Je n’aborderai pas la question de la place de cet article dans un tel texte, mais je considère, sur le fond, que la disposition qui a été adoptée en commission est particulièrement choquante.
Vous semblez méconnaître profondément, mes chers collègues, ce qu’est un adolescent entre 16 et 18 ans. §Or c’est bien à cet âge que vous leur imposez de « manifester la volonté » d’acquérir la nationalité française. Si j’ai bien compris, après 18 ans, la porte se ferme et les jeunes sont alors obligés de passer par une demande de naturalisation. Est-ce bien cela que vous proposez ?
Il s’agit de mineurs ! Or l’idée qu’un mineur de 16 à 18 ans puisse avoir un conflit affectif avec ses parents ne vous a pas effleurée. Vous demandez à un mineur de faire une démarche qui est avant tout celle d’un adulte. Entre 16 et 18 ans, combien de personnes sont informées de leurs droits ? Combien savent que c’est le moment de demander la nationalité, qu’ensuite la porte se fermera ? Probablement très peu, voire aucun !
Enfin, je ne comprends pas votre approche globale de ce que veut dire « faire nation ». Ce texte est destiné à lutter contre les étrangers qui entrent en France de manière irrégulière et qui voudraient y rester bien qu’ils n’y aient pas droit. Là, nous avons affaire à des enfants qui sont en France en situation régulière, qui doivent « faire nation » avec nous, et vous leur fermez la porte. En fait, vous fabriquez des gens extérieurs à la nation française. Nous n’avons vraiment pas la même conception de ce que veut dire « faire nation » !