Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous voilà donc arrivés à un temps fort de l'examen du projet de loi de finances pour l'année 2024.
Oui, il s'agit d'un temps fort, car l'examen des crédits de la mission « Défense » nous permet de poser la première brique de la loi relative à la programmation militaire pour les années 2024 à 2030.
Il est d'autant plus urgent de poser cette première brique que l'agenda des grandes puissances s'accélère, sous l'effet de l'affirmation des ambitions et des montées en tension assumées.
Nous partageons les constats de nos chefs militaires : le monde relatif de paix que nous avions connu est désormais de plus en plus dangereux et marqué par le retour d'une logique de confrontation.
Ainsi, notre responsabilité est de dimensionner financièrement notre outil de défense aux conflictualités que notre pays connaîtra. En effet, la trajectoire mondiale conduira probablement notre pays à s'impliquer dans des conflits qui seront non plus choisis, mais subis, même s'il n'y a pas de fatalité. Ainsi, notre frégate multi-missions Languedoc a abattu en mer Rouge – zone maritime stratégique – le dimanche 10 décembre dernier deux drones, qui se dirigeaient vers elle depuis les côtes du Yémen.
L'adaptation aux défis et le dimensionnement de nos armées passent évidemment par une exécution fidèle de la loi de programmation militaire. Nous saluons le fait que les moyens alloués pour l'année 2024 dans ce PLF reprennent les efforts que nous avons demandé à réaliser dès cette première marche.
Néanmoins, des points de friction et de divergence demeurent. Il s'agit par exemple des crédits alloués à certains projets de coopération internationaux – le système de combat aérien du futur (Scaf) et le système principal de combat terrestre (MGCS) –, dont nous sommes convaincus qu'ils sont voués à un échec diplomatique et industriel. Il serait salutaire d'y mettre fin au plus vite, car l'aveuglement idéologique qui conduit ces projets peut coûter cher au modèle d'armée que nous devons ériger au bénéfice de la France et des Français.
Pour ces grands projets, la priorité est de faire confiance à nos industriels, car ils sont capables de miracles et contribuent à la défense active de notre souveraineté.
Par ailleurs, nous appelons à un renforcement des moyens du service de santé des armées (SSA) dans un contexte de fortes tensions sur ces derniers. En témoignent les faibles capacités de prise en charge de deux porte-hélicoptères amphibies déployés dans le cadre du conflit opposant Israël au Hamas.
Sur le volet « soutien », nous souhaitons renforcer les différents services de maintien en condition opérationnelle (MCO), afin d'éviter de recourir à l'externalisation. Aussi, nous proposons de sortir de la logique de flux tendu au moyen de la reconstitution de stocks stratégiques et de la recréation d'une filière de production de munitions de petit calibre.
Sur le volet « ressources humaines », il faudrait améliorer le logement de nos militaires et revaloriser la grille indiciaire.
En somme, nous voulons donner à nos armées les outils nécessaires pour qu'elles soient prêtes à affronter les grands défis du XXIe siècle.
Quoi qu'il en soit, nous voterons favorablement – une fois n'est pas coutume – les crédits de la mission « Défense », dans un esprit de responsabilité, même si nous déplorons un certain nombre de points, sur lesquels nous avons des avis divergents.
Mes chers collègues, désormais, la guerre constitue non plus une hypothèse théorique, mais un risque avéré !
La France doit être indépendante, forte et souveraine dans ses équipements, sa doctrine d'emploi et sa vision stratégique, comme elle l'a toujours été au cours de son histoire.