La Laiterie de Verneuil, située dans le sud de la Touraine, a investi dans un projet ambitieux de plus de 7 millions d’euros en réhabilitant une friche industrielle située au cœur de l’usine. Ce plan d’investissement vise à optimiser les processus, à baisser les coûts et à augmenter les capacités de production, pour proposer un lait de qualité à un prix compétitif, tout en préservant la rémunération des agriculteurs coopérateurs.
Le projet Verneuil 2030 est assez éloigné de la start-up nation, mais il nous rappelle que l’innovation n’est pas l’apanage de geeks en sweat, massés dans des open spaces parisiens, les yeux rivés toute la journée sur les écrans de leurs ordinateurs. §Ce projet nous rappelle que l’innovation, c’est bien plus que cela !
Modernisation de notre appareil industriel, investissements dans les territoires, création d’emplois non délocalisables, renforcement de notre agriculture, réhabilitation de friches, sobriété foncière, impact positif sur l’environnement, partage de la valeur : telles sont les innovations dont la France a le plus besoin !
Tel doit être l’objet de la mission « Investir pour la France de 2030 ». Bien sûr, contraindre l’innovation, en cherchant à la faire entrer dans des cases trop précises, serait un contresens, car elle recèle toujours une part de hasard.
Si notre pays veut se doter d’une stratégie ambitieuse en matière d’innovation, il n’est pas inutile d’avoir plusieurs modèles de référence.
Le plan repose essentiellement sur le financement d’entreprises, suivant une stratégie d’intégration verticale. Nous nous réjouissons que le renforcement de notre production agricole et la relance du nucléaire y figurent en bonne position.
La France a trop longtemps eu le nucléaire honteux, les agriculteurs souffrent trop de l’agribashing. Il est temps de relever la tête et de savoir raison garder. C’est l’évidence, mais certains ont tendance à l’oublier : faute de souveraineté agricole et énergétique, la souveraineté nationale serait un mirage.
Pour l’examen des crédits de la mission « Investir pour la France de 2030 », il est moins question de l’architecture globale que de la granularité. Notre rôle est en effet de vérifier que les grandes annonces se concrétisent sur le terrain.
Au reste, avec un budget total de 54 milliards d’euros en autorisations d’engagement et de plus de 7 milliards d’euros en crédits de paiement pour la seule année 2024, la qualité de l’exécution fait figure d’impératif catégorique.
Notre responsabilité, c’est de légiférer pour que ce plan soit à la fois le plus efficace et le plus efficient possible.
Nous aurons notamment à trancher la délicate question de la conditionnalité des financements. Si le groupe Les Indépendants – République et Territoires partage bien évidemment la nécessité de les mettre au service de la transition écologique, nous croyons toutefois que cet objectif est déjà rempli par la détermination de la stratégie d’intégration verticale, qui compte dix axes.
Alors que dans tous les territoires, les acteurs nous alertent sur la lenteur et la complexité des procédures, la fixation de critères trop stricts pourrait se révéler contre-productive. À vouloir toujours tout faire parfaitement, on risque souvent de ne rien faire du tout.
En revanche, nous ne sommes pas hostiles à l’attribution prioritaire des aides aux start-up, aux petites et moyennes entreprises (PME) et aux entreprises de taille intermédiaire (ETI). Il faut être lucide : les financements risquent d’être captés par les grands groupes, qui disposent de l’ingénierie juridique et financière leur permettant de remplir de gros dossiers et de cocher toutes les petites cases.
Comme je l’ai dit en préambule, telle n’est pas ma conception de l’innovation.
En tout cas, notre groupe votera les crédits de cette mission stratégique.