamment des augmentations de tarifs liées à l’inflation, alors que le résultat financier des sociétés d’autoroutes et leurs charges le sont assez peu.
Je vous demande donc de prêter attention à l’augmentation de tarifs qui sera annoncée pour 2024. L’augmentation de 4, 75 % constatée en 2023 a été très importante. Elle permettra aux sociétés d’autoroutes de réaliser, d’ici à la fin des contrats, 4 milliards d’euros de bénéfices supplémentaires.
Je compte sur vous pour être vigilant et pour montrer que, dans une concession, le patron, c’est l’État !
En application de l'article 44, alinéa 6, du règlement du Sénat, la commission des lois demande la priorité d'examen sur l'amendement n° 655 de suppression de l'article 3 et n° 656 de suppression de l'article 4, afin qu'ils soient présentés avant les amendements identiques.
Par ailleurs, compte tenu du dépôt de nombreux sous-amendements depuis la réunion de la commission tenue ce matin, nous demanderons une suspension de séance à l'issue de l'examen des amendements portant article additionnel après l'article 2 ter, de manière à ce que la commission puisse se réunit et examiner ces sous-amendements.
Je suis donc saisie, par la commission des lois, d'une demande de priorité de l'examen des amendements n° 655, à l'article 3, et 656, à l'article 4.
Aux termes de l'article 44, alinéa 6, de notre règlement, la priorité est de droit quand elle est demandée par la commission saisie au fond, sauf opposition du Gouvernement.
Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de priorité ?
Je suis donc saisie, par la commission des lois, d'une demande de priorité de l'examen des amendements n° 655, à l'article 3, et 656, à l'article 4.
Aux termes de l'article 44, alinéa 6, de notre règlement, la priorité est de droit quand elle est demandée par la commission saisie au fond, sauf opposition du Gouvernement.
Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de priorité ?
Il est favorable, madame la présidente.
La priorité est ordonnée.
Dans la discussion du texte de la commission, nous en sommes parvenus à l'article 2 bis.
TITRE Ier (suite)
ASSURER UNE MEILLEURE INTÉGRATION DES ÉTRANGERS PAR LE TRAVAIL ET LA LANGUE
Chapitre Ier (suite)
Mieux intégrer par la langue
suites judiciaires des émeutes urbaines
Ma question s’adresse à M. le garde des sceaux, dont nous regrettons l’absence.
Un maire et sa famille pris pour cible, avec une tentative d’incendie de leur domicile, à L’Haÿ-les-Roses ; deux mairies intégralement brûlées, à Villeneuve-le-Roi et à Valenton ; plusieurs postes de police municipale attaqués, dont ceux de Villecresnes et de Sucy-en-Brie : le Val-de-Marne, pour ne parler que de mon département, a payé un très lourd tribut aux émeutes.
Pourtant, quatre mois plus tard, si trois personnes ont bien été condamnées pour l’attaque du poste de police municipale de Villecresnes, il n’y a eu, à ma connaissance, aucune autre suite judiciaire à ces événements, pas même pour ceux de L’Haÿ-les-Roses.
Les émeutes qui se sont déroulées dans notre pays ont occasionné, d’après les assureurs, 650 millions d’euros de dégâts. Un millier de bâtiments publics ont été touchés. Ce sont les symboles de notre République qui ont été visés : les élus, les mairies, les écoles, les commissariats, les polices municipales.
Lors de la réunion tenue à la Sorbonne le 26 octobre dernier, Mme la Première ministre a insisté sur la nécessité d’une « réponse pénale exemplaire » et du « refus total de l’impunité », objectifs auxquels je ne peux que souscrire.
Selon les chiffres communiqués par le Gouvernement au cours de l’été, 1 000 condamnations ont été prononcées, principalement à de courtes peines, pour 10 000 émeutiers.
Mais où en est-on aujourd’hui ? La représentation nationale est en droit de disposer d’un bilan, département par département, du nombre de personnes interpellées et de personnes condamnées, avec le détail des peines et de leur exécution.
Le garde des sceaux peut-il nous confirmer que tous les moyens de l’État sont encore mobilisés pour mener les enquêtes, sanctionner les vrais coupables, les donneurs d’ordre, responsables de toutes les atteintes graves aux personnes et aux biens perpétrés durant ces quelques jours ? Il y va de la crédibilité de l’État et de celle des élus.
M. le président. La parole est à Mme Marie-Carole Ciuntu, pour le groupe Les Républicains.
Le premier alinéa de l'article 21-7 du code civil est ainsi rédigé :
« Tout enfant né en France de parents étrangers peut, à partir de l'âge de seize ans et jusqu'à l'âge de dix-huit ans, acquérir la nationalité française à condition qu'il en manifeste la volonté, qu'il réside en France à la date de sa manifestation de volonté et qu'il justifie d'une résidence habituelle en France pendant les cinq années qui la précèdent. »
Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.
Ma question s’adresse à M. le garde des sceaux, dont nous regrettons l’absence.
Un maire et sa famille pris pour cible, avec une tentative d’incendie de leur domicile, à L’Haÿ-les-Roses ; deux mairies intégralement brûlées, à Villeneuve-le-Roi et à Valenton ; plusieurs postes de police municipale attaqués, dont ceux de Villecresnes et de Sucy-en-Brie : le Val-de-Marne, pour ne parler que de mon département, a payé un très lourd tribut aux émeutes.
Pourtant, quatre mois plus tard, si trois personnes ont bien été condamnées pour l’attaque du poste de police municipale de Villecresnes, il n’y a eu, à ma connaissance, aucune autre suite judiciaire à ces événements, pas même pour ceux de L’Haÿ-les-Roses.
Les émeutes qui se sont déroulées dans notre pays ont occasionné, d’après les assureurs, 650 millions d’euros de dégâts. Un millier de bâtiments publics ont été touchés. Ce sont les symboles de notre République qui ont été visés : les élus, les mairies, les écoles, les commissariats, les polices municipales.
Lors de la réunion tenue à la Sorbonne le 26 octobre dernier, Mme la Première ministre a insisté sur la nécessité d’une « réponse pénale exemplaire » et du « refus total de l’impunité », objectifs auxquels je ne peux que souscrire.
Selon les chiffres communiqués par le Gouvernement au cours de l’été, 1 000 condamnations ont été prononcées, principalement à de courtes peines, pour 10 000 émeutiers.
Mais où en est-on aujourd’hui ? La représentation nationale est en droit de disposer d’un bilan, département par département, du nombre de personnes interpellées et de personnes condamnées, avec le détail des peines et de leur exécution.
Le garde des sceaux peut-il nous confirmer que tous les moyens de l’État sont encore mobilisés pour mener les enquêtes, sanctionner les vrais coupables, les donneurs d’ordre, responsables de toutes les atteintes graves aux personnes et aux biens perpétrées durant ces quelques jours ? Il y va de la crédibilité de l’État et de celle des élus.
Nous entamons donc l'examen de l'article 2 bis, qui a été introduit dans le présent texte, en commission, par la droite sénatoriale et qui constitue, comme l'a indiqué M. le ministre, un cavalier législatif.
Cette disposition, qui vise à mettre fin à l'acquisition automatique de la nationalité française à 18 ans pour les enfants nés en France de parents étrangers, constitue une régression inacceptable.
On envoie de la sorte un message terrible à tous ces jeunes, à leurs parents, à leurs proches. §On dit à ces jeunes que, quoi qu'ils fassent, ils seront toujours renvoyés à leurs origines et à la nationalité de leurs parents, bien que la France soit le seul pays qu'ils aient connu de toute leur vie. On leur dit qu'ils devront toujours prouver qu'ils méritent d'être Français. Ce n'est pas ainsi qu'on améliore l'intégration citoyenne dans la République !
On ne peut pas donner envie aux jeunes de s'intégrer dans la République quand celle-ci leur fait savoir qu'elle n'a pas envie de les accueillir. La manifestation de volonté doit aller dans les deux sens !
Vous n'ignorez pas qu'une telle disposition avait été introduite dans notre droit par Charles Pasqua en 1993, puis abrogée par le gouvernement de Lionel Jospin en 1998, parce que cela ne fonctionne pas. Patrick Weil avait démontré dans son rapport de 1997 que les premières victimes de ce type de dispositions sont, d'une part, les personnes les plus précaires, les plus éloignés de la chose publique, et, d'autre part, les jeunes filles qui vivent dans des familles très conservatrices : ces familles mettent la pression sur elles pour qu'elles ne demandent pas la nationalité française.
Par conséquent, en plus d'être inefficace, une telle mesure est particulièrement injuste.
Entre le 27 juin et le 7 juillet 2023, 66 départements et 516 communes ont été le théâtre de violences urbaines.
Le 30 juin 2023, le garde des sceaux a adressé une circulaire aux procureurs généraux et aux procureurs de la République, afin qu’une réponse pénale rapide, ferme et systématique soit apportée à l’encontre des auteurs de ces exactions.
Le traitement judiciaire de ces affaires a été effectif et empreint de célérité : un taux de réponse pénale de 92 %, un taux de poursuite par défèrement de 90 %. Le recours à la comparution immédiate a été massif, représentant 60 % des poursuites devant les tribunaux correctionnels. Près de 1 800 personnes ont été condamnées à une peine d’emprisonnement ; le quantum de peine moyen avoisine les neuf mois de prison ferme.
Le ministre de la justice défend douze mesures concrètes visant à renforcer la répression envers les plus jeunes et à responsabiliser leurs parents. Parmi celles-ci, on peut citer la création d’un placement éducatif de jour ou de nuit pour les mineurs – ceux qui ne le respecteraient pas seraient placés en centre éducatif fermé ou en détention provisoire –, un partenariat renforcé avec l’armée pour suivre certains mineurs délinquants, la création d’une responsabilité civile de plein droit pour les deux parents d’un mineur, même s’ils sont séparés, ou encore l’aggravation du délit de soustraction d’un parent à ses obligations légales envers son enfant.
Voilà quelques mesures assez fortes, qui ont d’ailleurs été saluées, il me semble, par de nombreux élus. J’indique enfin que le garde des sceaux viendra, quand il le pourra, devant votre assemblée pour vous répondre plus précisément.
Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains . – M. Daniel Chasseing applaudit également.
Nous entamons donc l'examen de l'article 2 bis, qui a été introduit dans le présent texte, en commission, par la droite sénatoriale et qui constitue, comme l'a indiqué M. le ministre, un cavalier législatif.
Cette disposition, qui vise à mettre fin à l'acquisition automatique de la nationalité française à 18 ans pour les enfants nés en France de parents étrangers, constitue une régression inacceptable.
On envoie de la sorte un message terrible à tous ces jeunes, à leurs parents, à leurs proches. §On dit à ces jeunes que, quoi qu'ils fassent, ils seront toujours renvoyés à leurs origines et à la nationalité de leurs parents, bien que la France soit le seul pays qu'ils aient connu de toute leur vie. On leur dit qu'ils devront toujours prouver qu'ils méritent d'être Français. Ce n'est pas ainsi qu'on améliore l'intégration citoyenne dans la République !
On ne peut pas donner envie aux jeunes de s'intégrer dans la République quand celle-ci leur fait savoir qu'elle n'a pas envie de les accueillir. La manifestation de volonté doit aller dans les deux sens !
Vous n'ignorez pas qu'une telle disposition avait été introduite dans notre droit par Charles Pasqua en 1993, puis abrogée par le gouvernement de Lionel Jospin en 1998, parce que cela ne fonctionne pas. Patrick Weil avait démontré dans son rapport de 1997 que les premières victimes de ce type de dispositions sont, d'une part, les personnes les plus précaires, les plus éloignés de la chose publique, et, d'autre part, les jeunes filles qui vivent dans des familles très conservatrices : ces familles mettent la pression sur elles pour qu'elles ne demandent pas la nationalité française.
Par conséquent, en plus d'être inefficace, une telle mesure est particulièrement injuste.
La parole est à Mme la secrétaire d’État chargée de la citoyenneté et de la ville.
Je voudrais simplement ajouter à ce que vient de dire Corinne Narassiguin, dont je partage pleinement les propos, que derrière cette « manifestation de la volonté » que cherche à imposer la droite sénatoriale pour les jeunes arrivant à l'âge de 18 ans se cachent plusieurs difficultés qui ont été rappelées : il faut penser aux femmes qu'on empêche souvent – malheureusement – de manifester cette volonté et aux publics les plus fragiles.
J'ajoute que cette disposition peut créer une discrimination au sein même des familles, alors que le principe du droit du sol est justement de traiter de manière égale toutes les personnes nées sur le sol français.
En obligeant ces jeunes à manifester leur volonté d'être français, on pourrait avoir, au sein d'une même famille, ceux qui l'auraient fait, peut-être uniquement parce qu'ils étaient mieux informés à un moment donné, moins empêchés, et les autres. Imaginez les difficultés que cela pourrait entraîner par la suite, y compris pour résoudre de manière juste et précise les diverses situations administratives de ces personnes !
Cet article est à l'évidence en contradiction totale avec notre conception de la République et du droit du sol, auquel nous sommes tant attachés. C'est pourquoi nous aurions aimé entendre le garde des sceaux à ce sujet, même s'il est évident que ce sujet n'a rien à faire dans un projet de loi relatif à l'immigration.
Entre le 27 juin et le 7 juillet 2023, 66 départements et 516 communes ont été le théâtre de violences urbaines.
Le 30 juin 2023, le garde des sceaux a adressé une circulaire aux procureurs généraux et aux procureurs de la République, afin qu’une réponse pénale rapide, ferme et systématique soit apportée à l’encontre des auteurs de ces exactions.
Le traitement judiciaire de ces affaires a été effectif et empreint de célérité : un taux de réponse pénale de 92 %, un taux de poursuite par défèrement de 90 %. Le recours à la comparution immédiate a été massif, représentant 60 % des poursuites devant les tribunaux correctionnels. Près de 1 800 personnes ont été condamnées à une peine d’emprisonnement ; le quantum de peine moyen avoisine les neuf mois de prison ferme.
Le ministre de la justice défend douze mesures concrètes visant à renforcer la répression envers les plus jeunes et à responsabiliser leurs parents. Parmi celles-ci, on peut citer la création d’un placement éducatif de jour ou de nuit pour les mineurs – ceux qui ne le respecteraient pas seraient placés en centre éducatif fermé ou en détention provisoire –, un partenariat renforcé avec l’armée pour suivre certains mineurs délinquants, la création d’une responsabilité civile de plein droit pour les deux parents d’un mineur, même s’ils sont séparés, ou encore l’aggravation du délit de soustraction d’un parent à ses obligations légales envers son enfant.
Voilà quelques mesures assez fortes, qui ont d’ailleurs été saluées, il me semble, par de nombreux élus. J’indique enfin que le garde des sceaux viendra, quand il le pourra, devant votre assemblée pour vous répondre plus précisément.
Je voudrais simplement ajouter à ce que vient de dire Corinne Narassiguin, dont je partage pleinement les propos, que derrière cette « manifestation de la volonté » que cherche à imposer la droite sénatoriale pour les jeunes arrivant à l'âge de 18 ans se cachent plusieurs difficultés qui ont été rappelées : il faut penser aux femmes qu'on empêche souvent – malheureusement – de manifester cette volonté et aux publics les plus fragiles.
J'ajoute que cette disposition peut créer une discrimination au sein même des familles, alors que le principe du droit du sol est justement de traiter de manière égale toutes les personnes nées sur le sol français.
En obligeant ces jeunes à manifester leur volonté d'être français, on pourrait avoir, au sein d'une même famille, ceux qui l'auraient fait, peut-être uniquement parce qu'ils étaient mieux informés à un moment donné, moins empêchés, et les autres. Imaginez les difficultés que cela pourrait entraîner par la suite, y compris pour résoudre de manière juste et précise les diverses situations administratives de ces personnes !
Cet article est à l'évidence en contradiction totale avec notre conception de la République et du droit du sol, auquel nous sommes tant attachés. C'est pourquoi nous aurions aimé entendre le garde des sceaux à ce sujet, même s'il est évident que ce sujet n'a rien à faire dans un projet de loi relatif à l'immigration.
Je suis saisie de quatre amendements identiques.
L'amendement n° 22 rectifié bis est présenté par Mmes M. Carrère et N. Delattre, MM. Bilhac, Cabanel, Gold, Guérini, Guiol, Laouedj, Roux et Grosvalet, Mme Pantel et M. Masset.
L'amendement n° 169 est présenté par Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, M. Roiron, Mme Brossel, M. Chantrel, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, MM. Kanner et Marie, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, Temal, Tissot, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
L'amendement n° 286 rectifié est présenté par M. Benarroche, Mme M. Vogel, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée et Souyris.
L'amendement n° 467 est présenté par M. Brossat, Mme Cukierman et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky.
Ces quatre amendements sont ainsi libellés :
Supprimer cet article.
La parole est à M. Henri Cabanel, pour présenter l'amendement n° 22 rectifié bis.
Mme Marie-Carole Ciuntu . L’espoir du maire de L’Haÿ-les-Roses, qui nous écoute aujourd’hui, de voir ses agresseurs sanctionnés s’amenuise encore ! Vous lui aviez pourtant donné l’assurance, madame la Première ministre, quand vous étiez allée le voir, que ses agresseurs seraient sanctionnés. Nous espérons sincèrement qu’ils le seront !
MM. François Patriat et Olivier Bitz applaudissent . – Marques de scepticisme sur les travées du groupe Les Républicains.
Je suis saisie de quatre amendements identiques.
L'amendement n° 22 rectifié bis est présenté par Mmes M. Carrère et N. Delattre, MM. Bilhac, Cabanel, Gold, Guérini, Guiol, Laouedj, Roux et Grosvalet, Mme Pantel et M. Masset.
L'amendement n° 169 est présenté par Mmes de La Gontrie et Narassiguin, MM. Bourgi, Durain et Chaillou, Mme Harribey, M. Kerrouche, Mme Linkenheld, M. Roiron, Mme Brossel, M. Chantrel, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, MM. Kanner et Marie, Mmes S. Robert et Rossignol, MM. Stanzione, Temal, Tissot, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
L'amendement n° 286 rectifié est présenté par M. Benarroche, Mme M. Vogel, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée et Souyris.
L'amendement n° 467 est présenté par M. Brossat, Mme Cukierman et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky.
Ces quatre amendements sont ainsi libellés :
Supprimer cet article.
La parole est à M. Henri Cabanel, pour présenter l'amendement n° 22 rectifié bis.
Cet amendement déposé par Maryse Carrère, présidente de notre groupe, vise à supprimer l'article 2 bis.
Si cette disposition, adoptée par le Sénat en commission, devait subsister, on ajouterait une condition pour l'accès à la nationalité française d'un enfant né en France de parents étrangers. Celui-ci devrait « manifester sa volonté » d'acquérir la nationalité française. En d'autres termes, l'accès à la nationalité française pour ces enfants et adolescents qui n'ont, le plus souvent, pas connu autre chose que la France cesserait d'être automatique.
Notre commission a donc décidé de faire renaître les lois Pasqua.
Cet amendement déposé par Maryse Carrère, présidente de notre groupe, vise à supprimer l'article 2 bis.
Si cette disposition, adoptée par le Sénat en commission, devait subsister, on ajouterait une condition pour l'accès à la nationalité française d'un enfant né en France de parents étrangers. Celui-ci devrait « manifester sa volonté » d'acquérir la nationalité française. En d'autres termes, l'accès à la nationalité française pour ces enfants et adolescents qui n'ont, le plus souvent, pas connu autre chose que la France cesserait d'être automatique.
Notre commission a donc décidé de faire renaître les lois Pasqua.
Mme Marie-Carole Ciuntu . L’espoir du maire de L’Haÿ-les-Roses, qui nous écoute aujourd’hui, de voir ses agresseurs sanctionnés s’amenuise encore ! Vous lui aviez pourtant donné l’assurance, madame la Première ministre, quand vous étiez allée le voir, que ses agresseurs seraient sanctionnés. Nous espérons sincèrement qu’ils le seront !
Je le dis sans détour : les signataires de cet amendement y sont opposés.
L'introduction de ce mécanisme nous inquiète pour des motifs de fond très évidents. Nous sommes attachés à la protection de l'enfance et nous ne voulons pas conditionner le destin d'un individu à une décision qu'il aurait dû prendre à l'approche de la majorité.
Je ne pense pas qu'une formalité administrative dise véritablement quelque chose de l'attachement à la France d'une personne.
C'est également une question de principe : nous sommes attachés à la reconnaissance du droit du sol pour notre nation. Cet article va à l'encontre de ce principe.
Enfin, ce qui nous inquiète particulièrement, c'est que le Gouvernement n'a, pour sa part, pas déposé d'amendement de suppression de cet article. J'espère donc, monsieur le ministre, que vous comptez vous appuyer sur les nôtres.
Je le dis sans détour : les signataires de cet amendement y sont opposés.
L'introduction de ce mécanisme nous inquiète pour des motifs de fond très évidents. Nous sommes attachés à la protection de l'enfance et nous ne voulons pas conditionner le destin d'un individu à une décision qu'il aurait dû prendre à l'approche de la majorité.
Je ne pense pas qu'une formalité administrative dise véritablement quelque chose de l'attachement à la France d'une personne.
C'est également une question de principe : nous sommes attachés à la reconnaissance du droit du sol pour notre nation. Cet article va à l'encontre de ce principe.
Enfin, ce qui nous inquiète particulièrement, c'est que le Gouvernement n'a, pour sa part, pas déposé d'amendement de suppression de cet article. J'espère donc, monsieur le ministre, que vous comptez vous appuyer sur les nôtres.
La parole est à Mme Corinne Narassiguin, pour présenter l'amendement n° 169.
tempête ciaran et rôle des collectivités territoriales
La parole est à Mme Corinne Narassiguin, pour présenter l'amendement n° 169.
J'espère, moi aussi, que le Gouvernement soutiendra ces amendements de suppression ; M. Darmanin semblait aller dans ce sens, quand il nous expliquait que ces dispositions relatives à la nationalité n'avaient rien à faire dans ce projet de loi. Mais il est vrai qu'il est inquiétant que le Gouvernement n'ait pas jugé bon de déposer lui-même un amendement de suppression, surtout au regard du nombre d'amendements déposés par ailleurs, certains de manière totalement superflue.
Cet article 2 bis, au-delà des arguments que j'ai déjà évoqués, notamment le fait que c'est une brèche dans le droit du sol – un droit fondamental de notre République qui doit être préservé –, introduit une complication dans notre droit.
En effet, il existe déjà un régime qui permet d'acquérir la nationalité française sur manifestation de volonté : il concerne les mineurs à partir de 13 ans et jusqu'à 16 ans. En créer un autre à l'approche des 18 ans n'a pas beaucoup de sens.
En outre, une telle mesure va, comme je l'ai expliqué il y a quelques minutes, provoquer une rupture d'égalité au sein de la République en matière d'acquisition de la nationalité française, ce qui n'est pas tolérable. S'il y a un domaine dans lequel l'égalité républicaine doit être absolument respectée, c'est bien la citoyenneté, l'appartenance à la République. Il est absolument inacceptable d'introduire des discriminations sociales ou de genre en la matière.
Madame la Première ministre, la tempête Ciaran a très durement éprouvé la Bretagne. Il faut tout d’abord saluer l’engagement exceptionnel des pompiers, des agents des forces de l’ordre et de la sécurité civile, de ceux des collectivités territoriales, mais aussi de ceux des opérateurs, en particulier d’Enedis.
Honorons la mémoire des victimes et rendons hommage à Frédéric Despaux, agent d’Enedis décédé dans l’exercice de ses fonctions. Nos pensées vont à sa famille et à ses collègues éplorés.
Le monde agricole est très lourdement touché. Une réunion du comité catastrophe naturelle a été annoncée pour le 14 novembre, soit deux semaines après le début de la tempête : c’est bien tard ! En dépit de la promesse du Président de la République, réitérée par le Gouvernement, hier, devant l’Assemblée nationale, nous avons eu confirmation depuis lors que les dégâts provoqués par la tempête n’entraient pas dans le champ de cette garantie. Qu’en est-il précisément ?
En ce qui concerne l’approvisionnement en électricité, vous citez la part des foyers qu’il reste encore à raccorder au réseau, mais, en réalité, ce sont plusieurs dizaines de milliers de Bretonnes et de Bretons qui n’en peuvent plus des promesses non tenues !
De très nombreuses défaillances nous sont rapportées tous les jours : dans la mesure où les préfectures ne fournissent pas de téléphones satellitaires, des élus du Finistère ont été contraints d’improviser un réseau radio citizen-band (CB) ; une usine d’eau potable a été dépriorisée dans les Côtes-d’Armor ; une station d’épuration s’est retrouvée privée d’électricité dans le Morbihan – le maire a été obligé d’appeler le copain d’un copain chez Enedis, faute de disposer des coordonnées de responsables, celles-ci n’ayant pas été transmises en amont aux élus – ; des élus ont dû utiliser leur propre véhicule pour aller chercher des groupes électrogènes, envoyés en Bretagne trois jours après le début de la tempête ; enfin, un maire a été obligé de faire six relances différentes en six jours pour mettre en sécurité deux points critiques.
« Perdus au milieu de nulle part », pour reprendre leurs termes, obligés d’endosser des responsabilités majeures sans disposer des bonnes informations et des moyens appropriés, les maires et les élus sont à bout. La sous-traitance de l’État confine désormais à la maltraitance. Nous voyons là les effets directs du désarmement de nos services publics, du sous-investissement chronique et de la logique du flux tendu, qui ne nous permettent pas de faire face aux épreuves d’un monde qui se dérègle.
Face à la multiplication prévisible des catastrophes climatiques, il est urgent d’agir. Quelles actions concrètes allez-vous mettre en œuvre pour que cette situation ne se reproduise plus ?
M. le président. La parole est à M. Simon Uzenat, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
J'espère, moi aussi, que le Gouvernement soutiendra ces amendements de suppression ; M. Darmanin semblait aller dans ce sens, quand il nous expliquait que ces dispositions relatives à la nationalité n'avaient rien à faire dans ce projet de loi. Mais il est vrai qu'il est inquiétant que le Gouvernement n'ait pas jugé bon de déposer lui-même un amendement de suppression, surtout au regard du nombre d'amendements déposés par ailleurs, certains de manière totalement superflue.
Cet article 2 bis, au-delà des arguments que j'ai déjà évoqués, notamment le fait que c'est une brèche dans le droit du sol – un droit fondamental de notre République qui doit être préservé –, introduit une complication dans notre droit.
En effet, il existe déjà un régime qui permet d'acquérir la nationalité française sur manifestation de volonté : il concerne les mineurs à partir de 13 ans et jusqu'à 16 ans. En créer un autre à l'approche des 18 ans n'a pas beaucoup de sens.
En outre, une telle mesure va, comme je l'ai expliqué il y a quelques minutes, provoquer une rupture d'égalité au sein de la République en matière d'acquisition de la nationalité française, ce qui n'est pas tolérable. S'il y a un domaine dans lequel l'égalité républicaine doit être absolument respectée, c'est bien la citoyenneté, l'appartenance à la République. Il est absolument inacceptable d'introduire des discriminations sociales ou de genre en la matière.
La parole est à M. Guy Benarroche, pour présenter l'amendement n° 286 rectifié.
Applaudissements sur les travées du groupe SER.
La parole est à M. Guy Benarroche, pour présenter l'amendement n° 286 rectifié.
On peut quand même s'étonner de l'ajout de dispositions relatives à la nationalité dans un texte sur l'immigration ; d'autres l'ont d'ailleurs fait avant moi.
Au-delà, je dois dire que la totalité du groupe écologiste est extrêmement heurtée et choquée par les modifications apportées par cet article au droit du sol.
Le code civil dispose aujourd'hui que tout enfant né en France de parents étrangers acquiert la nationalité française à sa majorité si, à cette date, il a en France sa résidence et s'il a eu sa résidence habituelle en France pendant une période continue ou discontinue d'au moins cinq ans, depuis l'âge de onze ans. Cette rédaction est d'une logique absolue et parfaitement cohérente avec le droit du sol.
L'article 2 bis revient sur cet automatisme, ce qui est très grave, puisque l'une des conditions sine qua non de l'acquisition de la nationalité française à la majorité serait désormais que le jeune manifeste la volonté de l'acquérir.
Nous nous inquiétons, comme l'Unicef, avec lequel nous avons travaillé cet amendement, des conséquences de cette conditionnalité nouvelle et de ce qui pourrait définir cette manifestation de volonté. Les modalités de la manifestation de volonté ne sont pas définies, ce qui pourrait engendrer des décisions aléatoires ou diverses, sans aller jusqu'à les qualifier d'arbitraires, de la part des autorités administratives.
De plus, nous craignons que des personnes n'ayant pas eu accès à cette information avant leur majorité, ou n'ayant pas réalisé l'importance de cette démarche pour leur avenir, se voient privées de leur nationalité – je rappelle que cette démarche devrait être faite entre l'âge de 16 et de 18 ans.
L'article restreint aussi les conditions de résidence habituelle : le jeune devrait justifier d'une résidence habituelle en France pendant les cinq années qui précèdent la manifestation de sa volonté. Ainsi, les enfants qui, par exemple, auraient suivi durant cette période, même pour quelques mois, leurs parents poursuivant une expérience professionnelle à l'étranger ne pourraient pas demander la nationalité française.
Madame la Première ministre, la tempête Ciaran a très durement éprouvé la Bretagne. Il faut tout d’abord saluer l’engagement exceptionnel des pompiers, des agents des forces de l’ordre et de la sécurité civile, de ceux des collectivités territoriales, mais aussi de ceux des opérateurs, en particulier d’Enedis.
Honorons la mémoire des victimes et rendons hommage à Frédéric Despaux, agent d’Enedis décédé dans l’exercice de ses fonctions. Nos pensées vont à sa famille et à ses collègues éplorés.
Le monde agricole est très lourdement touché. Une réunion du comité catastrophe naturelle a été annoncée pour le 14 novembre, soit deux semaines après le début de la tempête : c’est bien tard ! En dépit de la promesse du Président de la République, réitérée par le Gouvernement, hier, devant l’Assemblée nationale, nous avons eu confirmation depuis lors que les dégâts provoqués par la tempête n’entraient pas dans le champ de cette garantie. Qu’en est-il précisément ?
En ce qui concerne l’approvisionnement en électricité, vous citez la part des foyers qu’il reste encore à raccorder au réseau, mais, en réalité, ce sont plusieurs dizaines de milliers de Bretonnes et de Bretons qui n’en peuvent plus des promesses non tenues !
De très nombreuses défaillances nous sont rapportées tous les jours : dans la mesure où les préfectures ne fournissent pas de téléphones satellitaires, des élus du Finistère ont été contraints d’improviser un réseau radio citizen-band (CB) ; une usine d’eau potable a été dépriorisée dans les Côtes-d’Armor ; une station d’épuration s’est retrouvée privée d’électricité dans le Morbihan – le maire a été obligé d’appeler le copain d’un copain chez Enedis, faute de disposer des coordonnées de responsables, celles-ci n’ayant pas été transmises en amont aux élus – ; des élus ont dû utiliser leur propre véhicule pour aller chercher des groupes électrogènes, envoyés en Bretagne trois jours après le début de la tempête ; enfin, un maire a été obligé de faire six relances différentes en six jours pour mettre en sécurité deux points critiques.
« Perdus au milieu de nulle part », pour reprendre leurs termes, obligés d’endosser des responsabilités majeures sans disposer des bonnes informations et des moyens appropriés, les maires et les élus sont à bout. La sous-traitance de l’État confine désormais à la maltraitance. Nous voyons là les effets directs du désarmement de nos services publics, du sous-investissement chronique et de la logique du flux tendu, qui ne nous permettent pas de faire face aux épreuves d’un monde qui se dérègle.
Face à la multiplication prévisible des catastrophes climatiques, il est urgent d’agir. Quelles actions concrètes allez-vous mettre en œuvre pour que cette situation ne se reproduise plus ?
On peut quand même s'étonner de l'ajout de dispositions relatives à la nationalité dans un texte sur l'immigration ; d'autres l'ont d'ailleurs fait avant moi.
Au-delà, je dois dire que la totalité du groupe écologiste est extrêmement heurtée et choquée par les modifications apportées par cet article au droit du sol.
Le code civil dispose aujourd'hui que tout enfant né en France de parents étrangers acquiert la nationalité française à sa majorité si, à cette date, il a en France sa résidence et s'il a eu sa résidence habituelle en France pendant une période continue ou discontinue d'au moins cinq ans, depuis l'âge de onze ans. Cette rédaction est d'une logique absolue et parfaitement cohérente avec le droit du sol.
L'article 2 bis revient sur cet automatisme, ce qui est très grave, puisque l'une des conditions sine qua non de l'acquisition de la nationalité française à la majorité serait désormais que le jeune manifeste la volonté de l'acquérir.
Nous nous inquiétons, comme l'Unicef, avec lequel nous avons travaillé cet amendement, des conséquences de cette conditionnalité nouvelle et de ce qui pourrait définir cette manifestation de volonté. Les modalités de la manifestation de volonté ne sont pas définies, ce qui pourrait engendrer des décisions aléatoires ou diverses, sans aller jusqu'à les qualifier d'arbitraires, de la part des autorités administratives.
De plus, nous craignons que des personnes n'ayant pas eu accès à cette information avant leur majorité, ou n'ayant pas réalisé l'importance de cette démarche pour leur avenir, se voient privées de leur nationalité – je rappelle que cette démarche devrait être faite entre l'âge de 16 et de 18 ans.
L'article restreint aussi les conditions de résidence habituelle : le jeune devrait justifier d'une résidence habituelle en France pendant les cinq années qui précèdent la manifestation de sa volonté. Ainsi, les enfants qui, par exemple, auraient suivi durant cette période, même pour quelques mois, leurs parents poursuivant une expérience professionnelle à l'étranger ne pourraient pas demander la nationalité française.
La parole est à M. Pascal Savoldelli, pour présenter l'amendement n° 467.
Monsieur le sénateur Uzenat, je veux tout d’abord rappeler que les dommages causés par les vents violents sont couverts par la garantie tempête des polices d’assurance souscrites par les collectivités, en vertu de l’article L.122-7 du code des assurances.
Par ailleurs, comme vous l’avez souligné, monsieur le sénateur, le Président de la République a indiqué, lors de son déplacement dans le Finistère vendredi dernier, que l’état de catastrophe naturelle et celui de calamité agricole seront activés très rapidement : le comité catastrophe naturelle se réunira sur ce sujet le 14 novembre. Vous trouvez que ce délai est un peu long, mais il est quand même très court, monsieur le sénateur ! Le décret paraîtra dans les jours qui suivront. Ce mécanisme bénéficiera évidemment aux collectivités territoriales et permettra, notamment, de couvrir les dommages liés aux phénomènes de submersion ou de débordement des cours d’eau.
Si des difficultés survenaient avec les assureurs quant au remboursement des dommages, nous ferions le nécessaire avec le médiateur des assurances, dont vous savez qu’il peut, depuis le mois de septembre, être saisi par les collectivités elles-mêmes.
Nous disposons enfin de la dotation de solidarité en faveur de l’équipement des collectivités territoriales et de leurs groupements touchés par des événements climatiques ou géologiques, qui permet, dans de tels cas, de prendre en charge la réparation des dégâts causés aux biens des collectivités. J’ai demandé la semaine dernière à la direction générale des collectivités locales (DGCL) d’adresser aux préfets concernés un message pour leur rappeler les conditions d’engagement de cette dotation, afin que les prises en charge puissent être rapides et significatives. J’y veillerai personnellement.
Par ailleurs, le ministre de l’agriculture poursuit les travaux d’évaluation des dégâts, afin d’enclencher toutes les procédures de reconnaissance de l’état de calamité agricole dans les délais les plus courts. Les pertes de récoltes seront prises en charge dans le cadre du nouveau système assurantiel, y compris pour les agriculteurs non assurés, par le biais de l’indemnité de solidarité nationale.
Comme chaque fois, nous serons, bien entendu, aux côtés des collectivités, des agriculteurs et de tous nos concitoyens.
Applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.
La parole est à M. Pascal Savoldelli, pour présenter l'amendement n° 467.
Il faut bien le dire, le combat de la droite française pour restreindre le principe du droit du sol n'est pas nouveau. On peut même parler d'une idée fixe. C'est reconnu !
Après la mise en place de la commission Marceau Long par le Premier ministre Jacques Chirac, c'est le gouvernement d'Édouard Balladur qui supprima l'automaticité du droit du sol pour les jeunes de 18 ans nés en France et y résidant depuis une certaine période.
Le droit du sol, manifesté par la naturalisation de ces jeunes qui ont vocation, par leur lieu de naissance et leur résidence, à devenir Français, accompagne toute l'histoire de la République : de 1851 à 1927, en passant par la loi de 1889, le droit du sol s'est ancré dans l'histoire de la République.
La parole est à Mme la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales et de la ruralité.
Il faut bien le dire, le combat de la droite française pour restreindre le principe du droit du sol n'est pas nouveau. On peut même parler d'une idée fixe. C'est reconnu !
Après la mise en place de la commission Marceau Long par le Premier ministre Jacques Chirac, c'est le gouvernement d'Édouard Balladur qui supprima l'automaticité du droit du sol pour les jeunes de 18 ans nés en France et y résidant depuis une certaine période.
Le droit du sol, manifesté par la naturalisation de ces jeunes qui ont vocation, par leur lieu de naissance et leur résidence, à devenir Français, accompagne toute l'histoire de la République : de 1851 à 1927, en passant par la loi de 1889, le droit du sol s'est ancré dans l'histoire de la République.
Monsieur le sénateur Uzenat, je veux tout d’abord rappeler que les dommages causés par les vents violents sont couverts par la garantie tempête des polices d’assurance souscrites par les collectivités, en vertu de l’article L. 122-7 du code des assurances.
Par ailleurs, comme vous l’avez souligné, monsieur le sénateur, le Président de la République a indiqué, lors de son déplacement dans le Finistère vendredi dernier, que l’état de catastrophe naturelle et celui de calamité agricole seront activés très rapidement : le comité catastrophe naturelle se réunira sur ce sujet le 14 novembre. Vous trouvez que ce délai est un peu long, mais il est quand même très court, monsieur le sénateur ! Le décret paraîtra dans les jours qui suivront. Ce mécanisme bénéficiera évidemment aux collectivités territoriales et permettra, notamment, de couvrir les dommages liés aux phénomènes de submersion ou de débordement des cours d’eau.
Si des difficultés survenaient avec les assureurs quant au remboursement des dommages, nous ferions le nécessaire avec le médiateur des assurances, dont vous savez qu’il peut, depuis le mois de septembre, être saisi par les collectivités elles-mêmes.
Nous disposons enfin de la dotation de solidarité en faveur de l’équipement des collectivités territoriales et de leurs groupements touchés par des événements climatiques ou géologiques, qui permet, dans de tels cas, de prendre en charge la réparation des dégâts causés aux biens des collectivités. J’ai demandé la semaine dernière à la direction générale des collectivités locales (DGCL) d’adresser aux préfets concernés un message pour leur rappeler les conditions d’engagement de cette dotation, afin que les prises en charge puissent être rapides et significatives. J’y veillerai personnellement.
Par ailleurs, le ministre de l’agriculture poursuit les travaux d’évaluation des dégâts, afin d’enclencher toutes les procédures de reconnaissance de l’état de calamité agricole dans les délais les plus courts. Les pertes de récoltes seront prises en charge dans le cadre du nouveau système assurantiel, y compris pour les agriculteurs non assurés, par le biais de l’indemnité de solidarité nationale.
Comme chaque fois, nous serons, bien entendu, aux côtés des collectivités, des agriculteurs et de tous nos concitoyens.
Faut-il rappeler – nous le verrons avec les amendements de Mme Boyer, qui est à l'origine de beaucoup d'ajouts dans ce texte –…
harcèlement scolaire
… que, historiquement, ce sont les nouveaux Français qui pouvaient éventuellement renoncer à la nationalité. Le choix n'était pas celui d'être Français, le choix était de ne pas l'être !
Comment ne pas se rappeler que c'est le gouvernement de Vichy qui inaugura l'idée de la remise en cause du droit du sol, §avec la mise en place d'une commission de révision de naturalisation, triste instance qui doit encore faire rêver certains partisans de Mme Le Pen ou de M. Zemmour ! C'est l'ordonnance du 19 octobre 1945, issue du combat, main dans la main, des Français et des immigrés contre l'occupant nazi, qui instaura le droit du sol qui s'applique aujourd'hui dans notre pays.
Nous n'acceptons pas la demande dangereuse de la droite sénatoriale, qui, au moment où la cohésion sociale de notre pays est menacée, décide de faire planer le doute sur l'avenir de toute une jeunesse.
Le droit du sol a une origine, une histoire. Il a supplanté le droit du sang. Et rappelez-vous qu'il fut une époque où l'on parlait de sang impur…
Cette question est extrêmement importante, et je crois que ce qui fonde la République, c'est de concevoir le droit du sol comme une citoyenneté politique.
Ma question s’adresse à M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse.
Dès votre prise de fonction, monsieur le ministre, et à nouveau il y a quelques jours, vous avez prononcé des mots forts contre le harcèlement. Votre position a été courageuse : parents, enseignants, victimes, tous avaient besoin d’entendre ce message clair. L’omerta était devenue insupportable.
Les chiffres, publiés hier, du sondage réalisé par l’Institut français d’opinion publique (Ifop) pour le compte de l’association Marion la main tendue sont accablants : un jeune sur cinq est victime de harcèlement scolaire, soit deux fois plus qu’auparavant ; la moitié des victimes ne parlent pas ; près de 80 % des parents se disent inquiets. Il y a donc urgence.
Les faits, je le rappelle, sont sans précédent. Auparavant, le harcèlement scolaire s’arrêtait aux grilles de l’école, à 16 heures 30. Aujourd’hui, il se répand vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur les réseaux sociaux, comme TikTok, Instagram ou Snapchat, qui, par leur viralité, en démultiplient les effets, avec des conséquences dramatiques, et ne laissent aucun répit aux victimes.
Vous avez annoncé 30 millions d’euros supplémentaires pour la création de brigades anti-harcèlement. Ces moyens seront-ils suffisants ? En effet, trop d’établissements gèrent la pénurie : celle des médecins, des psychologues, des infirmières scolaires.
Pouvez-vous nous confirmer que tous les personnels scolaires seront désormais systématiquement formés pour prévenir et détecter ces faits ? Allez-vous rendre obligatoires les questionnaires d’auto-évaluation, alors que les deux heures de temps scolaire banalisées sont facultatives ?
Enfin, en matière de sanctions, pouvez-vous nous donner des précisions sur la mise en place des mesures d’éloignement du harceleur pour protéger la victime ? Ces dispositions, je tiens à le rappeler, avaient déjà été proposées par notre collègue Marie Mercier dans sa proposition de loi, cosignée par 215 sénateurs siégeant sur toutes les travées de cet hémicycle ?
M. le président. La parole est à Mme Agnès Evren, pour le groupe Les Républicains.
… que, historiquement, ce sont les nouveaux Français qui pouvaient éventuellement renoncer à la nationalité. Le choix n'était pas celui d'être Français, le choix était de ne pas l'être !
Comment ne pas se rappeler que c'est le gouvernement de Vichy qui inaugura l'idée de la remise en cause du droit du sol, §avec la mise en place d'une commission de révision de naturalisation, triste instance qui doit encore faire rêver certains partisans de Mme Le Pen ou de M. Zemmour ! C'est l'ordonnance du 19 octobre 1945, issue du combat, main dans la main, des Français et des immigrés contre l'occupant nazi, qui instaura le droit du sol qui s'applique aujourd'hui dans notre pays.
Nous n'acceptons pas la demande dangereuse de la droite sénatoriale, qui, au moment où la cohésion sociale de notre pays est menacée, décide de faire planer le doute sur l'avenir de toute une jeunesse.
Le droit du sol a une origine, une histoire. Il a supplanté le droit du sang. Et rappelez-vous qu'il fut une époque où l'on parlait de sang impur…
Cette question est extrêmement importante, et je crois que ce qui fonde la République, c'est de concevoir le droit du sol comme une citoyenneté politique.
Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains .
Ma question s’adresse à M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse.
Dès votre prise de fonction, monsieur le ministre, et de nouveau il y a quelques jours, vous avez prononcé des mots forts contre le harcèlement. Votre position a été courageuse : parents, enseignants, victimes, tous avaient besoin d’entendre ce message clair. L’omerta était devenue insupportable.
Les chiffres, publiés hier, du sondage réalisé par l’Institut français d’opinion publique (Ifop) pour le compte de l’association Marion la main tendue sont accablants : un jeune sur cinq est victime de harcèlement scolaire, soit deux fois plus qu’auparavant ; la moitié des victimes ne parlent pas ; près de 80 % des parents se disent inquiets. Il y a donc urgence.
Les faits, je le rappelle, sont sans précédent. Auparavant, le harcèlement scolaire s’arrêtait aux grilles de l’école, à seize heures trente. Aujourd’hui, il se répand vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur les réseaux sociaux, comme TikTok, Instagram ou Snapchat, qui, par leur viralité, en démultiplient les effets, avec des conséquences dramatiques, et ne laissent aucun répit aux victimes.
Vous avez annoncé 30 millions d’euros supplémentaires pour la création de brigades anti-harcèlement. Ces moyens seront-ils suffisants ? En effet, trop d’établissements gèrent la pénurie : celle des médecins, des psychologues, des infirmières scolaires.
Pouvez-vous nous confirmer que tous les personnels scolaires seront désormais systématiquement formés pour prévenir et détecter ces faits ? Allez-vous rendre obligatoires les questionnaires d’autoévaluation, alors que les deux heures de temps scolaire banalisées sont facultatives ?
Enfin, en matière de sanctions, pouvez-vous nous donner des précisions sur la mise en place des mesures d’éloignement du harceleur pour protéger la victime ? Ces dispositions, je tiens à le rappeler, avaient déjà été proposées par notre collègue Marie Mercier dans sa proposition de loi, cosignée par 215 sénateurs siégeant sur toutes les travées de cet hémicycle ?
Il est défavorable, madame la présidente.
Je voudrais éviter les controverses historiques, monsieur Savoldelli, mais ce débat a commencé avant la Première Guerre mondiale, et les fondements juridiques de ce droit sont un peu différents de ceux que vous avez évoqués. Mais je ne crois pas que ce soit notre sujet.
L'article 2 bis que ces amendements visent à supprimer résulte de l'adoption par la commission d'un amendement de Mme Boyer, qui est particulièrement attentive à ces sujets. Il faut bien admettre – nous en avons discuté avec elle en commission – qu'elle nous amène à tangenter les limites de l'article 45 de la Constitution – nous le savons tous. Son amendement a en tout cas été déclaré recevable.
Sur le fond, il ne nous paraît pas anormal de demander une manifestation de sa volonté à un jeune qui est né sur le territoire français, mais dont les deux parents sont étrangers, de sorte qu'il peut estimer avoir été élevé dans une communauté dont il se sentirait plus proche.
Le fait d'exiger une manifestation de la volonté ne nous choque donc pas, d'autant qu'il n'y a rien à prouver. Mme Narassiguin a laissé entendre que ce jeune devrait prouver quelque chose ; ce n'est pas le cas : il n'y a rien à prouver.
Enfin, certains ont rattaché cette disposition à Charles Pasqua. Je ne crois pas que quiconque cherche à faire revivre la mémoire de cet ancien ministre de l'intérieur au travers de cet article, mais je rappelle que cette disposition se rattache plutôt à la commission de la nationalité, qui était présidée par Marceau Long, alors vice-président du Conseil d'État, dont tout le monde reconnaît l'autorité morale. En outre, le rapporteur de ce texte était Pierre Mazeaud, dont vous avez été nombreux à souligner l'intégrité intellectuelle.
Marques d ’ approbation sur les travées du groupe Les Républicains.
Il est défavorable, madame la présidente.
Je voudrais éviter les controverses historiques, monsieur Savoldelli, mais ce débat a commencé avant la Première Guerre mondiale, et les fondements juridiques de ce droit sont un peu différents de ceux que vous avez évoqués. Mais je ne crois pas que ce soit notre sujet.
L'article 2 bis que ces amendements visent à supprimer résulte de l'adoption par la commission d'un amendement de Mme Boyer, qui est particulièrement attentive à ces sujets. Il faut bien admettre – nous en avons discuté avec elle en commission – qu'elle nous amène à tangenter les limites de l'article 45 de la Constitution – nous le savons tous. Son amendement a en tout cas été déclaré recevable.
Sur le fond, il ne nous paraît pas anormal de demander une manifestation de sa volonté à un jeune qui est né sur le territoire français, mais dont les deux parents sont étrangers, de sorte qu'il peut estimer avoir été élevé dans une communauté dont il se sentirait plus proche.
Le fait d'exiger une manifestation de la volonté ne nous choque donc pas, d'autant qu'il n'y a rien à prouver. Mme Narassiguin a laissé entendre que ce jeune devrait prouver quelque chose ; ce n'est pas le cas : il n'y a rien à prouver.
Enfin, certains ont rattaché cette disposition à Charles Pasqua. Je ne crois pas que quiconque cherche à faire revivre la mémoire de cet ancien ministre de l'intérieur au travers de cet article, mais je rappelle que cette disposition se rattache plutôt à la commission de la nationalité, qui était présidée par Marceau Long, alors vice-président du Conseil d'État, dont tout le monde reconnaît l'autorité morale. En outre, le rapporteur de ce texte était Pierre Mazeaud, dont vous avez été nombreux à souligner l'intégrité intellectuelle.
Monsieur le ministre, face à ce drame humain considérable, l’action doit être à la hauteur de la communication.
Le Gouvernement est favorable à ces amendements de suppression : les sujets relatifs à la nationalité n'ont rien à faire dans un texte sur le droit des étrangers en France.
Madame la sénatrice Evren, s’il est une cause qui peut nous rassembler par-delà les clivages politiques, je crois profondément que c’est la lutte contre le harcèlement scolaire. Ce fléau est absolument insupportable : des élèves vont à l’école la boule au ventre, parfois ils se donnent la mort, parce qu’ils subissent des brimades, des insultes, des coups.
Je vous remercie donc pour votre question très constructive. Pour lutter contre ce fléau, je vous le confirme, nous avons besoin de toutes les bonnes idées : celles qui ont été défendues ici même par le groupe Les Républicains, ces dernières années, notamment par Mme Mercier, nous inspirent évidemment dans notre action.
Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC. – M. Jean-Baptiste Lemoyne applaudit également.
Le Gouvernement est favorable à ces amendements de suppression : les sujets relatifs à la nationalité n'ont rien à faire dans un texte sur le droit des étrangers en France.
La parole est à M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse.
Vous m’avez posé trois questions très concrètes.
La première concerne la formation. Oui, nous généralisons le programme de lutte contre le harcèlement à l’école (pHARe), aux termes duquel chaque établissement scolaire doit comprendre au moins cinq adultes réellement formés à la lutte contre le harcèlement : des enseignants, des personnels de vie scolaire, mais aussi d’autres personnels : nous avons ainsi constaté qu’il était très utile de former des agents de la cantine, car ils voient beaucoup de choses et peuvent détecter et signaler certains faits.
La deuxième question porte sur le questionnaire d’auto-évaluation. Demain sera organisée, comme chaque année, la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école. Les années précédentes, un tiers environ des établissements organisaient une action à cette occasion. Cette année, j’ai décidé que tous les établissements scolaires devraient participer.
J’indique aussi, pour vous répondre très concrètement, que les deux heures de temps scolaire banalisées ne sont absolument pas optionnelles. La classe devra s’arrêter pendant deux heures dans tous les établissements : ce temps sera consacré à débattre du harcèlement et à remplir le questionnaire d’auto-évaluation que nous avons rédigé avec Marcel Rufo, Éric Debarbieux et Nicole Catheline.
La troisième question, enfin, porte sur le changement des règles en matière de sanctions. Je l’ai dit cet été, dès mon entrée en fonctions, c’est au harceleur de quitter l’établissement et non plus au harcelé.
Madame la sénatrice Evren, s’il est une cause qui peut nous rassembler par-delà les clivages politiques, je crois profondément que c’est la lutte contre le harcèlement scolaire. Ce fléau est absolument insupportable : des élèves vont à l’école la boule au ventre, parfois ils se donnent la mort, parce qu’ils subissent des brimades, des insultes, des coups.
Je vous remercie donc pour votre question très constructive. Pour lutter contre ce fléau, je vous le confirme, nous avons besoin de toutes les bonnes idées : celles qui ont été défendues ici même par le groupe Les Républicains, ces dernières années, notamment par Mme Mercier, nous inspirent évidemment dans notre action.
Ah ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.
Cela devait bien arriver un jour !
Il faut que cela se produise, d'autant que j'ai appris tout à l'heure que vous remodeliez la droite autour de vous…
Je vous le confirme, cette règle s’applique. À Mont-de-Marsan, par exemple, un lycéen qui faisait l’objet de harcèlement depuis la rentrée scolaire l’a signalé, le 9 octobre, au chef d’établissement, qui l’a accompagné dans le dépôt d’une plainte. Une semaine plus tard, les trois élèves harceleurs, âgés de 15 et 16 ans, ont été interpellés par les forces de police et placés en garde à vue. Ils passeront devant le juge des enfants le 15 novembre et ont d’ores et déjà été exclus de l’établissement.
Comme eux, plusieurs dizaines de jeunes harceleurs ont déjà été exclus de leur établissement depuis que j’ai pris cette décision. La peur et la honte sont en train de changer de camp. Évidemment, il reste du travail pour que cette mesure s’applique partout, mais vous pouvez compter sur ma mobilisation, comme je sais pouvoir compter sur la vôtre, pour avancer.