Intervention de Raymonde Poncet Monge

Réunion du 17 novembre 2023 à 9h30
Financement de la sécurité sociale pour 2024 — Après l'article 40

Photo de Raymonde Poncet MongeRaymonde Poncet Monge :

Par cet amendement, nous demandons dans les six mois, c'est-à-dire à la fin du premier quadrimestre de 2024, une évaluation des dépenses sociales induites par le décalage de l'âge d'ouverture des droits à la retraite.

Comme beaucoup, je demeure très sceptique quant au prétendu rendement de la contre-réforme des retraites. En revanche, je suis certaine de ses impacts sociaux.

Dans son rapport sur les objectifs de ladite réforme, le Gouvernement chiffrait à 17, 7 milliards d'euros le rendement des mesures paramétriques. En parallèle, il sous-estimait à nos yeux les externalités négatives et les surcoûts au titre des prestations sociales. Voilà pourquoi nous proposons d'évaluer ces différents éléments.

En 2019, le Conseil d'orientation des retraites avançait qu'un report de l'âge d'ouverture des droits de deux ans équivaudrait à un surcoût de près de 320 millions d'euros par an en minima sociaux. Pour les années 2023 à 2030, la somme s'élèverait donc à 2, 2 milliards d'euros.

En outre, selon l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la réforme se traduira par une augmentation du chômage de 0, 9 % à horizon de dix ans.

Reprenant les études de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) et de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) évaluant les effets d'un report de l'âge sur l'emploi des seniors, l'économiste Michaël Zemmour estime quant à lui que 200 000 personnes supplémentaires seraient maintenues dans les minima sociaux ou au chômage, victimes de ce que l'on a pu appeler le sas de précarité.

Ces conclusions viennent confirmer de précédentes études de la Drees et de l'Insee portant sur les effets de la réforme de 2010, qui, pour leur part, ont été bien évalués et documentés. La hausse mécanique du taux d'activité des seniors s'est alors accompagnée d'une hausse tout aussi importante du chômage et de l'invalidité dans les mêmes classes d'âge.

Par ailleurs, dans un document publié cette année, le Centre d'études de l'emploi et du travail (Ceet) prouve que la réforme de 2010 a entraîné une augmentation drastique du nombre d'arrêts maladie ponctuels et, surtout, de longue durée chez les seniors, pour un surcoût estimé à 68 millions d'euros.

Le report de l'âge d'ouverture des droits à 64 ans, touchant des âges où la vulnérabilité s'accroît, devrait lui aussi se traduire par des surcoûts pour l'assurance maladie et pour la branche AT-MP. Je le répète : il convient d'évaluer ces effets au plus vite. Qui sait ? Peut-être fera-t-on alors marche arrière…

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