Le budget de la mission « Sécurités », que nous examinons ce soir, est peu satisfaisant, d'après notre groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, parce qu'il ne permet pas d'engager les changements structurants, dont nous aurions pourtant si urgemment besoin.
Certes les crédits finançant la sécurité routière, la sécurité civile, la gendarmerie nationale et la police nationale seraient augmentés de 1, 2 milliard d'euros. Mais cette hausse est mal ciblée, témoignant d'un manque de vision d'ensemble.
Je commencerai par le programme 161 « Sécurité civile ». Si l'on tient compte de l'inflation et d'une modification du périmètre de la mission, les moyens pour la sécurité civile diminuent.
L'adoption d'un amendement du Gouvernement, déposé in extremis à l'Assemblée nationale, permet tout juste de financer l'achat de nouveaux camions-citernes, de renouveler la flotte des hélicoptères et de créer une nouvelle unité d'intervention et d'instruction.
Mais ce n'est rien qu'une goutte d'eau dans l'océan, car les besoins d'investissement sont énormes. En effet, le matériel de la sécurité civile est vieillissant, comme la flotte des canadairs, vieille de vingt-cinq ans. Ne serait-ce que pour garantir un niveau de protection constant, il est indispensable de renouveler le matériel.
Or nous ne pouvons pas nous borner au seul renouvellement du matériel existant. Vous le savez, les sollicitations de la protection civile montent en flèche sous l'effet de la crise climatique. Comme l'on n'est pas franchement en train d'agir contre la crise climatique, l'ampleur des catastrophes ne va pas diminuer à court terme.
Aussi, nous devons concevoir une stratégie holistique pour anticiper et ainsi minimiser les conséquences du changement climatique.
Par exemple, dans les Hauts-de-France, qui ont été touchés par des inondations extrêmement fortes amplifiées par la tempête Ciaran, cette stratégie devrait être double. D'une part, il faudrait adapter les infrastructures en élargissant les digues ou en renouvelant les wateringues, qui servent à évacuer l'eau plus rapidement vers la mer.
D'autre part, il faudrait aussi recruter et investir dans les moyens techniques de la protection civile, par exemple pour acheter des engins de pompage.
L'adaptation au changement climatique a besoin d'argent, argent que nous en cherchons en vain dans le présent projet de loi de finances.
J'en viens aux programmes 176 « Police nationale » et 152 « Gendarmerie nationale ». La hausse des budgets, environ 5 %, serait presque entièrement consommée par les salaires des 2 184 agents supplémentaires que le Gouvernement souhaite recruter, tandis que les dépenses d'investissement baisseraient de 11, 7 %.
On le voit bien, l'équation est insoluble : un recrutement non seulement entraîne mécaniquement une hausse des frais de fonctionnement, mais il doit aussi aller de pair avec l'élargissement de l'offre de formation. S'il y a plus d'agents, il faut plus de formation.
Cet été, la Cour des comptes a rappelé les capacités limitées des écoles de police et a alerté précisément sur le fait que même des recrutements massifs ne permettent pas de résoudre des « difficultés structurelles ».
En réalité, il est proposé d'économiser sur la formation des forces de l'ordre ! Or, madame la ministre, si vous recrutez sans former, vous aurez, certes, plus de forces de l'ordre présentes dans les rues, mais plus d'agents mal préparés, ce qui est extrêmement dangereux ! Économiser sur la formation est une erreur ; il faut au contraire la renforcer !
L'un des autres problèmes, c'est que nous avons la police et de la gendarmerie la plus meurtrière d'Europe en moyenne.