Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la Cour des comptes dressait au mois de juillet 2023, dans une note éponyme relative au budget de la sécurité pour la même année, un constat : Les forces de sécurité intérieure : des moyens accrus, une efficience à renforcer. À l'aube de 2024, nous croyons important de rappeler ce travail.
Comme il a déjà été dit, les crédits pour 2024 de la mission « Sécurités » connaîtront une croissance de 1, 16 milliard d'euros en autorisations d'engagement et de 1, 04 milliard en crédits de paiement, représentant une progression de l'ordre de 5 % de la dotation en crédits de paiement de chacune des forces.
Pour la deuxième année de mise en œuvre de la Lopmi, nous saluons la conformité globale des crédits à la programmation adoptés par le Parlement le 24 janvier dernier. Les moyens alloués à ceux qui nous protègent doivent être à la hauteur de l'exigence et de la difficulté de leur mission au service de nos concitoyens.
Toutefois, à la lumière de l'exécution du budget pour 2023, les pistes d'économies suggérées par la Cour des comptes nous semblent insuffisamment prises en compte.
Ainsi en est-il de la répartition des zones police et gendarmerie. À l'instar de la Cour, nous regrettons que la mutualisation des moyens entre police et gendarmerie ne soit pas assez aboutie, notamment en ce qui concerne les logiciels de rédaction des procédures, la police technique et scientifique ou encore la cybercriminalité, où l'on recense un certain nombre de doublons.
De même, l'action des forces de police et de gendarmerie doit se concentrer sur les formes les plus graves de criminalité et d'atteinte à l'ordre public, sans préjudice d'une meilleure association des quelque 35 000 agents de police municipale, dont le rôle est au fil du temps devenu fondamental.
Nous sommes également très favorables au fait de privilégier des leviers non salariaux pour améliorer l'attractivité et la fidélisation des agents – nous avons déjà parlé précédemment –, qui seront, à n'en pas douter, soumis ces prochains mois à rude épreuve.
Il y aura un après-jeu Olympiques et Paralympiques 2024. Nous ne pouvons pas nous permettre de mettre en péril la sécurité des Français à leur issue ! Il nous semble donc indispensable de mettre l'accent sur des mesures d'économies, a fortiori dans un contexte inflationniste aigu qui pèse sur les dépenses de fonctionnement du ministère de l'intérieur. Je pense notamment à l'important coût de l'essence et de l'énergie.
Par ailleurs, des inquiétudes légitimes, nous semble-t-il, demeurent quant au contexte sécuritaire inédit de l'année qui s'annonce ; cela a été relevé. À cet égard, nous souhaiterions savoir, madame la ministre, à quel coût le Gouvernement estime la sécurisation des jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Dans un autre registre, la recrudescence des incendies en période estivale nous inquiète également, puisque, comme le soulignait notre collègue rapporteure pour avis Françoise Dumont dans sa précédente intervention, de lourdes interrogations demeurent quant au calendrier de livraison des futurs canadairs, au regard des capacités de la chaîne de production canadienne, qui est à l'arrêt.
Si les moyens aériens légers ont été renforcés, il ne faut pas oublier que la France a été forcée ces dernières années de recourir à la location au travers des sociétés privées, et ce à des conditions tarifaires peu favorables.
Mes chers collègues, les nombreux défis qui se profilent nous obligent à faire preuve de responsabilité. C'est pourquoi je ne doute pas que la grande majorité de notre groupe votera en faveur de l'adoption des crédits de la mission « Sécurités » pour 2024.
Je terminerai en remerciant chaleureusement nos rapporteurs spéciaux, Bruno Belin et Jean Pierre Vogel, ainsi que nos rapporteurs pour avis, Françoise Dumont, Henri Leroy, malheureusement empêché ce soir pour des raisons de santé, Philippe Paul et Jérôme Darras, de la qualité de leur travail. Chacun a su apporter sa propre expertise en soutien, face aux forts enjeux qui dominent dans cette mission. §