Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, je veux, au nom du groupe Union Centriste et de mon collègue Olivier Henno, que je remplace aujourd’hui, saisir l’occasion de cette proposition de résolution pour formuler quelques observations et remarques sur l’accès aux soins dans notre pays et, plus largement, sur la prise en charge en psychiatrie.
Préalablement, je tiens, comme Olivier Henno, à saluer l’initiative de Nathalie Delattre d’ériger la santé mentale des jeunes en grande cause nationale. C’est un fait avéré et indiscutable que les jeunes Français sont de plus en plus anxieux.
Les causes sont multiples. Il est impossible de ne pas évoquer la crise du covid-19 et le confinement. Des jeunes isolés, enfermés et privés de relations sociales peuvent légitimement revendiquer une souffrance psychologique et une santé mentale déficiente. Dans une société en crise, certains jeunes sont aussi les victimes collatérales de situations de rupture sociale ou familiale.
Toutefois, il ne s’agit pas là des seules causes de l’anxiété dont souffre une partie de la jeunesse française. Les guerres en Ukraine et en Israël participent également de ce malaise, sans compter l’éco-anxiété et les lourdes interrogations que suscitent le réchauffement climatique et ses conséquences sur le devenir de la planète et de la biodiversité, donc forcément de l’humanité et de notre civilisation.
Nous n’ignorons pas non plus les effets des réseaux sociaux sur les jeunes générations. Ces derniers, qui sont au cœur de leur fonctionnement social, peuvent être les vecteurs de stigmatisations et des situations de harcèlement dramatiques que l’on connaît.
La santé mentale des jeunes est effectivement un enjeu de santé publique majeur. La détection et l’accompagnement doivent former un écosystème efficient et justement dimensionné autour de nos jeunes. C’est tout l’enjeu de la prévention.
Alors que notre système de soins peine à répondre à l’ampleur des souffrances psychiques et psychologiques, permettez-moi de souligner que c’est vrai sur tout le territoire national, mais plus encore dans les zones rurales.
J’en profite pour, une fois de plus, enfoncer le clou : notre pays manque partout de médecins et de soignants, donc de psychiatres.
Remettre en cause le numerus clausus semble être une évidence, mais je rappelle que le numerus apertus est loin d’être la panacée. La réalité est terrible. Le nombre de médecins formés en France reste largement insuffisant. Le temps médical fourni en moyenne par chaque praticien diminue. La progression de 15 % du nombre des médecins formés est insuffisante pour répondre aux aspirations nouvelles, légitimes et très ancrées des jeunes médecins, comme un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Il est nécessaire de donner du sens aux métiers de la santé et de les rendre attractifs, en psychiatrie comme dans toutes les autres spécialités. Attirer le personnel médical soignant vers la psychiatrie et le fidéliser sont des préalables indispensables pour ériger la santé mentale des jeunes en grande cause nationale. Sans augmentation du nombre de soignants, tout objectif d’amélioration de la santé publique est un leurre ou, pis, de la démagogie.
Sur le fond, nous souscrivons à l’objectif de mieux détecter les symptômes de dépression, d’anxiété chronique, de bipolarité, de phobies ou encore, parfois dramatiquement, de pensées suicidaires.
Le constat est en effet alarmant : 40 % des 18-24 ans souffrent de troubles d’anxiété généralisée, un jeune sur cinq connaît des symptômes dépressifs et près de 25 000 jeunes ont tenté de mettre fin à leurs jours. Ce chiffre insupportable nous interpelle. Et je ne parle pas des addictions diverses…
Pour ces raisons, le groupe Union Centriste approuve l’objectif d’ériger la santé mentale des jeunes en grande cause nationale. Nous sommes toutefois perplexes sur notre capacité à mettre en pratique et en œuvre cet objectif, faute de moyens suffisants ; Mme Delattre en a longuement parlé.
Pour conclure, j’insiste sur l’objectif primordial que constitue la détection précoce des troubles mentaux.
Permettez-moi également d’évoquer la proposition de loi de notre collègue Jocelyne Guidez, qui nous sera soumise très prochainement, laquelle vise à prévoir des moyens supplémentaires pour le dépistage précoce des troubles du déficit de l’attention et de tous les troubles du neurodéveloppement. La prévention reste le meilleur des outils !