Intervention de Jean-Baptiste Lemoyne

Réunion du 21 novembre 2023 à 14h30
Partenariats renouvelés entre la france et les pays africains — Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Jean-Baptiste LemoyneJean-Baptiste Lemoyne :

D'ailleurs, les impôts payés par les entreprises françaises dans les dix plus gros pays s'élèvent à 14 milliards d'euros, c'est-à-dire trois fois le montant de l'APD pour cette même zone !

Si la France n'est plus désirée, leitmotiv des agitateurs à la solde du Kremlin, pourquoi 100 000 étudiants viennent-ils étudier en France – sans compter ceux qui viennent dans le cadre de la formation continue avec des programmes spécifiques, comme l'Africa Infrastructure Fellowship Program (AIFP), lancé par Thierry Déau, qui permet de renforcer les compétences des ingénieurs et des acteurs de la commande publique africaine ?

La relation entre la France et les cinquante-quatre partenaires africains est donc plus vivace que jamais, mais elle évolue, dans son périmètre et dans ses projets.

Cette relation se normalise, au sens où nous sommes l'un des partenaires de l'Afrique comme l'Afrique est l'un de nos partenaires. Au risque de provoquer, je dirai que, plus cette relation se banalise, mieux c'est ! En effet, quand une chose devient banale, c'est qu'elle est devenue un réflexe ou une habitude.

Habituons-nous à cette nouvelle Afrique. Participer aux côtés des Africains à la nouvelle Afrique, c'est tout le sens de l'action engagée depuis 2017 par le Président de la République, avec de nombreux gestes concrets. Je pense aux restitutions d'œuvres ou à la profonde réforme du franc CFA, qui deviendra l'eco dans quelques mois.

Avec des événements comme le Forum Création Africa, la France est toujours plus et toujours mieux au contact de celles et ceux qui façonnent l'avenir de l'Afrique, lui-même continent de l'avenir. Il est en effet un continent de l'avenir au regard de sa dynamique démographique et de sa dynamique économique.

« Les fondamentaux sont donc là, solides et prometteurs », pour reprendre les propos du président du Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian), Étienne Giros.

Certains relèveront que la dynamique démocratique semble marquer le pas, ce qui pourrait être une menace pour l'avenir. Pourtant, dans de nombreux pays, les dirigeants se succèdent au terme de processus électoraux : au Nigéria, au Kenya et, ce week-end, au Libéria.

Par ailleurs, la démocratie française elle-même n'est pas identique en tout point à la démocratie suisse ou américaine. La Ve République peut d'ailleurs apparaître à certaines autres démocraties comme bien verticale. Acceptons donc que la démocratie africaine ait ses caractères propres, synthèse faite par chaque peuple de son histoire, de sa géographie et de son environnement.

Acceptons que les peuples et États africains fassent leurs propres choix. Qu'ils nous choisissent ou pas, nous répondrons toujours présent au rendez-vous, s'ils le souhaitent.

Oui, il y a une compétition et elle est accrue depuis deux décennies. Assumons-la, n'en ayons pas peur, montrons ce que nous savons faire ! Il n'y a pas à avoir de « doctrine Monroe » française ou européenne en Afrique. On peut regarder droit dans les yeux nos concurrents que sont la Chine et la Russie.

La France n'a ni à rougir ni à pâlir. Elle a une politique globale et panafricaine, avec une offre qui va de la culture au sport, en passant par le numérique et l'environnement. Le caractère universel de notre réseau diplomatique fait que nous la mettons en œuvre de la Gambie au Lesotho en passant par la Guinée-Bissau.

Tout cela fait que la France est un partenaire crédible, qui a toujours plaidé pour une meilleure participation de l'Afrique à la gouvernance mondiale.

Ces appuis témoignent de la position singulière de la France, par la langue française, que nous avons en partage avec nombre d'États, comme par les outre-mer. Avec le million de Français de La Réunion et de Mayotte, nous sommes en effet de plain-pied dans les enjeux de l'Afrique de l'Est et de l'Océan indien.

La France peut aussi s'appuyer sur des liens très forts avec les diasporas que constituent les Français établis hors de France en Afrique.

Ces liens permettent également d'amortir les chocs dans les relations interétatiques. Je pense naturellement au Maroc. Je crois que nous devons avoir un réflexe franco-marocain dans l'espace eurafricain. Je me réjouis d'ailleurs que les deux rives de la Méditerranée aient pu dialoguer lors du Choiseul Business Forum qui s'est tenu voilà quelques jours.

Dans un registre différent, la filière d'Orient au sein du Quai d'Orsay est un véritable trésor qui permet de maintenir cette connaissance du continent.

Vous l'avez compris, madame la présidente, madame, monsieur les ministres, mes chers collègues, c'est donc de façon résolument optimiste pour l'Afrique et pour les partenariats de la France avec les peuples et les États d'Afrique que je terminerai mon propos.

Si, par le passé, cette relation a pu être « ressentie comme déséquilibrée, teintée de paternalisme » – pour reprendre les mots de « l'appel des 40 », lancé cette semaine dans Jeune Afrique –, aujourd'hui, je crois que, avec l'esprit nouveau qui nous guide autour de « partenariats réciproques et équilibrés », nous préparons bien les prochaines décennies.

Comme toutes les idées sont bonnes à prendre, du rapport Tabarot-Fuchs aux propositions d'élaboration d'un livre blanc, je me réjouis que notre commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées ait décidé d'y consacrer une part significative de son programme de travail pour l'année à venir.

Cap sur l'Afrique et sur la France de 2050 !

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