Monsieur le ministre, chaque jour, les élus des territoires de montagne font face aux inquiétudes et à la détresse des éleveurs dont les troupeaux ont été attaqués par le loup. Ces attaques se multiplient, comme l’attestent les chiffres présentés chaque année au groupe national Loup. Le coût des indemnisations augmente également.
La surprotection dont bénéficie actuellement le loup, en application de la directive Habitats et de la convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, dite convention de Berne, a entraîné l’intensification de sa présence sur toujours plus de territoires, dont certains ne sont, hélas, pas préparés et n’ont donc pas mis en place les moyens de protection nécessaires pour que les éleveurs puissent être indemnisés.
Les éleveurs ovins et bovins, qui voient des années de sélection génétique anéanties par la répétition des actes de prédation, sont désespérés. Bon nombre d’entre eux abandonnent leur activité, ce qui met à mal l’économie agropastorale, qui est pourtant indispensable à l’aménagement des territoires de montagne et qui contribue à l’entretien de 1, 5 million d’hectares de prairies naturelles d’altitude.
Si l’agropastoralisme disparaît, l’accessibilité des espaces d’altitude, ainsi que leur biodiversité et leur sécurisation contre les risques naturels seront compromises.
Les élus de montagne, que je représente aujourd’hui, n’ont pas cessé d’alerter les pouvoirs publics sur l’impossible cohabitation de ce prédateur avec un mode d’élevage pastoral traditionnel, qui fait la fierté de nos montagnes. Dans le massif des Pyrénées, on observe en outre la présence d’autres prédateurs, comme l’ours.
L’inscription, en décembre dernier, de la « transhumance, déplacement saisonnier des troupeaux » au patrimoine culturel immatériel de l’humanité illustre parfaitement la philosophie du nouveau plan national d’actions sur le loup 2024-2029, auquel l’Association nationale des élus de la montagne (Anem) a contribué. Celui-ci prévoit le lancement d’une étude sur la possibilité de faire évoluer le statut du loup au niveau européen, ce qui va dans le sens de la demande de la Commission européenne qui a proposé, le 20 décembre dernier, que le loup passe du statut d’espèce « strictement protégée » à celui d’espèce « protégée », une perspective envisageable si les États membres de l’Union européenne donnent leur accord.
Pouvez-vous nous dire, monsieur le ministre, si le Gouvernement compte défendre clairement le déclassement du statut de protection du loup ?
Par ailleurs, au niveau national, le nouveau plan Loup 2024-2029 prévoit une révision de la méthode de comptage des loups, ainsi qu’une simplification du protocole des tirs de défense, le renforcement des tirs de prélèvement en début de saison et des indemnisations plus justes. Ce plan prévoit aussi la prise en compte de l’impact de la prédation sur la santé des éleveurs.