Intervention de Karine DANIEL

Réunion du 7 décembre 2023 à 14h30
Loi de finances pour 2024 — Culture

Photo de Karine DANIELKarine DANIEL :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, la commission de la culture se réjouit que l'État maintienne en 2024 son effort en faveur de la création ainsi que de la transmission des savoirs et de la démocratisation de la culture.

Malgré la reprise de leur fréquentation, les établissements culturels restent dans une situation très fragile. La commission estime qu'il est urgent de restaurer leurs marges artistiques, faute de quoi la diversité culturelle, l'animation des territoires et l'accès à la culture de nos concitoyens pourraient être rapidement menacés. À cet égard, nous espérons que le plan Mieux produire, mieux diffuser permettra de répondre effectivement à l'enjeu et portera rapidement ses fruits.

En ce qui concerne le budget de la création, trois sujets nous préoccupent. Il y a d'abord la situation des scènes de musiques actuelles, à propos de laquelle nous vous présenterons un amendement. Ensuite, les festivals se trouvent dans une situation délicate, compte tenu des incertitudes causées par l'organisation des jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Enfin, les arts visuels sont encore trop faiblement soutenus en comparaison de leurs besoins réels, compte tenu de leur sous-dotation depuis des années ; ce sujet fera également l'objet d'un amendement de la commission.

En ce qui concerne la transmission des savoirs, la commission salue les efforts consentis pour les écoles nationales supérieures d'architecture ; cela traduit un réel progrès, même si celui-ci doit être complété.

Nous sommes en revanche très inquiets de la situation des écoles territoriales supérieures d'art ; nous présenterons un amendement à leur sujet. Un tiers de ces écoles pourraient finir l'année en déficit – certaines sont même menacées de fermeture –, avec des conséquences graves pour leur fonctionnement et pour l'accès des étudiants aux écoles d'art dans les territoires. S'il est vrai que ces écoles relèvent d'abord des collectivités territoriales, l'État doit se trouver aux côtés de celles-ci pour les aider à traverser cette crise. Chaque fermeture d'école entraîne une diminution des débouchés pour nos jeunes dans l'enseignement supérieur et le maillage territorial et l'égalité d'accès à l'enseignement supérieur s'effritent.

Soyons cohérents avec la priorité accordée à la jeunesse en matière de démocratisation culturelle. Le pass Culture n'atteindra ses objectifs que s'il peut s'appuyer sur l'existence d'une offre culturelle solide et diversifiée dans l'ensemble des territoires. Rappelons-nous que ce dispositif est un outil et non une politique. Pour qu'il soit pleinement opérationnel, il faut le compléter par de la médiation culturelle, travailler de concert avec les collectivités au développement et à la valorisation des offres culturelles de proximité, et améliorer l'articulation de son volet collectif avec l'ensemble de la politique d'éducation artistique et culturelle, afin qu'il contribue à renforcer celle-ci sans s'y substituer. À ce titre, il nous semblerait utile que la société par actions simplifiée (SAS) pass Culture soit intégrée à la liste des opérateurs de l'État, afin d'améliorer notre contrôle sur son fonctionnement.

Comparée à l'effort pour l'accès à la culture des jeunes, la politique de démocratisation culturelle dans les territoires nous paraît manquer de vision stratégique.

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