Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, les aides exceptionnelles accordées aux acteurs de la culture pendant la crise sanitaire ont permis à ces derniers de surmonter tant bien que mal leurs difficultés. L’État et le Parlement se sont fortement mobilisés aux côtés des artistes. Deux ans plus tard, nous pouvons nous en féliciter.
Néanmoins, de nouvelles menaces, liées à la crise énergétique, planent aujourd’hui sur les acteurs culturels. Nombre de structures sont confrontées à des charges fixes en forte augmentation. Dans ces conditions, leur capacité à mener à bien leurs activités de création et de diffusion est fortement compromise. Un véritable risque pèse sur la programmation et l’emploi dans la filière culturelle, avec toutes les conséquences que cela impliquerait du point de vue de l’animation culturelle des territoires et de l’accès à la diversité artistique.
Les établissements labellisés sont tout particulièrement fragilisés par la crise inflationniste. C’est le cas des scènes de musiques actuelles et du secteur des arts visuels, qui sont en train de connaître une véritable dévitalisation. Les soutenir plus fortement, comme le propose la commission de la culture au travers de plusieurs amendements sur cette mission, est une nécessité absolue.
L’effort budgétaire de l’État en faveur de la création et de la diffusion artistiques en 2024 est certes louable, mais je crains que les financements proposés dans ce projet de loi de finances ne soient pas à la hauteur des enjeux. Ils ne permettront pas de compenser comme il conviendrait la hausse généralisée des coûts subie par les structures.
En ce qui concerne la démocratisation de la culture, nous devons nous réjouir du succès du pass Culture, qui permet à de nombreux jeunes de la France entière d’accéder aux biens culturels de leur choix. Toutefois, prenons garde d’en faire simplement un chèque de consommation à partir des goûts arrêtés à l’âge de 18 ans.
Ce dispositif doit aussi favoriser le développement des pratiques culturelles des jeunes. C’est pourquoi je me félicite de la part mutualisée qui est allouée aux collégiens ; je regrette simplement que beaucoup de professeurs ne soient pas assez accompagnés par des formations en éducation artistique et culturelle pour mener des projets intéressants. Permettez-moi également, madame la ministre, de vous alerter sur le manque d’accessibilité de certaines pratiques pour nos élèves atteints de handicap.
Le programme « Patrimoines » est, quant à lui, particulièrement bien doté dans le projet de loi de finances pour 2024, avec 1, 2 milliard d’euros en crédits de paiement. Cela représente une augmentation de 8 %, que je tiens à saluer. Une part non négligeable de ces crédits est destinée au financement de grands projets d’investissement, certains en dehors de Paris, comme la restauration du grand cloître de l’ancienne abbaye de Clairvaux ou de la cathédrale de Nantes, d’autres en Île-de-France, comme la rénovation du Centre Pompidou ou l’extension du site des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine. Nos rapporteures pour avis se sont émues du fait que la quasi-totalité des crédits ouverts en autorisations d’engagement soit destinés à des projets situés dans le périmètre de la région capitale. Il s’agit pour elles d’un point de vigilance ; pour ma part, en tant que Francilienne, je m’en réjouis…