Intervention de Raymonde Poncet Monge

Réunion du 16 novembre 2023 à 10h30
Financement de la sécurité sociale pour 2024 — Article 27

Photo de Raymonde Poncet MongeRaymonde Poncet Monge :

Le Gouvernement justifie les dispositions de l'article 27, en insistant sur l'augmentation des dépenses au titre des indemnités journalières (IJ), alors même que, selon la Commission des comptes de la sécurité sociale, le dépassement de 300 millions d'euros constaté par rapport à l'objectif fixé en loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 est « quasiment intégralement dû au contexte inflationniste persistant qui a tiré à la hausse le coût moyen des arrêts de travail de façon plus importante qu'anticipée ».

Par ailleurs, l'essentiel de la hausse du nombre des arrêts de travail s'explique par l'augmentation du taux d'emploi et le vieillissement de la population active.

Si le Gouvernement s'attarde sur la question du nombre des arrêts de maladie, il ne pondère jamais ce constat par une prise en compte de l'intensification bien plus dynamique du travail. Ainsi, selon la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), le taux de salariés exposés à trois contraintes physiques ou plus s'élevait à 34 % en 2016, contre 12 % en 1984.

Si le taux d'absentéisme des moins de 30 ans a explosé, c'est aussi parce ces jeunes sont touchés par l'intensification du travail et qu'ils ont un rapport conflictuel avec celui-ci, notamment en raison du manque de sens qui caractérise certaines activités, lequel a été largement étudié.

L'intensification du travail, le manque de sens, l'insécurité socioéconomique affectent plus particulièrement les jeunes et les cadres.

Quant aux arrêts pour épuisement professionnel, ils sont devenus la première pathologie à l'origine des arrêts de travail de longue durée.

Aucun de ces éléments n'est pris en considération dans cet article 27 qui se contente, une fois de plus, d'ignorer la question du travail, de sa perte de sens et de son intensification délétère pour la santé et qui fait peser sur les épaules des salariés toute la charge de la sanction.

S'il faut lutter contre les arrêts maladie indus, il serait préférable de lutter au préalable contre la dégradation des conditions de travail et la perte de sens au travail.

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