Intervention de Gérald Darmanin

Réunion du 7 novembre 2023 à 14h30
Immigration et intégration — Article 1er G

Gérald Darmanin, ministre :

Vous avez été, je trouve, extrêmement méprisant envers ces fonctionnaires. Quant à moi, je suis heureux de défendre leur travail, qu'ils font dans des conditions difficiles. Ils ont désormais la chance que le Gouvernement leur donne des moyens supplémentaires. Car nous créons de nouveau, pour la première fois depuis vingt-cinq ans, des postes dans les préfectures et les sous-préfectures. Pour votre part, en un seul quinquennat, vous en avez supprimé 5 500.

Remémorez-vous ce point et parlez-en aux agents de votre préfecture : ils vous le rappelleront, tout comme les syndicats qui, jadis, vous soutenaient. On comprend pourquoi, désormais, ils ne vous soutiennent plus. §

J'en viens au sujet des étudiants étrangers. La question porte non pas tant sur le nombre que sur la qualité de ceux que nous accueillons. Savoir s'ils sont ou non trop nombreux me semble quelque peu absurde, même si les capacités de nos établissements universitaires au sens large ne sont pas illimitées.

Le Président de la République nous a fixé l'objectif d'accueillir 500 000 étudiants internationaux dans l'enseignement français d'ici à 2027 et de doubler les bourses. Cela montre que nous avons un objectif social et quantitatif important, pour que vibre partout la francophonie, comme l'ont rappelé les précédents orateurs.

Mais on peut se demander si la qualité, au sens très large, de ces étudiants correspond ou non à notre envie de rayonner.

En cinq ans, le taux des étudiants venus d'Afrique du Nord a augmenté de 16 %, celui des étudiants européens de 21 %, et celui des étudiants venus d'Afrique subsaharienne de 34 %, tandis que le taux des étudiants venus d'Asie et d'Océanie a diminué de 3 %.

On pourrait avoir la volonté d'attirer davantage d'étudiants en provenance d'Asie ou d'Océanie, car la France y a des intérêts diplomatiques et économiques, et ses entreprises y ont des parts de marché. C'est aussi dans ces pays que l'innovation se crée. Pourquoi attirons-nous moins d'étudiants asiatiques et plus d'étudiants d'Afrique subsaharienne ?

Cela ne veut pas dire, pour autant, qu'il faille accueillir moins d'étudiants d'Afrique subsaharienne. Mais le constat d'une augmentation de 34 %, d'un côté, et d'une baisse de 3 %, de l'autre, en cinq ans, peut faire penser que notre système universitaire n'est pas suffisamment complet pour attirer certains étudiants...

Que la France accueille des étudiants, c'est une très bonne chose pour la diplomatie française et pour le rayonnement de la francophonie. Mais il faut reconnaître aussi que des filières d'immigration irrégulière utilisent l'immigration étudiante. C'est un fait, que tout le monde essaye de combattre, comme le faisait le gouvernement que vous souteniez lorsqu'il était aux responsabilités. Je pense que l'on peut en débattre calmement.

Je le répète, il ne s'agit pas simplement d'un sujet de francophonie, comme au Québec. Il est normal, selon moi, quand on veut suivre des études universitaires – on ne parle pas d'échanges entre collégiens et lycéens ! – d'avoir suivi un minimum de cours de langue française. On peut prévoir des exigences supplémentaires. On peut souhaiter avoir de nombreux étudiants tout en les choisissant pour leur qualité – étudiants dans les matières scientifiques ou littéraires, ou originaires de telle ou telle zone géographique du monde, etc. On a le droit de choisir qui l'on souhaite accueillir.

Ces débats, qui portent sur une question difficile car profondément humaine, ne valent pas les noms d'oiseaux que l'on a entendus !

Pour répondre à M. le ministre Karoutchi et aux autres orateurs, l'une des difficultés que nous rencontrons est moins le contrôle, qui existe déjà – Mme la rapporteure l'a rappelé –, que le budget des universités, lequel dépend du nombre d'inscriptions. Il y a peut-être là un point à revoir, et vous pourrez en parler avec la ministre de l'enseignement supérieur au cours des prochains débats budgétaires.

J'émets une nouvelle fois un avis défavorable sur ces amendements.

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