L’homophobie tue, le silence aussi. La pénalisation de l’homosexualité en France a tué, y compris après qu’elle a disparu. Oui, la République doit le reconnaître et réparer les préjudices causés par ces lois, qu’il soit question du régime de Vichy ou de la Ve République. Sinon, cela ne s’arrêtera pas ; les morts ne cesseront pas.
En juin 1992, plus de dix ans après les premiers dépistages de ce qui était alors parfois nommé le « cancer gay », j’écrivais pour la première fois dans le J ournal du sida – c’était le numéro 40. À sa page 51, on pouvait lire une intervention du magistrat Yves Jouhaud, président du fonds d’indemnisation des hémophiles et des transfusés contaminés par le VIH. Déjà, la question de l’indemnisation se posait. À sa page 5, j’écrivais : « Inutile de cacher les toxicos et les homos. »
En 1982, un an après la parution, dans le New York Times, du premier article de presse relatif au sida, la France dépénalisait l’homosexualité. Trop tard ! La stigmatisation perdure et l’épidémie s’installe. Double condamnation : condamnés pour homosexualité, condamnés à mort par une épidémie que l’homophobie d’État n’a pas voulu reconnaître et combattre à temps.
Les communautés LGBTQI+ savent ce que le VIH leur a pris. Et nous savons ce que nous devons à la santé communautaire.
Pour rétablir la justice face aux préjudices créés par ces lois de criminalisation et de discrimination, celles qui de facto ont conduit à des peines de mort massives, je voterai évidemment en faveur de cette proposition de loi et du présent article 1er.
Après avoir posé cette première pierre contre les discriminations, il nous faudra poursuivre cette politique, à la fois de mémoire et de réparation, sans purge de l’histoire. Souvenons-nous de ce que nous devons aux combattantes et aux combattants du sida !