Mes chers collègues, j'appelle votre attention sur un sujet complètement différent du précédent, mais qui me tient particulièrement à cœur : il s'agit des risques de cancers professionnels auxquels sont exposés les sapeurs-pompiers, qu'ils soient professionnels ou volontaires.
Dans une enquête inédite, l'équipe de journalistes d'investigation de l'émission Vert de rage vient de mettre en lumière les risques de l'exposition professionnelle des sapeurs-pompiers aux fumées d'incendies et plus particulièrement aux retardateurs de flammes. Tous les pompiers français sont exposés à ces substances reprotoxiques et cancérigènes reconnues, à des niveaux tels qu'il faut s'interroger sur la part de ces dernières dans l'exposition professionnelle des soldats du feu.
L'alerte avait été lancée dès 2003 : un rapport remis au ministre de l'intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, concluait à la nécessité d'instaurer une véritable veille sanitaire des sapeurs-pompiers, afin d'élaborer une politique de prévention. Mais, vingt ans plus tard, aucune étude épidémiologique n'a été mise en œuvre.
En juin 2022, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a publié une étude démontrant qu'il existait suffisamment de preuves chez l'homme pour établir la cancérogénicité de l'exposition professionnelle des pompiers.
Ladite étude a établi un lien entre l'exposition professionnelle des pompiers, d'une part, et, de l'autre, le mésothéliome et le cancer de la vessie. Il a aussi révélé des associations positives, notamment avec les cancers du côlon, de la prostate et des testicules.
Or, aujourd'hui en France, un seul un type de cancer est reconnu comme lié à l'exposition des pompiers à la fumée des incendies – il s'agit du carcinome du nasopharynx –, contre vingt-huit cancers aux États-Unis, dix-neuf au Canada et douze en Australie. Comment justifier de tels écarts ? Les pompiers français sont exposés aux mêmes risques que leurs homologues étrangers.
Face à ce problème, nous en sommes réduits à formuler une demande de rapport. Mais il nous semble particulièrement important que le ministère de la santé lance une telle étude épidémiologique, …