Pour la deuxième fois dans ce débat législatif, des amendements identiques du groupe Les Républicains et du sénateur Reconquête, défendus avec des argumentaires très proches, ont reçu un avis favorable de la commission. Certes, la commission ne mentionne que Mme Boyer et passe sous silence M. Ravier ; reste que tout se passe comme si Les Républicains étaient partis à la reconquête d’une sévérité qui est contraire à la générosité de notre pays.
« On ne saurait pourtant créer un nouvel appel d’air ! » Depuis des années, si l’on en croit les discours sur le sujet, notre pays ne serait plus qu’un vaste appel d’air. À ce titre, il est étonnant que la France ne soit pas le pays européen qui accueille le plus d’immigrés, malgré tous les appels d’air que nous aurions créés, malgré cette générosité démesurée à tous les niveaux : naturalisation, nationalité, traitement des travailleurs immigrés, prestations sociales, salaires…
Comment expliquer cela ?
C’est simple : cet argument ne tient pas, il ne correspond pas à la réalité. Il s’agit d’une fable, contredite par tous les sociologues et par tous les statisticiens, y compris ceux qui travaillent dans les services de l’État, ainsi que par tous les syndicalistes. Il n’y a pas d’appel d’air et la France n’est pas la plus généreuse, celle qui accueillerait des milliers d’immigrants de plus que les autres pays.
Cessons d’utiliser ce raisonnement pour tout et n’importe quoi : aujourd’hui, exiger dix ans de présence sur le territoire français pour prétendre à une naturalisation parce que cinq ans ne suffiraient pas. Et pourquoi pas vingt-cinq ans ? Pourquoi pas toute une vie, après tout ?