Puisque nous évoquons la situation des patients dans les zones sous-dotées, je vais prendre le cas particulier des zones rurales.
Qu'y constate-t-on ? De plus en plus de personnes sans médecin référent ; deux fois moins de consultations médicales que la moyenne nationale ; une consommation de services hospitaliers inférieure de 16 % à celle-ci – pour certaines spécialités, ce taux passe à 30 %.
Un chirurgien me disait que, depuis quelque temps, il ne peut plus soigner définitivement les patients qu'il reçoit, parce qu'ils le consultent trois ou quatre mois trop tard. Il les traite, mais la perte de chances est très nette.
En outre, une étude récente a démontré qu'il y avait 14 000 morts de plus dans les territoires ruraux que ce qu'il devrait y avoir si l'accès aux professionnels de santé y était égal à la moyenne nationale.
Au reste, l'espérance de vie y est inférieure de deux ans – jusqu'à quatre ans dans certains territoires. C'est un scandale. Cette situation est complètement inéquitable et inacceptable.
La question se pose : continue-t-on sur cette voie ou essaie-t-on de prendre le problème à bras-le-corps ?
À cet égard, l'amendement que je propose d'adopter fait appel à la solidarité nationale et à la solidarité des professionnels de santé.
Son dispositif est assez simple : il s'agit de laisser les médecins s'installer où ils veulent à l'issue de leurs études. On leur demande seulement de venir travailler à mi-temps, pendant trois ans, dans un territoire non surdoté, durée réduite à deux ans s'ils viennent dans les territoires sous-dotés. Concrètement, ils s'organisent comme ils le souhaitent, pourvu qu'ils fassent l'équivalent de dix-huit mois sur trois ans.