On peut dresser le même constat pour le soutien à l’Arménie et aux autres démocraties issues de l’ex-URSS, qui attendent notre aide.
Ne répétons pas les erreurs commises avec l’Ukraine, en livrant tardivement des équipements nécessaires dès aujourd’hui ou en réduisant dangereusement les stocks dont disposent nos propres armées.
Je m’arrêterai un instant sur deux programmes majeurs conduits avec nos partenaires allemands, concernant le char et l’avion de combat du futur.
Nous ne remettons évidemment pas en cause l’intérêt de telles coopérations avec l’Allemagne ; mais force est de constater que l’absence de synchronisation des calendriers de renouvellement de ces équipements, les divergences stratégiques persistantes quant à la définition des besoins et les intérêts économiques concurrents obèrent les perspectives de passage à l’étape de la production. Notre capacité de défense sur la période 2030-2050 pourrait s’en trouver fragilisée.
Ainsi, pour ce qui concerne le programme MGCS (Main Ground Combat System), on ne peut ignorer le caractère politique de l’accord obtenu à Évreux entre la France et l’Allemagne, lequel ne repose pas sur une stratégie industrielle partagée. Cette situation menace l’avenir de notre capacité blindée à moyen terme.
Certes, le programme MGCS a été relancé cet automne, mais son horizon reste incertain. Dans ces conditions, il nous paraît indispensable de préparer dès aujourd’hui des évolutions supplémentaires du char Leclerc. Parmi les scénarios envisageables, deux sont à examiner de plus près : premièrement, la rénovation complète des chars Leclerc ; deuxièmement, la réalisation d’un nouveau char qui s’appuierait sur les compétences de KNDS et pourrait être exporté. Monsieur le ministre, êtes-vous prêt à ouvrir ce dossier en 2024, ce qui n’empêche en rien la poursuite du MGCS ?
Le système de combat aérien du futur (Scaf) fait l’objet du second chantier d’importance conduit avec nos partenaires allemands. Les travaux d’études de la phase 1B se poursuivent selon le calendrier défini, mais des incertitudes majeures persistent quant à la suite de ce programme.
Le futur chasseur ne sera pas disponible avant 2045 ou 2050. La France doit toutefois disposer d’ici là d’un avion du meilleur niveau pour préserver l’effectivité de la composante aérienne de la dissuasion nucléaire. Voilà pourquoi nous devons lancer rapidement le développement du standard F5 du Rafale, qui devrait être accompagné d’un drone.
Or le calendrier de lancement du standard F5 demeure lui aussi peu clair, alors même que vous avez plaidé pour une mise en service en 2030. Êtes-vous prêt à notifier à Dassault, dès le début de 2024, la décision de l’État de mettre en développement, puis en production, le standard F5 du Rafale et de son drone d’accompagnement ?