Intervention de Laurence Rossignol

Réunion du 14 décembre 2023 à 15h12
Droits de l'enfant — Article 3

Photo de Laurence RossignolLaurence Rossignol :

J'ai été inattentive au moment de la mise aux voix de l'article 2 et j'ai laissé passer l'occasion de m'exprimer à son sujet.

Chère Élisabeth Doineau, je suis désolée, mais je dois être la seule dans cet hémicycle à ne pas m'être réjouie de ce texte.

La proposition de loi sur la garde alternée systématique à la demande d'un seul parent est en quelque sorte un marronnier. Cela fait dix ans qu'on la voit arriver et dix ans qu'elle est repoussée.

Dans un monde idéal, les gens se sépareraient en bonne entente. Ils s'assureraient que les enfants n'aient pas à souffrir et il n'y aurait pas de violences ni au moment de la séparation ni après. Par ailleurs, les pères s'occuperaient de leurs enfants à mi-temps, quand c'est possible.

Mais nous ne vivons pas dans un monde idéal. Je veux bien que l'on dise que les pères sont systématiquement demandeurs de la résidence alternée. Encore faut-il vérifier qu'ils la demandent pour s'occuper de leurs enfants et non pas simplement pour ne pas devoir payer de pension alimentaire. Par parenthèse, j'entends souvent des pères dire qu'ils versent de l'argent à la mère : non, ils versent de l'argent pour les enfants !

Pour revenir à ce monde idéal, les hommes s'occuperaient des enfants avant la séparation Or tous les chiffres que nous connaissons sont terribles : 43 % des hommes pensent encore que les femmes sont plus douées pour s'occuper des enfants ; quatre hommes sur dix pensent que les femmes sont naturellement beaucoup plus compétentes dans les tâches domestiques. Si les hommes veulent s'occuper des enfants après la séparation, qu'ils commencent à le faire avant ! Dès lors, tout se passera beaucoup mieux au moment où ils demanderont la résidence alternée.

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