Intervention de Philippe Paul

Réunion du 8 décembre 2023 à 9h30
Loi de finances pour 2024 — Action extérieure de l'état

Photo de Philippe PaulPhilippe Paul, en remplacement de Mme Valérie Boyer :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, en 2024, les crédits du programme 105 progressent de près de 8, 7 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2023, pour atteindre 2, 26 milliards d'euros.

Le ministère se félicite de la hausse – inédite, semble-t-il, depuis 2005 – de 13 % des dépenses hors rémunérations. Sans doute, mais le doublement de la contribution française à la Facilité européenne pour la paix, destinée à aider l'Ukraine, représente près de la moitié de cet effort !

S'agissant des dépenses d'intervention, le poste le plus important est celui des crédits consacrés aux contributions internationales. Sa hausse, d'une petite centaine de millions d'euros, s'explique par les effets de change et la revalorisation de certaines contributions.

L'effort des contributions volontaires, lui, ne représente que 2, 3 milliards d'euros, ce qui est loin, très loin des montants accordés par nos amis britanniques ou allemands, ainsi que l'ont montré nos collègues de la commission des finances l'an dernier. L'impact de ces contributions n'est pas même facile à illustrer et mériterait un examen plus approfondi.

Les crédits nouveaux permettront certes d'engager le réarmement de notre diplomatie, au sens où, pour la seconde année consécutive, le ministère recrutera. En 2024, le ministère prévoit l'embauche de 165 ETP dans le périmètre de la mission « Action extérieure de l'État », dont une bonne centaine au titre du programme 105. C'est bien, mais je rappelle que ces effectifs avaient perdu 3 000 ETP entre 2007 et 2021…

Cette hausse est la première marche d'une programmation présentée par le chef de l'État en mars dernier, à l'issue des États généraux de la diplomatie, convoqués pour apaiser les craintes suscitées par la réforme du statut des diplomates. À ce jour, près des trois quarts de ces derniers ont opté pour le cadre des administrateurs de l'État, mais il est peu probable que les inquiétudes soient toutes apaisées.

Quoi qu'il en soit, l'agenda de transformation suit son cours. L'organigramme du ministère a été revu le 1er septembre dernier et de nombreux chantiers ont été ouverts, touchant aux concours, à la qualité de vie au travail, à la formation, à la mobilité ou à la politique sociale du ministère.

Je dirai un mot des dépenses de fonctionnement. La sécurité diplomatique sera correctement financée : les événements de l'été dernier au Niger en ont montré la nécessité. Les crédits de protocole affichent une hausse notable, mais qui semble justifiée par le nombre d'événements internationaux prévus ; ils aideront à la professionnalisation de l'organisation de conférences internationales.

S'agissant des contraintes immobilières, en raison de l'évolution des méthodes de travail, du besoin de task forces, de formations de crise et de rationalisation du parc engagée naguère, les locaux en administration centrale sont désormais saturés. Dans ces conditions, abriter les 700 ETP promis d'ici à quatre ans par le chef de l'État sera une véritable gageure…

Enfin, la tendance à rogner sur les moyens de notre diplomatie semble révolue, et c'est heureux ! Aussi la commission des affaires étrangères est-elle favorable à l'adoption des crédits du programme 105, proposés par le Gouvernement.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion