Intervention de Stéphane Ravier

Réunion du 17 janvier 2024 à 15h00
Intégrité territoriale de la république d'arménie — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Stéphane RavierStéphane Ravier :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, avec Bakou, « nous partageons les mêmes valeurs » et « l’énergie n’est que l’un des domaines dans lesquels nous pouvons renforcer notre coopération avec l’Azerbaïdjan et j’ai hâte d’exploiter tout le potentiel de notre relation. »

Voilà des propos insupportables, que la France aurait dû dénoncer ! Monsieur le ministre, ils auraient pu être tenus par votre collègue ministre de la culture, Mme Dati, qui siège dans des associations affiliées à l’Azerbaïdjan, mais ce sont ceux de la présidente de votre Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen.

L’an dernier, par sa faute, le contribuable européen a versé près de 16 milliards d’euros à l’Azerbaïdjan, en vertu d’un contrat gazier signé en 2021 avec un autocrate qui, à l’époque, avait déjà le sang de 6 000 Arméniens sur les mains.

Voilà dix jours, les montagnes d’Artsakh sont restées silencieuses. Les cloches des églises n’ont pas tinté dans la nuit de Noël, comme elles le faisaient pourtant depuis 1 700 ans.

Une épuration ethnique, culturelle et religieuse a eu lieu : 120 000 Arméniens d’Artsakh ont été déplacés, laissant derrière eux leurs maisons, leurs cimetières, leurs montagnes, leur terre. Ils ont été « chassés comme des chiens », comme l’avait promis Aliev.

Depuis 2016, de graves heurts se succédaient déjà aux frontières de l’Artsakh et de l’Arménie, sans aucune réaction de notre part.

En 2020, nous avons laissé passer la première agression armée massive de l’Azerbaïdjan. En 2022, impuni et même promu au rang de partenaire, celui-ci a bloqué le corridor de Latchine, sans que qui que ce soit ait eu la volonté de débloquer la situation.

Personne n’a finalement été surpris de voir Aliev envahir l’Artsakh en 2023. Le 1er janvier de cette année 2024, la République d’Artsakh a cessé d’exister, et notre gouvernement, malgré un timide soutien de dernier instant à l’Arménie, semble avoir accepté cet Anschluss.

Déjà, en décembre 2022, Aliev, le complice et bras armé du sultan Erdogan, ne cachait pas son but, en affirmant : « Aujourd’hui, l’Arménie est notre territoire. »

La suite de l’engrenage mortel est l’ouverture du corridor du Zanguezour entre l’Azerbaïdjan et le Nakhitchevan, qui n’est rien d’autre que l’invasion du sud de l’Arménie.

En découleront l’isolement de l’Arménie dans l’étau panturc et son affaiblissement, avant sa disparition finale. Plus nous attendons, plus nous la rendons inéluctable.

C’est pourquoi la France doit boycotter la COP21 prévue à Bakou en décembre prochain et interrompre officiellement le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.

Les signaux diplomatiques doivent être clairs, en attendant que nous rompions les contrats gaziers et que nous affichions un soutien inconditionnel à l’Arménie, à l’instar de celui que nous témoignons par ailleurs à l’Ukraine.

Cette terre arménienne, monsieur le ministre, je vous en ai rapporté un peu de mon voyage dans ce pays.

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