Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’attractivité des armées dépend de la société elle-même, c’est-à-dire de l’appétence des civils pour la réserve et de l’étroitesse de la relation entre les mondes militaire et civil.
L’objectif est de doubler les effectifs de la réserve opérationnelle d’ici à 2030 pour les porter aux alentours de 80 000. Je rappelle que, avec environ 39 500 réservistes opérationnels en cette fin d’année, nous n’avons pas encore retrouvé le niveau de 2019.
Notre commission a pris position, naguère, pour une réserve opérationnelle plus lisible et une doctrine d’emploi plus précise. Les armées ont fait progresser la réflexion, notamment sur deux plans : l’hybridation des unités et la territorialisation des réserves.
L’armée de terre a déjà commencé à hybrider les unités d’active avec des réservistes. En outre, six bataillons de réserve seront créés en 2024 et six autres suivront en 2025. D’ici à 2030 devront être créés de nouveaux régiments de réservistes et des bataillons de réservistes spécialisés, par exemple dans le renseignement et le génie.
Dans la marine, il est également prévu d’appuyer les forces d’active par des unités de réservistes opérationnels présentes en leur sein et de créer des unités de réservistes spécialisées. La montée en charge de la réserve alimentera la constitution de trois flottilles côtières, implantées dans trente villes littorales.
Quant à l’armée de l’air, elle prévoit elle aussi de créer des unités opérationnelles de réservistes couvrant un large spectre d’emplois ainsi qu’une base aérienne complète de réservistes, utilisable sur le territoire national ou projetable à l’extérieur.
La gestion des réservistes sera facilitée par le système d’information des réservistes opérationnels connectés (ROC), lancé en 2016, dont la dernière tranche devrait être livrée comme prévu en 2024.
Pour mener à bien ces transformations, quelques innovations organisationnelles ont déjà été assurées.
Par une instruction prise l’été dernier, les responsabilités dans la gouvernance des réservistes ont été précisées. En parallèle, le délégué interarmées aux réserves a été placé à la tête d’une division chapeautant la politique relative à la jeunesse et au service national universel (SNU), ainsi que les relations avec l’éducation nationale et les entreprises.
Cela étant, ce n’est qu’en abaissant les barrières entre les mondes civil et militaire que l’on pourra réellement remédier aux problèmes d’attractivité que connaissent nos armées. Dans ce domaine, le Haut Comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM) a formulé des propositions originales, qu’il s’agisse de l’expression publique des militaires, de la communication auprès des jeunes ou encore de la reconnaissance immatérielle de la Nation.
C’est un sujet que notre commission approfondira l’an prochain. Pour l’heure, elle s’est prononcée pour l’adoption des crédits du programme 212.