Intervention de Raymonde Poncet Monge

Réunion du 14 novembre 2023 à 14h30
Financement de la sécurité sociale pour 2024 — Après l'article 10

Photo de Raymonde Poncet MongeRaymonde Poncet Monge :

Depuis deux ans, l'inflation est alimentée par une boucle prix-profits.

Les économistes libéraux – qui ne sont certes pas des idéologues !… – nous ont parlé pendant vingt ans de la boucle prix-salaires, mais nous les entendons moins évoquer un autre phénomène, qui est pourtant tout aussi bien documenté : la boucle prix-profits, qui dope les taux de marge des entreprises de certains secteurs, notamment l'agroalimentaire.

L'existence d'une telle boucle a été démontrée par le Fonds monétaire international (FMI), qui est loin d'être la plus gauchiste des institutions : il a conclu que l'inflation était due à 45 % à l'augmentation des profits.

Une étude du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii) indique, dans le même sens, que les cinq secteurs les moins concurrentiels répercutent plus de 100 % du choc énergétique dans leurs prix de vente. En d'autres termes, ils augmentent plus leur prix que ne le justifierait l'augmentation réelle de leurs coûts de production. C'est cela, la boucle prix-profits.

L'étude pointe en particulier l'industrie agroalimentaire, dont le taux de répercussion atteint 110 % et dont le taux de marge est en conséquence passé de 28 % à 48 %, un record historique !

Cette boucle prix-profits dans le secteur agroalimentaire a des conséquences très concrètes sur les personnes les plus précaires : la vente de certains produits donne lieu à des marges qui vont de 30 % à 60 % !

Face à l'inflation, le Gouvernement promeut des dispositifs de partage de la valeur. Or le véritable partage de la valeur, c'est le salaire – nous vous le rappellerons bientôt, monsieur le ministre. Il convient donc d'augmenter les salaires.

Des mesures de justice et de redistribution s'imposent également, comme la taxation des marges indues, car il est inconcevable de laisser la boucle prix-profits s'emballer, alors même que nous avons à discuter d'un PLFSS dont les montants sont toujours très en dessous des besoins.

En conséquence, cet amendement tend à créer une contribution sur les bénéfices des distributeurs, afin de financer la protection sociale.

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