Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, en cette année charnière pour notre agriculture, les perspectives du budget 2024 se veulent harmonieuses. Malgré les éloges, notre secteur agricole fait face à des défis complexes, cités précédemment par mon collègue Sebastien Pla.
Monsieur le ministre, le Gouvernement semble avoir des difficultés à répondre aux enjeux actuels. La nouvelle configuration de la PAC a suscité des critiques. Des ajustements sont nécessaires.
Dans ce contexte, l'agriculture biologique semble porter un fardeau particulier. La PAC, au lieu de favoriser son essor, a réduit son soutien. Malgré les ajustements proposés en France, des questions cruciales subsistent, notamment sur le soutien à l'élevage, en particulier en zone de montagne.
L'année agricole 2024, encadrée par la planification écologique du Gouvernement et l'examen du futur projet de loi d'orientation agricole, suscite des attentes. Bien que soit annoncée une augmentation du budget, seulement 500 millions d'euros seront effectivement engagés, et certains sujets cruciaux semblent être mis de côté.
Le Gouvernement explore différentes voies pour répondre aux défis, suscitant des interrogations sur la répartition entre la loi, le réglementaire et les annonces.
L'échec récent de la loi Égalim 4 à rétablir l'équilibre des relations commerciales agricoles laisse un goût amer. Face à cette impasse, une mission transpartisane est annoncée pour réfléchir à une réforme du cadre global des négociations commerciales. Sommes-nous condamnés à un cycle sans fin de lois Égalim ?
Avec un endettement croissant, la manière dont seront financées à long terme les aides annoncées demeure un mystère. Le « quoi qu'il en coûte » étant désormais derrière nous, il est légitime de se demander qui assumera in fine ces dépenses.
Quel modèle agricole le Gouvernement souhaite-t-il réellement ?
Pendant ce temps, les exploitants et nos territoires font de leur mieux pour faire face. Ils souffrent !
Les ravageurs, tels que la drosophila suzukii, plongent la filière cerise dans une grande détresse sans trop de perspectives viables. L'inefficacité constatée de certains produits phytosanitaires de remplacement ajoute une difficulté à cette situation déjà complexe.
Les injonctions contradictoires de l'État placent nos agriculteurs dans une position difficile et incompréhensible.
La révision des réglementations pour la lavande, ainsi que pour les producteurs d'abricots des Baronnies, en cours de reconnaissance comme indication géographique protégée (IGP), ajoute à la complexité du tableau et au désespoir de nos agriculteurs.
Sur le volet prédation et survie du pastoralisme, la filière manque de moyens et le nouveau plan Loup ne répond pas pleinement aux attentes de nos éleveurs.
La crise de l'eau provoquée notamment par le renchérissement exorbitant de la redevance eau, dont l'annulation a certes été annoncée, pose la question de la pérennité de la ressource et des nouveaux modèles agricoles dans le cadre de grands plans d'irrigation, tels que le projet dit Hauts de Provence rhodanienne dans le sud-est de la France.
Enfin, la diminution du nombre d'agriculteurs, couplée aux difficultés de renouvellement des générations, donne une note sombre à notre agriculture.
En conclusion, je dirai que ce budget, bien que porteur d'un peu d'espoir, reflète une situation nuancée faite d'incertitudes et de défis à relever. Les maigres espoirs qu'il suscite pour l'avenir de notre agriculture doivent être éclairés par des réponses concrètes et des actions immédiates.
Monsieur le ministre, ne laissons pas notre agriculture sans perspectives.