Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le Gouvernement a l'ambition de s'engager, en 2024, dans une stratégie permettant à l'État de sortir le plus vite possible de la période inflationniste et de la logique du « quoi qu'il en coûte » : cette stratégie est celle du rétablissement des finances publiques, du retour du déficit public à 3 %, de la réduction de la dette et du retour au plein emploi, c'est-à-dire à un taux de chômage qui s'élèverait à 5 %, et non plus à 7 %.
La majorité sénatoriale est déterminée à encourager l'exécutif dans cette voie, principalement celle de la réduction de la dépense publique, pour donner de la force à notre économie et encourager l'emploi, ainsi que le travail.
Un effort de sincérité budgétaire de 22, 9 milliards d'euros en autorisations d'engagement – en hausse de 12, 7 % par rapport à l'an dernier – et de 22, 6 milliards d'euros en crédits de paiement – en augmentation de 8, 1 % par rapport à 2023 – est à noter.
Nous devons nous en réjouir, tout comme nous devons saluer la baisse d'un milliard d'euros des impôts de production, que le ministre de l'économie a qualifiée de « seule baisse d'impôt majeure en 2024 à destination des petites et moyennes entreprises (PME), du monde industriel et des entreprises ».
Malgré les revendications du Gouvernement, l'objectif d'un taux de chômage à 5 % ne sera pas atteint, parce que, dans notre pays, la dépense publique reste trop forte.
La surprenante affectation de 300 équivalents temps plein (ETP) supplémentaires à Pôle emploi, après une très forte hausse des effectifs – 700 ETP – entre 2019 et 2021, durant la crise sanitaire, en est un bon exemple. Mme la rapporteure pour avis de la commission des affaires sociales, ma collègue Frédérique Puissat, que je salue, s'est longuement interrogée à ce sujet. Nous attendons du Gouvernement des réponses plus précises concernant la réorganisation de Pôle emploi.
Plus largement, on observe une hausse de 10 000 ETP dans la fonction publique, un alourdissement qui sera principalement financé par le travail, les entreprises et les impôts.
Si nous n'arrivons pas à atteindre le plein emploi, nous pouvons tout de même nous féliciter de la baisse du chômage, à ceci près que l'absence de hausse du nombre des chômeurs mérite tout de même que l'on y regarde de plus près.
Certaines études réalisées dans les pays de l'OCDE nous rappellent ce qu'il faut en tirer comme conclusion : en réalité, les chefs d'entreprise refusent de licencier une partie de leurs salariés malgré la baisse de leur activité, car ils craignent de ne pouvoir embaucher au moment de la reprise ; ils préfèrent donc rogner sur leurs marges. Aussi, le ralentissement de la croissance ne provoque pas de destruction massive des emplois, mais réduit le nombre des emplois vacants.
Si la situation de l'emploi dans les pays de l'OCDE est celle que nous connaissons, c'est surtout parce que les populations vieillissent et que les départs à la retraite s'accélèrent et libèrent des places. Notre pays a une marge de manœuvre en matière d'emploi des seniors. Le groupe Union Centriste a beaucoup insisté sur cette problématique durant l'examen du projet de loi portant réforme des retraites ; nous devons aller plus loin dans ce domaine.
La France est pour la quatrième fois consécutive la championne d'Europe des investissements étrangers, lesquels résultent de l'amélioration de la compétitivité de notre pays.
Cette réussite est toutefois à nuancer, car l'emploi reste l'un des talons d'Achille de l'attractivité de la France. En moyenne, notre pays crée 33 emplois par projet, quand l'Allemagne et le Royaume-Uni en créent respectivement 58 et 59. Cela signifie que la France a peine à associer investissements étrangers et création d'emplois, faute de nouveaux projets à forte capacité d'embauches.
De plus, par rapport à ses concurrents, la France est confrontée à un déficit de productivité, qui s'explique par divers facteurs : tertiarisation de l'économie, faible niveau de compétences des salariés ou de formation, pénurie de main-d'œuvre, faiblesse de la recherche et développement (R&D). Malgré une forte intensité du travail des 25-55 ans, une baisse globale de la productivité est à déplorer.
La création de valeur doit être la boussole de notre économie.
Les efforts accomplis dans le cadre des plans de relance et de restructuration de l'économie portent leurs fruits, avec, pour la première fois depuis de nombreuses années, un phénomène de réindustrialisation, des reconversions professionnelles, la reconquête de certains territoires et des mutations économiques, comme dans mon département, où les industries de Meyreuil, Gardanne ou Fos-sur-Mer sont en train de réinventer la France de demain, de redessiner le paysage bucco-rhodanien et de bâtir l'industrie verte d'aujourd'hui et de demain.
Mes chers collègues, le groupe Union Centriste votera en faveur des crédits de la mission.