Ce débat, le Président de la République l'a souhaité le 30 août dernier, un mois après le putsch mené au Niger contre le président Bazoum, répliquant les coups d'État menés au Mali et au Burkina Faso.
Abordons la question du Sahel dès maintenant, pour évoquer ensuite l'Afrique tout entière, qui ne saurait se résumer à ces arpents de sable sur lesquels 58 enfants de France ont payé de leur vie la lutte contre le terrorisme et la protection des populations. Permettez-moi ici de leur rendre hommage, ainsi qu'à leurs familles.
Leur sacrifice n'a pas été vain, n'en déplaise aux Cassandre de tout poil. Serval et Barkhane ont permis qu'aucune capitale ne soit prise par les factions islamistes et qu'aucun pays ne devienne un autre califat. C'est en gardant cela en mémoire qu'il faut examiner la situation actuelle.
La multiplication des putschs dans la zone sahélienne est-elle la remise en cause de l'action de la France ? Non. Ces coups d'État sont avant tout dirigés contre leurs dirigeants, leurs constitutions et leurs institutions.
Alors que la vie quotidienne est encore plus difficile pour les populations sahéliennes, madame la ministre, nous devons maintenir des liens humains forts avec les sociétés civiles – je pense ici à la problématique des visas –, tout comme avec les acteurs de terrain que sont les ONG, ces véritables partenaires, avec un ancrage résistant aux aléas politiques.
Pour autant, dans ce nouveau paysage politique, militaire et stratégique, faut-il renoncer à tout ? Renoncer, non ; reformater, oui. Le temps est venu de repenser notre empreinte militaire et sécuritaire. Nous sommes là pour faire non pas « à la place de », mais, le cas échéant, « à la demande de » et « avec ».
Nous pouvons aussi faire beaucoup pour le renforcement des capacités des unités locales, par la formation notamment. Je pense au rôle joué par les multiples ENVR, les écoles nationales à vocation régionale, rôle qu'a rappelé M. le ministre. Étudions aussi le succès de l'Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT), à Abidjan, que vous avez visitée, je crois, madame la ministre, voulue par le président Alassane Ouattara, exemple d'un partenariat réussi entre Côte d'Ivoire et France, étendu ensuite à une multitude d'autres partenaires.
Cela dit, notre débat est consacré aux partenariats renouvelés entre la France et les pays africains. Chaque mot a son importance. Notre débat ne saurait donc se réduire au Sahel. Il doit plutôt porter sur les partenariats que nous devons construire avec les 54 États africains pour relever les défis globaux.
En effet, nous avons partie liée : Européens, Français, Africains, notre avenir s'écrira ensemble, n'en déplaise aux adeptes du repli sur soi, à coups de « la Corrèze avant le Zambèze », et quoi qu'en pensent les escouades de followers des néo-gourous pseudo-panafricanistes, ces derniers n'étant que le cache-sexe de puissances autoritaires qui font de l'Afrique un terrain de prédation et un terrain de jeu parmi d'autres sur leur grand échiquier.