Intervention de Silvana SILVANI

Réunion du 5 décembre 2023 à 17h00
Loi de finances pour 2024 — Solidarité insertion et égalité des chances

Photo de Silvana SILVANISilvana SILVANI :

Monsieur le président, mesdames les ministres, mes chers collègues, la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » finance l'ensemble des politiques en faveur des travailleurs pauvres, des enfants, des familles vulnérables, des personnes dépendantes ou en situation de handicap, de l'égalité entre les femmes et les hommes, ainsi que de la lutte contre les violences faites aux femmes.

Le PLF 2024 prévoit une progression des crédits de la mission, de 1, 3 milliard d'euros, mais cette hausse de 4, 6 % doit être relativisée au vu du niveau de l'inflation, qui devrait atteindre 2, 6 % l'an prochain. De fait, en euros constants, les crédits progressent seulement de 0, 9 % en 2024, alors que 11 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté et que 2 830 enfants dorment dans la rue en France, parmi lesquels 700 ont moins de 3 ans.

L'augmentation, dans notre pays, des inégalités sociales entre les plus riches et les plus précaires porte un grave coup à notre pacte social. Face à la crise née de la pandémie, le Gouvernement a été capable de débloquer 200 milliards d'euros pour les entreprises. Aujourd'hui, alors que des millions de familles peuvent basculer dans la précarité, voire la grande précarité, seulement 1, 3 milliard d'euros supplémentaires seront versés aux personnes handicapées, aux jeunes sans emploi et aux personnes vulnérables.

Alors que toutes les associations signalent qu'elles sont confrontées à une augmentation sans précédent du nombre de demandeurs, seulement 142 millions d'euros sont prévus pour l'aide alimentaire.

Les crédits de l'action 17 « Protection et accompagnement des enfants, des jeunes et des familles vulnérables », qui se montent à 311 millions d'euros, sont en diminution.

Le comité interministériel à l'enfance a annoncé que les jeunes sortant à leur majorité de l'aide sociale à l'enfance (ASE), qui devaient alors bénéficier de 4 588 euros, percevraient seulement 1 500 euros. Mesdames les ministres, où sont passés les 3 000 euros de différence ?

Cette année, les crédits de la mission traduisent également la création de l'aide universelle d'urgence pour les personnes victimes de violences conjugales. C'est une bonne chose, mais, là encore, regardons avec attention cette avancée : au vu des 218 000 victimes qui pourront bénéficier de cette aide, en ouvrant 13 millions d'euros de crédits, le Gouvernement accorde en réalité moins de 60 euros aux femmes victimes de violences conjugales et économiquement dépendantes !

Plus globalement, le budget de la lutte contre les violences faites aux femmes, présentée comme une « grande cause » du quinquennat Macron, est largement insuffisant.

En cinq ans, le budget affecté à la lutte contre les violences a augmenté de 50 millions d'euros, passant de 134, 7 à 184, 4 millions d'euros, alors que les associations chiffrent à 2, 6 milliards d'euros le budget minimum que l'État devrait consacrer, chaque année, à la protection des victimes de violences conjugales, sexistes et sexuelles en France.

Pour l'ensemble de ces raisons, le groupe CRCE-K votera contre les crédits de la mission pour 2024.

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