Monsieur le président, monsieur le ministre délégué, mes chers collègues, l’attaque terroriste commise par le Hamas, le 7 octobre dernier, a atteint des sommets d’horreur. La pire des barbaries, dont on voudrait toujours croire qu’elle appartient au passé, a été diffusée à grande échelle sur les réseaux sociaux. La cruauté archaïque et les nouvelles technologies ont scellé un pacte diabolique. L’information est devenue une composante essentielle de la guerre. C’est une nouvelle donne à intégrer. Elle implique de se doter de nouveaux moyens, de nouvelles ressources, de nouveaux talents.
La volatilité des opinions publiques est l’un des facteurs importants de cette nouvelle donne. On s’indigne, puis on zappe aussitôt. Un conflit en chasse un autre, et un massacre peut rapidement faire oublier le précédent. C’est l’un des risques liés à la situation en Israël : nous faire oublier l’Arménie, comme l’Arménie risquait déjà de nous faire oublier l’Ukraine. Les Occidentaux doivent se mobiliser aux côtés d’Israël, mais ils ne doivent se démobiliser ni en Arménie ni en Ukraine.
C’est d’autant plus nécessaire qu’il ne s’agit pas de trois situations que tout oppose, bien au contraire. Elles partagent au moins un point commun : dans chacun de ces cas, c’est la démocratie qui est attaquée par des forces hostiles. Elles révèlent une convergence, tacite ou non, des dictatures contre nos démocraties.
Il y a quelques semaines, face à ces menaces, notre président de groupe, Claude Malhuret, nous invitait à nous réarmer militairement, industriellement et surtout moralement. J’y insiste, cela passe d’abord par notre soutien à l’Ukraine et à l’Arménie, que nous ne devons pas oublier, malgré les événements en Israël et à Gaza. À cet égard, je veux saluer l’ouverture de nouveaux crédits, qui concrétisent nos engagements internationaux. Le Gouvernement a décidé d’ouvrir 2, 1 milliards de crédits supplémentaires pour la mission « Défense », et ce dès 2023. Ces moyens permettront de répondre à des surcoûts opérationnels, d’anticiper certaines commandes de la loi de programmation militaire et de prolonger notre soutien à l’Ukraine. Je salue cette initiative au profit de nos forces armées.
Notre rapporteur général propose quant à lui de mobiliser une enveloppe de 20 millions d’euros, au titre de la mission « Aide publique au développement », pour soutenir les ONG qui œuvrent à la prise en charge des réfugiés du Haut-Karabagh. Je salue également cette initiative et notre groupe votera bien évidemment en faveur de cet amendement.
Évidemment, ces ouvertures de crédits dégradent un peu plus nos comptes publics, qui se trouvaient déjà dans une situation très préoccupante, mais je crois important que nous prenions de tels engagements en faveur de l’Ukraine et de l’Arménie : à quelques jours de l’examen du budget, nous nous rappelons ainsi qu’il y a des dépenses plus stratégiques que d’autres.
Cependant, nos démocraties ne pourront pas se réarmer moralement si elles continuent de laisser filer les déficits.