Intervention de Nicole Duranton

Réunion du 8 décembre 2023 à 16h00

Photo de Nicole DurantonNicole Duranton :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, dans un contexte géopolitique multipolaire et à l'heure où de graves crises touchent de nombreuses parties du monde, la France doit, plus que jamais, maintenir son statut de grande puissance sur la scène internationale.

D'année en année, les catastrophes naturelles s'enchaînent ; partout dans le monde, des coups d'État éclatent ; trop souvent, des guerres se déclarent. Ces phénomènes ébranlent nos valeurs, fragilisent les biens publics mondiaux que nous nous efforçons de protéger, comme la santé, l'environnement ou l'égalité entre les femmes et les hommes, et sèment la misère et la précarité parmi les populations qu'ils touchent.

Le rôle de l'aide publique au développement est de prévenir ces crises en s'attaquant à leurs causes profondes : les inégalités, la pauvreté ou les difficultés d'accès à l'éducation, encore trop fortes dans certains pays.

Quatrième bailleur mondial en la matière, la France est une figure de proue de la solidarité internationale. Elle n'est pas seulement un grand contributeur financier, elle est créatrice de solutions.

Entre 2017 et 2022, nous avons abondé de 5 milliards d'euros les crédits alloués à cette mission. Pour préserver le monde de l'émergence de nouvelles crises, il est essentiel de maintenir le cap défendu par l'exécutif depuis plus de six ans. Nous devons poursuivre les efforts engagés pour augmenter ces crédits, afin de remplir notre objectif de consacrer 0, 7 % de notre revenu national brut à l'aide publique au développement en 2030.

Mes chers collègues, je suis étonnée d'apprendre que certains d'entre vous souhaitent diminuer les crédits de cette mission ; qu'elle soit justifiée par des raisons budgétaires ou diplomatiques, toute minoration serait pourtant contre-productive.

L'aide publique au développement est avant tout l'instrument de notre politique de développement et de notre diplomatie. Elle n'est pas octroyée comme de la charité ; elle ne saurait être retirée comme une sanction. Elle ne doit pas devenir une arme supplémentaire dans les conflits actuels.

Les investissements solidaires que nous réalisons dans les pays les plus fragiles honorent nos engagements pris sur la scène internationale. Ils contribuent à la mise en place et à la préservation des objectifs de développement durable de l'agenda 2030, auquel nous souscrivons.

Contrairement à ce que certains prétendent, cette aide emporte des effets concrets : les investissements français, réalisés par l'intermédiaire de l'Agence française de développement, ont ainsi permis de construire la première ferme éolienne en Éthiopie en 2013 ; ils ont aussi permis d'ériger une station d'épuration dans le nord de la bande de Gaza.

Nous avons d'ailleurs visité cette dernière installation avec Christian Cambon lors du déplacement de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées en juin 2022. Cette usine de traitement des eaux usées a été cofinancée par l'AFD à hauteur de 16 millions d'euros et répondait à un besoin sanitaire plus qu'essentiel pour les Gazaouis. Cette visite nous a permis de constater de nos propres yeux la réalisation d'un projet financé par les crédits de l'aide publique au développement.

En outre, les ressources que nous allouons aujourd'hui à notre coopération internationale sont une contribution essentielle à la préservation de la stabilité mondiale.

Les crises se succèdent et elles ne connaissent pas de frontières. Dans un tel contexte, nous ne pouvons pas nous permettre de relâcher nos efforts. Accompagner les pays les plus fragiles, c'est assurer notre propre sécurité.

Le groupe RDPI votera les crédits de cette mission.

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