Intervention de Vanina Paoli-Gagin

Réunion du 4 décembre 2023 à 10h00
Loi de finances pour 2024 — Compte d'affectation spéciale : financement des aides aux collectivités pour l'électrification rurale

Photo de Vanina Paoli-GaginVanina Paoli-Gagin :

Monsieur le président, madame, messieurs les ministres, mes chers collègues, l'an dernier, le groupe Les Indépendants avait rappelé quels enjeux majeurs soulève la mission « Écologie ». Nous avions en effet été confrontés à de nombreux événements climatiques qui n'étaient qu'une énième répétition de ce que nous vivons désormais annuellement.

La fréquence des aléas d'ampleur s'accélère à tel point que l'on peut se demander s'il s'agit toujours d'aléas. En tout état de cause, cela justifie que notre budget se verdisse.

La France, aux côtés de ses alliés européens, s'est fixé des objectifs ambitieux de transition. Si nous pouvons en être fiers, il faut qu'une fois la décision prise vienne le temps de l'action. Notre pays est sur la bonne voie, mais il est surtout nécessaire que nous nous donnions les moyens de nos ambitions, ce qui prescrit à mes yeux deux impératifs.

Premier impératif : être organisé.

Cela passe essentiellement par la cohérence, particulièrement dans les choix que nous faisons, c'est-à-dire dans le sens que nous donnons à nos politiques publiques. Comme nous n'opposons pas écologie et économie, nous devons faire converger nos stratégies, mes chers collègues ; cela suppose de l'engagement.

Je tiens à cet égard à saluer la planification écologique proposée par le Gouvernement, et notamment son volet territorial.

Comme vous le savez, mes chers collègues, je suis attachée au fait de donner à nos élus locaux les marges de manœuvre dont ils ont besoin. Faisons-leur confiance : ils connaissent les spécificités de leur territoire ainsi que les enjeux auxquels la Nation doit faire face. Ils sont la source des solutions pragmatiques et, partant, des solutions efficaces.

Second impératif : affecter à ces politiques des moyens substantiels.

Je plaide régulièrement pour que les fonds privés soient eux aussi au rendez-vous de nos transitions ; vous connaissez, mes chers collègues, mon engagement en la matière. Je vais poursuivre ce combat, car l'accélération significative desdites transitions exige que de tels fonds soient mobilisés massivement. Je pense par exemple à l'hydrogène, au stockage, aux smart grids ou encore au gaz renouvelable.

Comme je le disais, le budget de l'État se verdit et les crédits inscrits sont substantiels. Je note et je salue les efforts particuliers portant sur la mission « Écologie ». J'indique d'ailleurs sans attendre que le groupe Les Indépendants en votera les crédits.

Avoir les moyens, c'est bien. Les affecter au bon endroit, au bon moment et les déployer correctement, c'est encore mieux.

C'est sur ces points précis, qui sont souvent critiques, que nous serons le plus attentifs. J'ai choisi d'évoquer deux secteurs clés, pour lesquels la décarbonation est cruciale.

Le premier, celui de l'énergie, est évidemment essentiel à notre réindustrialisation.

Nous avons la chance, en France, de produire une énergie bas-carbone. Je me félicite que les crédits soient relevés sur le volet prévention des risques du nucléaire. La France est à la pointe dans ce domaine, mais le dérèglement climatique nous oblige à aller plus vite encore, et plus loin, s'agissant d'une filière qui est précisément en train d'être relancée.

Les investissements seront colossaux. Ils devront être extrêmement bien pensés. De fait, tout retard supplémentaire serait lourd de conséquences pour notre indépendance, au-delà même de la question énergétique. C'est pourquoi je renouvelle mon soutien à la construction de deux réacteurs pressurisés européens (EPR) supplémentaires à Nogent-sur-Seine, ainsi qu'à l'ouverture d'un pôle majeur de formations sectorielles dédiées.

Les énergies renouvelables (ENR) seront également un pilier fondamental de la décarbonation de la production d'énergie, notamment dans une logique de circuit court production-consommation.

La nécessité que nos efforts financiers se tournent vers des produits propres et européens a fait l'objet – enfin – d'une prise de conscience, que je salue. Dépenser nos deniers publics à alimenter d'autres économies qui ne nous sont pas favorables n'est souhaitable ni au regard des impôts que paient nos concitoyens ni du point de vue de notre balance commerciale.

Le constat est exactement le même dans le secteur des mobilités : la décarbonation de nos modes de transports constituera un pas franchi dans la lutte contre le dérèglement climatique. En l'espèce, modernisation et innovation seront les maîtres mots.

Les efforts consentis en faveur des réseaux, notamment le réseau ferroviaire, vont dans le bon sens ; il faut les accentuer. Je soutiendrai d'ailleurs un amendement tendant à augmenter les moyens alloués à la modernisation du réseau.

J'estime aussi que l'appui apporté au verdissement des flottes d'autobus relève du bon sens. Je défendrai à cet égard un amendement visant à augmenter le montant de la prime au rétrofit, qui est un bon moyen de réduire l'impact financier de la transition et d'y insuffler de la circularité.

Je souhaite enfin faire un point rapide sur le fonds vert. Si l'idée est excellente, l'exécution concrète des crédits afférents mérite d'être améliorée. Pour pertinent que soit l'outil, l'ingénierie reste nécessaire à sa pleine réussite.

La boussole à laquelle se fie le groupe Les Indépendants est simple : il faut des moyens suffisants et bien déployés.

Nous voterons les crédits de cette mission.

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