Intervention de Aurélien Rousseau

Réunion du 16 novembre 2023 à 10h30
Financement de la sécurité sociale pour 2024 — Après l'article 26

Aurélien Rousseau, ministre :

Permettez-moi de finir ma réponse, monsieur le sénateur !

En Île-de-France, entre le sud et le nord de la ligne B du RER, l'écart d'espérance de vie est de dix ans. Nous ne nous trouvons, ni d'un côté ni de l'autre de cette ligne, dans des déserts médicaux absolus…

Mon but n'est pas de disqualifier votre remarque. Il s'agit de dire que la lutte passe aussi par la prévention et la mobilisation de tous les autres professionnels de santé.

Par ailleurs, votre amendement propose ce que l'on appelle le conventionnement ou le déconventionnement sélectif.

On constate aujourd'hui qu'un certain nombre de professionnels de santé ont commencé à s'adonner à cette pratique pour faire pression et pour que le C – la rémunération du médecin généraliste – soit augmenté.

Tous les syndicats médicaux, même ceux que l'on dit progressistes, ont annoncé qu'ils s'engageraient dans le déconventionnement si de telles mesures étaient mises en œuvre. Je ne suis donc pas certain que le mouvement dont je viens de parler ne prendra pas une ampleur démesurée. Je pense que nous nous mettrions alors encore plus en péril, la situation étant déjà extrêmement tendue !

Je ne refais pas le débat que nous avons eu il y a seulement quelques semaines, mais je veux vous faire comprendre que je n'ai pas de solution miraculeuse à opposer à votre proposition. Je l'ai moi-même testée et retestée auprès de tous les représentants des syndicats de médecins, y compris ceux qui ont le plus le sens de la responsabilité populationnelle. La réponse est unanime et c'est sans parler de la position des internes…

C'est pourquoi nous avons assoupli les dispositifs d'aides. Nous faisons tout pour renforcer l'attractivité – ce n'est pas aux élus territoriaux que vous êtes que je vais l'apprendre, mesdames, messieurs les sénateurs.

Nous menons de front un chantier avec les doyens pour pousser de jeunes internes à faire leur stage dans des territoires où, pour l'instant, il n'y a pas de médecins. Nous essayons de pousser tous les curseurs, mais, dès que nous basculerons dans un dispositif de coercition, nous risquons, me semble-t-il – c'est notre crainte –, d'aboutir à un raidissement complet, dont le premier effet sera la chute de l'hôpital. De fait, les internes sont aujourd'hui des acteurs majeurs du fonctionnement des hôpitaux.

Cette question est loin d'être secondaire, mais, pour les raisons que je viens de développer, le Gouvernement émet un avis défavorable sur votre amendement.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion