Intervention de Dominique Théophile

Réunion du 17 janvier 2024 à 15h00
Ériger la santé mentale des jeunes en grande cause nationale — Suite de la discussion et adoption d'une proposition de résolution

Photo de Dominique ThéophileDominique Théophile :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, la proposition de résolution de Nathalie Delattre invite donc le Gouvernement à ériger la santé mentale des jeunes en grande cause nationale.

Elle s’inscrit dans un contexte particulier, marqué à la fois par la crise de la covid-19, qui a provoqué – on le sait – une dégradation importante de la santé mentale des Français, et par la multiplication des travaux sur la question.

Après la lutte contre les violences faites aux femmes en 2018 et la promotion de l’activité physique et sportive cette année, il est donc proposé au Gouvernement d’accroître ses efforts en faveur de la santé mentale des plus jeunes par le biais d’un label dont on connaît la portée médiatique : la grande cause nationale.

Le constat que vous dressez, chère Nathalie Delattre, est en effet sans appel. Les jeunes souffrent. Et ils souffrent la plupart du temps en silence. La crise sanitaire de la covid-19, conjuguée à d’autres phénomènes, dont l’éco-anxiété, fait qu’ils n’ont jamais été aussi nombreux.

Les chiffres sont éloquents : un jeune sur cinq souffrirait de troubles dépressifs. Près de 43 % d’entre eux ont ainsi déclaré en 2021 s’être retrouvés en situation de détresse psychologique. C’est quatorze points de plus que l’année précédant la pandémie de la covid-19 et la tendance ne semble pas vouloir s’inverser.

Une étude de Santé publique France a par ailleurs révélé au mois de juin dernier que les enfants n’étaient pas épargnés, puisque 13 % des 6-11 ans présenteraient « au moins un trouble probable de santé mentale ».

Dans ce contexte, le manque de personnel médical, notamment de pédopsychiatres et de médecins scolaires, et de places en milieu médical a des conséquences directes sur la détection et la prise en charge des plus jeunes, avec les effets et les drames que l’on connaît parfois.

Face à ce constat alarmant, vous proposez plusieurs pistes pour mieux accompagner ces jeunes : augmentation du nombre de psychologues et de psychiatres disponibles sur l’ensemble du territoire ; réforme des missions et renforcement des moyens du service de santé scolaire, qui souffre – nous le savons – d’un terrible manque d’attractivité ; soutien aux centres médico-psycho-pédagogiques et médico-psychologiques, etc.

Vous suggérez également de mettre en place des campagnes de sensibilisation sur les dispositifs de prévention existants et les offres sanitaires. Car beaucoup a été fait ces dernières années, à mesure que nous prenions, collectivement, conscience de l’ampleur du phénomène et de la tâche à accomplir.

Au mois de juin 2018, en cohérence avec les objectifs de la stratégie nationale de santé, le Gouvernement a ainsi adopté sa feuille de route de la santé mentale et de la psychiatrie. Organisée autour des trois piliers que sont la prévention, le parcours de soins et l’insertion sociale, celle-ci fixait le cap d’une transformation structurelle et systémique du champ de la santé mentale et de la psychiatrie.

Le Ségur de la santé et les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie sont venus compléter cette feuille de route en 2020 et 2021, la crise de la covid-19 faisant office – il faut le reconnaître – de révélateur.

Parmi ces mesures figurent l’organisation d’une communication grand public, l’amplification du déploiement du secourisme en santé mentale ou la création des maisons de l’enfant et de la famille.

Citons également la création du dispositif MonParcoursPsy, qui permet à tous de bénéficier du remboursement de huit séances d’accompagnement psychologique par an, le renforcement du réseau des maisons des adolescents, l’augmentation des effectifs des centres médico-psychologiques et du nombre de psychologues dans les maisons et les centres de santé.

Ces mesures restent pourtant insuffisantes au regard de l’ampleur de la situation et méritent d’être approfondies. C’est là tout l’objet de votre proposition de résolution.

En matière de santé mentale, la question des inégalités sociales et de l’accès aux soins est omniprésente. Les territoires d’outre-mer ne font pas exception à la règle. C’est par eux que je terminerai.

Au mois de novembre dernier, l’Unicef a produit un rapport, remarqué, consacré aux droits de l’enfant dans ces territoires.

Les auteurs y constatent « une situation globalement plus défavorable en matière de respect des droits de l’enfant » et soulignent que le défi de la prise en charge de la santé mentale y est particulièrement difficile à relever alors que l’accès aux soins primaires n’est pas toujours assuré.

Je pense notamment à la Guyane et à Mayotte, mais le phénomène est évidemment vérifiable dans l’ensemble des territoires ultramarins, qui souffrent, plus que les autres, d’un déficit d’accès aux soins.

Je rappellerai pour finir tout l’intérêt que le groupe RDPI porte depuis des années à la question de la santé mentale, en particulier celle des plus jeunes. Il votera évidemment en faveur de cette proposition de résolution.

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