Par le truchement de sa commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, comme par celui de sa commission des finances, le Sénat a pleinement joué son rôle pour améliorer ce texte ; c'est, pour chacun d'entre nous, un sujet de satisfaction. Nous avions plaidé avec vigueur pour que la fameuse « bosse » ne soit plus en fin, mais en début de cycle. Qu'il s'agisse des questions opérationnelles ou de la rémunération de nos militaires, ce progrès doit être salué.
Monsieur le ministre, à l'aube du nouveau monde que je viens d'évoquer, il va sans dire que bien des questions nous attendent.
La France a fait de longue date le choix d'une armée globale, certes, mais d'une armée miniature. Or nous faisons face à des enjeux de soutenabilité budgétaire et, en la matière, chacun devra assumer ses responsabilités.
Pour ma part, je suis favorable à une augmentation des crédits budgétaires, notamment pour faire face à un enjeu majeur : l'attractivité des métiers de la défense, laquelle suppose une hausse du point d'indice et une revalorisation des carrières. En parallèle, nous devons créer des passerelles avec le monde civil, que les précédents orateurs ont évoquées, et renforcer le lien armée-Nation, qui s'est distendu depuis la fin du service militaire. Au-delà des questions strictement budgétaires, nous devons explorer un certain nombre de pistes. Un ancien Premier ministre a suggéré des mesures « décoiffantes » : sans proposer, comme lui, le retour du service militaire, j'estime qu'il faut faire vivre ce débat.
M. le rapporteur spécial l'a rappelé à juste titre : face à nos concurrents stratégiques, un certain nombre d'informations doivent être classifiées. Mais, en même temps, la représentation nationale doit pouvoir mener son travail d'évaluation des politiques publiques. Il convient de le rappeler.
Avant de conclure, je tiens à passer en revue quelques sujets qui, à mes yeux, ont aussi toute leur importance.
Tout d'abord, nous devons trouver un équilibre entre le principe d'indépendance nationale, auquel nous sommes tous attachés, et la nécessité d'entretenir des alliances dignes de ce nom. À titre personnel, je souhaite que la France joue un plus grand rôle au sein de l'Otan tout en conservant, évidemment, sa souveraineté et son indépendance. Pour relever un tel défi, il faudra faire preuve de volontarisme.
Ensuite, nous devons assurer l'avenir de notre base industrielle et technologique de défense, dont chacun reconnaît l'importance, mais dont les acteurs bancaires n'assurent pas le financement. Certains – et je m'en étonne – s'apprêtent à proposer la suppression du livret d'épargne pour le financement de la défense.
Comme M. Allizard, j'appelle de mes vœux le dépôt d'un texte spécifique, projet ou proposition de loi, peu importe, créant ce livret d'épargne « défense-souveraineté ». Ce faisant, nous réglerions beaucoup de problèmes : ceux pour qui le livret A et le livret de développement durable (LDD) doivent conserver leur vocation première seraient satisfaits ; ceux qui entendent faciliter le financement de notre industrie de défense pourraient, quant à eux, saluer une avancée. J'ajoute qu'en procédant ainsi nous renforcerions le lien entre les Français et leur armée.