Intervention de Dominique Vérien

Réunion du 30 novembre 2023 à 14h30
Loi de finances pour 2024 — Compte d'affectation spéciale : contrôle de la circulation et du stationnement routiers

Photo de Dominique VérienDominique Vérien :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, tout d'abord, ce budget 2024 s'inscrit dans la lignée de la Lopmi, avec une hausse des crédits.

C'est une nouvelle à saluer, mais reste à savoir si cela sera suffisant au regard des forts enjeux sécuritaires de 2024 ; je pense évidemment aux jeux Olympiques, mais aussi au contexte inflationniste, que nous connaissons tous.

Ce budget prévoit le renforcement des effectifs des réserves opérationnelles des deux forces, la création de 8 500 postes et, enfin, l'instauration de 200 nouvelles brigades de gendarmerie et de 11 nouvelles unités de force mobile.

Madame la ministre, sur ce dernier point, j'ai fait mes devoirs et je suis allée voir comment cela se traduisait sur le terrain, dans mon département ; je ne vous cache pas ma déception !

Dans l'Yonne, c'est simple : il y aura, en tout et pour tout, quatre gendarmes de plus. En effet, nous étions censés accueillir trois brigades nouvelles. Or, en réalité, l'une d'entre elles est juste renommée, soit six gendarmes et aucun en plus ; une autre, fixe, devient mobile, passant ainsi de huit à six, soit deux de moins ; une seule est effectivement créée, soit 6 de plus gendarmes. Mais, six gendarmes de plus et deux gendarmes de moins, cela fait quatre gendarmes de plus seulement, et non pas dix-huit, comme on aurait pu l'imaginer au départ !

Madame la ministre, c'est un joli coup de communication, mais sur le terrain, cela ne va pas tant nous aider que cela !

J'espère me tromper, tant l'actualité récente nous rappelle la nécessité de renforcer les effectifs de forces de sécurité intérieure, dans la rue comme en enquêtes, y compris dans les zones rurales.

Ensuite – et vous connaissez mon penchant pour ce sujet –, j'espère que ce budget sera également l'occasion d'une poursuite des efforts dans le traitement des violences intrafamiliales (VIF).

Sur ce sujet, nos policiers et nos gendarmes sont en première ligne.

Un dépôt de plainte n'est jamais un moment agréable, quel qu'en soit le motif, mais pour une victime de violences conjugales, c'est un moment particulier, un instant de bascule, souvent le fruit d'une longue réflexion, avec énormément de doutes et d'hésitations.

Il suffit que l'accueil en gendarmerie ou en commissariat ne soit pas à la hauteur pour que la victime renonce et se retrouve dans une situation potentiellement dangereuse pour elle.

Certes, madame la ministre, je reconnais bien volontiers les efforts de ces dernières années. Mais ils sont inégalement répartis sur le territoire et une victime joue à la roulette russe : tout peut très bien se passer, si elle tombe sur un policier formé, mais elle peut être renvoyée à sa triste condition avec un policier qui ne l'est pas. Les formations doivent donc se poursuivre.

Je souhaite insister également sur le besoin de généraliser le recours aux intervenants sociaux en gendarmerie et en commissariat. Il s'agit d'une aide précieuse. Ces personnels participent à l'accompagnement des victimes, mais ils les orientent aussi vers la plainte et aident ainsi les forces de sécurité intérieure dans leur travail.

Malheureusement, leur financement est difficile à mettre en place, très variable d'un département à l'autre, et cela demande une énergie folle de le trouver !

À ce sujet, je vous rappelle que l'une des préconisations du Plan rouge VIF est d'établir un cofinancement de l'État et du département à hauteur de 50 %.

Étant présidente de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, j'insisterai sur un autre sujet : dans la perspective des jeux Olympiques de 2024, on voit apparaître des offres packages proposant aux clients le voyage à Paris et une prostituée pour les accompagner.

La France est un pays abolitionniste, ce qui n'est pas le cas de tous ; au reste, ceux qui organisent ces voyages ne sont pas tous Français, mais, même quand ils le sont, ils ignorent la loi de 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées.

Aussi, nous avons un important travail à mener pour que ses dispositions soient appliquées, d'autant plus qu'elles ont déjà du mal à être respectées dans l'ensemble du territoire national. Il y a un véritable risque de dérive.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion