Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, mon collègue ayant rappelé qu’il convenait de poursuivre et d’amplifier l’effort de financement de l’innovation entrepris sous la précédente LPM, j’insisterai pour ma part sur le second volet du programme 144 : la recherche et l’exploitation du renseignement intéressant la sécurité de la France, c’est-à-dire les moyens de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et de la direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD).
Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, la succession des coups d’État en Afrique, qui ont conduit nos forces à se retirer du Mali, du Burkina Faso et désormais du Niger, suscite naturellement une question : nos services avaient-ils les moyens de savoir, pouvaient-ils anticiper ces événements ? Cette question, monsieur le ministre, vous a été posée maintes fois.
S’il ne s’agit pas de refaire l’histoire, il est en revanche indispensable de tirer les enseignements du retour d’expérience de nos services, car d’autres défis se posent à nous, à commencer par celui de l’attaque sans précédent du Hamas et du déchaînement de violence qui s’en est suivi.
Le fait que le renseignement israélien soit sur la sellette nous oblige à disposer d’une capacité autonome de recueil de renseignements, afin de garantir notre propre autonomie de décision pour nos forces engagées dans la région, aussi bien au Liban avec la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) qu’en mer. D’ailleurs, je rends hommage à l’équipage de la frégate Languedoc qui s’est défendu contre une attaque de drones en mer Rouge.
Plus largement, il s’agit de donner à nos services les moyens de prévenir de futures situations de crise en Afrique, au Moyen-Orient, mais aussi en Indo-Pacifique, où notre stratégie nous conduit nécessairement à suivre attentivement l’évolution de la situation dans le détroit de Taïwan et l’attitude de la Chine.
De même, la rhétorique agressive de puissances nucléaires, comme la Russie, ou en passe de le devenir, comme l’Iran, ainsi que la résurgence d’une menace terroriste sur notre territoire montrent l’étendue des défis qui se posent à nos services de renseignement.
À cet égard, je le rappelle, une des raisons majeures qui ont conduit le Sénat à adopter la nouvelle LPM était l’augmentation de plus de 5 milliards d’euros des crédits du renseignement pour la période 2024-2030, contre 3, 5 milliards d’euros au cours de la précédente LPM. La première année d’application de la nouvelle LPM constitue donc un test pour cette ambition.
Or, avec 476 millions d’euros de crédits de paiement pour 2024, force est de constater que les crédits de fonctionnement, d’investissement et d’intervention resteront au même niveau que ceux de l’année 2023.