Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, le montant global des crédits demandés dans le cadre du présent projet de loi de finances pour la mission « Culture » s’élève cette année à plus de 3, 8 milliards d’euros en crédits de paiement, mais atteint 4, 1 milliards d’euros en autorisations d’engagement, soit une forte progression par rapport à l’année dernière.
Je commencerai par les bonnes nouvelles budgétaires, en rappelant le contexte : madame la ministre, le public revient, tant dans les musées que dans les établissements de diffusion des spectacles vivants. Il revient d’ailleurs plus vite que cela n’avait été anticipé, la fréquentation retrouvant désormais son niveau d’avant la crise sanitaire.
Cela étant, l’année 2023 a également marqué la fin des crédits exceptionnels, dont l’intégralité des opérateurs avait bénéficié depuis 2020, parfois de manière très significative. Ainsi, 230 millions d’euros avaient été accordés dans le cadre du plan de relance au secteur du spectacle vivant.
La fin de ces crédits exceptionnels ne signifie pas pour autant celle des inquiétudes pour l’ensemble de ce secteur, confronté à un effet budgétaire de ciseaux entre la reprise de l’activité et la progression du coût des dépenses contraintes, notamment en matière d’énergie.
Une part non négligeable des nouveaux moyens accordés en 2024 vise à compenser une partie de la hausse de ces dépenses. Ainsi, 41 millions d’euros sont prévus pour les opérateurs du patrimoine, particulièrement affectés par le renchérissement des matériaux de construction, qui touche l’ensemble des chantiers.
En ce qui concerne le programme 131 « Création », la compensation s’élève à 5 millions d’euros. Elle ne sera que partielle et les surcoûts pourraient induire une réduction des marges artistiques, les établissements étant amenés à revoir leur programmation afin de diminuer les coûts de production des spectacles. Une interrogation demeure par ailleurs quant aux incidences des jeux Olympiques et Paralympiques, qui devraient contraindre certains lieux à fermer et certains festivals à être décalés.
Au-delà de ces questions, les crédits du programme 131 sont stabilisés après la hausse enregistrée l’année dernière. Je note cependant l’abandon par le ministère de son projet de création de la Cité du théâtre. Cette décision nous semble certes raisonnable, en raison de l’importance probable du dérapage budgétaire, mais il est regrettable d’avoir attendu si longtemps pour la prendre, soit six années depuis l’annonce du chantier.
Venons-en désormais au programme 175 « Patrimoines », qui devrait être doté de 1, 4 milliard d’euros en autorisations d’engagement et de 1, 2 milliard d’euros en crédits de paiement.
La très forte hausse des autorisations d’engagement enregistrée en 2024 découle presque entièrement des montants prévisionnels totaux de la restauration du centre Pompidou, qui ne devrait s’achever qu’en 2030 ainsi que de l’extension du site des archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine.
Concernant Beaubourg, les travaux nécessaires priveront a priori le musée de ressources propres pendant les quatre ans de fermeture complète. Si le montant du projet est actuellement estimé à 262 millions d’euros, il est à craindre que l’inflation n’entraîne une augmentation de la facture.
Ce financement est complété par des soutiens extérieurs au budget de l’État, notamment par la mobilisation de nos concitoyens. Les dons pour Notre-Dame-de-Paris, à hauteur de 849 millions d’euros, devraient dépasser le coût des travaux si l’on n’intègre pas les travaux extérieurs. Ce montant devrait également excéder les dépenses fiscales rattachées à la mission, qui devraient être très dynamiques en 2023.
Aux ressources de cette mission s’ajoutent également certains crédits des missions « Plan de relance » et « Investir pour la France de 2030 », qui ont par exemple financé la quasi-totalité des travaux de la Cité internationale de la langue française, à Villers-Cotterêts, qui vient d’être inaugurée. Le coût du chantier, initialement évalué à 185 millions d’euros, a finalement été de 209 millions d’euros. Sa réalisation a été permise grâce aux crédits du plan de relance.
Au vu des efforts consentis dans ce budget, notamment en faveur du patrimoine, et tout en gardant à l’esprit certains points d’alerte, la commission des finances propose d’adopter les crédits de la mission.