Intervention de Yan Chantrel

Réunion du 11 décembre 2023 à 10h30
Loi de finances pour 2024 — Sport jeunesse et vie associative

Photo de Yan ChantrelYan Chantrel :

Madame la présidente, mesdames les ministres, mes chers collègues, la commission de la culture a examiné le programme 163 « Jeunesse et vie associative », doté pour 2024 de 901 millions d’euros.

L’augmentation de 64 millions d’euros que nous constatons s’explique en grande partie par la pérennisation des « colos apprenantes », financées jusqu’à présent par redéploiement de crédits. La création d’une enveloppe spécifique, de 40 millions d’euros, doit être saluée. Ces efforts doivent toutefois être poursuivis pour permettre à plus d’enfants de partir en colonies de vacances dans les années à venir.

À ce propos, les classes de découverte constituent le premier pas vers les départs en colonies de vacances. Je déplore le désintérêt du Gouvernement pour ces séjours qui contribuent pourtant grandement à l’émancipation des jeunes enfants. Il est impératif de donner aux établissements scolaires les moyens d’organiser davantage de voyages scolaires.

J’en viens aux nouveaux crédits du programme 163. La majorité d’entre eux demeurent, cette année encore, largement absorbés par le déploiement du SNU, avec 20 millions d’euros supplémentaires.

Pourtant, l’objectif de 64 000 jeunes participant au séjour de cohésion du SNU en 2023 a encore été revu à la baisse : seulement 40 000 jeunes y ont pris part cette année. Le coût par jeune du séjour, quant à lui, ne cesse d’augmenter, alors que la formation des encadrants n’est toujours pas à la hauteur.

Plus alarmant encore, les contours du dispositif ne sont toujours pas clairs : la mise en place de séjours sur le temps scolaire marque un changement de paradigme étonnant, qui ne fera que multiplier les difficultés déjà rencontrées, notamment en matière d’encadrement et d’hébergement.

Les efforts en faveur des politiques tournées vers la jeunesse sont également décevants : certes, le mentorat bénéficie d’un abondement bienvenu de 5 millions d’euros, mais il mériterait d’être mieux valorisé, notamment à l’école.

De manière générale, nombre de dispositifs existent pour accompagner les jeunes dans leurs parcours, mais ils sont mal articulés entre eux et manquent par conséquent de visibilité. Il est urgent de mettre en place une politique claire et ambitieuse en faveur de la jeunesse !

Enfin, j’aimerais évoquer la situation du secteur associatif. Le contexte inflationniste entrave grandement le fonctionnement des associations : 38 % d’entre elles ont dû adapter, voire annuler, leurs activités à cause de l’inflation en 2022 !

Fait plus notable encore, le secteur est confronté à une recomposition profonde des pratiques bénévoles, en raison de l’engagement croissant des moins de 35 ans, le repli continu des plus de 65 ans et le développement d’un bénévolat plus irrégulier. Il est essentiel de renforcer le soutien aux associations sur le terrain pour contrer les effets de la crise et encourager les formes d’engagements qui s’inscrivent dans la durée.

Comme vous pouvez le constater, mes chers collègues, la répartition des crédits supplémentaires en faveur de la jeunesse et de la vie associative pose question au regard des enjeux. C’est pourquoi la commission de la culture, de l’éducation et de la communication a émis un avis défavorable à l’adoption des crédits du programme 163.

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