Monsieur le président, mesdames les ministres, mes chers collègues, pour 2024, les crédits demandés pour la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » s'élèvent à 30, 85 milliards d'euros, soit 4, 64 % de plus par rapport à 2023.
Cette hausse est essentiellement due à la revalorisation de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) et de la prime d'activité, qui représentent à elles seules 78, 5 % des crédits de la mission.
Parmi les nouveaux apports de crédits, 13 millions d'euros sont attribués à l'aide universelle d'urgence pour les victimes de violences conjugales. Issue d'une proposition de loi du Sénat, cette mesure permettra aux victimes de bénéficier d'une petite aide financière.
Je souhaite néanmoins souligner que les associations qui viennent en aide aux victimes de violences conjugales manquent cruellement de moyens et que la permanence qu'elles assurent est menacée, notamment en milieu rural.
La déconjugalisation de l'AAH, entrée en vigueur le 1er octobre dernier, permettra à 40 000 personnes de bénéficier d'une augmentation de leur allocation et étendra le dispositif à 80 000 autres personnes. Le coût de cette mesure représentera 500 millions d'euros en 2024.
Autre évolution très significative, les crédits consacrés à l'aide alimentaire augmenteront de 20, 6 %, pour un total de 142 millions d'euros. Cette augmentation, qui a le mérite d'être importante, risque toutefois d'être insuffisante.
Les banques alimentaires font en effet part de leurs inquiétudes depuis plusieurs mois sur les difficultés auxquelles elles font face en matière d'approvisionnement de denrées, notamment de la part de la grande distribution.
À cela s'ajoute l'explosion du nombre de demandeurs. Dans mon territoire par exemple, le Maine-et-Loire, les Restos du cœur distribuaient au début des années 2000 environ 800 000 repas par an. Aujourd'hui, c'est un million de plus ! Et cette évolution s'illustre bien plus largement sur tout le territoire national.
La véritable solution est de permettre à chacun de nourrir sa famille, en vivant dignement de son travail. C'est la raison pour laquelle notre groupe avait unanimement soutenu le projet de loi pour le plein emploi. Il permettra un meilleur accompagnement des demandeurs d'emploi et des bénéficiaires du RSA, à condition de donner à France Travail et aux départements les moyens de la mise en place de cette réforme.
Le programme « Handicap et dépendance » prévoit 1, 61 milliard d'euros afin de garantir la rémunération des travailleurs en Ésat. Nous soutenons cette mesure.
Néanmoins, comme le rapporteur pour avis, nous nous inquiétons du financement du rapprochement des droits des travailleurs en Ésat de ceux des salariés du milieu ordinaire, alors que 27 % de ces établissements sont déjà en déficit.
Enfin, comme d'autres sénateurs, je me suis étonnée de la baisse des crédits alloués aux départements et consacrés aux MNA. Cette baisse était d'autant plus étonnante qu'elle est en rapport avec les effets attendus d'un projet de loi sur l'immigration qui n'est pas encore adopté et alors que les départements sont déjà pris à la gorge d'un point de vue financier. L'amendement du Gouvernement relevant le niveau de ces crédits est donc bienvenu.
Pour conclure, le groupe Les Indépendants est favorable à la hausse globale des crédits de cette mission.