Intervention de Akli MELLOULI

Réunion du 11 décembre 2023 à 14h30
Loi de finances pour 2024 — Défense

Photo de Akli MELLOULIAkli MELLOULI :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, dans ce projet de loi de finances pour 2024, les crédits de la mission « Défense », portant le budget du ministère des armées pour assurer la politique de défense de la France, s’élèvent à 67, 8 milliards d’euros en autorisations d’engagement et à 56, 8 milliards d’euros en crédits de paiement.

Cet effort budgétaire, correspondant à 1, 9 % du PIB, est conforme à la trajectoire prévue par la nouvelle loi de programmation militaire.

Il s’inscrit dans un contexte de retour de la guerre entre États en Europe à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022.

Au-delà de ce cas spécifique de guerre conventionnelle, nous constatons une multiplication de tensions internationales de plus en plus aiguës, ainsi qu’un émiettement, une fragmentation et une diversification de la conflictualité.

Cette diversification des menaces s’accompagne de discours incitant de plus en plus à la confrontation avec le monde occidental, où parfois la France est directement citée, comme nous avons pu le constater récemment au Proche-Orient ou en Afrique, aussi bien au Sahel qu’en Afrique de l’Ouest.

Par ailleurs, nous observons que de moins en moins de différends se règlent par la voie de la médiation internationale et que les grandes puissances refusent, malheureusement, de s’inscrire dans une démarche de maîtrise des armements.

Partout dans le monde, les nations se réarment. Les dépenses militaires ont atteint en 2022, tous continents confondus, un nouveau sommet de 2 040 milliards d’euros environ, soit 2, 2 % du PIB mondial. L’équilibre de la terreur semble redevenir la norme. Ainsi, le nouveau monde qui se dessine sous nos yeux ressemble de plus en plus au monde du siècle dernier. Nous devons malheureusement composer avec cette triste réalité.

Néanmoins, l’horreur qui se déroule sous nos yeux au Proche-Orient nous rappelle la réalité qui découle des logiques de réarmement, des conséquences des discours belliqueux et de l’effroi qui résulte des positions des grandes puissances. Les sociétés occidentales, trop longtemps aveugles à la souffrance des peuples, redécouvrent, avec Gaza, l’épouvante.

Malheureusement, elles se retrouvent, par les choix de leurs leaders, à assumer la vengeance aveugle, qui ôte la vie à des hommes, à des femmes et à des enfants innocents.

Malgré l’horreur à laquelle nous assistons depuis plus de deux mois, il est de notre devoir de proposer une voie humaniste et de travailler à remplacer l’équilibre de la terreur par l’équilibre de la paix. Monsieur le ministre, je suis profondément convaincu que nous ne pouvons ni examiner ni voter des crédits en les dissociant de la réalité qu’ils recouvrent.

Par ailleurs, alors que la COP28 s’achève demain à Dubaï, plus personne ne peut nier que la question environnementale est désormais un élément central du débat stratégique. L’articulation étroite entre les enjeux climatiques et les enjeux sécuritaires n’est plus à prouver. De plus, il est grand temps d’engager dès maintenant un processus d’adaptation à la réalité du changement climatique. Nous faisons face à un péril qui transcende les frontières, frappe à l’aveugle nos terres, nos océans et contre lequel il n’existe ni murs ni barrières.

Enfin, monsieur le ministre, notre groupe souhaite rappeler que la défense, c’est avant tout l’ensemble des femmes et des hommes qui s’engagent et risquent leur vie pour notre nation.

Ces hommes et ces femmes doivent pouvoir intégrer et gravir les échelons sans discrimination aucune. Travaillons collectivement, de façon transpartisane, à l’édification d’un modèle d’armée s’inscrivant parfaitement dans les valeurs d’égalité et de fraternité de la République, modèle de bienveillance des uns à l’égard des autres.

Plus globalement, monsieur le ministre, travaillons à l’amélioration des conditions de vie de nos militaires et de leurs familles. Cela passe aussi par la décarbonation de nos armées et la rénovation thermique de notre patrimoine, même si nous avons pu mesurer, lors des auditions, que certaines de ces préoccupations étaient prises en compte ; nous les encourageons à poursuivre ces efforts nécessaires !

Mes chers collègues, pour conclure, la mission « Défense » du projet de loi de finances tient les engagements de la loi de programmation militaire. En cohérence avec nos positionnements écologistes, nous nous abstiendrons sur le vote de ces crédits.

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