Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je ne m'associerai pas, sur un sujet aussi grave, à un certain nombre de propos qui sont à la limite du procès d'intention et que j'ai entendus à la fin de l'après-midi et en ce début de soirée.
Nous vivons dans un monde extrêmement dangereux. Aux catastrophes naturelles qui surgissent ici ou là, nous avons ajouté les risques technologiques ? En effet, nous avons créé une civilisation qui comporte, à côté de ses bienfaits, toute une série de dangers pour un certain nombre de déplacements. Ainsi, notre industrie comprend dans ses processus toute une série de produits intermédiaires qui ont un caractère dangereux et que nous sommes obligés de transporter.
À cela s'ajoute une menace, qui n'est pas complètement nouvelle : le terrorisme. Ce n'est pas une invention de notre temps, nous l'avons toujours connu.
Nous avons connu des terrorismes idéologiques internes à la France, nous avons connu des terrorismes d'État qui n'ont peut-être pas complètement disparu. Un certain nombre d'affirmations venant d'Iran peuvent éventuellement nous alerter, d'autant plus que nous avons l'expérience du passé en la matière.
Nous avons connu des terrorismes internes avec des revendications irrédentistes variées, qui paraissent presque folkloriques à côté de ce que nous voyons maintenant de la part d'un certain nombre d'individus qui sont dominés non par une idéologie mais par une volonté très claire de prendre en main toute une partie de l'humanité.
Tout à l'heure, M. Badinter soulignait, à juste titre, que la plupart des victimes du terrorisme sont membres de la religion au nom de la pureté de laquelle agissent ou se préparent à agir un certain nombre de ceux dont nous devons faire en sorte que les méfaits ne se répandent pas de manière excessive.
Leur but, en réalité, est très exactement de nous amener là où, en aucun cas, nous ne voulons aller, c'est-à-dire à un choc de civilisations. Ce qu'ils essaient de faire est à la fois de nous inquiéter, de nous désorganiser, de nous paniquer et de faire de nos propres populations des complices involontaires des conséquences de leurs actes. En même temps, ils tentent de conquérir, au sein du monde musulman, une influence, une capacité d'action et de mobilisation qui aboutisse très exactement à ce choc de civilisations, voire à ce choc de religions, que nous ne voulons à aucun prix. C'est en partie de cela qu'il s'agit quand on essaie de voir de quelle manière on peut empêcher un terroriste supposé lambda d'agir où que ce soit et spécialement en France.
L'acte terroriste, comme tous les actes, se déroule en trois temps : avant, pendant et après. Tout cela est lié car, dans l'esprit de ceux qui organisent les attentats, il s'agit d'événements qui, par définition, doivent devenir suffisamment répétitifs pour maintenir la pression sur les populations que nous représentons ici.
L'avant, si l'on veut éviter le drame, c'est l'observation des réseaux. Je ne suivrai donc pas ceux qui disent que la vidéosurveillance ne sert à rien. Selon eux, en effet, elle n'a pas permis, par exemple, le renouvellement d'une tentative d'attentat à Londres. Peut-être. Cependant, tous les enseignements que l'on peut tirer d'une vidéosurveillance bien exploitée avant un événement dramatique ou après un événement bénin mais qui fait partie de ce que les spécialistes considèrent comme un élément de préparation, de recrutement ou d'organisation d'un réseau constituent un moyen préventif de lutte qui peut avoir une certaine efficacité.