Intervention de Raymonde Poncet Monge

Réunion du 9 novembre 2023 à 11h00
Plein emploi — Vote sur l'ensemble

Photo de Raymonde Poncet MongeRaymonde Poncet Monge :

Madame la présidente, monsieur le ministre, chers collègues, nous voilà de nouveau réunis pour mettre une touche finale au tout dernier texte antisocial, après les réformes de l’assurance chômage et de la retraite - soulignons la grande cohérence de ces trois lois.

Le projet de loi dit « pour le plein emploi » revient à réduire tout bénéficiaire ou allocataire de solidarité au seul statut de demandeur d’emploi. Dès lors, ce texte participe à stigmatiser les personnes en situation de grande précarité en se privant d’une approche holistique et en éludant la question primordiale du travail, de ses conditions et de son sens.

Rappelons-le, selon l’enquête européenne sur les conditions de travail, plus du tiers des travailleurs français souffrent de postures douloureuses dans leur travail, contre 22 % seulement en Allemagne. Par ailleurs, la moitié des travailleurs souffrent d’anxiété contre 30 % en moyenne en Europe.

Les conditions de travail dans notre pays se dégradent depuis quarante ans. Selon la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), l’exposition à au moins trois contraintes physiques concerne un tiers des salariés en 2016, soit trois fois plus qu’en 1984. Seuls 37 % des travailleurs considèrent leur travail comme soutenable.

Comme pour la réforme des retraites, le travail est le point aveugle de cette loi. L’objectif reste bien d’apparier les allocataires aux postes vacants des secteurs en tension, et ce alors même que la majorité des quelque 6 % d’emplois vacants le sont souvent parce qu’ils présentent un défaut majeur d’attractivité.

Selon Pôle emploi, 75 % des employeurs reconnaissent que les conditions de travail des postes proposés découragent les candidats. La Dares abonde en ce sens, en soulignant que « même quand l’employeur ne les évoque pas explicitement, les conditions de travail demeurent significativement corrélées aux problèmes de recrutement ».

Le problème des emplois vacants, c’est bien l’attractivité globale des postes proposés et non l’absence de mobilisation des personnes au chômage ou au RSA. Monsieur le ministre, tirez plutôt les enseignements du dispositif Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD), que vous êtes en train de fragiliser.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion