La rallonge budgétaire accordée récemment semble être l'amorce d'une prise de conscience. Elle se doit d'être concrétisée dans ce PLF.
Je rappelle que, sur ces deux sujets, des amendements ont été votés à l'Assemblée nationale. Ils n'ont – hélas ! – pas été retenus dans le cadre du 49.3.
Ensuite, il y a le problème des financements de la planification écologique. Ceux-ci reposent avant tout sur l'investissement, avec le risque de contribuer à l'endettement des agriculteurs s'il n'est pas ciblé. Or nous sommes convaincus que ce n'est ni la robotique ni le numérique qui nous permettront de relever les défis environnementaux. Nous devrions bien davantage miser sur des moyens d'animation territoriale et d'accompagnement largement négligés par ce budget. §
Toujours en ce qui concerne la transition écologique, nous dénonçons le revirement sur l'augmentation de la redevance pour pollutions diffuses et sur la taxe sur l'eau. Cela envoie un mauvais signal, après les reculs sur le glyphosate et le rejet du règlement européen sur l'usage durable des pesticides, dit SUR.
A contrario, nous souhaiterions que soit menée une réflexion sur l'application du principe pollueur-payeur au financement de la transition en agriculture. Les agriculteurs font partie d'un système agroalimentaire dont ils sont, de loin, le maillon le moins bien rémunéré. Les profits des grandes surfaces et des industries liées à l'agriculture ne devraient-ils pas être mis à contribution pour cette transition ?
Par ailleurs, sur tous ces sujets que sont le mal-être agricole, l'installation, la relocalisation ou la transition agroécologique, nous estimons que les organismes nationaux à vocation agricole et rurale (Onvar) sont les grands oubliés de ce PLF. Ces structures diverses que sont les coopératives d'utilisation de matériel agricole (Cuma), Solidarité Paysans, Terre de Liens contribuent efficacement à appréhender tous ces enjeux via l'animation des territoires.
J'en viens à la forêt. Si un geste est effectué sur les moyens du Centre national de la propriété forestière (CNPF), nous refusons de considérer comme un progrès la suspension du schéma de suppression de postes à l'Office national des forêts (ONF) – j'en profite pour saluer les agents de l'ONF qui assistent à nos débats en tribune –, alors qu'il faudrait augmenter massivement les effectifs. À l'heure du changement climatique, nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à affaiblir la gestion publique de ce bien commun qu'est la forêt.
Je termine, monsieur le ministre, par un mot sur la gestion des aides faisant suite à la tempête Ciaran. De nombreux agriculteurs restent en dehors des dispositifs d'indemnisation, ce qui occasionne de fortes difficultés pour les fermes concernées. Je vous demande de ne laisser personne au bord de la route.
Le groupe GEST subordonnera son vote au sort réservé à certains amendements.
Enfin, pour répondre à notre collègue Laurent Duplomb, je dirai que produire sans écologie nous conduit dans le mur, et ce pour longtemps. §