Intervention de Antoinette GUHL

Réunion du 14 décembre 2023 à 15h12
Droits de l'enfant — Adoption d'une proposition de loi dans le texte de la commission

Photo de Antoinette GUHLAntoinette GUHL :

Madame la présidente, monsieur le garde des sceaux, mes chers collègues, je remercie nos collègues de l'Union Centriste, en particulier Élisabeth Doineau, auteure de la proposition de loi, de nous permettre de débattre d'une question si importante : les relations entre l'enfant et ses parents après la séparation de ces derniers.

Chaque année, 380 000 couples avec enfants se séparent. Si toute séparation est singulière, l'ancien couple doit toujours répondre à des questions d'une vaste portée.

Par exemple, qui amènera l'enfant à l'école ou chez des amis ? Lorsque l'enfant veut s'inscrire à une association sportive, qui peut remplir le formulaire d'adhésion et qui paie ? Chez qui habitera l'enfant ? Qui a un droit de visite ?

En somme, la séparation pose la question de l'exercice de l'autorité parentale et des modalités de garde.

Si l'exercice de l'autorité parentale est, le plus souvent, partagé entre les deux parents, la garde est rarement confiée uniquement au père.

Certes, la résidence alternée serait une solution de substitution, mais elle demeure rare, elle aussi. Inscrite dans la loi depuis plus de vingt et un ans, elle concerne aujourd'hui seulement 12 % des enfants. Par conséquent, les relations entre les enfants et leurs parents séparés sont rapidement déséquilibrées.

Dans ce contexte, il serait tentant d'inscrire dans la loi un type de relations à entretenir entre parents et enfants. Mais serait-ce une approche appropriée ? Nous ne le croyons pas.

Cela risquerait d'imposer un cadre qui ne conviendrait ni aux parents ni aux enfants. Une telle relation pourrait ainsi aller à l'encontre de l'intérêt supérieur de l'enfant. Plus spécifiquement, imposer un tel cadre risque d'exposer les enfants aux violences intrafamiliales et aux violences incestueuses.

Certes, des exemptions peuvent toujours être prévues afin de retirer le droit de visite, voire l'autorité parentale, au parent violent. Encore faut-il que ces faits de violences soient avérés pour permettre leur prise en compte. Toute autre disposition serait une violation de la présomption d'innocence.

Or nous sommes loin du compte, puisque la plupart des faits ne sont même pas signalés. Le rapport de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), remis le mois dernier, l'a encore souligné : seule une victime d'inceste sur dix révèle l'existence des violences au moment des faits. En d'autres termes, 90 % des victimes risqueraient de se voir imposer une relation avec leur agresseur.

Dès lors, comment empêcher cette exposition à la violence et à l'inceste ? Garantir l'examen au cas par cas de chaque situation est la seule manière de s'assurer de la réelle prise en compte de l'intérêt de l'enfant.

Pour être très claire, il n'est jamais dans l'intérêt de l'enfant d'être obligé de passer du temps avec un parent violent – jamais.

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