Je souhaite illustrer cette mesure au travers d'une situation que je connais bien, celle de La Réunion.
Après de longues années d'attente – plus de dix ans –, à la suite d'un mouvement de grève des personnels hospitaliers réunionnais et de la mobilisation de plusieurs hommes et femmes politiques, un accord a enfin été trouvé pour revaloriser le coefficient géographique retenu pour le calcul des dotations.
Toutefois, ce coefficient géographique ayant pour objet de compenser les surcoûts subis par les établissements de santé réunionnais, il ne saurait rester figé, et la question de sa revalorisation ne doit pas être résolue chaque fois par un conflit ou par de longues négociations.
À ce jour, les comptes du centre hospitalier universitaire (CHU) de La Réunion accusent un déficit de 50 millions d'euros, dont plus des deux tiers sont imputables à la faiblesse du coefficient géographique et à l'absence de compensation des mesures du Ségur de la santé. N'oublions donc pas que 70 % du déficit sont imputables à l'État !
Certes, nous avons obtenu une revalorisation de 3 points, mais le rapport indépendant de 2018 plaidait pour une revalorisation de 4 points et la Fédération hospitalière de France (FHF) proposait même une augmentation pendant une année – le temps d'y voir plus clair – de 8 points !
Par ailleurs, le CHU de La Réunion, établissement de référence du sud-ouest de l'océan Indien, accueille, depuis sa création, de plus en plus d'évacuations sanitaires, dont le nombre annuel est ainsi passé de 400 à 1 600.
En outre, lorsque, en raison de la spécialisation des soins, on ne peut y prodiguer directement les soins, le transport aérien des patients entraîne l'augmentation du taux de mortalité.
Tout cela est un état de fait, que l'on doit accepter comme tel, mais notre hôpital public doit, du point de vue financier et matériel, endosser clairement et fièrement son référencement unique au sein de l'océan Indien. Tous les Français et étrangers de la zone viennent s'y faire soigner !
Dans ce contexte, cet amendement vise à protéger et à anticiper les lourdes difficultés de l'hôpital public dans les outre-mer. Les situations catastrophiques évoquées suscitent encore plus notre consternation lorsque l'on sait que les effectifs travaillent sous pression, lorsque l'on considère le nombre important d'emplois précaires et l'absence de fidélisation du personnel soignant – les soignants préfèrent en effet parfois démissionner, voire changer de carrière, tellement leur expérience est pénible –, et lorsque l'on sait qu'un hôpital sous pression entraîne la multiplication des actes de maltraitance envers les malades.