Madame la sénatrice Guidez, je vais en effet essayer de répondre de manière engagée.
En 2030, un Français sur trois aura plus de 60 ans et, pour la première fois dans l'histoire de notre pays, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans. Le défi démographique qui est devant nous est donc absolument majeur ; en vérité, il s'agit plus encore d'un bouleversement démographique auquel nous devons nous préparer dès maintenant. En effet, si nous manquons la marche dans les deux années qui viennent, il est certain que notre pays ne sera pas prêt.
Pour ce faire, plusieurs niveaux de réponses existent.
D'abord, la Première ministre a proposé des mesures de soutien aux départements, qui ont été votées à l'unanimité ici même, au Sénat, lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024. Ainsi, 150 millions d'euros supplémentaires sont prévus dès 2024, pour qu'aucun département ne perçoive une compensation de moins de 40 % de ses dépenses relatives à la perte d'autonomie ; par ailleurs, nous engageons une refonte majeure de l'ensemble des fonds de concours, en coconstruction avec les départements.
Ensuite, vous l'avez dit, madame la sénatrice, nous devons coconstruire une loi de programmation. J'ai proposé la méthode suivante : consulter l'ensemble des groupes politiques représentés à l'Assemblée nationale et au Sénat, l'ensemble des associations d'élus, l'ensemble des acteurs du grand âge, y compris les personnes directement concernées, pour que l'on évite de parler à leur place. Cette loi de programmation sera évidemment pluriannuelle et devra apporter des réponses aux questions clés.
Je pense évidemment à la question de la gouvernance. Quels sont les périmètres ? Quelles sont les compétences ? Comment les organiser ? Quelle architecture voulons-nous ?
Je pense aussi à la question des moyens. Nous serons certainement tous d'accord pour dire qu'il faudra des moyens supplémentaires, mais peut-être aurons-nous des désaccords sur les leviers à actionner pour que ce soit possible.
En tout cas, il faut que tout soit mis sur la table sans aucun tabou, sans aucun totem, puisqu'il s'agit de parvenir à construire une véritable loi de programmation pluriannuelle pour relever le défi du grand âge.
À l'Assemblée nationale, la proposition de loi portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir en France, dite Bien Vieillir, a été adoptée très largement. Elle sera rapidement soumise à l'examen du Sénat. Elle répond notamment à certains des enjeux sociétaux, comme la question du droit de visite opposable pour les familles, celle d'une meilleure reconnaissance des professionnels et celle de la revalorisation de ces professions.
Nous avons donc une belle feuille de route sur laquelle nous nous retrouvons et à partir de laquelle je souhaite coconstruire avec vous. §